I was the man who never lied until today - Adam, Gabriel & Logan #7

— Parfois, on n’encaisse pas.

Je reconnais.

— J’ai déjà chialé tellement ça fait mal. Mais.. j’en sais rien. C’est l’adrénaline. J’aime ça. La limite, c’est nos proches qui nous la donne.

— Parce qu’ils sont inquiets. Parce que c’est sur ma tête qu’on cogne. Parce que, vu de l’extérieur, c’est violent... y a plein de raisons. Alors, pour faire plaisir, je tempère.

Je souris, même s’il ne peut pas le voir.

— Je suis resté plusieurs années avec un garçon, quand j’étais plus jeune. Je faisais des arts martiaux mixtes à l’époque. J’ai pas voulu arrêter et on s’est séparés. Soit disant que c’était insupportable pour lui. Mais c’est drôle parce que c’est ce côté-là de moi qui lui plaisait au départ.

— Moi j’crois surtout qu’il ne faut pas confondre s’inquiéter pour quelqu’un et vouloir l’empêcher de faire ce qu’il le passionne. Il savait très bien avec qui il s’engageait, en fait.

Mon ton est calme parce que tout ça est bien loin maintenant. Mais il y a quelques années, j’aurais été incapable d’avoir ce genre de réaction. Je crois que j’étais très attaché à ce garçon et que ça m’a peiné qu’on ne se comprenne plus.

— Chaque point de vue est défendable mais il n’était pas à ma place et je n’étais pas à sienne. C’est aussi simple que ça. Maintenant ferme les yeux.

Je dis pour qu’il se détende complètement.

Je ne réponds ; pas parce que je n’en ai pas envie, mais parce que s’il continue de parler, il va continuer de gesticuler sans s’en rendre compte. Mais il faut reconnaître que je ne suis pas d’accord avec lui. Parfois, il faut savoir mettre de côté ses sentiments pour faire les bons choix.

Je le masse pendant un moment, je ne fais pas tellement attention, j’aime beaucoup ça. Je m’arrête quand il est sur le point de s’endormir. Je bascule à ses côtés sur le lit. Sa tête est tournée vers moi, à moitié écrasée dans le coussin et je le trouve vraiment beau. Je suis sûr que mes yeux peuvent le lui hurler.

Je m’approche pour embrasser ses lèvres. Je pense que traîner au lit est la meilleure des choses qu’on puisse faire maintenant.

Je lui souris avant de déposer un baiser sur son front. Je passe mes bras autour de lui pour l'avoir entièrement contre moi.

— J'attendrai que tu te réveilles, si tu préfères.

Ce n'est même pas naturel pour moi parce qu'à la base, je n'aime pas ne rien faire. Mais si c'est pour profiter de ce genre de moment, je crois que je pourrais faire un sacrifice. Notre relation n'aurait jamais dû prendre ce tournant, j'aurais dû l'arrêter avant, mais puisque c'est trop tard, autant reconnaître que c'est plus agréable d'être ici et de profiter de sa présence plutôt que de le planter en pleine nuit à l'hôtel.

— Alors j’irai courir le lundi soir.

Ce sera une belle occasion pour aller promener Olivia. Elle aime bien quand je cours avec la poussette. Quand j’y pense, il me fait vraiment faire ce qu’il veut parce que j’ai l’impression de ne pas me reconnaître. Mais ce n’est pas contre mon gré non plus, au contraire.

— Je crois que tu me rends gaga.

Je dis en riant.

— J’irai courir avec elle. J’ai une super poussette.

Je ponctue ma phrase d’un clin d’œil.

— Ma femme bosse beaucoup à la maison. Elle passe un doctorat donc je m’arrangeais toujours pour sortir au maximum. Autant joindre l’utile à l’agréable.

Je hausse les épaules.

— C’est comme ça.

Au fond, je me doute bien que c’est parce que je n’ai pas envie de perdre la garde de ma fille et de la voir un week-end sur deux, mais je pense qu’il y a des conversations qu’il vaut mieux laisser mourir.

J’acquiesce. Je serai presque à me rendormir et je réalise que ce week-end aurait pu ne jamais voir le jour s’il n’était pas venu.

— Au fait..

C’est un peu sans transition, parce que je pense à hier et donc à son frère.

— C’est pas ton frère qui se demandait s’il n’allait pas partir ? Ça en est où ?

Je lui souris ; je n’ai pas de réponse parce que je suis fils unique et que je n’ai pas la même vision de la famille que lui.

— Je sais que c’est pas toujours suffisant mais il aura certainement son portable.. ? Ce sera déjà ça, non ?

Je souris ; c’est beau de voir l’amour qu’il porte à son frère. Je caresse son visage avec tendresse, comme si ça pouvait le rassurer, alors que j’ai parfaitement conscience que son angoisse ne le quittera pas.

— Tu sais, même s’il partait dans un pays dangereux, il ne sera jamais seul. L’association sera avec lui. Il n’est pas livré à lui-même.

Je souris.

— J’crois que le jeu en vaut la peine malgré tout. Il va revenir. Mais si t’as besoin d’en discuter, comme là, n’hésite pas.