It's gonna be fine. — Adam & Gabi

Je lève les yeux au ciel. Il est infernal, le vrai fils de sa mère. Je te demande des conseils, mais je me fous de ceux que tu donnes !

Mais je ne prends pas le temps de faire remarquer la chose, lorsqu'il me pose la question sur Logan et sa femme. C'est mieux que jamais, c'est vrai, mais on est loin de cette étape là...

— Non... C'est pas... Je crois pas que ce soit dans les plans actuels, non.

— Ah.

Je lui souris.

— Tu sais comment tu peux vérifier que t’as la priorité sur sa femme ?

— Non, mais j'ai hâte de savoir !

Je rigole, mais quand je vois son regard sur moi je comprends qu'il ne plaisante pas. Putain mais vraiment, je vis grâce à lui en réalité.

— Sérieux ? Je dois faire quoi ? Je refuse de l'appeler en pleine nuit en pleurant pour voir s'il vient me rejoindre!

— Bah dans ce cas appelle-le en pleine nuit parce que t’es en panne dans la campagne anglaise et que tes parents sont en week-end... que tu savais pas à qui téléphoner d’autre.

Je dis dans un sourire.

— T’es pas obligé de pleurer. Quoi que je suis sûr que quand je serai parti tu pourras l’appeler en pleurant sàs problème.

J’ajoute en mordant l’intérieur de mes joues.

Je le pousse contre le mur en grognant, alors que lui comme moi savons qu'il a raison. Il va falloir que je me forge un peu et que je sois capable de m'assumer pour que Logan ne retourne pas vers sa femme en me laissant au bord de la route.

— T'es en train de me dire que c'était vraiment ça ton idée de base ? Que je l'appelle en pleine nuit ? mes yeux s'agrandissent. Ca voudrait pas forcément dire quelque chose, si ? Moi y'a pas qu'en étant amoureux que je fais ça. Une amie m'appelle et me dit ca, je fonce direct pour l'aider aussi !

— Ouais. Mais lui, il va devoir prendre le risque de mentir. Il pourrait te dire de prendre un taxi ou... j’sais pas. En fait, quand on va chercher un pote, c’est un pote. Quand on trompe sa femme, on a le temps d’élaborer des mensonges. Là, la question qui va se poser c’est, est-ce que tu comptes aussi quand c’est pas prévu. Et... est-ce qu’il va prendre le risque de sortir et que sa femme lui demande qui est ce pote dont elle n’a jamais entendu parler mais qui est assez important pour être dépanné en pleine nuit ? Tu vois la nuance ?

— Évidemment que je vois, mais je peux pas lui faire ça..., je soupire. Et s'il prenait ce risque hein ? Et s'il faisait vraiment l'effort de venir, je lui expliquerais comment que ma voiture à rien ? Comment je pourrais le regarder dans les yeux en lui ayant menti comme ça ?

Je suis complètement partagé, alors que je sais que jamais j'aurais pu mettre un truc pareil en place. À la fois je refuse de lui faire ça, mais une part de moi ne peut pas s'empêcher de vouloir savoir s'il viendrait ou non.

— Putain c'est vraiment la merde d'être tombé sur un mec marié...

— Bah tu roules comme un con jusqu’à plus d’essence.

Moi, j’vois pas où est le problème, mais bon.

— Après, tu fais ce que tu veux. Tu peux lui demander s’il compte quitter sa femme un jour, aussi. Si t’as l’impression que votre relation évolue.

— Jamais j'oserais lui demander ça ! Je sais pertinemment qu'il le ferait pas... Et je préfère me dire qu'il aime bien ce qu'on vit plutôt que de l'entendre me dire que je vaux pas la peine qu'il la quitte.

Ça fait mal d'en prendre conscience, mais je me rends compte que ça reste une réalité qui semble plus que plausible. On a une réelle affection l'un pour l'autre, je le sais, mais je sais aussi que seul l'un d'entre nous s'est laissé prendre au jeu de l'amour.

— Ok, tu peux te servir de ma caisse dans les prochains jours si tu veux. J'ai fais le plein hier et j'ai un réservoir à vider !

J'éclate de rire quand il me dit qu'il peut me prêter sa caisse.

— Bah là tu vas vraiment l'appeler en pleurant parce que je me serais planté dans la campagne avec ta caisse et que tu veux pas appeler les flics car je suis bourré.

J'crois qu'il ne réalise pas pourquoi je n'ai pas le droit d'avoir de voiture.

— Tu va te contenter de rester dans White Falls et d'aller au resto ou chez tes potes avec, ok ?

Je lève les yeux au ciel en rigolant.

Il est hors de question que tu te foutes dans un arbre ! J'ai besoin de toi pour porter conquérir un homme, pas pour défoncer la voiture !

— J'ai pas de potes à aller voir.

Je réponds simplement.

— Mais ouais, j'vais aller utiliser toute ton essence, pas te le dire et ce sera ton excuse.

— Et aller voir Austin ? Ça va avec lui... ? Ça fait longtemps que t'evites le sujet Gabou.

Chaque fois que je prononce son prénom en dehors du cadre disons familial, il trouve un moyen de passer à autre chose ou de ne pas répondre. C'est triste.

— Hm.

Je me ferme tout de suite – certainement plus qu'avec la Colombie.

— J'vais pas aller le voir, t'sais, on n'est pas trop invité chez lui alors...

Tout le monde le sait, oui. Je connais Austin depuis que j'ai l'âge de marcher et je n'ai jamais mis les pieds chez lui. Ça m'a jamais dérangé en soit, mais j'imagine que ne pas être invité chez son meilleur ami, c'est différent...

— T'avais pas besoin d'être invité pour pédaler là bas au quart de tour avant... Et j'ose même pas imaginer si je t'avais filé ma caisse si facilement.

— Ouais. Mais c'était avant. Maintenant, on a grandi et on n'a pas les mêmes envie, pas les mêmes priorité, pas les mêmes perspectives d'avenir.

J'affiche un pâle sourire.

— J'me fais une raison. Alors non, j'pense pas que j'irai chez lui en voiture.

Tout le sérieux avec lequel il dit ça me plombe. C'est pas son genre de ne pas sourire, de ne pas rire franchement. Et je ne comprends pas ce qui a pu les éloigner autant tous les deux, si ce n'est...

— Tu lui as dis... ?

— Ouais, j'lui ai dit. Et j'ai été vraiment trop con de croire que ça pourrait changer quelque chose parce que d'après lui, tu sais ce que j'ai ? Une crise d'ado qui persiste. Tu vois, à tes yeux c'est de l'inceste et aux siens, c'est une putain de comédie parce que c'est quelque chose que j'peux pas avoir.


J'ai directement les larmes aux yeux tellement ça m'opprime. J'arrive plus à dormir, à penser. À manger aussi. Je sais même plus qui je suis et ça me rend malade. La seule chose que je sais c'est que j'ai ruiné ma relation avec quelqu'un que j'aime et ça me ronge.

— J'ai même pas envie de cuisiner, putain.

Je dis avant de tout lâcher ce que j'ai dans les mains pour me casser de la cuisine.

Je me sens con, parce que pour la première fois depuis une éternité, je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas quoi dire, parce que je n'ai jamais été à sa place et que je n'imagine pas une seule seconde les mots qu'il voudrait entendre actuellement.

— Attends !

Je ne sais même pas pourquoi je lui dis ça, mais ça sort quand même et quand je vois les larmes dans ses yeux, j'ai envie de m'enfoncer sous terre.

— Je suis désolé...

De tout. De la façon dont ça c'est passé pour lui avec Austin, de cette putain de connerie que je lui ai dite il y a des semaines quand il est venu se confier, de son état d'aujourd'hui.

— Je suis là Gabou, c'est promis.

Et je sais que ça vaux pas grand chose, mais il est pas tout seul et il le sera jamais.

Il me retient et ça me donne encore plus envie de pleurer.

— Je sais, Adam. Ça va. Merci d'être là, mais j’ai envie d’être seul juste un moment.

Et je ne lui laisse pas le choix, je monte à l’étage pour m’isoler dans ma’chambre quelques instants. Un instant qui se transforme en une heure ; c’est seulement lorsque j’entends du monde en bas que je me bouge.

Apparement, maman et papa ont croisé Austin et Darcy car ils arrivent en même temps. Ma mère tire une tête d’enterrement et l’ambiance est lourde, malgré la bonne humeur de Darcy. J’ai pas vu Austin depuis la dernière fois que j’ai compris qu’on serait jamais ensemble et ça me fait vraiment bizarre de le voir là. Même s’il me manque affreusement.

— Salut. Adam a préparé à manger.



>Austin

On sortant du boulot, je suis passé récupérer Darcy à la chorale de l'église. Madeleine et Paul étaient là. Maddie était en train de prier et j'ai compris que quelque chose n'allait pas. Paul m'a dit que Gabriel m'en parlerait lui-même. J'ai suivi leur voiture, dans l'entrée je retire le manteau et les bottes de Darcy avant de prendre sa main et de rejoindre tout le monde dans la cuisine.

— Salut.

L'ambiance est lourde, je les regarde tous à tour de rôle. Surtout Gabriel car je ne l'ai pas revu depuis l'autre jour. Je crois que quelque part je l'ai évité en espérant pouvoir faire le point dans ma tête, mais ça n'a pas fonctionné.

— Qu'est-ce qu'il se passe ?

Je demande méfiant.

Avoir préparé à manger me donne au moins une excuse pour être présent dans la pièce, mais sans avoir à suivre entièrement. J'ai pas envie d'être mêlé à tout ça. Pas envie de regarder Gabriel se décomposer, pas envie de voir ma mère pleurer devant lui comme si ce qu'il faisait était grave, pas envie de voir le regard d'Austin rempli de méfiance et avoir raison.

— On peut se mettre à table quand vous voulez. J'ai préparé le poulet que t'avais laissé sorti maman, ça devrait suffire pour nous tous. Sauf si Darcy mange tout !

Je viens faire un gros bisou sur sa joue en la prenant dans mes bras. Finalement, avoir Darcy c'est encore mieux. Si Gabriel lâche sa bombe ici, en plein milieu de la pièce, je pourrais toujours sortir avec elle. A son âge, c'est pas les pleurs qu'elle à envie de voir sur les visages des gens auxquels elle tient.

Je crois que j’ai envie d’ignorer la question qu’Austin pose, mais plus je vais retarder, pire ce sera. Et la soirée est déjà bousillée alors... c’est comme retirer un pansement, il vaut mieux le faire vite.

— C’est parce que je pars en Colombie pour ma mission humanitaire.

Ma mère semble se prendre une nouvelle claque, mais elle ne fond pas en larmes ; elle se signe juste avant d’aller vérifier l’état du poulet. Mon père, lui, p’adress Un sourire sincère, plein d’encouragements et si ça me surprend, je lui rends volontiers son sourire.

Adam vient prendre Darcy et ça me rend encore plus méfiant. Je regarde Gabriel avec insistance et quand il parle, c'est le choc. Mon visage se ferme instantanément.

— Tu quoi ?

Je répète comme si j'avais mal entendu, alors que mon sang comment à tambouriner dans tout mon corps.