Comme un roc - Adam & les jumeaux.

Quand j'ai reçu un SMS de Max tout à l'heure me disant qu'ils étaient rentrés de Londres Edouard et lui et que je pouvais venir les rejoindre dès que je voulais, je n'ai pas été des plus tendres. Je me suis contenté de répondre un ''Ok.'' à Max et il n'a que pu le prendre froidement, étant donné que c'était mon état d'esprit en l'envoyant. Je m'en veux parce que je sais qu'il n'y est pour rien, et que ce n'est pas lui que je veux tuer, mais savoir son crétin de frère avec lui m'agace.

J'ai essayé de songer à ce que Gabriel m'a dit, que c'était loin, qu'il était consentant en tous points et que je ne devais pas m'énerver. Mais je n'y arrive pas. J'ai l'impression d'avoir été trahi par quelqu'un que, malgré tout, j'estimais et je ne supporte pas qu'Edouard ai pu toucher à mon petit frère de cette façon.

En me garant, je sais que je ne vais pas pouvoir me contrôler et ça commence dès que je claque la portière. Je remonte l'allée, qui est suffisamment longue pour que je m'énerve encore plus, et je les entends rigoler derrière l'église. Max doit sûrement lui faire visiter l'endroit.

Je les rejoints en quelques pas et ils tournent tous les deux la tête vers moi en me voyant arriver. Ils ont toujours la même tête, toujours la même coupe et toujours cette foutue même paire de lunettes à la con ! En voyant les copies conformes qu'ils sont, je sens que mes nerfs lâchent. Putain, c'est lequel que je dois frapper, hein ?

Et finalement, je gifle celui des deux qui me demande en premier comment ça va. Avec l'espoir que Max aurait vu que ça n'allait pas et qu'il n'aurait pas posé la question.

@Maximilien Weaver

On est arrivé plus rapidement que prévu parce qu'il n'y avait personne sur la route. Je dois avouer que j'étais heureux de retrouver mon frère et de passer un moment avec lui. Ça n'a duré que le temps du trajet, bien évidemment, parce qu'une fois arrivé à l'église, il a commencé à me donner son avis sur tout et à critiquer chacun de mes choix. Après nous être chamaillé une dizaine de minutes, on a éclaté de rire en se trouvant ridicule et c'est à peu près à ce moment-là qu'a choisi de débouler Adam. Déjà que je le trouvais froid par message, le retrouver dans un tel état de nerfs m'a fait tout drôle.

— Ça va ?

Je m'inquiète. Ni une, ni deux, il me décolle une gifle monumentale et je reste sous le choc alors qu'Édouard éclate de rire.

— Bah ça n'aura pas duré longtemps votre deuxième essai en tant que couple !

Moi, je suis là, la main sur ma joue, dans l'incompréhension la plus totale. Je n'ai jamais vu Adam aussi énervé et violent – et surtout pas contre moi.

En entendant la remarque d'Edouard, je suis plongé dans une dualité insoutenable pendant quelques secondes. Une part de moi le déteste encore plus d'oser rire de la situation, alors qu'une autre voudrait juste s'excuser auprès de Maximilien. Il est là, la main sur sa joue, ne comprenant rien à mon comportement et me regardant comme s'il ne m'avait jamais vu. C'est vrai que ce côté là, il ne le connait pas. C'est Logan qui a éveillé en moi un côté colérique que je n'avais pas avant, trop craintif de me disputer avec quoique ce soit.

Finalement, je me dis que mes excuses peuvent bien attendre quelques secondes, au moins le temps qu'Edouard arrête de rire à côté de nous.

— C'était à toi qu'elle était destiné alors la ramène pas trop, putain d'abruti !

Édouard lève les yeux au ciel et je comprends encore moins ce qu’il se passe.

— T’as changé toi, t’es légèrement parano et hystérique, non ?

Moi, hystérique ? J'ai envie de lui décoller la gifle qu'il méritait, mais j'essaie de me contrôler pour ne pas passer pour le malade qu'il essaie de montrer en moi.

— Ouais c'est ça, je dois être parano ! C'est Max qu'est pas capable de contenir sa bite et c'est à toi que j'invente une vie !

C'était il y a trois ans, alors je me rends bien compte qu'il ne peut pas se douter que je l'ai enfin appris aujourd'hui. Mais je n'ai même pas envie de le dire à voix haute, tellement ça me rends fou et de l'avoir devant moi et de savoir ce qu'il a fait. Et sa confiance en lui en permanence m'agace tellement !

Mon frère se tourne vers moi avec un regard perplexe et je ne suis même pas capable de l’éclairer. Je vois qu’il est excédé et je ne sais pas trop où me foutre : je lui parle de mon idylle avec Adam et là... je ne reconnais même pas Adam. Je ne l’ai jamais vu comme ça, il est violent et cru dans ses propos, et ça me brise le cœur lorsque je me permets d’admettre que ça me déçoit un peu.

— Rassure-moi, il va dormir chez ses parents le temps de mon séjour là ?

J’hésite un peu, je sais que ça va faire un drame.

— C’est chez lui aussi, ici.
— Chez lui ? Sous quel prétexte ?! C’est toi qui paie et qui te casse le cul pour je sais pas quoi et ce gros taré te gifle sans aucune raison et c’est chez lui ? Mais y a quoi dans l’air que tu respires sérieux ? T’es complètement aveuglé ou quoi ?

Même si ses propos me blesse, je ne le montre pas. À quoi ça servirait ? Je me sens déjà assez mal à l'idée de presque vivre ici alors que rien n'est de mon dû, Édouard ne fait que dire tout haut ce que tout le monde penserait.

Mais pour autant, je n'oublie pas la raison de ma colère et j'ai envie de joindre la foudre aux mots que je lui jette comme un pic.

— Y'avait quoi dans celui que tu respirais quand t'as couché avec mon petit frère alors qu'il avait quinze ans ?

Quand j’entends la réponse d’Adam, mes yeux sortent presque de leurs orbites.

— Mais non !

Le silence de mon frère est éloquent. Il dévisage Adam avec l’air de dire « comment tu sais ça ? » et ça me fait littéralement halluciner.

— T’as couché avec Gabriel ?
— C’était y a une éternité ! On va pas en faire toute une histoire !
— Mais t’es même pas gay !
— Je voulais essayer.

Je regarde Adam et je comprends un peu mieux sa colère. Bon sang !

— T'es sérieux quand tu dis ça devant moi en plus ?

J'ai littéralement envie de lui sauter dessus.

— Putain mais y'en a mille autre des gars, t'étais pas obligé d'essayer avec mon frère. Merde !

Je le vois ouvrir la bouche et je lui lance un regard mauvais.

— Tente même pas de dire un truc dégradant sur lui et la réputation qu'il a pu avoir, parce que jure devant Dieu que je vais pas faire que refuser de dormir ici pendant que t'es là !

Ed et moi, on affiche le même air surpris. Quelle réputation ?

— J’allais pas du tout dire ça. J’en sais rien de sa réputation, je sais même pas de quoi tu parles. J’sais pas, un jour on en a parlé et ça s’est fait. C’était même pas prémédité. J’sais pas. Ça sert à rien de me menacer. C’était y a trois ans et, en effet, je le referais pas aujourd’hui. Mais je l’ai fait et voilà. Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?

Je m'en veux en me rendant compte qu'ils sont partis il y a trois ans et que c'est justement à ce moment là que Gabriel a un peu fait parler de lui dans le coin. C'est jamais vraiment jusqu'à mes oreilles, pas en face en tous cas, mais j'entendais parfois ce qu'en disait des gens de la fac et c'était pas tout rose... Maintenant que j'apprends ce qu'il a pu faire au fur et à mesure de nos retrouvailles, c'est sûr que je vois flou.

— Franchement ? Vu nos relations actuelles, tu passerais certainement moins pour un connard si tu le faisais maintenant, que de l'avoir fait y'a trois ans.

Je souffle, excédé que ça semble normal et dépassé à ses yeux, et aux yeux de Gabriel.

— Je sais pas moi, pardon ? Pardon d'avoir couché avec un gamin juste pour essayer ! Pardon d'avoir fais ça avec ton petit-frère alors qu'on avait un minimum d'estime l'un de l'autre ! Pardon de pas avoir pensé au fait que pour Max et toi ça pouvait être dérangeant !

Et tout en disant ça, je me tourne vers Max et je me rends compte que moi aussi, je suis désolé. J'ai laissé la colère me contrôler et même si ce n'était qu'une gifle, je viens d'être violent envers lui.

— Bah j’vais pas te demander pardon parce que t’es pas concerné. Et je suppose que ton frère, il s’en fout. Y a que toi qui accorde de l’importance à ça et qui nous fait tout un fromage.

Mon frère soupire en se tournant vers moi.

— S’il n’est plus foutu de faire la différence entre nous deux, bah bon courage, hein.
— Il ne nous a pas vu depuis longtemps.
— Mais est-ce que je m’en fous de savoir comment il va, hein ? Je lui aurais pas posé la question. J’ai aucune raison de m’inquiéter pour lui et il aurait dû le savoir. Franchement, je sais très bien que tu t’es pris une veste quand t’es revenu, je suis loin d’être idiot, j’ai senti ta peine jusque de l’autre côté de la Manche. Alors je sais pas pourquoi il est revenu, mais moi, j’le sens pas.

C'est pas tant que ça me fait de la peine qu'Edouard pense ça de moi, c'est que c'est difficile de l'entendre le dire à haute voix à son frère alors que moi je suis là.

En espérant qu'il ne me repousse pas, je glisse ma main dans celle de Maximilien. J'ai envie de lui dire de ne pas l'écouter, de se souvenir de la promesse que je lui ai faite de rester à ses côtés et de ne pas douter de moi. Mais comment le faire avec son jumeau juste là...

— Putain, t'es toujours aussi con...

Je soupire, parce que je sais comment ça va se finir.

— Pourquoi ça t'emmerde autant, en fait ? Pourquoi faut que fasses chier peu importe les circonstances ? Je suis là, c'est pas normal. Je suis pas là, c'est pas normal non plus. C'est quoi le problème ? C'est que ton frère soit heureux avec quelqu'un d'autre que toi ?

Je serre la main d’Adam dans la mienne. Je crois que ça m’apaise un peu, malgré la situation. Savoir que ce n’est pas contre moi qu’il est en colère me rassure. Mais cette dispute avec mon frère ne laisse rien présager de bon. J’ai l’intention de couper court à la conversation mais Edouard est plus rapide.

— Ce qui m’emmerde ? C’est pas qu’il soit heureux, c’est qu’il pense l’être avec un mec qu’il croit connaître. Mais vous ne vous connaissez plus. T’étais pas quelqu’un de violent et là, tu vois, envers moi ou Max, t’aurais jamais eu ce geste déplacé.

Il lâche un gros soupir.

— J’vais faire un tour.
— Ed... tu viens d’arriver.
— Ouais. A plus tard.

Il s’en va et je le laisse partir parce qu’il finirait par être méchant.

Je lève les yeux au ciel en le regardant partir. J'aurais eu exactement le même comportement il y a trois ans en apprenant une telle chose. Du moins, je crois... J'ai jamais été quelqu'un de violent, j'aime pas ça. Je me suis fais frapper par mon frère et je n'ai pas répondu, parce que je trouvais ça inutile. Mais cette gifle était incontrôlé et elle avait plus vertu à blesser qu'à faire mal.

— Je suis désolé.

Mes lèvres trouvent la joue de Max, celle que j'ai frappé, et j'y dépose plein de micro baiser, comme si ça pouvait effacer quoique ce soit.

— Je suis pas devenu quelqu'un de violent, et je voulais encore moins te toucher toi, j'ai... J'ai pété un plomb quand Gabriel m'a dis ça... Je suis désolé mon Cœur.

— C’est rien, je comprends.

Et c’est vrai. Je n’ai pas aimé qu’il ait eu ce geste, mais je le comprends.

— Je suis désolé de ce qu’il s’est passé avec mon frère. Je pensais pas qu’il agirait comme ça.. vraiment. Tu es chez toi aussi. Et si tu veux qu’il aille dormir à l’hôtel, je me rangerai de ton côté.

On est de nouveau en couple et les décisions se prennent à deux. Je ne veux pas qu’il pense que, si mon frère est là, il n’existe plus et n’a plus son mot à dire.

Je souris doucement contre lui. Il est la personnification de la gentillesse et je ne mérite pas le tiers des choses qu'il fait pour moi, pour nous.

— C'est hors de question que ton frère dorme à l'hôtel alors qu'il n'est là que quelques jours. Profites de lui, ok ? C'est notre différent à lui et moi, pas le votre.

Je caresse sa joue et je me rends compte que le geste que j'ai eu envers lui n'aurait jamais dû avoir lieu.

— Je pense que je vais aller dormir chez moi ce soir. Ça va canaliser un peu Gabriel qui a failli me claquer dans les doigts quand je lui ai dis que j'allais venir m'installer ici avec toi pour de vrai, d'ici peu.

Je lui souris et le détaille. Il est beau... Je lui vole un baiser au passage.

— Toi et moi on sait qu'Edouard à tort. Notre façon de nous retrouver nous a montré qu'on était loin d'être devenus des étrangers...

J’acquiesce. Mon frère me connaît par cœur, il sait très bien comment semer la zizanie dans mon esprit et tous les doutes qu’il a fait naître s’envolent avec le baiser qu’Adam me donne.

— Tu vas partir chaque fois qu’il vient ? Ou c’est juste exceptionnel ?

Connaissant mon frère, il serait capable d’emménager dans le coin pour le faire chier. Quand il a quelqu’un dans le collimateur, il lâche rarement prise.

— Je sais que tu n’es pas comme ça. Je sais qu’il a tort.

Je réponds avec un sourire sincère pour le rassurer.

Ça me rassure d'entendre Max le dire de vive voix. J'ai pas envie de passer pour ce que je ne suis pas. Et si c'est avec Édouard que je me suis disputé, je me sens mal que Max puisse m'en vouloir à cause de ça. Encore une personne avec qui se disputer ne m'apportera qu'angoisse...

— C'est exceptionnel. T'imagines la soirée si je reste ? T'as pas envie de retrouver ton frère dans ces conditions et moi j'ai pas envie de finir par pleurer parce que malgré ce qu'il vient de se passer, je ne supporte toujours pas de me disputer avec des gens, je pouffe.

Je viens me blottir dans ses bras, pour profiter un peu de lui quand même avant que son frère ne revienne.

— On voit déjà ce soir. Et si jamais ça se calme, peut être que je pourrais vous rejoindre dès demain. Ca va déjà être dur de dormir loin de toi, je me confesse en l'embrassant.

Je le serre dans mes bras un long moment avant de répondre à son baiser. Ça va être très dur pour moi aussi parce que ce n'était pas prévu et que j'ai peur qu'il se défile. J'ai peur qu'il se dise qu'il n'a pas envie de subir ça et que mon frère gâche tout.

— Tu sais très bien que ça ne se calmera pas.

Je préfère le prévenir parce que ce soir où un autre jour, si mon frère a envie de lui lâcher des pics, il le fera. En colère ou pas. Je sais que ma soirée sera mauvaise de toute façon parce qu'il va tenter de me convaincre que je fais le mauvais choix.

— Tu peux malgré tout installer quelques affaires à la maison, non ? Tu as parlé de nous à tes parents ?

— Je sais oui, mais c'est chez toi et pas chez lui, je réponds en souriant timidement. S'il ne veux pas faire d'efforts, je m'en fous. Y'a déjà le mec de mon frère qui me parle plus depuis trois mois, alors est-ce que je suis capable de supporter que le frère de mon mec fasse pareil ?

Non, je ne suis pas prêt. Mais Max est là, je ne suis pas seul, et je ne laisserai pas Édouard nous couler. Je l'embrasse encore, comme si ça pouvait m'aider à aller de l'avant.

— Non, pas encore. Mais ma mère le sait, j'en suis certain. Elle sait que tu es revenu. Elle m'a entendu débattre avec ma propre conscience dans ses bras. Et maintenant, elle me voit partir de la maison en permanence. J'aime pas plus qu'avant sortir avec des gens, alors elle se doute bien que je suis pas en beuverie. Et justement ça arrive quand tu reviens ? Elle est loin d'être bête.

Je souris.

— Je vais leur en parler ce soir, c'est l'occasion. On sera tous les quatre et maintenant que Gabriel sait, je peux en discuter avec eux sans problème, je rigole. Mais t'as conscience qu'à la minute où ils sauront, ils voudront te voir ?

— Il ne va pas t'ignorer.

Je connais mon frère et il n'aime pas les ambiances lourdes – c'est certainement pour ça qu'il est parti – alors il n'est jamais fâché longtemps. Ils vont se parler, échanger, et chaque fois qu'il pourra, il lui lâchera une vanne dans les dents. Avec un super sourire pour faire passer la pilule.

Je hausse les épaules quand il me dit qu'ils voudront me voir immédiatement. Et je lui vole un baiser.

— Tant mieux, ce sera plus concret. J'ai envie que la Terre entière sache qu'on est de nouveau ensemble. J'ai envie que ce soit officiel et tout et tout.

Je lui souris.

— T'es ma fierté.

— J'ai absolument rien qui mérite d'être ta fierté..., je soupire. Cette église est ta fierté. Le foyer qu'on va y construire sera ta fierté. La famille aussi, j'espère... Mais moi, tout seul, y'a aucune fierté.

Je l'embrasse pour qu'il ne puisse pas répondre. Je sais qu'il n'y a rien qui puise faire de moi une personne dont on est fier. J'ai rien de spécial, rien de particulier et encore moins quelque chose d'unique. Je suis juste moi...

— J'ai envie que ce soit officiel aussi. Que tout le monde sache que les ados amoureux du lycée vivent ensemble desormais et qu'ils ont des projets d'avenir plein la tête.

Je lui adresse un petit sourire. Il ne veut pas entendre ce que j'ai à dire, ce n'est pas grave. Il se rendre compte un jour ou l'autre qu'il est une personne dont on peu être fier. Quelqu'un de loyal et d'aimant, quelqu'un de dévoué, d'ambitieux et qui sait parfaitement ce qu'il veut. Et puis il est tellement beau que, ça aussi, ça me rend fier. Je sors avec un garçon bourré de charme et talentueux, qui est magnifique. Je le bouffe des yeux et je m'en rends compte parce qu'il rougit.

— J'ai envie qu'on se marie, qu'on ait des enfants et qu'on rattrape le temps perdu. Pas nécessairement dans cet ordre là, d'ailleurs... mais depuis que t'as accepté de revenir ici et qu'on est de nouveau ensemble, la chambre d'ami à l'étage à côté de la notre, je suis incapable de la voir autrement que comme une chambre d'enfant et j'y pense tout le temps. Peut-être que toi tu vois pas ce que tu as de spécial, tout comme je comprends pas ce qu'il y a chez moi qui te fait rester mais je sais que quand je suis avec toi, je n'ai pas peur du tout. Quand t'es là, je n'ai plus aucun doute sur rien. Et peut-être que ça n'avait rien à voir avec la conversation mais j'avais besoin de le dire.

J'i l'impression d'être dans un rêve et ses mots viennent jusqu'à moi entourés de marshmallow et de barbapapa. Il sait à quel point je rêve de fonder une famille et que la seule chose capable de me freiner, c'est que lui me dise d'attendre encore quelques années. Et là, il me regarde droit dans les yeux en me disant exactement ce pourquoi j'ai l'impression d'être né.

— T'es en train de me dire quoi, là... ? je murmure, mes bras entourant sa taille.

Mes yeux le dévorent à mon tour et doucement, l'image qu'il vient de me dépeindre naît au sein de mon esprit. On n'a pas besoin de chambre d'amis là-haut, quand on y réfléchit bien.

— Tu sais... Au grand damne de mes parents et au mien, j'ai fini par accepté que malgré ma foi je ne pourrais jamais me marier à l'église. Mais on en a une à nous maintenant, alors peut-être que le symbole serait assez fort pour que Dieu nous bénisse quand même un de ces jours.