Balthawouaf

Je souris.

— Oh... pas moi. S’ils avaient annoncé qu’ils allaient adopté, je n’aurais même pas été étonné. Ils sont tellement... j’sais pas, ils savent où ils vont en fait. Ils peuvent aller vite et profiter.

Moi, ça ne m’étonne pas. Mon frère est tellement dans les nuages, tellement fleur bleue et romantique que Max lui dirait de s’enfuir avec lui, il le ferait.

— Je trouve ça cool. Il a l’air tellement heureux. Ça me fait plaisir.

— Je crois qu'ils sont la preuve que quand deux personnes sont faites pour être ensemble, elles finissent toujours par se retrouver.

Je regarde ma montre et je soupire, je n'ai absolument pas envie de quitter son lit. J'embrasse son front.

— Faut qu'on se rhabille.

Je me faufile tout de suite entre ses bras et je passe mes bras autour de sa taille.

— Oh non.. encore un peu..

Il se glisse entre mes bras.

— D'accord, encore un peu.

On profite encore un peu mais on entend la porte d'entrée s'ouvrir.

— Austiiiin !

C'est Darcy qui m'appelle, on entend Madeleine rire.

— Merde.

Je bondis du lit, on se rhabille rapidement.

— Austiiin !

Je l'entends courir dans le hall, vers le sous-sol, ce qui nous laisse le temps de finir. J'embrasse ses lèvres plusieurs fois et j'essaie d'arranger ses cheveux. Darcy rentre comme une boule dans la chambre.

— Hey, on frappe je lui rappelle.

Alors qu'elle saute dans mes jambes pour me montrer une feuille.

— Regarde ma note, la maitresse elle a dit que j'étais super int- Oh ! Un chien !

Ses yeux s'illuminent, elle devient encore plus excitée. Depuis qu'on a emménagé ici, elle est de plus en plus expressive, beaucoup moins introvertie.

— Je peux le caresser ? Il est a qui ?

Je maudis les enfants et clairement j’en veux pas. J’en veux pas parce que ma mère elle serait jamais montée comme ça et on aurait pu rester des heures à ne rien faire. Mais en moins d’une seconde je me retrouve habillé et arraché à mon amoureux. Je l’aime Darcy, c’est pas la question, mais là, c’était trop radical.

— C’est le mien, il s’appelle Balthazar.

Je dis avec un sourire fier.

— Oui tu peux. Faut faire doucement car c’est un bébé mais il adore les câlins.

Elle s'approche du chien et elle le caresse doucement, il lui fait des léchouilles sur la main.

— Alors si c'est ton chien, c'est aussi celui de mon frère comme vous z'êtes amoureux ? Alors c'est le mien aussi s'il est à Austin !

J'explose de rire, je la trouve adorable avec sa logique d'enfant.

Je rigole un peu.

— En fait, c’est surtout mon chien à moi parce que c’est un cadeau d’Adam, mais je vous le prête car il a l’air d’aimer vos câlins.

- C'est le chien de Gabriel, alors pas de noeud rose d'accord.
- Promis !

Je la connais par coeur.

- Il est trop joli ! Je l'aime déjà !

— Merci ma belle.

Je l’attire à moi pour lui faire un câlin.

— Alors, t’as eu une bonne note ? On ne t’arrête plus depuis la rentrée !

Pendant quelques secondes elle avait oublié sa note, elle agite de nouveau sa feuille sous le nez de Gabriel.

— Regarde j'ai eu un A en lecture ! La maitresse elle dit que je lis bien, elle m'a même donné un livre pour les plus grands !

Je souris attendri, j'ai l'impression que maintenant qu'elle a n'a plus de soucis à la maison, elle suit beaucoup plus facilement à l'école. Elle ne sait pas pour notre père, elle sait ce qu'il s'est passé, qu'un monsieur m'a embêté dans la rue, que Gabriel m'a protégé mais que le monsieur a porté plainte, c'est pour ça qu'il a un bracelet, mais elle ne sait pas que c'était notre père.

— Whoa mais t’as de meilleures notes que moi alors que je suis à l’école depuis plus longtemps que toi !! La chance, comment tu fais ? Tu vas pouvoir lire des histoires à Salomé et Séphora !! Elles vont être trop contentes !

— Te moques pas de moi ! Je peux te lire si tu veux ?

Elle râle mais toujours avec son grand sourire. Je la soulève dans mes bras, erreur, ça fait mal, mais je n'en montre rien.

— D'abord c'est l'heure de la douche.

Elle râle un mais elle se laisse faire. Je fais un regard d'excuse à Gabriel et je descends. De retour dans le sous-sol, je pose Darcy par terre, je prépare son pyjama et fait couler l'eau de la douche. Quand elle est dessous, je reste de l'autre côté de la porte. Je masse mon épaule en grimaçant. Puis avant le dîner on fait ses devoirs.

Ce soir on mange avec tout le monde, après le repas je rejoins Gabriel qui fume dans le jardin, pendant que Balthazar fait ses besoins.

— Ton père est complètement sous le charme.

Je dis en regardant le chien.

C’était dur de le laisser filer après avoir fait l’amour comme ça. Mais bon, c’est le jeu. Il n’est pas qu’à moi, malheureusement. Quand je sors fumer, ma mère râle mais je ne lui laisse pas le choix. Avant, je me cachais, maintenant.. je ne peux pas sortir sans que tout le monde le sache alors..

— Ouais, c’est surtout ma mère qui va être difficile à convaincre. Il a déjà fait pipi dans la maison tout à l’heure mais je l’ai disputé, j’ai nettoyé. Je sais qu’elle va craquer.

Je joue distraitement avec l'herbe.

— Elle craque déjà, mais elle ne le dira pas tout de suite. C'est vraiment une bonne idée ce qu'a fait Adam.

Je fais oui de la tête.

— Je crois qu’ils ont un peu pitié de moi... mais oui, c’est vrai que ça va me faire une vraie compagnie. Ça me touche qu’il me fasse confiance pour me confier un chien.

Je lui jette un coup d'oeil.

— Tu en doutais ?

Je termine ma clope avant de l’écraser dans le cendrier.

— Bah...

Je me tourne vers lui, les sourcils froncés. J’en sais rien. J’arrête pas de faire des conneries et de décevoir tout le monde alors...

— Je sais pas, c’est important un chien...

— S'il m'arrivait quelque chose, je te confierai Darcy les yeux fermés.

Il écrase sa cigarette et Balthazar lui saute dessus. Je tends le bras pour le caresser.

— Mais je saurais même pas m’en occuper comme toi tu le fais..

Vaudrait mieux qu’il la confie à ma mère. Pas à moi. C’est la première fois que j’ai des responsabilités avec Balti. Il me saute dessus et je le blottis contre mon ventre pour lui faire des câlins.

Je souris parce qu'il ne comprend pas ce que je suis en train de dire, ou peut être qu'il refuse de l'entendre.

— On rentre ? On a des devoirs à faire.

Quand il me parle des devoirs, j’ai un peu les boules. C’est tard, mais j’ai quand même préféré faire l’amour que faire nos devoirs.

— Ok. Y en a beaucoup ?

Je demande en me relevant, Balti toujours dans mes bras. Il est complètement HS.

Je lui fais une petite grimace.

— Ce que l'on a vraiment à faire ou ceux que j'aimerais faire ?

— Ce que toi tu comptes faire. Si je décroche, je terminerai demain.

Il a un rythme de travail qui me fascine.

— Ça marche. Je vais coucher Darcy, tu me rejoins ?

Je m’appre à lui dire que je préfère qu’on se rejoigne dans ma chambre, pour Balti, mais je sais qu’il ne voudra pas alors je me ravise.

— Ok.

Je réponds simplement. Je le laisse passer devant et je vais directement au salon, mes parents sont devant la télévision. Je couche Balthazar au salon, dans son panier. Il bronche à peine.

— Je vais faire mes devoirs, je préfère qu’il ne sache pas qu’il y a un sous-sol pour l’instant. Vous pouvez me dire quand vous allez vous coucher ? Je remonterai.
— Ok ! On peut le prendre avec nous ?
— Non, pas sur le canapé papa !

Il me bouderait presque mais ma mère ne râle pas comme ça.

— À tout à l’heure !

Je fais un petit câlin à Balti et je monte récupérer mes affaires avant de rejoindre Austin en bas.