Time to Say Goodbye - Adam & Max

J'ai jamais fait ça. Je ne suis pas quelqu'un qui a collectionné les conquêtes et qui a souvent eu besoin de quitter la personne avec qui j'étais.

J'ai rompu une fois avec Max, on était tous les deux d'accord. Logan a rompu avec moi, j'ai juste eu à pleurer et aujourd'hui... C'est à moi de faire verser des larmes. Fait chier.

Le chemin jusqu'à la porte de l'église ne m'a jamais semblé aussi long. Et je n'ai jamais autant regardé autour de moi tous les petits détails. On aura vécu un mois ici, avant que je ne brise tout. La moitié des gens que je connais vont me haïr de faire ça, le autres ne vont pas comprendre et me juger. Mais si c'est ça le prix pour retrouver ce sans quoi j'ai vécu pendant un an... Je suis prêt à le payer.

— Max ?

La porte est ouverte et heureusement pour moi, ça veux dire que ce soir il n'est pas parti vadrouiller je ne sais où. D'ailleurs, ça fait un moment qu'il ne l'a pas fait. Il a bien saisi qu'il y avait un problème, oui...

— T'es où ?

@Maximilien Weaver

Je suis dans le salon, où j’attends qu’il rentre depuis que Madeleine m’a téléphoné. Je me précipite sur lui, sans pour autant osé le brusquer. Depuis quelques semaines, il évite mon contact, parfois brusquement.

— Tout va bien ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tu veux que j’appelle un médecin ?

Je le regarde un instant sans saisir, avant de comprendre que ma mère a du l'appeler pour le malaise. Génial...

— Ça va, t'en fais pas, j'ai juste fais un petit malaise. Gabou était la, il s'est occupé de moi.

Putain comment j'amène tout ça alors que Max est là, inquiet et attentionné.

— T'étais occupé... ?

Je secoue la tête.

— Non, je t’attendais. T’es sûr que ça va ? Ça fait plusieurs jours que t’es bizarre.

— Je crois qu'il faut qu'on parle, tous les deux...

C'est horrible comme phrase. C'est celle que j'ai redouté pendant des années et c'est moi qui l'a sort, comme si notre vie était un film. J'ai pas envie de lui faire ça, mais Gabriel à raison... Aujourd'hui ou dans deux mois, ce sera toujours aussi compliqué.

— Oh.

Je comprends rapidement ce qui me pend au nez et son éloignement soudain. Cette phrase, c’est moi qui l’ai prononcé la première fois et, même si on était tous les deux d’accord, je sens que ce sera tout aussi douloureux.

— Qu’est-ce qu’il se passe ?

Je demande alors qu’on va s’asseoir au salon.

Je ne sais même pas de quoi je dois parler. Est-ce que je dois lui dire toute la vérité ? Est-ce que je dois être honnête à 100% ou lui cacher ce qui lui fera encore plus de mal ?

— Il y a quelques semaines j'ai reçu un SMS qui m'a pas mal déstabilisé. Ça m'a forcé à réfléchir à pas mal de choses, concernant notre couple...

Malgré moi, je retiens ma respiration.

— D’accord.. et.. ? Qu’est-ce que ça signifie ?

Peu importe la façon, ce sera forcément violent et sans tact pour lui. Pourtant je voudrais, je voudrais ne pas le blesser et laisser son cœur intact, mais ça n'arrive dans aucun de mes scénarios...

— Ça signifie qu'il vaut peut-être mieux arrêter maintenant, que lorsqu'il sera trop tard pour faire machine arrière...

J'ai la gorge nouée et pourtant, je ne veux pas pleurer. Ce serait déplacé de ma part.

— Mais.. c’est moi ? J’ai fait quelque chose ? Tu as rencontré quelqu’un ?

Le choc est rude, j’ai l’impression d’être complètement sonné et c’est affreux. J’ai envie de pleurer, mais je n’en montre rien, je vois que c’est déjà très dur pour lui. Ça fuse dans ma tête, je me demande quand il va partir, si c’est sérieux.

— Tu ne veux plus d’enfant avec moi ?

Si je peux laisse entendre ce qu'il me passe par la tête avec Gabriel, ce n'est pas pareil ici. Je dois essayer de mettre en forme ce que je dis, parce que je vois bien que ça lui semble aussi choquant qu'impossible. Comme s'il ne savait pas sur quel pied danser...

— C'est pas toi le problème Max, vraiment pas.

Bon sang, comment lui dire que je n'ai rencontré personne, mais que cette personne est revenu à moi.

— C'est Logan...

Et je sais qu'il connait son prénom et qu'il va assimiler tout de suite de quoi je parle. Seigneur.

Quand il me dit que c’est Logan, c’est d’autant plus douloureux. Je ne l’ai pas vu venir et la gifle que je me prends me coupe le souffle.

— Mais on avait des projets ! C’est pas du vent quand même ? Comment tu peux me...

Ma voix se brise et c’est presque impossible à réaliser. Des autres copains j’en ai eu et jamais je n’ai projeté d’avoir des enfants avec eux alors que j’aimais quelqu’un d’autre plus fort. Ce n’était pas envisageable. Je pensais qu’il m’aimait autant que je l’aimais et ça me retourne les tripes de constater que je me suis trompé. Le sentiment de trahison que je ressens me donne la nausée.

— Alors tu t’en vas..?

J’ai les larmes aux yeux, je peine à réaliser ce qu’il se passe parce que je n’y crois pas. La maison est terminée, la chambre pour le bébé aussi. Nos bureaux, l’espace pour le chat, son jardin. Je n’arrive pas à y croire. Je ne peux pas être nul à ce point-là quand même ?

Sa voix se brise et ses yeux se remplissent de larmes. J'ai envie de le serrer contre moi et de lui dire que tout va bien se passer, mais je peux pas faire ça... Je ne peux pas, parce que c'est moi qui est en train de détruire tout ce que nous avons.

— C'était pas du vent ! Tout ce qu'on a vécu, tout ce qu'on a pu se dire où envisager, j'en avais autant envie que toi.

Dire ça est sûrement encore pire, mais je ne veux pas qu'il pense que je me suis joué de lui a un moment. Ca n'a jamais été le cas.

— Je pensais l'avoir oublié, l'avoir laissé à mon passé...

Mais il a ressurgi et tout mon amour avec lui.

— Je peux pas rester simplement parce qu'on s'est fait des promesses, tu comprends ? Ce ne serait bon ni pour toi ni pour moi. On peut pas continuer dans ces conditions là Max. Il faut que je m'en aille...

J’acquiesce dans le plus dans des silences et je me lève. J’aimerais pouvoir lui dire que je ne lui en veux pas, que j’espère qu’il sera heureux et que ça ira pour moi, mais je ne veux pas lui mentir.

— Je vais aller à l’hôtel quelques temps. Tu m’excuseras si je n’ai pas envie de m’infliger ton déménagement.

C'est plutôt froid, mais je ne vais pas pleurer et me plaindre. Je suppose qu'à sa place, jaurais eu exactement la même réaction.

— Je peux faire ça demain pendant que tu es en cours si tu veux... T'es pas obligé de partir Max.

— C’est gentil, mais je pense que je n’ai pas envie d’être ici pour le moment. Je ne veux pas associer cet endroit à notre rupture. Je vais devoir vivre ici ensuite.


Je lui rappelle. Je vais devoir vivre parmi tous nos projets et nos souvenirs. Tout seul.

— Je suis désolé.

Je ne sais pas vraiment quoi dire d'autre, parce que ça n'enlevera rien à ce qu'il arrive. Je comprends son point de vue et je ne me vois pas essayer de lui faire entendre raison. Raison à quoi, de toute façon ?

Je porte ma main à mon visage et en sentant ma bague de fiançailles sur ma peau, je me crispe littéralement.

— Tu veux...

Je tousse, mal à l'aise et la gorge de nouveau nouée. J'envoie valser la dernière pierre de ce qu'on a construit ensemble en ôtant la bague de mon doigt. Ou presque... Elle était ici depuis un an, c'est douloureux de prendre conscience de ce que je fais.

— Je suppose que c'est mieux que tu la récupère...

Il retire sa bague et ça me fend le cœur. C’était la sienne, un cadeau que je n’avais pas l’intention de lui reprendre et il me la rend. C’est terminé pour de vrai et ce n’est pas juste une rupture, il me rend tout. Il ne voudra plus jamais de moi.

— C’était à toi.

Je ne la prends pas.

— Tu peux la laisser sur la table.

Je n’ai plus envie de poursuivre cet échange. Mon monde s’effondre entièrement et je me retrouve seul en Angleterre alors que ma famille et mes amis sont de l’autre côté de la Manche.

— Merci d’avoir été honnête, ça devenait long de ne pas savoir.

Je le plante là pour aller prendre des vêtements pour les prochains jours en me demandant quand est-ce qu’il m’a dit je t’aime pour la dernière fois, notre dernier baiser, la dernière fois qu’on a fait l’amour. J’essaie de m’en souvenir mais comme je ne savais pas que c’était la fin, je n’y ai pas prêté attention et c’est insupportable.

Je me retrouve tout seul dans la pièce et je ne sais pas quoi faire. Est-ce que je dois fuir tout de suite ? Est-ce que je récupère des affaires malgré tout ? Est-ce que je peux me mettre à pleurer maintenant où est-ce que c'est toujours déplacé ?

J'ai l'impression d'être un monstre et la façon dont Max réagit le démontre assez bien...

Je reste là, sans rien faire, jusqu'à ce que Max redescende avec des affaires.

— Tu veux... On fais quoi ? Pour... Tout ça ? Les clés et... ? Tu veux que je te les ramène quand... ?

Je suis gêné et triste, j'ai mal au cœur et je voudrais lui pendant des heures combien je l'estime et combien je suis désolé.

Je redescends assez rapidement, ici j’étouffe. Il bafouille, me parle des clés.

— J’en sais rien. Je ne sais pas. Tu feras comme tu veux.

— Ok...

Et il part, sans demander son reste. Il quitte l'endroit dans lequel on allait tout bâtir et moi, je peux enfin pleurer. Je pleurs parce que même si c'est moi qui l'ai voulu, je suis en train de perdre mon meilleur ami et que c'est encore plus douloureux que la première fois... Cette fois, ce n'est pas en bons termes qu'on se sépare.

Moon debarque pour se frotter dans mes jambes et je la prends tout de suite dans mes bras. Je crois que le départ de Max fait que je ne me pose pas la question plus longtemps : elle vient avec moi. Son nom me hantera sûrement longtemps, mais c'est ainsi, je suppose.

SMS à Gabou.
— Max est parti... Je pense pas qu'on va se revoir tout de suite. Je peux venir dormir à la maison tu crois ? J'ai aucune idée de comment je vais annoncer à papa et maman... Moon viendrait avec moi aussi, ils s'entendent bien avec Balti maintenant. Je veux plus rester ici de toute fzcon

SMS de Gabi — Ok, fais tes valises, je prends le pick up d’Austin. Je viens t’aider. Ça t’évitera de revenir. Je suis désolé pour toi Adam, vraiment. Mais tu vas aller mieux, maintenant.

SMS à Gabou.
— Merci Gabou, je serai pas revenu après je crois... J'avais laissé beaucoup de choses à la maison, comme on était encore en travaux. J'ai pas encore tout ici, heureusement. Je commence à préparer des sacs. Ça ira forcément, oui. C'est pas moi qui suis le plus à plaindre...

SMS de Gabou — Aller, magne. J’ai prévenu maman, elle t’attend pour te faire un câlin. Ça t’évitera de leur annoncer toi-même. Je pars !