Oops - Adam & Edouard.

Normalement, Logan devrait être sorti du coma artificiel demain. J'ai peur, j'attends et j'espère qu'il se réveillera de lui-même rapidement. Maman et Gabriel me changent les idées, Marie m'a invité à manger hier et même Pandore sent que je suis au bout du rouleau. J'ai envie de rien, j'ai l'estomac détraqué et la seule chose pour laquelle je lutte, c'est la putain de plainte que je prépare contre ces cons.

Mais j'ai besoin de m'aérer aussi, alors avant d'aller voir Logan, je suis venu faire un tour. Je flâne dans les rues sans avoir besoin de rien, mais je vois un peu de monde, des sourires aussi, et ça fait bien plus de bien que je ne l'aurais cru.

Ce que je n'aurais pas cru, c'est tomber sur Max ici. Il est à quoi... Cinq mètres de moi et c'est bizarre. Je ne l'ai pas revu depuis notre rupture, on n'a pas eu le moindre contact et de le voir là, je me sens stupide. Je sais que je lui ai fais de la peine, je sais que tout est ma faute et en même temps, j'aimerais pouvoir lui dire que je suis désolé. J'hésite à m'enfuir, vite, mais je ne sais pas si j'en ai vraiment envie. Finalement, il aura décidé pour moi en se retournant suffisamment pour que nos regards se croisent. Sans réfléchir, je lui souris. Poliment et sans doute un peu plus.

@Maximilien Weaver

Mon frère est dans un état pitoyable. Il n’y a même pas d’autre mot pour le définir. Si je ne m’étais pas décidé à venir, je crois qu’il se serait laissé crever dans un coin. Je n’ai même pas eu le cœur de lui dire que l’avais prévenu que ça arriverait parce qu’il ne l’aurait pas supporté. Le voir dans cet état est affreux quand on pense au lien qui nous uni, j’ai l’impression de souffrir autant que lui et c’est difficile. Sa vie entière et ses projets sont partis en fumée. Il se retrouve à vivre dans un lieu chargé de souvenir avec une chambre d’enfants. Une chambre d’enfant.

Plusieurs fois j’ai voulu appeler Adam pour lui éclater la gueule. Plusieurs fois mon frère a pris sa défense parce qu’il l’aime encore comme un chien. Aujourd’hui je me suis décidé à aller faire des courses parce qu’il ne s’est pas nourri correctement depuis je ne sais pas combien de temps, il bosse sans arrêt, sans manger, sans dormir, et il a clairement une tête de cadavre. Je suis au téléphone avec Lucie quand je le vois.

— Attends, j’te rappelle.

Je raccroche et quand ce connard me sourit, je crois péter un plomb. Je traverse les quelques mètres qui nous séparent.

— Pauvre merde va, t’oses me sourire en plus ?

Je vois qu’il a ses points de suture, j’espère qu’il souffre.

Quand je me rends compte que ce n'est pas Max, mais Edouard, mon sang ne fait qu'un seul tour. J'ai envie de partir en courant, de prétendre faire un malaise ou de crier pour que quelqu'un l'empêche de m'approcher. Ce n'est même pas que je n'ai pas envie de le voir, c'est que je n'ai surtout pas envie de l'entendre.

— J'ai cru que c'était ton frère, je suis désolé. J'ai pas fais attention.

J'ai l'impression que c'est encore pire de le dire comme ça, alors j'essaie de me justifier.

— Je voulais simplement être poli. Je vais pas le snober quand je le vois, c'est tout.

— Bah heureusement que c’était pas lui, alors. Vaut mieux pas que tu sois poli avec lui, il risquerait d’y croire encore.

Je le regarde avec dédain.

— Putain mais je savais que ça allait arriver ! Je savais que c’était qu’un bouche-trou pour te faire oublier ta peine de cœur là ! C’était évident ! T’as pris mon frère pour une serpillière, tu l’as bousillé et maintenant y a que lui qui souffre, j’te jure que la vie est vraiment injuste !

J'ai envie de lui répondre que la vie n'est pas si injuste, parce que mon compagnon est dans le coma et qu'actuellement, il n'est même pas sûr qu'il se réveille prochainement. Mais je suis poli, et surtout respectueux envers Maximilien, et j'ai la décence de garder cela pour moi.

— C'est pas ce que j'ai fais !

Je suis blessé, mais surtout peiné d'entendre ce genre de choses. Pas des mots d'Edouard, nos rapports n'étaient plus vraiment bons donc ça me passe au dessus, mais d'imaginer Max comme ça me fait mal...

— Je lui ai dis, je lui ai expliqué et il sait des choses que t'as pas besoin de savoir. C'est pas à toi que je dois des comptes Edouard !

J'essaie d'être assuré, mais quiconque me connait un peu saurait que je ne sais pas où me mettre.

— Tout ce qu’il sait je le sais aussi, t’as pas besoin de faire des mystères. Je m’en fous de ce que tu lui as expliqué. C’est pas toi qui te retrouve seul aujourd’hui avec une église que t’as acheté pour un mec que t’aime. C’est pas toi qui se retrouve tout seul avec tous tes regrets et les promesses non tenues. Comment tu peux passer de vouloir un bébé à retourner avec ton ex ? Hein ?

— T'aurais voulu quoi ? Que je reste et qu'on soit malheureux ? Que je reste, qu'on ai un enfant et que je parte alors qu'on l'aurait eu, la vie qu'on s'était promis ? Je ne pouvais pas continuer avec Max parce qu'on s'était fait des promesses ! Ça n'aurait pas été correct !

J'aime pas la façon dont il me parle, comme si j'étais la dernière des merdes. J'ai fais mon choix, certes, mais ça n'en a pas été plus facile pour autant.

— J’aurais voulu que tu réalises avant d’accepter d’être son fiancé que tu l’aimais pas assez pour finir ta vie avec lui. Voilà ce que j’aurais voulu. Putain mais tu me dégoûtes. Et tu sais le pire ? C’est que lui, il arrive même pas à te détester. Il attend que tu reviennes comme un con. Ça fait deux semaines qu’il est complètement déconnecté, il dort peu, manger j’t’en parle même pas.

Je soupire.

— Alors peut-être que si tu l’avais croisé, il aurait été poli, il t’aurait dit que tout allait bien et qu’il était heureux pour toi. Mais j’suis content que ce soit moi parce que tu mérites de savoir le mal que tu lui fais. Tu mérites pas qu’il te protège encore.

Entendre tout ça me retourne, parce que jamais je n'ai voulu faire le moindre mal à Max. Je savais que ça arriverait, mais en avoir la certitude ainsi c'est difficile. Je ne peux que savoir ce que ça fait d'espérer, moi qui ai été aussi connu ça... Et je m'en veux d'être la personne qui lui fasse ça. D'être celui qui rends si malheureux une personne aussi géniale que lui.

— J'ai jamais rien accepté en l'air. Quand j'ai accepté de me fiancer avec lui, je pensais vraiment qu'on finirait notre vie ensemble... J'avais pas conscience que j'aimais quelqu'un d'autre d'une toute autre manière.

Et c'est quand je dis ça que je prends conscience que c'est stupide, parce que j'ai toujours su que Logan était là, quelque part... On en a parlé avec Gabriel au début, et c'était là. J'ai pensé à lui plus d'une fois, c'était là. Et je ne suis pas parti, parce que j'aimais Max à ma façon, mais pas la bonne. Sauf que c'est lui qui le paie...

Je secoue la tête.

— C’est ça oui. Comme si tu t’étais pas rendu compte que t’aimais moins Max que l’autre là. Comme si tu pensais plus jamais à lui. Putain mais on le sait, ça. On sait quand on pense toujours à son ex puisqu’on y pense. Alors arrête un peu de faire l’imbécile. Tu voulais pas être tout seul, c’est tout.

— J'ai une affection sincère et profonde pour Max... Je comprends que tu me crois pas, qu'il n'y croit plus non plus, mais c'était pas un pion. J'étais sincère avec lui, chaque jour.

Ça je le sais, même si maintenant il est trop tard pour essayer de le faire comprendre. Et surtout trop tard, parce que ça n'y changera plus rien.

— Une affection profonde, mais genre on dit ça des chiens.

Je soupire.

— T’aurais pu te rendre compte que tu l’aimais pas assez avant qu’il t’offre un potager, une bague de fiançailles, un chat et une chambre pour un bébé. C’est tout ce que je te reproche. J’m’en fous que t’aies été sincère. Le résultat de tes promesses non tenues c’est que t’as bousillé mon frère et qu’il va couler pendant que tu seras heureux.

Mais il va se relever, pas vrai ? Comme on s'est relevé de notre première rupture. Il va aller de l'avant, trouver quelqu'un dont il va tomber fou amoureux. J'ai pas bousillé sa vie entière, c'est pas possible...

— Je suis désolé. Je voulais pas lui faire de mal. Je voulais pas faire ça.

Je me sens stupide, minable et sous les yeux d'Edouard c'est encore pire. Je ne sais même pas quoi dire, tellement je me sens coupable.

— J'avais pas le choix, je pouvais pas attendre qu'on construise encore plus pour partir...

— Ouais, t’avais déjà attendu trop longtemps.

Je regarde ma montre et je soupire. Ça fait un moment que Max est seul.

— J’espère ne pas te croiser à nouveau. Tu méritais pas mon frère de toute façon.

Qu'est ce que je peux bien répondre à ça ? Si ce n'est m'excuser encore une fois, alors que ce n'est même pas Edouard qui nécessite que je le fasse.

— Très bien.

Je pince les lèvres, l'estime de moi n'allant pas plus loin que mes orteils, et je fais un vague mouvement de tête avant de contourner Edouard pour partir.

Maintenant, je n'ai plus qu'à aller à l'hôpital et prier pour que Logan se réveille et que je ne sois pas trop mauvais pour que le Seigneur me punisse...