Distance. Gabriel / Austin

Je secoue la tête.

— Jamais. J’aurais pas pu, sinon. Je pensais qu’à moi, à mon envie de me prouver que j’étais pas quelqu’un de bien.

— Est-ce qu'il y a quelque chose que je peux faire ou dire pour que tu ne penses plus ça de toi ?

Je hausse les épaules.

— Tu trouves que je suis quelqu’un de bien, maintenant ? Tu trouves que je vaux le coup ? Tu restes parce que t’as eu de la peine dans la salle de bain ?

— Je suis là parce que je sais que tu es quelqu'un de bien et que tu en vaux le coup et dans la salle de bain tout à l'heure, tu... tu m'as fait peur. Vraiment peur.

— Je voulais pas, c’était pas le but. J’ai pas envie que tu me pardonnes parce que t’as pitié.

Je secoue la tête.

— Ça n'a rien à voir... je suis venu pour te retrouver, et ce qu'il s'est passé dans la douche, n'a rien changé. Mais je ne veux jamais te perdre alors ne fais plus quelque chose comme ça s'il te plait...

— C’est juste que j’avais fait à manger et le temps passait et j’ai cru que c’était fini et que tu reviendrais plus..

— Je suis resté plusieurs heures dans ma voiture, sur le parking... pour être honnête je me sentais ridicule.

— Ridicule ? Pourquoi ?

— Parce que j'étais perdu et que ça me faisait peur, mais c'était ridicule car ma place est auprès de toi.

Je le serre contre moi et je dépose un baiser sur sa tempe.

— Et ma place est auprès de toi.

Il embrasse ma tempe et je pensais que ce serait plus difficile que ça, mais ça semble tellement naturel... Peut être que je dois juste oublier toute cette histoire, essayer de ne plus y penser. C'est passé et même si on essaie de toutes nos forces, on ne pourra jamais changer ça.

— Alors si je te promets de t'épouser un jour, tu accepteras de comprendre que je ne m'en irais pas ?...

J’ai envie de lui répondre que je ne comprends pas pourquoi il voudrait m’épouser, mais cette promesse m’apaise malgré tout. Je me sens serein et heureux, et quand je réalise vraiment, ça m’arrache un sourire sourire radieux.

— Tu as vraiment envie de m’épouser ?

— Oui.

Mais je réalise que lui ce n'est peut être pas son cas, qu'il n'a pas prévu de se marier. Pourtant il sourit.

— Enfin, si tu en as envie bien sûr.

— Bien sûr que j’en ai envie !!

Je dis en m’avançant pour embrasser ses lèvres. J’ai peur qu’il me repousse alors je ne m’attarde pas trop.

Je m'apprête à sourire quand il me dit qu'il en a envie, mais il embrasse mes lèvres. Quand il se recule je caresse son visage.

— Alors un jour on se mariera.

Mais il sait que depuis toujours, je veux créer une vie stable avant, avoir un logement, de l'argent, une situation. J'ai trop connu la misère et la précarité pour me lancer sans être sûr que tout va bien à côté.

Il ne me repousse pas alors je comprends que tout n’est pas perdu, pas comme Adam l’avait dit.

— Avant, je vais devenir pédiatre. On s’achètera une maison et tu seras en sécurité.

— Tu deviendras pédiatre et si tout se passe bien je deviendrai nageur professionnel.

Et ce sont des travails qui paient bien, c'est important de ne manquer de rien. Je veux vraiment tout faire pour que l'on ne manque jamais d'argent, qu'on puisse payer notre loyer et manger à notre faim et je ne veux pas que Darcy ait a travaillé comme moi j'ai dû le faire.

— Je sais que tu vas y arriver. Et je vais mieux te soutenir, je suis désolé de pas l’avoir fait avant.

Je peux tout à fait bosser à la piscine, être là avec lui. J’ai envie qu’il voit que je suis avec lui tout le temps. Je veux qu’il me fasse confiance.

Je retire la couette de nos visages et je secoue la tête.

— Tu m'as toujours soutenu.

Je ne veux pas qu'il change.

— Je ne veux pas que penses devoir faire des choses pour te racheter ou autre, tu as tes études et les partiels qui approchent, c'est le plus important.

— Je fais pas ça pour me racheter, mon cœur. Juste pour passer plus de temps avec toi. Parce que je réalise qu’on est entré dans un quotidien qui nous éloigne et j’ai pas envie de poursuivre dans cette voix là.

Plutôt il a parlé de routine, du temps que l'on ne passe pas ensemble et maintenant un quotidien qui nous éloigne. Je prends conscience que je n'avais pas réalisé avant que notre vie ne lui convenait plus et je m'en veux.

— J'aurais dû faire plus attention à toi, je suis désolé.

— Tu fais attention à moi, tout le temps. C’est moi qui suis tout le temps dans mes bouquins jusqu’à pas d’heure. Ne t’excuses pas.

Il ne m'enlèvera pas de la tête que si j'avais plus attention à lui, il n'aurait pas été voir tous ces autres hommes.

— Promets moi que tu n'étudieras pas moins.

— Je n’étudirais pas moins, c’est promis. Mais au lieu de rester dans le salon jusqu’à pas d’heure, je viendrai le faire dans la chambre et je te garderai contre moi. J’me suis pas rendu compte que je passais moins de temps avec toi.