I Need Your Time - Adam & Max.

Ça fait longtemps que je ne suis pas venu ici et me garer devant l'eglise à nouveau, c'est particulier. Je prends seulement conscience maintenant que Maximilien et moi on ne s'est pas parlé depuis des mois et le fait que je sois seul est un stress supplémentaire. Ma mère n'est pas avec moi parce qu'elle a eu un empêchement avec Darcy et égoïstement, j'aurais voulu qu'elle puisse être présente.

Max et moi on se connait depuis des années, on se connaît bien, alors je prends mon courage à deux mains et en passant le portail, j'essaie de laisser un sourire habiter mon visage. On ne peut pas être devenu deux étrangers.

Une fois devant la porte de mon ancien chez moi je sonne, prêt à parler de mon futur chez moi.

@Maximilien Weaver

Lorsqu’on sonne à la porte, Édouard hésite à se lever. Maximilien vient de s’endormir et il n’est pas d’humeur à supporter un autre débile de la famille de Louise qui va venir lui casser les couilles.

Quand ça insiste, il se lève pour aller ouvrir vite. Maximilien vit complètement en décallé et il a besoin de se reposer.

— Putain mais c’est du harcèlement !

Mais ce n’est pas la famille de Louise ; c’est pire. Adam Saint-Clair.

— Putain c’est un gag.

C'est sa voix que je reconnais, avant même de détailler son visage. Je dégluti et j'ai envie de m'enfuir en courant. Peut-être aussi que je maudis Logan de ne pas avoir voulu venir et d'être tranquillement à la maison, parce que je ne suis pas certain de pouvoir tenir la route face à Édouard. J'avais pensé à plein de choses, mais pas à ce que ce soit lui qui m'ouvre.

— Salut.

Je dis en paniquant.

— Est-ce que ton frère est là ?

— Bien sûr qu’il est là, c’est sa maison.

Rester calme.

— Est-ce que je pourrais le voir ? Où est-ce que tu pourrais lui dire que je suis là ?

Il soupire bruyamment et se pousse pour le laisser entrer.

— Qu’est-ce que tu veux ? T’as oublié un truc ?

— Je viendrais un an plus tard parce que j'ai oublié un slip ouais.

Je me retiens de lever les yeux au ciel parce que ce serait encore pire.

— Je suis ici pour Max, pas toi Édouard.

— Ouais, mais Max il dort. Il dort parce qu’il ne va pas bien. C’est même pour ça que je suis obligé de vivre dans cette ville de merde qu’il ne veut pas quitter, mais tu t’en fous, pas vrai ? Parce que tu viens seulement quand t’as besoin d’un truc, non ? T’as besoin de quoi ? Je n’irai pas le réveiller pour rien.

— Qu'est-ce qu'il a ? C'est grave ?

Je demande, inquiet. Notre dernière conversation était houleuse, mais il n'en reste pas moins quelqu'un que je porte dans mon cœur.

— Je voulais parler architecture avec lui. Mais je peux repasser plus tard. Ou je lui enverrai un message.

— C’est pas tes affaires. Et si c’est pour te faire construire une maison, tu peux bien aller te faire foutre. Putain mais t’es vraiment sans gêne !

Il s’emporte.

— Là dernière fois que tu lui as parlé t’as été une vraie pourriture et là t’arrives et tu veux parler « d’architecture » ? T’es quel genre d’enculé toi ? Tu t’es même pas pointé à l’église alors qu’il t’a envoyé un faire-part ! T’as pas du tout intérêt à le contacter.

Mon visage se décompose quand Édouard met le doigt sur les faits et je me sens comme une merde. A aucun moment j'ai songé que ça pouvait être malvenu de ma part.

— T'es pas obligé d'être grossier, on a tous les deux été cons et on s'est disputé, ça arrive. Ça m'empêche pas de m'inquiéter pour lui.

Quand j'assimile qu'il me parle d'église et de faire-part, je grimace parce que je n'y comprends rien.

— Putain, et de quel faire-part tu parles ?

— Quoi quel faire-part ? Je l’ai mis moi-même dans ta putain de boîte aux lettres après avoir fait des pieds et des mains pour la trouver. Louise a perdu le bébé a neuf mois, elle a dû accoucher normalement et ils ont dû lui donner un prénom et l’enterrer. Et toi t’as envie de lui parler d’architecture ? Mais tu rigoles ou quoi. Pauvre merde.

Je me prends une claque qui me retourne complètement et à le simple fait d'imaginer l'horreur qu'ils ont dû endurer, les larmes me montent aux yeux.

— J'ai eu aucun faire-part. Je serai venu. Évidemment que je serai venu. Il...

Maximilien n'aimait pas cette vie, il me l'a dit, mais c'était son enfant. Son bébé. Et il l'a perdu de la pire des façons.

— Je suis désolé. J'en savais rien Édouard.

— Bah je l’avais quand même mis dans ta boîte aux lettres alors tu règleras ça avec ton connard de mari.

Je suis réveillé par des éclats de voix. J’ai à peine dormi, mais j’ai l’impression de ne pas pouvoir faire mieux aujourd’hui.

— Édouard ? Tout va bien ? Pourquoi est-ce que tu cries ?

Je l’entends soupirer fortement, mais il ne me répond pas alors je me lève et je quitte la chambre pour rejoindre le salon. Depuis que j’ai demandé à Louise de partir, tout me semble plus grand. C’en est presque étouffant.

Lorsque je reconnais la silhouette d’Adam, mon cœur s’emballe. Il est venu !

— Salut.
— Il est venu s’excuser d’avoir raté l’enterrement et tous les derniers événements, il travaillait à Londres et il a eu le faire-part trop tard.
— C’est rien, je comprends.

Mon frère affiche un pâle sourire ; Adam me manque affreusement et j’aurais aimé qu’il soit présent ce jour-là, mais je suis rassuré qu’il n’ait pas simplement ignoré le faire-part.

— Pardon, c’est un peu le bazar, je n’ai pas eu le temps de m’occuper de tout ça.
— Arrête de t’excuser, Max. Tu t’en fous, ok ? Il est venu là aussi pour parler d’archi. Ça te changerait un peu les idées, non ? Je vais aller faire quelques courses, je passerais aussi à la pharmacie.
— D’accord, ça ira, ne t’inquiète pas.

Édouard s’approche pour m’étreindre et me chuchoter de m’asseoir parce que j’ai une sale mine. Puis il s’en va, me laissant tout seul avec Adam.

— Je peux te proposer à boire ?

— Avec plaisir.

Je réponds avec un pâle sourire. Mais je ne le laisse même pas partir vers la cuisine. Il a une tête horrible et j'ai envie de le serrer contre moi.

— Je suis sincèrement désolé Max, si j'avais eu le faire-part à temps, je serai venu t'apporter mon soutien. J'ai accouru dès que j'ai su...

Je me sens mal de lui mentir et en même temps, j'arrive pas à comprendre comment Logan a pu me cacher une telle chose... On parle du décès d'un nourrisson, mince.

— Comment va Louise ? Elle se repose également ?

— Ce n’est rien. On a chacun nos problèmes. Je suis content que tu sois là.

J’essaie de lui sourire.

— Je suppose qu’elle se repose, oui. C’était trop difficile pour elle d’être ici alors... on n’est plus ensemble. J’ai préféré lui demander de retourner dans sa famille, elle en avait besoin.

Cette maison, personne ne veut y rester de toute façon — ou bien c’est moi qu’on fuit et je peux le comprendre.

J'ai le cœur qui s'embrase tellement j'ai mal pour lui. Tout son monde a foutu le camp et ça a commencé le jour où je suis parti.

— Je suis désolé, j'en savais rien non plus.

Je me sens stupide et aucunement à ma place, mais quand je m'approche de lui en ouvrant les bras, je me dis qu'il a tout le temps de se dégager avant que je ne le serre contre moi.

— C'est peut-être pas une bonne idée de rester ici après tout ça toi non plus...

Quand il ouvre ses bras, je vais m’y blottir quelques instants. J’aurais certainement pleuré avant, mais aujourd’hui je n’y arrive pas. Je pourrais rester comme ça des heures parce que j’ai besoin de lui, mais je sens qu’il finit par ne plus se sentir à sa place alors je le libère.

— Alors tu es venu parler d’architecture ?

J’ignore sa suggestion de déménagement qui me fait mal. S’il a pu abandonner cet endroit sans se retourner, ce n’est pas mon cas.

Il reste dans mes bras quelques instants et je le serre contre moi, comme si ça pouvait lui enlever une part de sa peine, mais comment le pourrais-je, maintenant ?

— Oui, j'avais pensé à toi pour un projet, je voulais t'en parler en même temps, mais ça manquait peut-être un peu de tact.

Je souris poliment, essayant de correspondre à ce qu'Edouard a laissé entendre.

— En fait, je voudrais faire construire, et comme t'as un talent fou Max, je me disais que t'accepterais peut-être d'être notre archi.

Et c'est là que je me rends compte que je suis en train de demander à mon ex fiancé, s'il accepterais de planifier notre maison à mon mari et moi. Edouard a raison, je suis un enculé.

Sa demande me fend le cœur ; il continue de vivre, lui, son monde ne s’est pas effondré. Il est heureux alors il s’est dit que venir en gros serait une bonne idée : présenter ses condoléances et me demander des plans. Quitte à être là, il a raison, non ? Enfin, je crois. Je déglutis difficilement et je ne laisse rien paraître, j’affiche même un pâle sourire.

— Bah.. oui. Oui, ça m’occupera.

Je suppose que si c’est moi qu’il vient trouver, malgré qu’il m’ait fait comprendre que je n’avais plus jamais à entrer en contact avec lui la dernière fois qu’on s’est parlé, c’est certainement parce qu’il veut que je fasse ça gratuitement.

— Vous avez déjà le terrain ? Vous savez un peu ce que vous voulez ? Je pourrais te proposer plusieurs choses pour que t’aies une idée du métrage du terrain, si vous n’en avez pas.

Je traverse le salon pour aller chercher un stylo et de quoi noter.

— Assieds-toi.

Je m'assois en souriant doucement alors qu'il revient près de moi.

— On a regardé un peu, mais on n'a pas de terrain non. On est plutôt en train de regarder les coûts que ça engendre, actuellement.

Je soupire.

— Merci beaucoup d'accepter Max, j'ai conscience que t'étais pas obligé. Tu crois que tu pourrais nous faire des devis toi aussi ? Autant pour tes services que pour ce que tu aurais à me proposer ?

— Arrête, tu sais très bien que je ne te facturerai jamais rien.

Je lui adresse un petit sourire.

— Alors... si vous restez en ville, y a pas beaucoup de terrain et c’est tous un peu les mêmes alors je peux préparer quelques propositions ? Vous avez des critères particuliers ?

— On verra en fonction du temps que ça te demandera, ok ?

Je souris en retour. J'aurais tellement aimé le garder dans ma vie. Je suis obligé de m'avouer qu'il me manque...

— Avec plaisir. J'y connais rien, alors je m'en remets entièrement à toi !

Je rigole pour détendre un peu tout ça.

— On aimerait beaucoup avoir un espace extérieur assez grand pour y construire une petite dépendance et un grand espace de vie aussi. Oh et trois chambres minimum, quatre ce serait l'idéal ! Après ce sont des détails. Toujours mon délire de cuisine ouverte, et tout ça. Mais l'extérieur, le salon et les chambres, ce sont des choses qu'on veux absolument.

— Quatre chambres ? Bah dis donc, vous compter loger ton frère aussi ?

Je demande en notant tout par ordre de priorité pour être sûr de bien respecter ses attentes.

— Plein pieds ou avoir des étages ne vous gêne pas ?

— On va bientôt avoir des jumeaux...

Je me sens mal de lui dire ça, à lui, qui vient de perdre son enfant.

— Et comme on espère avoir la garde de la fille de Logan, enfin, voilà... On prévoit large.

J'ai déjà tellement hâte qu'on puisse y vivre, tous les cinq.

— On préférerait de plein pieds, en effet !

Moi je m'en fous, et on n'en a même pas vraiment parlé avec Logan, mais avec sa hanche je préfère que tout soit au même niveau. On ne sait jamais.