Yesterday is history, Tomorrow's a mystery. I can see you lookin' back at me - Adam & Logan

— Depuis quelques jours ?

Je soupire parce que je réalise que je n’ai aucune idée du jour qu’on est. Lundi ? Peut-être mardi ? Aucune idée. C’est pas une amnésie, pas comme d’habitude en tout cas. En me redressanr, je réalise que j’ai mal au ventre parce que j’ai faim, que j’ai la gorge sèche parce que j’ai soif. J’ai envie de pisser, j’ai mal partout d’être resté allongé.

— Je m’appelle Logan Wheeler, j’ai 37 ans et je vis à White Falls. Tu es mon mari, Adam, et j’ai une fille, Olivia. Elle a...

Je marmonne pour moi, pour être sûr.

— J’arrive pas à me souvenir de l'âge de Livie.

— Depuis dimanche tu es comme ça. On est mercredi soir...

Le voir dans cet état c'est difficile. Mais c'est surtout différent de d'habitude. Il n'a pas eu une amnésie, pas pendant plusieurs jours. C'est autre chose cette fois et ne pas savoir quoi, c'est horrible.

— Livie a 4 ans, mon amour. Et bientôt, on devrait avoir deux autres petits trésors avec nous. Tu te souviens des prénoms qu'on a pu évoquer pour eux ?

Je souris à son attention. Il semble tout aussi perdu que moi, mais on va arriver à aller de l'avant. Mais pas seuls, pas cette fois.

Je soupire doucement.

— Oui, je me souviens des prénoms, mais personne ne nous confiera qui que ce soit avec mon état.

Je réalise à quel point ça pourrait jouer en notre défaveur et ça m’effraie. Parce que j’ai déjà dit à Adam de ne pas trop se projeter mais j’ai été incapable de ne pas le faire.

— Je suis désolé, j’ai pas réalisé que c’était aussi long.. j’avais pas envie de parler ou de bouger, j’y arrivais pas. Je ne voulais pas t’inquiéter.

— On n'y est pas, d'accord ? Ne pense pas de telles choses, pas maintenant.

Je dépose mes lèvres sur les siennes juste une seconde. Puis une seconde fois, plus longuement.

— J'ai eu peur pour toi Logan. C'est comme si t'avais pas été là, pendant plusieurs jours. Tu voulais pas sortir, pas manger, pas même te lever. Tu voulais même pas t'occuper de Livie ce week-end...

Et je sais que c'est ça, qui va être le plus gros déclic pour lui.

— T'as dis des choses qui m'ont effrayées. Je savais pas quoi faire, alors j'ai agi comme j'ai pu, mais je pense que ça pourrait être une idée qu'on en parle à ton médecin.

Je secoue la tête.

— Hors de question. Je suis désolé de t’avoir fait peur et ça me fait vraiment flipper aussi parce que... parce que j’ai le souvenir de ce que tu décris mais pas sur autant de jour. Ça me fait flipper, vraiment.

Parce que je sais que c’est cette impression qu’il m’aimait moins qui m’a plongé là-dedans. Je me souviens de notre dispute, si on peut appeler ça comme ça. Je me souviens qu’il est rentré un soir et je crois l’avoir entendu pleurer dans la salle de bain. Je me souviens qu’il a dormi contre moi tout le temps. Je soupire.

— Les jumeaux vont arriver ce mois-ci, ou l’autre. On va devoir déménager avant et montrer qu’on est un couple solide et organisé et que même si on vit chez tes parents, il y a de la place pour tout le monde et c’est pour le bien des enfants. Je veux que Livie vienne aussi et si on va voir un psy, qu’on lui explique que ça dure des jours, il va l’écrire dans mon dossier et j’aurais pas la garde de Livie et on aura les assistantes sociales sur le dos. J’ai pas envie que ça arrive. J’ai pas envie qu’on grille nos chances mais j’irais quand on aura la garde et qu’on aura officiellement adopté les jumeaux.

Je ferme les yeux, pour tenter de trouver une solution à tout ça. Il a raison, bien entendu qu'on ne nous laissera ni Livie, ni les jumeaux s'il est noté quelque part qu'il a passé plusieurs jours a ne pas sortir de son lit. Et encore plus s'il est écrit ce qu'il a dit, à propos de lui...

— Jure le moi. Jure moi qu'à l'instant où tout sera ok, pour Livie et les jumeaux, tu iras voir quelqu'un. Même si ça ne recommence pas.

Je lui demande, presque suppliant.

— Et si c'est pas toi qui le fait, je m'en chargerai Logan, tu es prévenu. Je...

Je soupire.

— Je te laisserai pas te détruire et penser de telles choses sans réagir. C'est beaucoup trop dur de voir la personne qu'on aime comme ça.

— J’irai, Adam. Tu as ma parole. J’irai même si ça ne se reproduit pas. Mais j’irai pas avant qu’on ait les enfants. On confie pas des enfants à quelqu’un de déprimé ou à quelqu’un qui risque de pas se souvenir qu’il est père et de les oublier quelque part.

— Ça va aller mon Coeur, on va les avoir nos enfants. Parce qu'on est un couple solide et qu'on va tous leur prouver qu'on en est plus que capable. Ne t'en fais pas.

Je l'embrasse en souriant, alors que ma main retrouve la sienne. Je crois que je tremble toujours un peu, mais toujours pas par hypo.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu sois comme ça ? T'as une idée de ce qui a été le... Déclencheur ?

Je secoue la tête. Je n’ai pas envie qu’il se sente mal.

— J’en sais rien, mon bébé. Je me suis couché et là je sors du brouillard. Je sais pas.

Je sers sa main avec tendresse. Il tremble toujours.

— On va aller manger un truc, ok ?

J'acquiesce. Ça ne me fera pas de mal de manger un peu, alors je peux le préserver de cela et lui cacher la véritable raison. Personne n'en souffrira.

— Tu dois avoir hyper faim, non ?

Je demande en songeant à ces quatre jours sans presque rien avaler. Avec sa carrure, il doit avoir besoin de se ressourcer là.

— T'es à une heure près ? Sinon je peux nous préparer un petit quelque chose. Ou au moins te faire ton gâteau préféré ?

— Ouais j’avoue que je crève la dalle. Alors j’ai le temps, mais si tu veux bien, je vais te coller un peu. J’ai l’impression d’être parti en vacances et tu me manques.

— Colle moi autant que tu veux !

Je souris en me relevant. Moi aussi j'ai eu l'impression de passer la semaine sans lui et le retrouver fait vraiment du bien.

— Lasagne ? Ou tarte au citron ? Ou tu m'aides et on fait les deux ! Quitte à ce que tu sois là !

— Lasagnes. Et j’ai plutot envie d’une bonne mousse au chocolat. Et pas des lasagnes végétarienne courgette et je sais pas quoi.

Je me relève aussi et je le suis dans la cuisine. Il n’a même pas fait un pas que je suis déjà derrière son dos, les bras autour de sa taille et à marcher en canard pour le suivre.

— Ou alors on fait l’amour tout de suite parce que j’en ai vraiment envie et on mange des pâtes cuissons trois minutes parce que... parce que ça va vite. Enfin si t’as envie toi aussi.

Je dis en embrassant son cou.

— Ou on va au restaurant ? Mais on fait l’amour avant.

Je me retourne dans ses bras et passe les miens autour de son cou.

— Le restaurant c'est une bonne idée.

Je souris en embrassant ses lèvres et en collant mon corps au plus près du sien.

— Mais est-ce que tu as suffisamment de force pour combler mes désirs dès maintenant ?

Mes mains vont directement se poser sur ses fesses. Il rougit légèrement et j’espère qu’il continuera de le faire jusqu’à la fin de nos jours. Parce que j’aime le voir rougir.

— Je pense que ça peut se faire, oui.

On a beau être marié et Logan me connaître comme personne, je rougis à son geste. C'est dingue.

— Alors faisons l'amour maintenant. Si tu en as envie, on va combler tes attentes.

Je souris dans mon baiser, avant de laisser mes lèvres descendre dans son cou. J'aime le retrouver, et quand les retrouvailles se passent ainsi, c'est encore plus bon.

La bienveillance de ces gestes pendant qu’on fait l’amour me fait comprendre qu’il a vraiment eu peur et ça me fend le cœur. Mon cerveau s’éteint et je n’arrive pas à m’en rendre compte. Je ne sais pas ce qui me plonge dans cet état ni ce qui m’en sort. Je sais juste que ça pourrait très mal finir.

On se douche, on se prépare, et on est juste à l’heure pour aller au restaurant sans qu’il ne soit trop tard.

— Merci, mon ange.

Vu l'heure, le froid et la nuit, on a décidé d'aller au restaurant en voiture. On fait au mieux, mais pour notre confort on s'en sert parfois. Quand je ferme la portière derrière moi et qu'il me remercie, je me tourne vers lui.

— Merci de quoi, mon Cœur ?

Je demande en allumant le contact.

— D’être un vrai soutien, de faire les bons choix, de m’aimer alors que ce serait plus facile de partir. Merci d’être un super mari, d’avoir les épaules pour supporter mes problèmes de santé. Je te le dis pas parce que ça semble évident que je suis reconnaissant, mais je réalise que t’as peut-être besoin de l’entendre parfois. Alors merci parce que tu t’es pas lancé dans une vie facile mais t’es génial et je t’aime.

— Je ne t'aime pas parce que c'est facile. Et je veux pas passer ma vie avec toi par facilité non plus.

Je lâche mes clés un instant et je caresse sa joue tendrement.

— Je suis fou amoureux de toi Logan. Tu pourrais n'avoir jamais remarché, j'aurais été là quand même. Maintenant qu'on s'est retrouvé, peu importe ce qu'il peut arriver, je serai auprès de toi. Je l'ai juré devant Dieu et je te le promets encore aujourd'hui. La maladie, l'humeur, les disputes, la fatigue... Je m'en fous. Tant que je sais que tu seras quand même avec moi, une fois apaisé.

Je viens embrasser ses lèvres.

— Et me remercie pas encore ! Attends qu'on soit vieux et que nos enfants aient des enfants. Là, on va passer de longues années à courir partout. J'en suis sûr.

On sait tous les deux que je finirais certainement dans un fauteuil alors ça me rassure de l’entendre dire qu’il sera là quand même.

— Si c’est courir partout avec toi, je sais que ça va être génial. Tu sais que t’as le droit de craquer de temps en temps ? Je serais là pour toi aussi. De la même manière.

— Ce sera génial. Éreintant, mais génial.

Je l'embrasse encore, incapable de me passer de cela.

— Et je sais que tu serais là. Mais si je craque et que je suis encore plus emmerdant que lorsque je suis malade, t'auras plus envie de l'être.

Je rigole en grimaçant.

— Si t’es chiant, ça va. Si tu t’en prends inutilement à moi, je me mets en pause quelques heures.

Je dis en riant. On gère les crises de manière différente lui et moi. Mais ça fonctionne plutôt bien parce qu’on est toujours là l’un pour l’autre.

— Aller, on va manger avant que je m’évanouisse. T’as pris mes dernières forces.

— Je vais essayer de juste être chiant désormais !

Je rigole, et à ses mots je le lâche enfin pour démarrer vers le restaurant. On est mercredi soir, ça nous prends comme une envie de pisser et j'aime notre spontanéité.

— Comme si ça t'avais dérangé que je te les vole !

Je souris, taquin.

— Non, ça ne m’a pas dérangé, mais j’aime bien râler alors laisse-moi raler !

Je dis en posant une main sur sa cuisse, juste histoire de garder le contact.

— Où est-ce que tu m’emmènes ?