Travel the World - Maximilien & Luke

Si on m'avait dit que je ferais ça un jour, je n'y aurais jamais cru. Il est onze heure du matin, je suis arrivé à Paris il y a deux heures alors que j'ai pris mon billet d'avion il y en a tout juste dix et j'ai juste eu le temps de trouver un hôtel pour pouvoir me doucher et déposer mon sac, alors que je ne parle pas un mot de français.

Sur les conseils, ou plutôt à la demande de Romie, je suis là pour Maximilien alors qu'il n'en a pas la moindre idée. S'il me rembarre, j'aurais au moins l'occasion d'assister au mariage d'une meuf cool et d'un mec qui, à l'évidence, est aussi beau que celui avec qui je discute depuis plusieurs semaines. J'ai à rien à perdre, hormis ma dignité.

Je sonne à la porte de l'adresse que m'a donné Romie, en espérant de tout mon cœur que, si ce n'est pas Maximilien, ce soit au moins quelqu'un qui parle anglais qui ouvre la porte. Au besoin, google traduction m'a aidé pendant tout mon trajet en taxi à demander "Est-ce que Maximilien est là s'il te plait?".


@Maximilien Weaver

Tout le monde est parti ce matin ; Édouard et Romie pour aller déjeuner avec Adam et Logan, les grands-parents pour aller trouver des vêtements pour le mariage. Je tourne un peu en rond. Je crois que je n’arrête pas de penser à Adam. À demain. À sa prensence au mariage. À ce qu’on va se dire. Est-ce qu’on va parler ? J’en ai mal au ventre. Quand ça sonne, je sursaute presque. C’est sans doute la voisine qui vient pour sa partie de bridge. Mais lorsque j’ouvre la porte, je tombe nez à nez avec... Luke.

Je cligne plusieurs fois des yeux parce que c’est irréel. Mon cœur s’emballe, j’ai les mains moites, le corps qui tremblent. Il a certainement un sosi ici. Mais je tente quand même.

— Luke...?

Je lève ma main pour lui faire coucou et je la rebaisse à peine que je me maudit sur les huit prochaines générations. Qui fait ça pour se présenter au mec qu'il essaie de séduire ? Quelle personne de moins de soixante ans fait ça ?

— Je suis content que tu puisses me reconnaître. J'aurais eu l'air con si j'étais tombé sur ton jumeau et que j'avais cru que c'était toi.

Je rigole comme un con, alors qu'il réagit à peine.

— T'es surpris, je suppose ?

— Il y a toujours une petite brune accrochée à son bras alors...

Je souris timidement ; je ne m’attendais pas à le voir. Je suis encore en pyjama, absolument pas présentable. Je suis complètement perdu. Mais j’ai un sourire de trois milles kilomètres qui ne me quitte pas.

— Mais je suis très surpris, oui. Agréablement, j’veux dire. Qu’est-ce qui t’amène ? C’est... euh... tu veux entrer ? Désolé, je suis même pas habillé.

— T'es charmant quand même.

Mon sourire réponds au sien et je rentre avec plaisir. Il fait froid dehors, même si Maximilien réchauffe rapidement. Il a un regard bien plus joli encore en vrai.

— Romie m'a invité pour le mariage et elle m'a laissé entendre qu'on n'était que tous les deux à y aller seuls, alors je me suis dit que je pourrais t'y accompagner. Et que pour commencer, tu accepterais peut-être aussi de me tenir compagnie pour aller déjeuner dans Paris ce midi.

J'essaie de ne pas trop en faire, de parler avant tout du mariage, même si je suppose qu'il va très vite comprendre que le mariage n'est pas la raison première de ma présence.

Tellement d’informations d’un coup que j’en ai des vertiges. Mon cœur n’arrête pas de cogner comme un fou, ça ne m’était pas arriver depuis un moment.

— Romie, hein.

Je dis en souriant. Elle est vraiment insupportable, celle-là. Mais tellement adorable en même temps.

— Hm... si tu me laisses quelques minutes pour m’habiller, on pourra aller déjeuner. Avec plaisir. Je ne m’attendais pas à te voir, c’est déroutant. Je te serre quelque chose à boire..?

— Je veux bien croire, même moi j'ai du mal à me dire que je suis vraiment là. Avec toi. J'avais finis par penser que t'aurais toujours trop de boulot pour qu'on puisse enfin se rencontrer.

Et je comprendrais, moi aussi quand je bosse je ne suis pas hyper présent. Mais je me suis plusieurs fois demandé si Maximilien, ce n'étaient pas des excuses pour ne pas me voir. Alors au moins, même avec le sourire, c'est dit.

— Mais je t'en pris, va te préparer. Je peux t'attendre un peu, ou repasser plus tard si tu as besoin d'un peu plus que cinq minutes ! J'ai conscience que je te prends un peu au dépourvu.

Vu l'heure, c'est pas vraiment étonnant qu'il soit encore en pyjama, mais avec le vol et le peu de sommeil je n'y avais même pas pensé.

Je relève bien son pic et je me contente de lui sourire parce que... je crois qu’il n’a pas tort. Je repoussais parce que j’avais peur, sans pouvoir expliquer d’où me venait cette peur. Mais maintenant qu’il est là, je la comprends et j’ai encore plus peur qu’il soit déçu.

— Cinq minutes ça ira... tu peux... tu peux t’asseoir dans le canapé. J’arrive. J’avais surtout prévu de ne pas sortir alors... mais j’en n’ai pas pour longtemps.

Je file dans ma chambre et j’envoie tout de suite un message d’insultes à mon frère. Ils auraient au moins pu me prévenir ! J’ai l’air d’un imbécile. En moins de cinq minutes je suis habillé, coiffé, parfumé.

Je rejoinds Luke dans le salon. Luke qui est venu en France pour un mariage, un peu pour m’y accompagner. J’arrive à peine à y croire. Alors je renvois un message à Edouard pour lui dire merci.

— Je peux t’offrir à boire avant qu’on sorte ou... ? Là je t’avoue que je suis un peu chamboulé. Mais je suis content de te voir. Enfin.

Comme me le propose Maximilien, je m'installe dans le canapé du bout des fesses. J'ai bien compris que ce n'était pas chez eux ici et si jamais les propriétaires arrivent, je ne veux pas passer pour un sauvage. J'en profite pour envoyer un message à Romie, pour lui glisser que j'ai bien trouvé la maison et aussi pour la remercier.

— Ça ira, merci.

Je réponds en me relevant lorsqu'il redescends et me propose à boire. Je déglutis comme un con, parce qu'il est vraiment beau et qu'il semble n'en avoir aucune conscience.

— T'as pas à l'être, je t'assures. Je suis la même personne que celle avec qui tu as déjà parlé des heures au téléphone et avec laquelle tu discutes de tout et de rien depuis tout ce temps. Je suis juste bien coiffé, un peu mieux rasé que d'habitude et pas seulement en boxer à me faire à manger.

J'espère qu'il va se détendre, pas pour moi, parce que je le trouve vraiment attendrissant, mais pour lui. Je serai doublement ravi si nous étions deux à passer un bon moment. Je ne suis pas venu ici juste pour qu'il ne soit pas seul : j'ai sincèrement envie de lui plaire, entièrement.

— J'aurais bien fait le gentleman, mais j'y connais rien à la bouffe française. T'as une idée de l'endroit où on pourrait aller ?

J’acquiesce. C’est la même personne avec qui j’ai passé des heures au telephone. On se connaît plutôt bien maintenant. Et quand on se parle moins, ça me manque.

— Je suis content de te voir en chair et en os. C’est assez surréaliste. Comme toute cette semaine, en fait. Ce mariage, tout. Ils sont complètement hors norme. Alors... tu es juste la cerise sur le gâteau.

Je lui souris sincèrement.

— Je connais plusieurs restaurants sympathiques mais quitte à être à Paris, autant manger français. Ça te convient ?

— Alors ils ont vraiment décidés de se marier il y a trois jours ? J'ai cru qu'elle se moquait de moi !

J'eclate de rire, cette fille est complètement dingue.

— Je serais ravi de découvrir la nourriture française a tes côtés ! Tu attrapes un manteau et on y va ? Il fait pas chaud dehors !

Je renfile mon manteau que j'avais laissé tomber sur le canapé.

—Oh, et je suis honoré d'être la cerise sur ton gâteau. J'en déduis que j'ai le droit de te considérer comme mon cavalier pour demain ?

— Ouais. Y a trois jours... mais c’est vrai qu’ils sont tellement amoureux qu’il y a aucune raison d’attendre. Jamais j’aurais imaginé que mon frère fasse ça un jour.

Ça me fait rire de me reconnaître. Moi, je ne pourrais pas. Ou plus. Pour toute réponse à sa question, je prends mon manteau pour l’enfiler. Même mon écharpe. Je ne peux pas m’empêcher de rougir et de sourire comme un idiot.

— Je suppose oui. Puis tu accompagnes le témoin, en plus.

J’ajoute en ouvrant la porte, mes clés en main.

— J'ai hâte de rencontrer le marié. Romie j'ai aucun doute sur le fait qu'elle soit folle amoureuse, j'ai entendu parler de lui en permanence pendant des jours ! J'ai eu l'impression de le connaître aussi bien qu'elle, parfois. Heureusement qu'elle a eu la brillante idée de te caser dans l'histoire.

Je lui souris en sortant de la maison, remontant mon blouson sur mon cou.

— Je ne doutais pas qu'il t'ai choisi toi, avec la relation que vous semblez avoir. Qui est le témoin de Romie ?

— Son frère.

Je dis alors qu’on monte dans l’ascenseur. Je sais qu’il sait ce que ça veut dire : Adam sera là. Si Edouard m’avait donné des conseils, il m’aurait immédiatement dit « ne parle surtout pas d’Adam » et c’est presque le premier sujet qui vient sur le tapis.

Ah. C'est l'évidence même, il faut dire, le marié comme la mariée on droit d'avoir les gens qu'ils aiment avec eux. Mais inévitablement, c'est Max qui va se retrouver avec le fameux Adam en face de lui et je n'ose pas imaginer ce qu'il doit penser de tout ça.

— Je suis encore plus ravi d'être présent.

J'ai envie de le prendre dans mes bras, d'avoir un geste envers lui, mais c'est compliqué. J'ai l'impression à la fois de le connaître depuis longtemps et à la fois de le rencontrer, ça me rends un peu gauche. Ça déstabilise aussi.

— J'aurais été triste que tu vives ça seul, encore plus pour le mariage de ton frère. Ça va être dur, mais je ferais de mon mieux pour que tu te sentes bien. Fais moi confiance.

Ce qu’il me dit me fait énormément de bien. En effet, il est le même que celui avec qui j’ai parlé durant des heures.

— Merci. Ta présence me rassure. Peut-être que c’est bizarre mais... je ne serai pas seul. Et je crois que c’est mieux si c’est toi.

Il sait que je me sens bien quand on se parle, je le lui ai déjà dit. J’aimerais lui dire qu’il est vraiment très beau, encore plus en vrai, mais je n’ose pas. Nous sortons tous les deux de l’immeuble.

— Ça te gêne de marcher un peu ? Tu t’es levé tôt peut-être ? On peut prendre un taxi. Sinon, nous en avons pour une dizaine de minutes, ce n’est pas très loin.

Il fair froid mais si on marche, ça devrait aller.

— A pied, ça me va très bien. Je suis pas du genre à prendre la voiture pour de si petits trajets, sauf dans le cadre du boulot ! Et puis, j'ai l'habitude de ne pas beaucoup dormir.

Je souris, alors qu'il prends les devants pour nous indiquer la direction à prendre. Le vent souffle, on range tous les deux nos mains dans nos poches.

— Bon, comment ça va depuis que vous êtes arrivés ici ? T'es heureux d'avoir retrouvé ta France ? Et Louise alors, vos parents t'ont pas forcés à la voir ?

C’est un grand sportif, je le sais. Mais on ne sait jamais, après tout.

— Eh bien... c’est assez mouvementé. Mes parents refusent de traiter correctement Romie alors elle n’a pas voulu les rencontrer. Ici, c’est chez mes grands-parents. On s’est tous un peu disputés avec eux. Ils ne sont même pas invités au mariage. Donc... Louise est un peu relayée au second plan et c’est tant mieux. Elle a proposé qu’on se voit mais je n’en ai pas envie. Mais... étrangement, je suis heureux d’être là. Ça fait du bien. C’est ta première fois à Paris ?

— Ah oui en effet, c'est quelque peu tendu. C'est quoi leur problème avec Romie ?

Jamais je n'ai abordé son passé avec elle, alors encore moins avec Maximilien. Je le connais son dossier, c'était un des premiers que j'ai vu passé quand j'ai intégré la BPM et on n'oublie pas ce genre de traitements. Mais ce n'est pas moi qui parlerait ou aborderait ce genre de chose avec quiconque. Je suppose que si les parents de Maximilien et Edouard ont entendu parler de ça, ils ont pu prendre peur.

— Tant mieux pour toi, au moins on te laisse un peu tranquille et c'est pas plus mal. Ca te permets de profiter de ton retour ici. C'est la première fois pour moi, oui ! Et je ne sais dire pas dire grand chose en français, en dehors de "bonjour" et "merci beaucoup".

— J’en sais rien. Je suppose qu’elle n’est pas celle qu’ils avaient choisi pour lui. Pas une famille d’aristo.. ils ne l’ont jamais vu. Même pas en photo. Peut-être qu’ils ont fait des recherches sur elle... j’en sais rien. Elle n’a pas eu une enfance facile. C’est dommage parce que c’est quelqu’un de fantastique. Ils passent à côté de quelque chose. Mais c’est clair que j’ai la paix.

Comme souvent lorsque mon frère est au cœur de l’attention de tout le monde.

— Je suis ravi d’être ton guide, alors. On va passer devant mon endroit préféré. Puis... tu sais, c’est beaucoup plus que la plupart des anglais qui viennent ici. En plus, tu sais aussi dire mon prénom en français.

Je dis avec un sourire.

— Alors... tu sais que tu viens depuis quand ?

— Et bien putain, ils ont l'air charmant vos parents. T'es proche d'eux ?

Je demande le plus sérieusement du monde.

— Non parce que je suis prêt à faire de mon mieux pour te séduire, mais s'ils me mettent des battons dans les roues parce que mes parents sont de simples artisans, je préfère savoir tout de suite ce que j'affronte. Je te lâcherais pas pour autant, mais je dois avoir les armes qu'il me faut !

Je siffle fortement, en riant un peu, mais je n'en pense pas moins. Leur fils va se marier et eux, tout ce qu'ils trouvent à faire c'est de renier leur belle-fille sans même la connaître. Même si ça fait des années que je côtoie des parents douteux, et pire que ça, je suis chaque fois choqué de voir comment on peut agir avec ses propres enfants, en allant à l'encontre de leur bonheur.

— Tu me montres quand on passe devant ton endroit préféré, que je découvre ça !

Si je suis ici, c'est pour lui, alors autant que j'apprenne de lui tout ce qu'il est prêt à me donner.

— Depuis quand ? Ecoute, il est bientôt midi, alors à peu de chose prêt on peut dire que je le sais depuis une quinzaine d'heure !

Je suis sur le cul. Mon cœur a loupé un battement, le rouge m’est monté aux joues. Je crois même que j’aurais aimé me blottir contre lui mais je n’en fais rien. J’ai l’impression d’avoir à nouveau 14 ans et la sensation est plus qu’agréable.

— T’as pas de soucis à te faire. Ils sont bien plus difficiles avec mon frère.

Je ceois qu’ils se sentent toujours coupables de m’avoir arraché de force à Adam. Comme si tout mon malheur aujourd’hui était de leur faute.

— Quinze heures..?

J’en ai presque des étoiles dans les yeux. Romie l’a appelé hier soir et il a dit oui.

— Tiens, c’est ici. Voici l’Opéra Garnier. Ce bâtiment est mon préféré de la capitale.

Quand je le vois rougir, j'ai un sourire incontrôlable qui se forme. C'est comme s'il n'avait jamais entendu ce genre de choses et en même temps, vu ses récentes histoires, je suppose que personne n'a vraiment chercher à prendre soin de lui depuis un moment...

— Dommage pour les futurs mariés, mais tant mieux pour moi ! Ça me laisse un peu plus de terrain.

Il semblait déjà timide au téléphone, il est pareil en vrai. Il n'a menti sur rien et c'est tellement rassurant, ne serait-ce que pour l'affection sincère que j'éprouve déjà pour lui.

— Romie m'a appelé hier soir et elle avait à peine raccroché que j'achetais déjà mon billet d'avion. Heureusement que je venais de clôturer mon dossier à Manchester, j'ai pu partir sans avoir à me justifier auprès de mon équipe.

Même si la plupart auraient compris, on bosse ensemble depuis longtemps, on est comme une famille et le prénom de Maximilien a déjà franchi mes lèvres devant eux.

— C'est absolument magnifique ! T'as déjà vu des spectacles ici ? L'intérieur est tout aussi beau ?

Je m'exclame quand on s'arrête devant le bâtiment. Instinctivement, quand on s'arrête un instant pour admirer le lieu, je me rapproche de lui.

J’en conclus que même si son dossier n’avait pas été clôturé, il m’aurait rejoins et ça compte encore plus. D’avoir parlé avec lui pendant longtemps avant rend les choses compliquées car j’ai l’impression de le connaître très bien, qu’il ne reste plus qu’à sauter le pas, et en même temps, le recontrer seulement aujourd’hui donne l’impression qu’il faut attendre pour franchir les barrières. C’est frustrant. Même si je crois que je n’oserai jamais faire le premier pas. Je ne veux plus m’investir parce que ça finit toujours mal.

— L’intérieur est somptueux. Je viens uniquement ici pour regarder des ballet. Ma famille possède une loge.

Je réponds alors que nos bras s’éfleurent doucement.

— Tu as déjà vu un ballet ?

— Ah oui, quand même. Ça a de bons avantages, l'aristocratie.

Je souris, pour bien lui montrer que je ne dis pas ça en mal, au contraire.

— Jamais dans un aussi bel endroit. J'en ai vu un avec ma mère une fois, dans une salle de spectacle. Ça n'a pas la même grandeur j'imagine !