JOUR J ! — Edouard & Romie

— Tiens moi au courant, alors. Je suis à la maison toute la journée.

Je réponds avec sérieux.

— C’est normal. T’es mon beau-frère. Tu m’appelles quand tu veux, ok ? Pour n’importe quoi.

Ça me touche qu'il me dise ça, parce que j'ai cette sensation d'avoir trouvé un nouveau grand frère et je sais qu'il ne dit pas ça simplement pour être poli.

— Je te tiens au courant, c'est promis. Passe une bonne journée !

Je raccroche en essuyant mes larmes et je repasse par la cuisine une fois que je suis sûr que les garçons ne peuvent plus rien déceler.

— C'est déjà arrivé chez les garçons, alors Logan m'a donné quelques conseils. Je vais essayer de voir si j'arrive à la sortir de sa léthargie.

Quand Edouard revient, je sais qu’il a pleuré. Je l’ai senti, je le vois. C’est mon jumeau, je sais exactement comment il se sent. Ça me brise le cœur. Mais s’il veut en parler, il sait que je l’écouterai.

— Ok, Eddie. Nous on reste là. On va encore avancer dans le bureau alors si jamais vous avez besoin... on est là.

— Merci.

Je réponds sincère, en venant le prendre dans mes bras. Ou me glisser dans les siens, peut-être. J'ai besoin d'un peu de tendresse, au cas où c'est plus compliqué que prévu.

Rapidement, un paquet de ses gâteaux préfères en main, je remonte a l'étage et Romie est toujours là, à ne rien faire. Elle n'a pas bougé d'un pouce.

— Mon cœur ?

Je l'appelle en faisant le tour du lit, pour qu'elle me voit sans que je n'ai besoin de la toucher.

— Je t'ai ramené de quoi grignoter un peu.

Je secoue la tête. J’ai pas très faim.

— T'as même pas envie de tes gâteaux préférés ?

Je souris. C'est fou comme j'ai envie de caresser son visage.

— Non.

Je murmure du bout des lèvres.

Je repose le tout, sans me décourager.

— Et si j'allais te faire couler un bon bain chaud ? Plein de mousse !

Je souris tendrement.

J’hésite un peu avant de hocher la tête. Je crois que j’aimerais bien un bain. Je me sentirais moins sale, peut-être. Je sentirais plus les mains sur moi.

— Je vais te préparer ça mon petit cœur. Dans notre salle de bain, juste à nous deux. Dans notre nouveau cocon rempli d'amour.

Je me relève et plutôt que de caresser sa joue, je me contente de remonter la couverture sur elle.

— Tu restes là le temps que je prépare ça ?

Je fais oui de la tête et je le regarde faire. Il reste. Il devait aller travailler et il me fait un bain. Il s’occupe de moi et je m’en veux parce qu’il a déjà pris beaucoup de jour ces derniers temps. J’ai envie de lui dire mais j’ai pas encore envie de parler.

Je vérifie la température, je mets suffisamment de bain moussant pour que ça fasse des bulles, mais pas trop pour pas qu'elle s'étouffe avec et puis j'allume la lumière d'ambiance que Max a mise ici. Ou alors c'était déjà là, mais je ne le savais pas ? C'est plus cosy, pour un bain.

— C'est quasiment prêt mon chat. Tu veux que je vienne avec toi ?

Je demande doucement en revenant vers elle.

— Je peux aussi rester ici et te laisser toute la place dans ma baignoire si tu préfères être à l'aise.

J'essaie d'amener les choses en douceur, sans être abrupt ou en manquant de tact.

Je secoue la tête quand il me dit que je peux rester toute seule si j’ai envie. Mais j’ai plus envie.

— Non. Viens.

Je me lève et je vais directement dans l’eau, sans même enlever mon string. Quand Edouard me rejoint, je vais directement contre lui. Je me sens mieux. Juste un peu.

— Pardon si je t’ai fait peur...

On est là tous les deux, dans l'eau, encore en sous-vêtements et quand elle vient se blottir contre moi, j'ai la sensation que je retrouve de nouveau mon souffle.

— T'excuses pas mon cœur... Ça fait du bien parfois d'extérioriser. Ça va la température de l'eau ? T'as pas froid ?

Je secoue la tête et j’enroule ses bras fort autour de ma taille.

— C’est très bien, merci. T’as raté ton travail à cause de moi... je suis désolée.

C'est là le moment où je dois me décider et être un adulte responsable, je suppose ? Si elle va mieux, si elle s'ouvre de nouveau, si elle accepte que je la touche...

— Je te ferais toujours passer avant mon travail mon cœur, je refusais de partir ce matin en te laissant dans cet état là.

J'embrasse le sommet de son crâne.

— J'irais certainement y faire un tour cet après-midi. Il va falloir que je reprenne en main toutes les opérations...

Et putain, ce que j'en ai pas envie.

J’ai presque envie de faire une moue et pleurer pour le supplier de rester mais je sais que c’est pas juste et que c’est important et je lui fais un énorme câlin pour compenser.

— D’accord. Je dormirai un peu en t’attendant alors. Je veux pas que tu t’inquiètes...

— Je te préparerais tout ce qu'il faut pour pas que tu t'ennuies mon Chat. Je serai à peine parti, que tu me verras revenir.

Je la serre contre moi, à mon tour.

— Mais pour l'instant je suis là, avec toi, alors n'y pensons pas. Tu te sens mieux ?

Je suis d’accord alors je me blottis bien contre lui. Elle est bien cette baignoire, on a de la place mais on est quand même obligés d’être collés.

— Un peu. J’ai rêvé d’avant, c’était désagréable. Je me suis sentie perdue. Mais ça va.

Plus personne n'en doutait, mais l'entendre le dire n'est pas plus simple.

— Tu veux en parler un peu... ?

Je demande en la berçant contre moi.

Je hausse les épaules.

— Bof, je sais pas trop quoi dire. J’ai plus tellement envie d’y penser.

Je lève les yeux vers lui.

— T’es fatigué. T’as pas beaucoup dormi ? C’est ma faute ?

— Je préférais veiller sur toi, j'ai eu un peu peur quand même...

J'avoue en lui souriant.

— Alors je suis vraiment content que tu ailles mieux.

— Pardon.

Je répète quand même.

— C’est pas que je voulais plus de toi, surtout. Je veux pas que tu crois ça... c’est juste que je voulais pas confondre tes gestes avec les leurs. Alors je voulais pas que tu me touches. C’est tout. C’est juste ça. J’en veux encore de tes câlins. C’est vrai.

— Toute ta vie tu auras mes câlins. Sauf quand tu préfères pas, comme ce matin. Je t'en veux pas Romie, sincèrement. Encore moins maintenant que je sais le pourquoi du comment...

J'embrasse sa joue avec amour.

— Tu veux un petit massage ? Pour te détendre ?

— Je t’aime tellement. T’imagines même pas.

Il savait exactement comment me rassurer. C’est le meilleur mari de tous les temps.

— Oui, je veux bien. Je crois que j’étais crispée toute la nuit.