Because it's you - Romie & Edouard

— Mais qu'elle vengeance extraordinaire. Donc tu peux pas prendre sur toi, mais moi tous mes employés doivent me prendre pour un con ? C'est bien, je vais me faire respecter maintenant.

— Bien sûr que tu vas te faire respecter. Vu comment tu parles à ta femme ils vont se dire que t’es un connard pour de vrai, que c’est pas seulement un masque pour le boulot. Ils vont encore plus te lécher le cul. Peut-être même te sucer la bite.

— Mais vas te faire foutre !

Je m'approche en la bousculant, au bord de peter un plomb.

— Le connard il t'emmerde ! Et il peut aussi te mettre sa main dans la gueule si tu continues à lui parler comme ça ! Parce qu'il est pas le seul connard si on suit ton raisonnement de merde !

Quand il me bouscule je me lève pour m’éloigner un peu.

— Arrête ça Edouard ! T’es vraiment un con ! Tu vas rien me faire du tout, t’es juste en train de faire le bouffon !

— Ah tu crois ça ?

Je demande en levant la main pour lui retourner une gifle que je ne contrôle même pas.

Il me gifle pour de vrai et je suis tellement choquée que je reste interdite quelques secondes, la main sur ma joue endolorie.

— HEY !! Qu’est-ce qu’il se passe là ? Tout va bien mademoiselle ?

Plusieurs types de la gare arrivent.

— Ça va. C’est rien.
— Vous voulez qu’on appelle quelqu’un ?
— Non, non. Ça va. C’est mon mari. Tout va bien.

Ils me regardent avec inquiétude.

— On peut appeler la police.
— Non. Il a un peu bu, c’est rien. Il va prendre un taxi parce qu’il n’a pas de billet de train.
— Vous êtes sûre ?
— Merci.

Le train arrive alors je récupère mon sac et je file à l’intérieur, toujours choquée. C’est seulement quand je réalise qu’Edouard m’a giflé que je me mets à pleurer.

Des gars de la gare arrivent et quand ils demandent si tout va bien, j'ai envie de les envoyer chier eux aussi. Mais Romie se charge une fois de plus de leur répondre et m'ignore complètement quand le train arrive. Elle monte dedans et si moi je veux la suivre, les types m'en empêche et je les bouscule sans attendre.

— Monsieur vous sortez d'ici tout de suite où on appelle la police.
— Pourquoi ? Vous avez quoi contre moi ?
— Une vidéo surveillance ou vous frappez une jeune fille et bousculez des agents de sécurité.

Me réponds l'un d'eux agressivement.

— Bande de cons.

Je leur lâche avant d'aller dehors, en espérant y trouver un taxi. Je n'ai même plus de portable putain, alors je ne peux ni appeler un chauffeur privé, ni essayer de joindre Romie. Fais chier. Je me retrouve à heller le premier taxi qui passe par là et je me jette dedans en lui donnant l'adresse de l'église. Soirée de merde, tiens.

C’est le trajet le plus long de tous les temps - même s’il ne dure que vingt minutes. J’hésite vraiment à aller passer la nuit chez mon frère mais Edouard risque d’être encore plus fâché alors je rentre directement. Je sais que c’est plus rapide en train. Surtout la nuit.

Quand je rentre, je suis surprise parce que Max et Luke sont dans le salon en train de regarder un film. Il est encore tôt.

— Romie ? Mais qu’est-ce qu’il y a ? Tout va bien ? Où est Edouard ?

Vu la tête que j’ai tellement j’ai pleuré, je ne peux pas mentir.

— J’en sais rien, on n’est pas rentrés ensemble. On s’est disputés parce que j’ai parlé à ses collègues et que j’ai pas répondu à ce qu’il me disait tout de suite et il était en colère parce qu’il pensait que je draguais les autres et il m’a giflé à la gare et il a dû prendre un taxi.

Rien que de le raconter, je me remets à pleurer.

— Il est bourré. J’ai pas envie de dormir avec lui parce que j’ai peur qu’il me tape encore. Vous pouvez lui dire de dormir en bas ?

Je les laisse pas répondre et je monte directement m’enfermer dans la chambre pour aller me coucher.

Le chauffeur mets mille ans à trouver la ville et ça me fait encore plus péter un plomb. Mets un GPS et fait pas chier, merde !

— Je vous dis pas merci, hein.

Je lève les yeux au ciel en lâchant encore du fric à un taxi pour ce soir, avant de claquer la porte derrière moi. Je ne sais même pas si Romie est déjà là, mais j'espère pour elle qu'elle n'est pas partie chez Logan parce que sinon je vais la chercher en me foutant de l'heure.

— Romie est là ?

Je demande aux garçons en les voyant tous les deux dans le canapé.

— Oui, mais tu vas pas aller la rejoindre.

Me réponds Luke du tac-o-tac, avant même que mon frère ne réponde.

— Ah ouais ? Et pourquoi ?
— Parce qu'elle a peur, elle est en larmes et tu monteras pas là-haut.
— Mais c'est sérieux ? C'est quoi le problème ?
— Franchement insiste pas Édouard, parce que je me contiens pour ton frère, mais j'ai envie de te coucher au sol.
— Mais t'es un malade toi aussi ! Max ! Dis quelque chose !

MAX

Quand mon frère arrive, en effet, je vois qu’il est bourré. Mais pas autant que j’aurais pu l’esperer. Rien ne justifie son geste et le peu qu’on en ait parlé avec Luke, il est vraiment, vraiment remonté. Moi, je ne suis pas en colère car je trouve ça inutile, mais je suis vraiment déçu.

— Tu as frappé ta femme. T’as promis de la protéger, tu sais ce qu’elle a vécu y a pas si longtemps que ça et tu l’as giflé. Elle a pas du tout envie de te voir et elle s’est enfermée à clé pour dormir. Je ne vais pas me fâcher avec toi, mais je pense que tu devrais dormir et ne pas en rajouter parce que t’auras assez honte comme ça demain.

Je soupire tristement.

— T’as giflé Romie. Elle te fait confiance et toi, tu agis comme ça. T’as envie qu’elle ait peur de toi, c’est ça ? En plus bourré, t’as même pas dû maîtriser ta force. Je suis déçu parce que c’est pas la personne que tu es et de toutes les filles que t’as fréquenté, c’est celle que tu aimes que tu frappes.

— Mais je l'ai pas frappé ! Faut pas abuser.
— La violence conjugale c'est pas seulement mettre un poing dans la gueule ou un KO à sa femme, abruti.

Mon frère m'a déjà plus ou moins calmé, mais les mots que Luke emploient sont encore pire.

— Que ce soit une gifle, ou des mots, c'est comme ça que ça commence. Elle nous as dit que tu lui avais mal parlé ! Et en plus t'es bourré ! T'es le stéréotype parfait du type qui va mettre ça sur le dos de l'alcool, qui va s'excuser et qui va promettre de jamais recommencer !
— Mais je vais pas recommencer !

Je me défends, conscient que je suis allé trop loin. Ça comme ce à monter à mon cerveau malgré le champagne.

— Et c'est écrit où ? Je te connais pas aussi bien que ton frère, et si Max dit que c'est pas toi, alors je veux bien y croire. Mais des gars comme toi en étant flic j'en ai vu plus d'un et si tu déconnes encore Édouard, je peux te jurer que tu t'en sortiras pas aussi bien que ce soir. Elle a trouvé un foyer et un mari qui, jusqu'à ce soir, lui a montré qu'elle était digne d'être une jeune femme comme les autres. Fout pas tout par terre, parce que des collègues qui pourront me couvrir si je cache ton corps dans un trou, j'en ai à la pelle.

Il attrape la main de Max, et je peux voir d'ici que Max enlace ses doigts aux siens. Moi aussi je devrais être comme ça avec Romie, mais à la place, elle pleure à cause de moi. Je jette un regard a l'étage.

— T'as qu'à dormir ici, c'est mieux pour tout le monde. Nous on va aller se coucher. Mais la porte de la chambre va rester ouverte, alors essaie pas de monter Édouard. L'effraie pas plus qu'elle ne l'ai déjà.
— Ouais ok, je vais dormir là.

Je réponds en soupirant, tentant de garder la tête haute.

MAX

On se lève et Luke part devant moi. Je me retrouve seul avec Edouard et je sais que ça va vraiment être dur pour lui lorsqu’il va réaliser.

— Deviens pas l’un des mecs que tu détestes aujourd’hui. Ça te ressemble pas. Elle était vraiment, vraiment bouleversée.

Malgré tout, je m’approche pour l’enlacer. Je sais qu’il en a besoin parce que je ne le déteste pas. Je suis simplement choqué.

— À demain. Luke part à 6 heures et moi seulement à 9. Alors on va se croiser.

J'ai entendu Luke partir, faut dire qu'il a fait du bruit dans la cuisine expres, mais j'ai tenté de me rendormir. Je ne voulais pas réfléchir. Quand Max s'est levé, j'ai fais de même. Je crois surtout que je ne voulais croiser personne, j'ai beaucoup trop honte pour ça.

Je me retrouve tout seul au salon et j'ai envie de pleurer. C'est l'explosion de tout un tas de choses. J'ai la gerbe à cause de l'alcool, mais surtout parce que je n'en ai pas vu assez pour tout oublier. Chaque détail d'hier soir est présent dans mon esprit et je voudrais m'enterrer moi-même sous terre pour ce que j'ai fais...

J'ai envie de me remettre sous la couverture et de ne penser à rien, mais Romie doit être là haut et il faudra forcément l'affronter à un moment. Je dois trouver le courage de le faire.

Ça me prends deux heures pour aller à l'étage. Deux heures à tourner dans ma honte et à chercher ce que je pourrais lui dire. Mais y'a rien à dire, parce que je ne suis même pas excusable...

Quand j'arrive devant la porte, je sais même pas si je dois frapper, ou juste espérer qu'elle sente que je suis là. Alors je prononcé juste son prénom.

— Romie... ?

J’ai à peine dormi de la nuit et je suis vraiment fatiguée. J’ai beaucoup pleuré, mais ça va mieux. J’ai juste peur de descendre parce que si Edouard est là, je ne veux pas le gêner s’il est encore en colère.

En plus j’ai froid, chaud. J’ai des courbatures partout et des frissons. Je ne me sens vraiment pas bien, je crois que j’ai de la fièvre. Je suis en train de me faire couler un bain pour voir si ça va m’aider quand j’entends Edouard.

J’arrête tout et je vais vite déverrouiller. J’ai pas envie qu’il s’énerve. Je réponds pas pour autant parce que je sais pas ce qu’il veut. J’ai plus envie qu’on se dispute et c’est tout.

La porte se deverouille et ça s'arrête là. Est-ce qu'elle a vraiment peur de moi ? Elle devrait...

— Je voudrais te parler un peu.

Je souffle en silence, en essayant toujours de trouver une façon d'aborder les faits.

— Je rentre, ok ? Referme juste la porte si t'as pas envie, je comprendrais.

— Tu peux rentrer. C’est juste que j’ai vraiment froid, je me fais un bain. Sauf si tu voulais utiliser la baignoire ?

Je claque des dents. Je ne me sens vraiment pas bien. Et j’ose pas le regarder. J’ai honte et j’ai peur qu’il ne m’aime plus.

Je pousse la porte doucement, par peur de l'effrayer encore.

— Non, pas du tout. Je t'en pris.

Elle a beau détourner le regard de moi, je n'ai aucun mal à voir la marque sur sa joue et mon estomac se retourne. A quel moment j'ai pu me dire que c'était normal ? Que c'était une idée rationnelle ? La seule chose qui me retient de pleurer, c'est la honte. C'est pas à moi d'être malheureux, mais à elle...

— Je suis tellement désolé Romie, je... Ça va pas ? T'es malade ?

Je demande finalement en la voyant tremblante de froid, alors qu'il doit faire vingt cinq degrés dans la pièce.

— C’est pas grave. Je veux pas que tu sois fâché contre moi.

Je dis simplement. J’arrête l’eau parce que c’est assez haut.

— Je me sens pas très bien, je pense que j’ai attrapé froid.

— Je suis pas fâché contre toi Romie...

Je réponds avant de fondre en larmes, parce que j'ai une femme parfaite et que moi, je lui fais ça.

— J'aurais jamais du faire ça. J'ai aucune excuse, ni pour ce que j'ai fais, ni pour ce que j'ai dis. J'ai tellement honte de moi et de ce qui est arrivé.

J'ai le cœur complètement brisé de voir son visage si doux affecté par mes bêtises et mon inconscience.

Je vais tout de suite me blottir contre lui quand il se met à pleurer parce que ça me fend le cœur.

— Mon amour... t’es pardonné. T’étais en colère, t’avais un peu bu. T’es jaloux et tu t’es pas contrôlé. Je t’en veux pas. Je veux pas que tu sois fâché contre moi. Je voulais pas faire mauvaise impression. T’es pardonné. Je t’en veux pas.

Je me blotti dans ses bras, comme si elle était la seule chose au monde à pouvoir me ramener sur terre.

— J'avais pas à faire ça pour autant. Tu mérites pas ça...

Je relève son visage et pince les lèvres en voyant son hématome.

— J'espère que tu pourras passer au dessus de ça un jour, pour de vrai. Je te promets que jamais plus je ferais ça. Jamais, jamais.

— Je te crois. C’est rien. Calme-toi, mon amour.

Je réponds avec douceur. Je dépose un baiser sur son front pour l’apaiser. J’ai un énorme frisson et je tremble encore plus fort.

— Pardon. Je me sens pas bien du tout. J’ai des courbatures et je crève de froid. Et mal à la tête.

— T'as mis de l'eau chaude ? Vas-y, je vais baisser un peu le chauffage pour que t'es pas froid en sortant de là dedans.

Je souffle sans réussir à la lâcher pour autant.

— Si t'as besoin de quoique ce soit, dis-moi mon cœur...

Elle tremble contre moi de nouveau et je m'en veux. Si elle n'avait pas eu à prendre le métro et le train, puis à rentrer à pieds, elle n'en serait pas là.

J’essuie ses larmes et j’embrasse ses lèvres.

— Je veux bien du paracetamol. S’il te plaît.

Je me déshabille et je vais dans l’eau en grelottant. J’ai presque envie de pleurer tellement je me sens mal.

— Tu me détestes pas ? Je t’ai pas trop mis la honte... ?

Dès qu'elle est dans l'eau, je vais lui chercher du paracétamol et un verre d'eau au passage. Heureusement que tout est à porté de main.

— Jamais je te détesterais mon Cœur. C'est moi qui nous ai mis la honte, à toi comme à moi. J'ai agis comme un vrai con. Tiens, avale ça.

Elle grimace même en buvant, elle doit avoir choppé une sacrée merde.

— Tu veux que je te fasse un massage. Ça te ferait du bien... ?