Cours de sport.

Je ne m'étais pas trompée, j'ai un gros bleu sur la tempe, mais ça fait deux jours et je n'ai pas vomis alors c'est le plus important. Papa a absolument tenu à ce que j'aille voir un médecin qui a confirmé qu'il n'y avait aucune commotion cérébrale, en revanche ma cheville a pris un mauvais coup et il m'a dispensé de sport pour aujourd'hui.

On est vendredi, c'est la fin de la journée, je pourrais rentrer chez moi, mais je ne rate jamais aucun cours, alors même si je ne peux pas y participer, je suis quand même les autres jusqu'au gymnase. Pendant qu'ils rejoignent les vestiaires, moi je me dirige vers Jude.

— Mr O'Leary ?

Je déteste l'appeler comme ça, ça sonne faux, si loin de tous ce que l'on pouvait se murmurer cet été.

Dernier cours de la semaine, c’est la classe d’Emma. Je ne m’attends pas à la voir car elle arrive vraiment bien après ses camarades. Mais elle se dirige rapidement vers moi.

— Oui ?

C’est étrange de l’entendre m’appeler comme ça. C’est assez déplaisant.

Je lui tends la dispense du médecin.

— Je ne peux pas participer aujourd'hui, je vais seulement regarder.

Je m'assoie sur le banc et j'ouvre mon sac.

— D’accord, oui.

Je dis en prenant sa dispense.

— Tu sais que tu peux également rentrer chez toi...?

- Je sais.

Je réponds avec un sourire sans relever les yeux vers lui, et en sortant mon livre d'histoire, c'est la seule matière ou j'ai un peu de difficultés.

- Mais je préfère rester ici.

Et il ne peut rien faire contre ça, ce serait encore plus suspect qu'un professeur empêche l'une de ses élèves d'assister à son cours.

— Ça te permet de rester un peu plus longtemps avec Dylan, je suppose.

Je réponds en gardant une œil sur les vestiaires.

- Je suppose aussi.

Je ne le regarde toujours pas, j'ouvre mon livre. Je retiens un sourire quand il parle de Dylan. Je ne crois pas que j'aime ce petit jeu entre nous, mais j'aime ce que je ressens quand il est jaloux comme ça. Avant Dylan, j'ignorais même qu'il pouvait l'être.

Elle ne lève pas les yeux. Elle s’en fiche. Je ne pensais pas que ça pourrait me faire autant de mal mais, après tout, j’ai ce que je voulais. Elle est mon élève et point final. Stacy est la première à sortir des vestiaires, elle court presque vers moi.

— J’ai acheté les baskets que vous avez suggéré ! Elles sont sympa, hein ? Et c’est vrai qu’elles tiennent vraiment bien la cheville.
— Elles sont très confortables, en effet.
— Mon père aimerait vous rencontrer à la journée parent-professeur. Il a dit qu’il serait heureux de connaître la personne qui m’a enfin fait aimer le sport.
— Attends un peu qu’on fasse de l’endurance avant de dire ça !

Elle éclate de rire et je la suis volontiers, alors que les élèves commencent à arrriver au compte goutte.

Évidemment Stacy est la première à sortir des vestiaires, je me retiens de lever les yeux au ciel tellement je la trouve ridicule. Leur conversation m'agace mais je prends sur moi et j'essaie de relire mes notes. Mais quand j'entends Jude rire, je relève les yeux vers lui sans pouvoir le contrôler. Cette fois il ne fait pas semblant, ce n'est pas de la provocation, il rigole sincèrement avec elle. Je sais qu'il est loin d'être stupide, il voit très bien qu'elle lui fait du rentre dedans, pourtant il rit avec elle, alors que moi je n'ai plus le droit de l'approcher. C'est pas juste. Je n'ai plus envie de jouer aujourd'hui. Parfois c'est dur de faire semblant, je sens les larmes monter dans mes yeux, je range rapidement mes affaires et je m'en vais. Je marche vite. Je croise les autres qui arrivent à leur tour.

Dylan : Emma ?

Il a les sourcils froncés, je ne réponds rien. Je sens le regard de Lana sur moi quand je quitte le gymnase. Je sais que quand on joue avec le feu, on finit par se brûler, que c'est de ma faute, que je l'ai cherché, mais des fois ça fait mal quand même.