Hollidays — Kit, Rose & Will

Hier soir, quand on a couché Will, il s’est passé un truc qui m’a fait chialer pendant une demi-heure : Will m’a appelé papa. Depuis que je l’ai reconnu, il sait qu’il peut le faire mais jusqu’ici, je crois qu’il n’était pas prêt – ou qu’il attendait d’être sûr que je ne partirais pas. Mais, hier, alors qu’on se disait bonne nuit, il a simplement dit « bonne nuit maman, bonne nuit papa, je vous aimes » et ça m’a un peu bouleversé.

J’avais un peu peur que ce soit passager mais ce matin, j’étais toujours « papa » et ce midi encore. Je ne suis plus Kit dans sa bouche. Je suis papa.

Il est 17 heures quand le taxi arrive. On charge les valises et direction l’aéroport. Y en à pour 45 minutes au moins alors on fait un jeu de devinette pour faire passer le temps mais je crois que Will est juste content d’être coincé entre nous et de se récolter des câlins dans tous les sens.

Une fois qu’on est enregistrés, qu’on a passé la sécurité et acheter deux ou trois conneries au duty free, on se dirige vers le salon des première classe. Je me suis dit que pour un long vol comme celui-là, on pouvait se le permettre.

— Ça y est, on décolle bientôt !
— Est-ce que on va prendre un autre taxi quand on arrive ?

Je crois que ça lui a plu qu’on soit derrière avec lui.

— Non, mon ange. On va louer une super voiture pour les vacances pour pouvoir aller à la plage et nous balader.
— Trop coool !

Ces vacances ne pouvaient pas mieux commencer. On n’est même pas encore dans l’avion qu’on sait déjà qu’on ne pourra jamais les oublier. Non seulement c’est nos premières vacances en famille, et en plus, Will est avec sa maman et son papa. On est tous dans une bulle de bonheur et rien ne pourrait venir la percer. C’est la plus belle sensation au monde.

— On sera tout le temps tous les trois quand même mon coeur. Ça va être de super vacances tu vas voir !
— On va aller faire du surf papa il a dit !

Il est tout excité et j’en rajoute une couche.

— Il t’as dit que tu pourras voir sa chambre ? Tu vas rentrer dans la chambre de papa quand il était petit !
— Wahou ! Chez papi et mamie ? Ta chambre de petit garçon comme moi ? On va les voir quand ?

Je sais pas pourquoi, mais il adore ça. Il avait fait une fixette sur ma chambre chez mes parents et il va être dans le même état ici. Ça l’aide à se dire que nous aussi on était une petite fille et un petit garçon avant.

— On ira les voir pour manger.

Je dis en souriant.

— Quand on arrivera, on ira dans la maison qu’on a louée pour les vacances pour poser nos affaires, prendre une bonne douche et se préparer et on ira voir papi et mamie.
— Dans leur maison ou dans le restaurant ?
— Dans leur maison.
— Est-ce qu’ils ont un chien ?
— Un chat !
— Waaaa il s’appelle comment ?
— Croquette.

Il éclate de rire et c’est vrai que c’est drôle. Ils ne devaient pas être trop inspirés.

— Croquette ?

Je demande avec un petit sourire.

— Ils ont choisis ou t’étais encore là et ils t’ont laissé la main ?

Apres Gisèle et Raffaello, Croquette m’étonnerait quand même. Ça reflète pas trop Kit, je trouve.

— Je vais essayer de faire du surf avec vous cette fois !
— Youpiiii ! Papa va te montrer ! Il est trop fort ! Hein tu vas lui montrer ? La prendre sur la planche avec toi ?

— Non, non, c’est bien eux qui ont choisi.

Je dis en riant.

— Bah si je la prends avec moi, tu vas aller où ?

Il fait de grands yeux et ça me fait sourire.

— Je vais apprendre à maman, elle va en faire toute seule, tu verras ! Et toi aussi, tu vas pouvoir apprendre un peu. Il y a une planche pour toi chez papi et mamie.
— Dans les grosses vagues ??
— Dans des petites. Tu verras, c’est difficile au début alors pas de vague ce sera parfait.
— Mamie à White Falls elle dit que y a des kangourous et des koalas dans l’Australie. On va en voir ? Moi j’aimerais beaucoup trop.
— On va essayer.

Je dis, même si j’ai déjà une idée en tête.

— On va pouvoir faire plein de choses ici mon coeur ! En plus c’est là-bas que papa il est né, alors il pourra nous montrer plein d’endroits trop bien !
— Pourquoi t’es né loin de ta maison ? Comme t’as fais ?

Je rigole à sa question et j’embrasse sa joue. Il est tout le temps curieux de tout et c’est agréable de voir à quel point il aime tout savoir, autant sur moi que sur Kit. Il est incollable sur nos vies, c’est touchant.

— C’était vraiment une chouette idée de partir tous les trois.

Je souris à Kit avec tendresse. Je sais déjà que ces vacances vont être geniales.

— J’ai déménagé à White Falls parce que j’ai trouvé du travail. Et maintenant, je vous ai vous.
— Avec le tonton de Tommy ?
— Oui. Et avec maman, maintenant.

Parce qu’Adam a accepté, qu’on a signé et qu’on part serein avec un contrat sur des années et des années.

Je souris à Rose et je m’approche pour murmurer à son oreille :

— J’espère qu’on reviendra à quatre.

Je dépose un baiser sur sa joue et c’est l’heure de monter dans l’avion.

— T’as ton doudou et ta valise ?
— Oui !
— Allez, viens là. On va s’installer. Et souviens toi d’être sage.

Il sourit malicieusement mais je sais qu’il le sera parce que Rose a fait un boulot de dingue.

On s’est installé rapidement dans l’avion et c’est vraiment très agréable d’être en premier classe. Je ne l’avais jamais fais et c’est une bonne découverte, d’autant plus sympa pour un aussi long voyage. Bien entendu Will a voulu s’installer entre nous deux, mais on part de nuit exprès et il va certainement vite terminer au bord du hublot pour dormir tranquillement.

— On va vraiment voir le ciel ?
— On va voler dans les nuages !
— Pour de vrai ?

C’est déjà fascinant pour n’importe quel enfant, mais pour Will qui adore l’espace, c’est encore plus impressionnant je crois. Rien que prendre l’avion c’est déjà une partie du voyage pour lui.

— Je peux aller au bord de la fenêtre pour voir ?
— Tu peux ! On est là tous les deux de toute façon, on ne bouge pas.
— D’accord !

Et sans attendre, il se jette sur moi pour qu’on échange de place.

Will se trouve côté hublot, les yeux rivés sur l’extérieur en serrant son doudou. La classe éco met un peu plus de temps à monter mais on a déjà le droit de choisir une boisson. Exceptionnellement, Will prend un jus de pommes pour le repas du soir et quand on décolle, il est totalement surexcité. Quand on est dans le ciel, il ne lâche pas le hublot des yeux tellement il aime les nuages. Il essaie de les compter mais à partir de 20 ça cafouille un peu.

— Vingt-un puis vingt-cinq ??, je demande en riant. On va revoir les chiffes cet été parce qu’on dirait que t’as bu un peu trop de vin quand tu comptes.

Il éclate de rire. C’est un amour.

— Est-ce que je peux colorier un peu avant de manger ? S’il vous plaît ?

— Bien sûr mon coeur !

Le voyage va être long, alors autant qu’il se sente à l’aise et pas frustré dès le départ. C’est un repas un peu exceptionnel de toute façon, donc on peut bien faire ça dans l’ordre qu’on veux.

— J’aurais presque du prendre du coloriage aussi, ca n’a pas l’air si mal que ça !

Je rigole une fois que Will est lancé, en venant appuyer ma tête contre l’épaule de Kit. Ma main cherche la sienne une seconde.

— Ça va toi ? T’es pas trop excité ?

Je souris en relevant les yeux vers lui.

Je depose un baiser sur son front avec un sourire.

— Je l’étais et puis on m’a appelé papa donc y a pas grand chose qui surpasse ça, pour le moment. Et toi, ça va ? T’as peur en avion déjà ? Je t’ai même pas demandé.

— Merci de t’en inquiéter une fois à bord !

Je le taquine.

— Ça va t’en fais pas. Je te l’aurais dis si y’avait eu un soucis. J’étais pas hyper à l’aise au décollage, mais c’est juste les quelques secondes où tu quittes le sol. C’est bon maintenant !

Will est concentré sur son coloriage et maintenant, je peux me permettre de rebondir sur ce qu’il m’a dit tout à l’heure. Je suis loin d’avoir oubliée.

— On aura notre propre chambre dans la maison qu’on a loué ? J’ai pas fais attention avant, mais je me disais que peut-être, ça pourrait être sympa si notre bébé était conçu en Australie. Comme son papa. Non ?

J’ai pas envie d’attendre des années. Et je sais que Kit non plus.

Je souris et j’embrasse ses lèvres.

— Oui, il y a deux chambres. T’as pas vu les mails que je t’ai fait suivre ? Je suis outré. Le propriétaire m’a dit qu’on était les derniers, qu’il avait l’intention de vendre parce qu’il avait acheté d’autres trucs à l’autre bout du pays et que ce serait trop compliqué pour lui de gérer ça. Du coup... si cette maison de plage nous plaît...?

Je dis avec un petit sourire.

— J’ai vu les photos si ! Mais sans particulièrement faire attention à ces détails là. J’étais trop absorbée par la plage, le sable blanc et l’extérieur de la maison !

Je réponds en riant. J’en ai eu plein les yeux, j’imagine pas une fois qu’on sera sur place.

— Attends tu voudrais acheter la maison si elle nous plaît ?

C’est en le disant que je réalise vraiment.

— Genre vraiment ? Pour qu’on ai un pied à terre chez toi ?

— Bah ouais. Qu’on ait un chez nous en Australie. Même pour Will quand il sera ado ce sera bien pour lui, nan ? On ira chez mes parents comme des petits vieux et il sera content d’avoir la maison pour lui.

Je lui souris.

— Franchement, il veut s’en débarrasser, j’ai l’impression que c’est une bonne occasion, même si c’est à retaper alors.. si ça nous plaît, pourquoi pas ? J’ai déjà pensé à plein de trucs genre mes parents l’achète en direct et on leur rembourse quelque chose tous les mois sans intérêt. Tu vois ? Enfin, je pense que c’est bien. Y a deux chambres, pour les enfants et nous on pourra finir dans le salon avec un super canapé lit. Je sais pas. T’es la voix de la raison entre nous, je sais que je m’emballe toujours alors... mais si on est sur place cet été, on va pouvoir déjà faire quelques trucs. Le gars la vendrait meublée, en l’état. De ce que j’ai compris.

— J’ai pas trop envie d’imaginer mon bébé devenir un ado. On a encore le temps pas vrai ?

Je couine ne serait-ce que d’y penser.

— Mais j’avoue que j’aime bien l’idée quand même. Ce serait sympa pour lui, pour nous aussi. Ça nous ferait un patrimoine australien en plus ! La voix de la raison dit qu’on va avoir un loyer en plus pour nous aider, alors pourquoi pas ? On pourrait payer le crédit d’ici avec le loyer de la maison. Mon crédit à moi est presque fini et je le payais déjà sans avoir besoin du loyer. Alors ça pourrait être une nouvelle aventure ? Faut voir le prix, mais...

J’embrasse sa joue avec un sourire.

— Bricoler un peu pendant l’été ça pourrait nous faire une activité en plus !

— On est très large c’est juste... on a les moyens pour le moment mais peut-être pas dans dix ans. Alors j’y pense.

Je lui adresse un tendre sourire quand je comprends qu’elle n’est pas contre.

— Ok alors on va voir ça. Si la maison nous plaît, on en parle au proprio et mes parents et on voit.

Je dépose un baiser sur sa tempe.

— Je t’aime. Et je suis vraiment très fier de pouvoir te présenter à mes parents.

Parce que finalement, de toutes les copines que j’ai eu, c’est la seule qui a cet honneur.

— Je suis un peu stressée je t’avoue. Je sais qu’ils sont gentils, que je les aient déjà vu en vidéo et tout, mais ce sont tes parents et c’est pas encore pareil en face à face ! J’ai envie qu’ils m’apprécient, qu’ils aient une bonne opinion de moi. C’est important je trouve. Surtout qu’on n’a pas quinze ans. On forme une famille et on souhaite l’agrandir, c’est pas rien.

Je souris timidement. C’est peut-être plus ça que l’avion qui me serre l’estomac en fait.

— Tu sais depuis combien de temps j’ai pas rencontré les parents de mon mec ?

Je demande en comptant.

— Bah depuis que je suis ado, en fait ! Donc je suis autant stressée que si j’avais 18 ans, avec toutes les implications d’un adulte.

Je souris un peu parce que je la comprends. Moi aussi, quand j’ai rencontré ses parents j’avais peur qu’ils me trouvent trop jeune, pas assez bien, qu’il juge ma capacité à être père... j’étais vraiment stressé et finalement, ils ont été géniaux parce qu’ils ont su. Comme Keziah, Adriel, Tristan, Ania... comme n’importe qui nous voyant tous les deux, en fait. Je crois que, comme nous quand on s’est vus, on a su. C’est comme ça.

— Tu verras. Ça va aller. On est des âmes sœurs. Tout le monde peut le voir. Même eux.

— Je t’aime.

Je réponds simplement en l’embrassant un instant.

— Je suis certaine qu’ils le verront. Mais quand même. C’est pas parce que c’est couru d’avance que je dois me comporter comme je ne sais pas quoi. Je veux que tu sois fière de moi.

— J’entends. Je suis déjà passé par-là alors je sais ce que tu ressens. Mais je suis déjà fier de toi. J’ai juste hâte qu’ils te connaissent. T’es la première personne que je leur présente depuis que j’ai quitté l’Australie alors je crois qu’ils sont aussi stressés que toi.

Parce que là, c’est plus que du sérieux.

— Je crois qu’ils ne sauront pas trop s’y prendre avec Will au début alors faudra peut-être les aider. Enfin, je pense.

— C’est un honneur.

Je souris avec bienveillance.

— Y’a pas de soucis, ça se passera bien. C’est comme tout, ça viendra. Comme quand ils sont devenus tes parents, quand je suis devenue maman et toi à ton tour. On patauge un peu, mais quand on a de bonnes intentions, ça finit toujours par se ressentir !

— Oui, je suis sûr que tout va très bien se passer.

Je lui souris et je vois l’hôtesse commencer à arriver avec les plateaux.

— Will, mon ange, tu ranges ? Le repas arrive.
— Oh ouais !

Il range tous ses crayons dans sa trousse et débarrasse vite sa tablette. Il est adorable, c’est un amour.

Tout se passe très bien durant tout le reste du vol. Will est aussi sage qu’on le lui a demandé et même si c’est très long, on trouve tous un moyen de s’occuper. Il est repassé au milieu pour dessiner avec Kit, on a aussi regardé un film tous les trois et on a même joué aux cartes. A tour de rôles Kit et moi on à beaucoup dormi, les vacances vont nous faire le plus grand bien, on en a conscience.

On a loué la voiture directement à l’aéroport pour être tranquille et je ne saurais pas dire lequel de nous trois est le plus excité.

— La maison est loin de chez tes parents ? Ou on pourra y aller facilement ? J’ai hâte de la voir chéri, t’as pas idée ! J’ai pensé qu’à ça toute la fin du vol !

J’avoue en riant.

— Moi j’ai hâte de voir les kangourous !
— Nous aussi mon coeur !

Le vol était agréable et je crois qu’avoir pris un vol de nuit était la meilleure idée, il faudra que je remercie Tristan d’avoir suggéré ça.

On roule depuis un moment maintenant mais je sais qu’on arrive bientôt. J’ai hâte et, sans comprendre pourquoi, moi aussi je suis un peu stressé. Certainement l’envie que tout se passe bien.

— C’est à... je sais pas, dix minutes en voiture ? On le fait pas à pied car c’est peut-être 10 km mais... c’est rapide en voiture quand on rattrape la grosse route.