I missed you so much. — Austin & Gabriel

— Sérieux ? Genre.. t'as dit oui ?

Je crois que je suis encore plus choqué que par tout ce qui a été dit avant. Le soulagement est tel que j'aurais pu en chialer. Mais bon, j'ai trop pleuré ces derniers mois pour encore avoir des larmes.

— T'as eu raison, tu sais. Tu vas pouvoir arrêter de travailler et profiter, rien que pour toi. T'auras du temps pour ta soeur, mais aussi pour toi.

Et encore plus pour moi, mais je préfère ne pas le dire. Ils vont avoir des aides financières et Austin va pouvoir se concentrer sur ses études, envisager d'aller dans la fac qu'il désire.

— Je vais reprendre mes études. Mais sérieusement, je vais vraiment bosser cette année.

Je hoche la tête parce que oui, sérieux j'ai dit oui. Je n'avais pas le choix, les pompiers étaient présents et ils auraient fait eux-même appelle aux services sociaux si Madeleine et Paul ne l'avaient pas fait. Mais sans ça j'aurais accepté. Ce qu'il s'est passé ce soir-là était trop grave et j'ai pris conscience que ça ne pouvait plus durer.

Quand il me dit que je vais avoir du temps pour moi et arrêter de travail, il ne réalise pas à quel point ce n'est pas évident pour moi. Ça fait plus d'un mois qu'on habite ici, que je ne travaille plus et je suis complètement paumé. Je n'ai jamais eu du temps pour moi, et c'est dur, je tourne en rond et j'ai l'impression de ne plus avoir de repères. Ma vie a complètement changée et je ne sais pas comment gérer ça.

Quand il me parle d'études mon regard s'illumine.

— Vraiment ? Tu as trouvé ce que tu voulais faire ?

Je fais oui de la tête, il a l'air tellement enthousiasme que ça me fait un peu moins peur.

— Bah... ouais. Je vais bosser à fond cette année et en fonction des résultats, je verrais si je peux prétendre à être pédiatre ou si je vois que j'ai vraiment trop de retard, j'essaierais d'être infirmier. Tu crois que c'est bien ?

Je suis tellement fier de lui que sans réfléchir je pose mes mains sur ses joues et je l'embrasse.

— Alors on fera tout pour tu deviennes pédiatre. Enfin, si tu veux bien de mon aide.

Je dis avec un petit sourire, plus réservé.

— Je suis un bon tuteur il parait.

Car pendant les vacances scolaires je donne des cours de soutien au lycée.

Je souris et je l'attire à moi, je perds l'équilibre en voulant lui voler un baiser et on se retrouve de nouveau allongé sur le lit. J'enroule mes jambes autour de sa taille pour le bloquer.

— Mais du coup, tu seras mon tuteur personnel et rien qu'à moi ?

Il perd l'équilibre et je me retrouve sur lui, mes coudes autour de son visage pour ne pas l'écraser.

— Hm,hm.

Je hoche la tête.

— Rien qu'à toi, et j'ai plein de temps libre maintenant.

— J'vais être sérieux. Enfin autant que je peux.

Je dis avec un sourire. Je m'approche de ses lèvres pour l'embrasser à plusieurs reprises. Plus je l'embrasse, plus ça me semble naturel, plus je me sens à l'aise et à ma place.

— Tu crois que je peux le faire ? En toute honnêteté, j'veux dire. Vu les notes que j'ai eu cette année.

Il embrasse mes lèvres et je me sens bien.

— J'en suis persuadé.

Je réponds sincèrement.

— Tu vas redoubler ton année et tes anciennes notes ne seront plus prises en compte, seulement les nouvelles.

— Et je serais dans ta classe. Je crois que c'est ça le plus important.

Je pouffe de rire. J'ai jamais redoublé et là, on va enfin se retrouver.

— J'vais bien me tenir, ça va le faire.

Je suis content à cette idée, car malgré ce qu'il a pu dire sur le fait qu'il pouvait gâcher les cours, il sait que mes notes sont importantes pour moi et que ma bourse pour la natation en dépend. Et je sais qu'il n'aurait jamais rien fait de mauvais, mais surtout maintenant il veut vraiment suivre en cours et ça me rend heureux.

— Il faut que je te dise quelque chose.

Je détourne les yeux pour jouer avec ses cheveux.

— Darcy voit un psychologue... et moi aussi.

L'ambiance est tout de suite moins légère, mais ça ne m'empêche pas de caresser son visage avec tendresse. Il me confie quelque chose et ça n'arrive pas souvent – surtout pas de cet ordre là.

— C'est bien ça.. Ça te fait du bien ? Tu as arrives à discuter avec lui, un peu ?

Darcy, je n'ai aucun doute : c'est une bavarde et ça lui fait forcément du bien. Elle aussi elle m'a manqué et j'ai hâte de la retrouver demain.

Je le regarde à nouveau.

— Je ne l'ai vu que deux fois, alors je ne sais pas trop pour l'instant. C'est la juge qui a imposé ça.

Ça me soulage de savoir qu'il avait quelqu'un à qui parler là-bas. Je m'allonge à côté de lui et je le prends contre moi.

— Comment tu te sens dans ta tête ?

Car je sais qu'il dû voir des choses horribles et dures à supporter.

Il me prend contre lui et c'est vraiment bizarre. Mais tellement agréable que je niche ma tête dans son cou. C'est Austin. Ça fait des années qu'il me fait perdre la tête et là... c'est mon petit ami. Pour de vrai.

— Bah... plutôt bien. Assez révolté par tout ce qui se passe dans le monde, mais bien. J'ai des projets plein la tête, j'ai envie de faire avancer les choses, même si c'est à toute petite échelle, au moins ce sera déjà ça. Alors je me sens bien. Un peu déboussolé aussi, je ne sais plus quelle heure il est, j'ai mangé un vrai repas tout à l'heure et c'était trop... trop. J'ai l'impression d'être décalé. Mais ça va.

Il enfouit son visage dans mon cou et j'ai l'impression de sentir son corps se détendre complètement, comme s'il relachait un la pression. Je caresse tendrement sa nuque.

— Il va te falloir un peu de temps pour te réhabituer à tout ça. Tu as bien fait de revenir pendant la vacances d'été. L'école que vous deviez construire est terminée ?

Je fronce les souris.

— Avant d'y retourner ?

— Bah oui, je vais y retourner.

Ça me semble évident.

C'est dur à entendre mais j'essaie de ne pas le montrer.

— En mission humanitaire comme celle là ?

— Oui j'aimerais bien. Mais au moins retourner dans l'école pour voir l'évolution. Peut-être pendant les vacances scolaires.

Je vois sa tête, je ne suis pas idiot. Alors j'embrasse ses lèvres tendrement.

— Tu n'as pas trop envie que je reparte ?

Il embrasse mes lèvres et je lui fais un petit sourire gêné.

— Mais je n'ai pas le droit de le dire.

Non, je n'ai pas envie qu'il reparte, rien qu'à l'idée de pouvoir le perdre encore une fois, mon ventre se serre, mais j'ai compris de mon erreur.

— Mais si tu repartais, je te soutiendrai cette fois.

— Longtemps ?

Je demande inquiet en pensant à Darcy, que je ne peux pas laisser.

Je comprends rapidement que non, il ne viendrait pas. Parce qu'il y a sa soeur et ainsi de suite. Il reste Austin, même s'il m'embrasse et est mon petit ami. Il garde ses priorités.

— Trop longtemps, ouais. Si tu veux pas que je parte, je partirai pas. T'as juste à me le dire.

Je réponds très sincèrement. Je sais très bien que s'il osait me le demander, je resterai. Parce que je ne m'imagine pas une seconde le décevoir ou lui faire de la peine. Surtout pas maintenant qu'on est ensemble.