Service rendu. - Adam & Logan

En accompagnant Marie à la garderie ce soir je m'attendais à croiser n'importe qui sauf Moïra. Je me suis retrouvé pris dans une spirale infernale que je n'ai pas vraiment maîtrisé et, sur un coup de tête, j'ai décidé de prendre le taureau par les cornes.

Suite à ce, je me retrouve chez Logan, sans lui, mais sans sa femme non plus. Si je ne m'étais jamais destiné à faire du babysitting, je ne pensais pas que j'allais commencer avec sa fille. Heureusement pour moi, Olivia a pleuré quelques minutes, mais elle a finit par se faire à ma présence. Il m'a suffit de quelques câlins et quelques jeux pour la mettre dans ma poche. Nous sommes assis tous les deux par terre en train de lire un livre lorsque j'entends la porte s'ouvrir. Moïra est finalement vite rentrée et ça me rassure, je ne sais pas si j'aurais su maîtriser de croiser à nouveau Logan sous son toit.


@Logan Wheeler

Je rentre du travail un peu plus tôt ce soir car un client a annulé à la dernière minute et je dois avouer que ça me fait plaisir ; j'ai très peu vu ma fille cette semaine, à cause de mes horaires, et je vais pouvoir en profiter un peu.

— Livi !?

J'appelle directement alors que j'ôte ma veste.

— PAPA !!

Elle déboule du salon en courant et je l'attrape dans mes bras pour lui faire un câlin.

— Coucou mon coeur, ça va ?

Elle me parle d'une cocotte en papier et je rejoins le salon. Adam est là alors je m'approche et je lui vole un baiser.

— Salut, ça v—putain.

Je percute et je repose tout de suite Olivia. Je lui propose d'aller dans sa chambre jouer dans sa tente et elle part comme une fusée.

— Qu'est-ce que tu fous chez moi ? Elle est où Moïra ? Putain mais qu'est-ce que c'est que cette connerie, là ?

Je reste sous le choc de sa réaction, avant de comprendre qu'il n'avait simplement pas réalisé que ma présence ici n'est pas normale. Celle qui suit fait tout de suite beaucoup moins plaisir qu'un baiser.

— J'ai caché son corps dans le jardin, je me suis dis qu'au moins j'allais plus avoir besoin d'attendre après toi pour discuter avec elle.

Mauvaise réponse. Son visage se tends encore plus. Et merde, quoi ! Il s'attends à quoi ?

— T'as l'air de tenir à sa vie, alors rassures toi. J'ai juste rendu service.

Il fait une blague vaseuse qui me crispe complètement parce que, putain, je l'ai embrassé chez moi devant ma fille qui sait parler.

— Rendu service ? Mais tu rigoles, j'espère ?

— Non je rigole pas ! On s'est croisé devant la garderie, elle a pris quelques nouvelles de ce que j'envisageais pour la rentrée et elle a reçu un coup de fil. Ça avait l'air urgent ! Elle m'a demandé si ça le dérangeait de lui rendre service et de garder Olivia en attendant son retour. J'aurais pu dire non, mais j'étais dispo.

Je soupire, parce que sa réaction est un tantinet excessive.

— Et puis, se rapprocher de l'ennemi a du bon il paraît.

Je lâche un rire nerveux.

— Te rapprocher de l'ennemi ? Mais tu crois qu'on fait quoi là ? Qu'on est en train de jouer ? T'es chez moi ici ! Putain mais tu rends pas service à ma femme, c'est clair ? Tu peux pas faire ça, Adam !

— Pourquoi ? On a pas le droit d'être sur un pied d'égalité ?

Mon ton est acerbe, ça ne me ressemble pas. Mais je crois que la colère que j'ai ressenti en quittant l'église il y a quelques jours est en train de remonter.

— C'est quoi le problème ? T'as peur que ce soit moi qui lui dises qu'on s'envoie en l'air depuis des mois ?

Je fronce les sourcils parce que, d'un coup, il me lâche un pic sur un ton que je ne lui connais pas.

— C'est quoi le problème ? Mais tu me poses vraiment la question, là ? T'as pas l'impression de te foutre de ma gueule ?

Je suis tellement surpris par ce qui est en train de se passer que je ne parviens pas à avoir une réaction logique et sensée.

— Qu'est-ce qu'il te prend ?

— Qu'est ce qu'il me prends ?

Je rigole nerveusement, incapable de réagir normalement.

— Il me prends que ça fais des semaines que t'es censé parler à ta femme et que t'en fais rien ! Alors qu'à côté j'ai mon ex qui vient d'acheter une maison en espérant que j'allais venir vivre avec lui après trois ans sans nouvelles ! C'est l'ordre logique des choses ça tu crois ? Merde !

J'attrape rageusement ma veste sur le bout du canapé.

— Je suppose que j'ai plus qu'à partir, parce que ta femme va bientôt arriver et que je vais déranger ton bonheur familial.

Cette fois-ci, c'est moi qui rigole, piqué au vif.

— Bah qu'est-ce que tu fais là, alors ? Hein ? Va vivre avec ton ex. Parce qu'apparement il est meilleur que moi pour ce qui est des preuves d'affection. Faut t'acheter une maison pour gagner ton respect, c'est ça ? Bah j'vais le noter sur ma liste des choses à faire alors. Larguer ma femme, tout quitter pour toi, t'acheter une maison. Qu'est-ce que tu veux d'autre ? Une voiture ? Si c'est un 4x4 on t'aime encore plus ?

Sa réponse me blesse et je n'essaie même pas de le cacher. Je n'attendais pas de réaction, parce que je n'ai pas réfléchi avant de parler. Mais jouer sur le fait que je suis quelqu'un de matérialiste est sans fondements.

— Tu comprends vraiment rien putain...

Je ne m'emporte plus. Apparemment ça ne sert à rien, parce qu'il aura toujours le dernier mot.

— C'est toi que je voudrais, en fait. Juste toi. Mais c'est sûrement trop demandé pour que ce soit réalisable.

Je ne lui lance même pas un regard et me dirige vers la porte.

— Olivia a été adorable. Tu pourras dire à Moïra que c'était un plaisir et que y'a pas de quoi.

— C'est toi qui comprends rien, Adam ! Tu veux tout, tout de suite et j'peux pas, tu comprends ? Ça se prépare, un divorce ! Ça fait mille fois que je te le dis et je ne peux pas être plus rapide que ça, mais tu refuses d'y mettre du tien.

Ça me tord les entrailles de réaliser qu'il est venu ici comme pour me foutre un ultimatum.

— T'avais le choix et tu as choisi de venir quand même. Tu es venu narguer ma femme sous son nez, chez elle. Et pourquoi ? Hein ? Me faire comprendre que je n'allais pas assez vite ? Mais je le sais, figure-toi. Moi aussi, j'ai envie de pouvoir rentrer chez moi et de t'y retrouver tous les soirs. Tu veux fouiller l'historique de mon portable pour voir les appartements que je regarde ou les mails que j'échange avec un avocat ?

Je balance mon portable à travers toute la pièce, jusqu'à lui – sans le viser, bien sûr – pour qu'il le ramasse s'il veut jeter un oeil.

— Mais t'as raison, va. Fais-toi passer pour un baby-sitter. Tu vas aussi lui dire oui si elle veut me traîner au restau ? Parce qu'apparemment, t'es plus de son côté que du mien. Puis putain, c'est quoi cette connerie à propos de ton ex ?

Je regarde son téléphone par terre et je le pousse d'un coup de pied. J'ai pas besoin de regarder là dedans et je n'en ai même pas envie. S'il le dit, je sais que c'est qu'il le fait, mais ça n'empêche rien.

— Ça veux dire quoi tout ça, hein ? Que jusqu'à ce que ton divorce soit prononcé je vais continuer d'être celui que tu caches et qui n'a le droit à rien d'autre qu'un jour par semaine ?

Je soupire, le cœur battant la chamade.

— T'es pas obligé de rester avec elle pendant que tu prépares ça ! T'es pas obligé et tu le fais quand même putain ! Je suis censé prendre les choses comment ? C'est pas toi qui rentre tous les soirs chez toi en te disant que la personne dont t'es tombé amoureux dort dans le lit de quelqu'un d'autre !

C'est la première fois que j'ose dire à haute voix devant Logan ce que je ressens pour lui et ça me retourne le ventre que ce soit dans un moment aussi dénué d'amour et de charme.

— Quant à mon ex, y'a rien de plus à en dire. Il vient de revenir en ville et il savait pas que j'étais avec quelqu'un. Comme tout le monde, tu me diras. La différence entre lui et les autres, c'est que...

Je sursaute alors que la porte s'ouvre à mes cotés et je suis presque surpris de voir Moïra. Dans ma colère, j'avais oublié qu'elle allait rentrer chez elle.

Quand la porte s’ouvre, c’est presque un soulagement. Pas parce qu’il va partir, mais parce qu’elle met fin à cette énième dispute. Je suis fatigué de lui expliquer sans cesse la même chose et pourtant, voir autant de peine dans son regard alors qu’il m’avoue qu’il est amoureux me brise le cœur.

Je crois que Moïra a les bras chargé parce que quand j’arrive pour lui claquer la porte dessus « sans le faire exprès », j’entends tout un vacarme à l’extérieur.

— Logan !!

Je l’ignore et je m’approche d’Adam pour lui voler un rapide baiser.

— Moi aussi, je suis tombé amoureux. Mais je veux faire les choses correctement.

Je ramasse mon portable et la porte s’ouvre à nouveau.

— Mais qu’est-ce que tu fais ?
— J’avais fait tomber mon portable. Désolé.

Elle tend les lèvres mais je fais un bisou sur sa joue.

— Merci pour Olivia.

Je dis à l’attention d’Adam. Puis je monte rapidement rejoindre ma fille : c’est l’heure du bain.

À quelques centièmes de secondes, j'assistais au baiser qui m'aurait le plus détruit au monde et que ce soit inconscient ou non, je remercie Logan de m'avoir épargné. C'est dur de retenir mes larmes en ayant conscience qu'habituellement ça doit arriver, mais je suis seul face à Moïra et je n'ai pas le choix.

— Olivia a été sage ?
— Très ! Votre mari vient d'arriver, il allait prendre ma suite, je souris poliment.
— Tant mieux, c'est vraiment très gentil de ta part d'avoir accepté de m'aider Adam. Je ne sais pas comment j'aurais fais avec Olivia sur les bras.
— Y'a aucun problème, vraiment. Je vais filer retrouver ma sœur j'étais avec elle tout à l'heure. Bref. Au revoir mademoiselle Johnson. Passez une bonne soirée

Je ne lui dis pas que j'espère la revoir bientôt, parce qu'en plus d'être faux, elle lirait sur mon visage que c'est un mensonge. Je me contente de sortir de chez les Wheeler et de marcher vers chez moi. Je préfère être tout seul que d'appeler quelqu'un je crois. J'ai besoin de réfléchir à tout ce qu'il vient encore de se produire, même si je ne peux pas empêcher un petit sourire de franchir mes lèvres. Il est amoureux, lui aussi.