New begining. Adam & Max

Il est presque minuit quand les derniers invités – Gabriel et Austin – s’en vont. Depuis qu’il n’a plus son bracelet, il fait tout ce qu’il peut pour ne jamais rentrer chez lui. Il est souvent fourré ici avec son chien et je crois que ça fait vraiment plaisir à Adam.

Aujourd’hui, c’était notre crémaillère. Il reste encore quelques petits travaux – il y en aura toujours – mais nous vivons enfin dans notre église. Nous avons invité sa famille, la mienne, quelques uns de ses amis, les miens, nos ouvriers, les gens qui nous ont financé... c’était une très grosse journée. Mais la fierté que je lis sur le visage de mon fiancé quand il referme la porte me laisse entendre que c’était une réussite. Nous avons tout fait visiter. Tout sauf une pièce que nous avons préféré garder pour nous en la faisant passer pour un petit retard encore en travaux. Cette pièce, c’est la chambre de notre futur bébé, la plus belle de la maison, sans doute.

Quand je vois qu’il commence à débarasser, je m’approche pour l’attirer dans mes bras et embrasser ses lèvres.

— Tu crois que ça pourrait attendre demain ? T’as couru partout toute la journée, mon coeur.

Mon visage doit refléter tout la fierté et la joie que j'éprouve en ce jour. Nous vivons enfin dans cette église et de voir toutes les personnes importantes pour nous la découvrir me retourne encore.

Quand je sens les bras de Max autour de moi, je laisse tomber tout ce que je tiens dans les mains. Il y a quelques mois, je ne l'aurais pas écouté et j'aurais terminer alors qu'il aurait râlé. Aujourd'hui, après plusieurs mois de vie commune, Max m'a appris à lâcher prise au moins un peu. Et ça ne me semble plus insurmontable d'imaginer ce bazard traîner jusque demain.

— C'est vraiment parce que c'est toi...

Je souris en répondant à son baiser et laisse à mon tour mes bras entourer son corps.

— Ça t'as plu cette journée alors ?

J’acquiesce.

— C’était super. Ta mère était vraiment fière de toi. Et moi aussi, d’ailleurs. T’as tout géré tout seul, je n’aurais jamais pu faire tout ça. On aurait manqué de boisson au bout d’une heure.

Je dis en riant.

— Tu veux voir la chambre, alors ?

Parce que, lui aussi, il ne l’a pas vu terminé. On a tout choisi ensemble, mais je l’ai terminée pendant qu’il se battait avec ses devoirs et le traiteur en même temps. Alors je ne lui ai pas dit que c’était terminé pour lui faire une surprise. Ce n’est pas entièrement meublé, pour l’instant. Mais c’est peint et la bibliothèque est remplie.

— Elle est finie ?

Mon regard s'agrandit sous le choc, alors que comme tout le monde toute la soirée, je la pensais encore en travaux.

— T'as fais ça quand ? On a croulé sous le boulot dernièrement et... Oh on s'en fout !

Je me surprends moi-même d'être aussi excité et de ne pas chercher à comprendre plus. Je laisse les interrogations de côté pour sautiller dans ses bras et embrasser ses lèvres.

— Montre moi, évidemment !

Je lui adresse un sourire radieux.

— C’était ça, mon boulot à moi, pendant que tu organisais la crémaillère.

Je me détache de lui pour prendre sa main et l’entrainer à l’étage.

— Allez, ouvre.

Moon est à nos pieds, prête à foncer la première.

Je meurs d'envie de pousser la porte et, en même temps, l'envie de faire durer le suspens est présente. Mais après quelques miaulements de Moon, je fini par céder. A elle bien sûr, pas du tout à mon envie de découvrir cette pièce...

— Max !

Il a quasiment terminé la pièce et c'est à l'opposé total du souvenir que j'en avais. Il n'y a plus de poussières, de murs ternes et de bâches un peu partout. C'est beau, agréable, avec des livres partout et un espace qui semble énorme de là où je suis. Ça paraît bien plus grand maintenant que c'est terminé.

— T'as trouvé le temps de faire tout ça, là ? Mais c'est trop beau !

J'ai les yeux pleins d'étoiles en me retournant vers lui.

— T'imagines un petit bébé là dedans ? Oh mon dieu...

Je lui souris, la fierté qui m’envahit est agréable.

— Je voulais que ce soit fini aujourd’hui.

J’avoue. J’aime bien lui faire des surprises pour voir dans ses yeux son bonheur se refléter.

— Oui, je l’imagine bien. D’ailleurs.. la dame que je t’ai présenté tout à l’heure, celle qui est médecin, elle est en charge des dossiers pour les demandes de GPA et tu lui as fait bonne impression.

Mon sourire se fige instantanément et mon cœur raté un battement.

— Pourquoi tu me l'as pas dis ?

Je demande en murmurant, comme si ça m'echappait.

— Imagine si j'avais mal cuisiné ? Si Sephora ou Salomé avait fait une bêtise et que je m'étais emporté ? Imagine si Balti avait pissé dans la maison et que ça m'avait rendu fou ? Oh mon dieu ! Heureusement que j'avais passé l'aspirateur tout à l'heure !

C'est là que je le rends compte que je vais sans doute un peu trop loin. Merde, comment je peux en arriver à penser des trucs pareils après ce qu'il vient de m'annoncer.

— Elle a vraiment eu une bonne impression ? Elle va pas nous radier ou j'sais pas quoi ?

J’éclate de rire.

— C’est exactement pour ça que je ne t’ai rien dit... t’aurais paniqué et agi bizarrement. Là, tu as été parfait. Toi, hyper organisé et chaleureux. Tu as parlé de tes études, de tes projets. Tu lui as montré sans efforts que tu pourrais tout gérer même avec un bébé.

Je lui fais un câlin.

— Tu a été parfait. Alors non, elle ne va pas nous radier. Elle va appuyer notre dossier.

— J'aurais été incapable d'agir normalement, c'est pas faux.

Je lui rends son câlin, mon visage appuyé contre son épaule pour que ma confession ne soit pas entièrement compréhensible.

— Ça veux dire qu'on va pouvoir commencer à en parler sérieusement pour de vrai ?

Mon cœur s'emballe et je suis sûr que Max peut le sentir contre sa poitrine. Je laisse mon regard parcourir la pièce, encore, et je me blottis encore plus contre mon amoureux. Il a transformé cet endroit en une vraie merveille et cette pièce ne diffère pas du reste.

J’acquiesce en caressant son dos avec tendresse.

— Ça veut dire qu’on va pouvoir remplir le dossier qu’elle nous a apporté, tous les deux.

Je suis incapable de contenir mon sourire. Ça y est, tout est réel. Dans quelques mois je serais diplômé et nous serons sur le point d’être papas. D’être une famille.

— J'ai attendu ça tellement de temps que j'ai l'impression que ce n'est pas réel.

Je jette un œil à ma montre et quand je vois qu'il est minuit passé, je soupire dramatiquement.

— Je suppose que tu préfères aller dormir que de regarder ça un peu des ce soir ?

Mes yeux lui crient de rester un peu éveillé avec moi, mais bon. J'ai bon espoir qu'il y pense seul, ou presque.

Je secoue la tête.

— Non, non, on peut se mettre au lit et regarder ça tous les deux. J’ai eu du mal à garder le secret tout l’après-midi et je t’ai attendu... je n’ai rien regardé.

— Alors on fais ça ! Je passe par la salle de bain et je serai opérationnel.

Je souris et m'apprête à partir, non sans laisseront regard planer à l'intérieur de cette pièce.

— C'est magnifique mon cœur, vraiment. On vit dans un endroit parfait et ce bébé va avoir tout autant de chance que nous...

Je lui adresse un sourire fier et je l’embrasse à plusieurs reprises sur les lèvres avant de le laisser filer vers la salle de bain.

— Oh et ton portable n’arrête pas de vibrer, répond à ton frère il va mourir sinon.

J’ajoute alors que je referme la porte derrière moi après avoir faire sortir Moon.

Ça fait bientôt un an qu’on est de nouveau ensemble, neuf mois qu’on vit dans les travaux et le bordel permanent mais à aucun moment nous n’avons été agacé par la situation. Notre organisation était telle qu’on aurait dit que tout était normal. Les cours, les travaux, notre vie de couple, de famille... tout s’organise si bien que j’ai encore l’impression de rêver. Maintenant, nous allons être parents et je n’ai plus qu’une hâte : que ce bébé arrive. Nous nous sommes mis d’accord sur le fait que nous voulons qu’il assiste à notre mariage, qu’il nous amène les alliances. Alors le mariage sera pour dans trois ans – ce qui me laisse le temps de mettre à jour tous mes papiers et histoires de famille.


SMS de Gabriel : J’AI OUBLIÉ LE JOUET DE BALTI MON BB LE PAUVRE
SMS de Gabriel : Ah non Austin l’a récupéré mdr je serais perdu sans lui.
SMS de Inconnu : Merci de nous avoir fait confiance pour une partie de votre buffet. Diego Traiteur
SMS de Maman : Félicitations pour cette journée mon ange ! Tu as eu une organisation parfaite ! Tu peux être fier de toi. Ta maison est magnifique et ton potager très bien entretenu ! Je suis fier de l’homme que tu es.
SMS de Inconnu : Félicitations pour cette journée réussie !! Abby.
SMS de Marie : Chris me gonfle, la prochaine fois, oublie l’alcool dans tes garden party, c’est vraiment un imbécile quand il a bu.
SMS de Papa : Bravo fils.
SMS de Gabriel : Je viens demain pour prendre un bain dans ton truc jacuzzi.
SMS de Inconnu : Bonjour Adam, j’aimerais m’entretenir avec vous au sujet de votre association, nous serions intéressés pour faire un don. M & Mrs Montgomery.
SMS de Édouard : Bon j’dois reconnaître que c’était cool. Mon frère m’a dit que c’était grâce à toi. Donc de notre part à tous les trois, merci. Ma mère a encore perdu son portable, tu t’en doutes. Il n’est pas chez vous ?
SMS de Inconnu : Adam, je sais que j’arrive tard mais.. j’aimerais qu’on se revoit. Qu’on discute. S’il te plaît, accorde-moi juste une heure ou quelques minutes. Ceci est mon nouveau numéro. Logan
SMS de Marie : PS T’as tout déchiré ptit frère !! Je suis vraiment fière de toi. Je t’aime. On se revoir vite !!
SMS de Gabriel : Eh c’était quoi le punch là ? Mdr j’suis grave pété en vrai. JOYEUX ANNIVERSAIRE DE MAISON.

J'attrape mon portable avant de filer dans la salle de bain, le cour gonflé et un sourire aux lèvres. J'ai un million de messages et je souris à chacun de ceux que je lis. Je réponds à Gabriel, puis à Marie et finalement je me rends compte que je suis ici et que je ne me lave même pas. Max va être blasé. Je répondrais au reste demain.

Je rigole dans mon coin à imaginer sa tête, mais j'ouvre quand même les messages des numéros inconnus. C'est plus fort que moi. Le traîteur, des amis des parents de Max, Logan...

Quand je lis son message, une flamme s'allume dans mon estomac. Un incendie, même. Pourquoi maintenant ? Pourquoi j'ai les larmes aux yeux... ? Qu'est ce qu'il peut me vouloir, un an après ?

L'espace d'un instant, j'hésite à supprimer le message. Je ne veux pas y penser, je ne veux pas le voir... Sauf que j'en suis incapable. Je lis ses mots encore et encore et d'un coup, je range mon portable et file sous la douche.

Je ne pense qu'à lui pendant dix minutes, je ne revois que son visage et j'entends sa voix, et je m'en veux de ne pas le haïr. Merde ! Je ressors en vitesse et je vais rejoindre Max dans notre chambre.

— Hey...

Je souris et m'allonge à côté de lui, qui est déjà sur le lit avec tout un tas de papier. Je ne sais pas si je vais répondre à Logan, mais pour l'instant, je veux profiter de ce que la vie m'a offert. Max, le bonheur et notre avenir.

Quand Adam arrive, il a les traits tirés alors je le prends contre moi pour lui faire un câlin. La fatigue retombe, il doit être crevé de cette journée.

— Ils nous demande des tonnes de papiers, mais tu vois, quand tu t’appelles Bonaparte y a des choses qui vont plus vite.

Je souris, me crispe un peu quand Max me prends dans ses bras et finalement, je dépose ma tête sur son épaule. J'essaie de me concentrer sur lui, mais mon esprit vogue sans que je ne puisse l'en empêcher. Mille questions tournent dans mon esprit et j'aimerais arrêter de reflechir pour me concentrer sur l'instant présent. C'est trop important pour que je passe à côté.

— Tu leur as vraiment dit Bonaparte ? Ça y est, t'as gommé le Wheeler de ta vie ?

Je rigole et me stoppe quand je me rends compte de ce que je viens de dire. Alors je rigole encore plus, parce que la fatigue ça peut faire fourcher la langue. Je ne dois pas penser à ça, ni ce soir, ni demain, ni n'importe quand.

— Alors, dis-moi tout !

— Wheeler ?

Je fronce les sourcils.

— Je crois que tu vas bien dormir ce soir. On peut regarder demain.

Je rassemble les feuilles pour reformer le dossier.

— On a le temps, t’as une petite mine. Tout va bien ?

Je n'ai même pas la force de l'arrêter dans son geste, un mélange de fatigue et de malaise déferlant sur moi. Demain, après une bonne nuit de sommeil, j'aurais les idées plus claires.

— Je suis juste crevé...

Je souris en hochant la tête, sans le regarder dans les yeux. Il me connait bien trop et je mens bien trop mal, il saurait tout de suite qu'il y a autre chose.

— Mais c'est de la bonne fatigue, alors ça va !

Je m'allonge et roule sur lui pour lui faire un câlin.

— D’accord.

Je l’entoure de mes bras et je tire bien la couette sur nous avant d’éteindre la lumière.

— Bonne nuit mon cœur.

J’embrasse son front et je le laisse se blottir contre contre moi. Je caresse son dos pour l’aider à s’endormir.

— Je t’aime.

— Moi aussi.

Les caresses de Max sur mon dos m'aident à m'apaiser et je laisse mon esprit se poser, auprès de lui. Mais lorsque je sens qu'il s'arrête, je sais qu'il s'est endormi. C'est là que tout à loisir de repartir.

Je tourne dans le lit, j'attrape mon téléphone, je joue à un jeu, j'envoie un SMS insignifiant à Gabriel et finalement, je me lève pour aller au salon. C'est encore le bordel partout et pour la première fois de ma vie, je m'en fous.

Je relis le SMS de Logan, j'essaie d'intégrer ce qu'il vient de m'envoyer et je ne comprends pas ce que je ressens. Ça m'effraie et m'affecte... Et alors, je fais ce que je ne voulais pas faire. Je commence à taper une réponse.

Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. J'ai déjà. Non, nul. Ça laisse clairement entendre que j'ai eu tout le temps d'y penser.

C'est plus du retard là, t'as carrément raté le. Non mais et quoi encore ? J'ai qu'à carrément lui hurler dessus qu'il comprenne que ça m'affecte beaucoup trop.

Nous n'avons plus rien à nous dire, Logan. Plus maintenant. C'est ça, la réponse que je devrais donner. Sauf que je n'envoie pas, parce qu'une part de moi à peur que ce message signe la fin. Mais la fin de quoi, en fait ?

Je repose mon téléphone et soupire. Seigneur, laisse moi en paix.

SMS de Logan — Je te vois écrire des messages..

Mon portable vibre et en voyant le message, j'ai envie de m'étouffer en mangeant un caillou. Comment je peux être si peu doué avec la technologie ?

Sms à Logan
— ...
— Qu'est-ce que tu fais à regarder ça à 2h du matin ?

SMS de Logan — J’attendais une réponse.. J’ai passé mon après-midi à regarder mon téléphone. Tu me manques, Adam. Je crois que tu n’as pas idée à quel point.