Surprise ! — Adam & Logan

Aujourd’hui, Adam doit récuperer un dossier pour son école alors il m’a dit qu’il faisait l’aller-retour à Londres dans la matinée avant de venir. Sachant qu’on m’avait dit la veille que je pourrais sortir un jour plus tôt si je le souhaitais, je n’ai pas hésité.

On m’a ramené en ambulance, aidé à rentrer chez moi et j’ai envoyer un message à Adam pour lui demander de me ramener quelques vêtements pour être sûr qu’il repasse à l’appartement.

Il ne devrait plus tarder et je l’attends, installé dans le canapé, en grignotant une part du gâteau qu’il a fait. Il a fait un gâteau et m’amène une part tous les jours pour mon petit déjeuner. Il n’y a rien de plus bienveillant.

Il fait chaud et c'est inssuportable, mais mon dossier est enfin complet et je n'ai plus qu'à passer à l'appartement avant d'aller retrouver Logan. En théorie il ne devrait plus tarder à rentrer, mais je ne suis pas certain de son véritable état. Peut-être qu'il me dit que ça va pour me rassurer ? Pourquoi est ce qu'il aurait encore besoin de vêtements propres sinon ? Je me pose trop de questions, je le sais, mais c'est plus fort que moi.

En arrivant dans l'immeuble, je salut la petite mamie du rez-de-chaussée. C'est la même que lorsqu'on venait, avant. Sauf qu'avant je baissais la tête avec un maigre sourire poli, aujourd'hui je soutiens son regard et la salue chaleureusement. Elle est gentille.

J'entends Pandore miauler de derrière la porte lorsque j'arrive là-haut et je râle en rentrant dans l'appartement.

— Je suis parti à peine trois heures Pandore, c'est rien ! T'as faim c'est ça ? Viens mon petit -

Je me retourne pour faire enfin face à la pièce et quand je vois Logan dans le canapé, mon cœur fait un bon. En avant, en arrière, j'en sais rien. Peut-être bien qu'il cogne dans tous les sens, à dire vrai.

— Qu'est ce que tu fais ici ?!

Ma voix est légèrement haut perchée, mais finalement, des que j'accepte la situation, je me précipite sur lui pour aller me blottir dans ses bras sans le blesser.

Quand Pandore miaule à la porte, je sais qu’il arrive enfin et mon cœur s’emballe. En moins de dix secondes il est dans mes bras alors je le serre tendrement et j’embrasse ses lèvres.

— Surprise !

J’embrasse encore ses lèvres.

— Hier soir on m’a dit que je pouvais sortir aujourd’hui alors je me suis dit que je pourrais te surprendre. Ils ont tout noté, hein, ne t’inquiète pas. Les traitements, les soins, les rendez-vous à venir, ceux à prendre... J’ai au moins trois feuilles A4 qui en fait te sont destinées.

Je dis en riant un peu.

Je rigole parce que je sais que c'est moi qui vais m'occuper de tout ça, mais là tout de suite, ce n'est pas ça qui me préoccupe.

— On verra plus tard ! Pour l'instant t'es là. Pour de vrai ! Je vais pouvoir dormir sur toi ! Te faire chier parce que je ne trouve nulle part ton ouvre boîte et même pouvoir crier ton prénom ! On va me répondre !

Je l'embrasse tout en souriant. C'est complètement irréaliste de le revoir ici et c'est d'autant plus fou pour moi que je ne m'y attendais pas.

— C'est une surprise génial mon Amour ! Surprends moi plus souvent si c'est si génial à chaque fois !

Je ris face à son enthousiasme. Moi aussi, je suis content de le retrouver, de récupérer notre intimité, notre cocon.

— Tu vas rire, mais j’ai pas d’ouvre boîte.

Pandora saute souplement sur Adam et ronronne sur ses genoux.

— Je note que tu aimes les surprises. J’essaierais d’être créatif.

— Mais comment je suis censé faire à manger à un homme qui n'a meme pas les basiques de la cuisine chez lui ?

Je lève les yeux au ciel avec un drame absolument pas exagéré.

— J'adore ça ! Mais je peux devenir très chiant si tu laisses entendre que t'en prépares une, sans m'en dire plus. Je te préviens au cas où, tu vois.

Mon rire envahit la pièce, mélange évident de joie et de soulagement.

— T'as vu comme j'ai tout bien rangé ! Pandore n'a mis le bordel nulle part et moi, je me suis un peu installé dans trop t'envahir. J'ai juste utilisé le petit bureau dont tu m'avais parlé !

— Depuis quand le Adam que je connais cuisine des boîtes de conserve ?

Je demande avec un sourire taquin. Pour les surprises, pas de risque que je lui en parle. Je le connais bien, je crois que j’imagine assez à quel point il peut devenir insupportable. Alors... comme aujourd’hui, il ne sera au courant qu’au moment même de la surprise.

— Bon... je suppose qu’elle peut rester alors.

Je dis en souriant. Je ne suis pas très chat mais vu sa complicité avec Adam, je m’y fais assez vite. Ils sont adorables.

— Tu peux m’envahir autant que tu veux, chaton. Je veux que tu te sentes bien ici.

— Agnagna. Il a besoin de boîte de conserve depuis qu'il oublie d'acheter des légumes parce qu'il avait perdu l'habitude de le faire ! Les tomates en boîte, ça dépanne pour faire une sauce !

J'ai passé un an à faire pousser mes propres légumes dans mon potager alors forcément, je n'ai pas encore repris l'habitude d'acheter des légumes. Ça reviendra, je ne me fais pas de mal pour ça. Et puis, manger des conserves, c'est peu cher payé pour avoir retrouvé l'amour de ma vie.

— Encore heureux qu'elle peut rester ! Sinon je repartais avec elle de là où on vient ! C'est pas ma mère qui serait mécontente, mais bon.

Je rigole, alors que j'ai conscience que ma mère a eu un micro espoir que je revienne vivre à la maison quand j'ai quitté Max. Ça n'a même pas été le cas quelques jours.

— Je m'y sens bien, vraiment. J'ai tout un tas de souvenirs de toi et de nous ici, c'est tellement agréable. Et tu fais tout pour que je me sente à l'aise ! Tellement que justement je suis plus ici que chez mes parents !!!

— Alors on achètera un ouvre-boîte.

Je secoue la tête quand il me dit qu’il serait reparti. Certainement pas, non. Personne ne repart et certainement pas lui. Je crois que je suis rassuré qu’il se sente bien ici parce que c’est petit malgré tout et qu’il vivait certainement dans un peu plus grand que ça avant.

— Si tu te sens bien, c’est tout ce qui compte.

Je n’ai pas eu beaucoup de bon souvenirs ici, récemment, mais je suppose qu’après un moment il remplacera mes mauvais souvenir par des agréables.

— T’as besoin de faire les courses d’ailleurs ? Quelque chose ? Les boutiques ? Sortir un peu ?

— J'ai fais des courses hier en sortant de l'hôpital. Je me disais que tout serait prêt pour quand tu allais sortir comme ça. Et comme c'est le cas !!!

Je l'embrasse avec amour à ces mots.

— Les placards sont remplis, le frigo aussi et je me suis permis de prendre quelques trucs à côté, pour le ménage et tout ça. J'me souviens plus quoi. Faut bien que ma bourse d'excellence nous serve un peu, comme j'y ai quasiment pas touché en réalité.

Je précise pour qu'il ne se demande pas d'où sort l'argent, alors que lui n'en a plus et que moi, je ne bosse pas. Avec Max, il était compliqué pour moi de sortir beaucoup d'argent sans qu'il me rappelle que je n'étais pas obligé de le faire et qu'il s'en charge. Au moins, là, ça nous permets d'avoir un peu de quoi faire.

— Tu peux sortir toi ? Ou y'a un certain nombre de jours ou tu dois éviter de marcher ? T'en as peut-être marre d'être enfermé ? Sinon sans faire de choses folles, on peut toujours aller de poser au parc ou aller au ciné pour que ça nous sorte un peu !

Il m’explique pour la bourse et ça ne me plaît pas trop. Même si je ne manque pas de le remercier.

— Mais je préférais quand même que tu ne touches pas à ta bourse, ok ? Tout cet argent peut te servir dans tes projets professionnels plus tard. Si tu veux partir quelque chose, ce sera plus facile avec un apport.

Je vois qu’il s’apprête à protester alors je lui coupe l’herbe sous le pied.

— Quitte à trouver un petit boulot à côté, d’accord ? Je ne suis pas contre ta participation, au contraire. On a besoin d’argent, c’est vrai, mais pas à ce point-là, d’accord ? Je connais le conservateur du musée. Je sais que si tu l’appelles de ma part, il te trouvera un boulot. Même si c’est juste le samedi matin, ce sera suffisant. J’ai quelques aides moi aussi.

Je ne veux surtout pas qu’il croit que je vais l’entretenir et l’empêcher d’être indépendant au sein de notre foyer. Par contre, je veux qu’il comprenne à quel point c’est important de ne pas vivre sur ses économies.

Quand il me propose de sortir, j’acquiesce rapidement. Je n’en peux plus d’être enfermé.

— Je dois éviter de marcher au maximum encore une bonne semaine avant que la rééducation ne commence. Pas de béquilles non plus pour ne pas risquer que je prenne de mauvaise posture pour l’instant. Sauf pour les escaliers ou les déplacements dans l’appartement. Pas de longue marche. Mais... comme je sais que je pèterai trop vite un câble, j’ai accepté qu’on me prête un fauteuil. Alors si tu veux bien sortir ton papy, ce sera avec plaisir.

J’ai vraiment envie d’être vite sur pied alors je ne vais pas faire l’imbécile. Quitte à mettre ma fierté de côté quelques temps.

J'acquiesce quand il me parle finalement d'un petit boulot. J'avais l'intention d'en prendre un l'année dernière avec les trois jours de cours uniquement, mais je n'en ai pas eu besoin. Et avec le bracelet de Gabou, je préférais mille fois être avec lui au début. Mais pour cette année... Surtout qu'il a raison au fond. Même si je grogne, ma bourse pourrait m'être utile plus tard.

— J'irais au musée alors. Et je ferai un crochet pour la bibliothèque aussi. Peut-être qu'eux pourraient être intéressés pour les jeudis et vendredis soirs une fois que j'aurais repris les cours, comme ce n'est ouvert que quelques heures. J'avise et je vois, mais je prends note. J'ai tout l'été pour bosser aussi, ça pourrait nous aider un peu !

Je souris parce qu'etonnement, tout ça me fait sentir plus adulte. Je vais chercher un travail, étudiant certes, mais pour me permettre de vivre confortablement et c'est gratifiant par avance.

— J'appelle ma mère et on fait une réunion si tu veux. Moi et mon papy, et elle et son équipe de bras cassés !

Son regard en dit long et j'explose de rire en imaginant la scène. Ma mère serait aux anges en plus, c'est ça le pire. Mais ni moi ni Logan ne le souhaitons en réalité.

— Maintenant ça te dit ? On a assez de choses dans les parages pour tout faire à pied, sans avoir besoin de prendre la voiture pour le moment !

Il a l’air emballé par cette idée de boulot alors ça me convient et je suis assez fier de le voir devenir l’homme qu’il semble vouloir être. Je ne veux pas le materner parce que ce n’est pas un bébé que je recherche, mais je n’en resterai pas moins protecteur. Il a juste besoin d’être adulte et de se sentir homme. Ce n’est pas parce qu’on a dix ans d’écart qu’il doit aussitôt être moins important que moi dans notre couple.

Quand il me parle du groupe de Madeleine, je lui jette un regard noir et je suis bien content de ne plus y être trainé de force.

— Ça me dit, oui. On va se balader au bord du canal ? Au moins je sais que là-bas c’est aménagé pour les fauteuils.

Les rues pavés, ce n’est pas ce qu’il y a de plus praticable et White Falls en regorge.

Ça aura été laborieux de descendre avec le fauteuil et sans que Logan ne se fasse mal, mais nous y sommes arrivés.

— Attends ! On va pas se promener avec tes béquilles alors qu'on a le fauteuil !

Sans perdre une seconde, je vais donner chez la petite mamie en bas et alors que j'attends devant sa porte, je me dis que Maximilien aussi m'aura fait grandir finalement. Je suis peut-être un peu moins sauvage que je n'ai pu l'être à une époque.

— Adam !
— Bonjour madame Grimaldi ! Je peux vous demander un service ?
— Bien sûr, je t'écoute.
— On laisse nos béquilles dans le hall, pour ne pas trop être encombré en nous baladant. Si jamais ça gêne un des résidents, vous pourriez lui dire qu'on n'en a que pour quelques heures ?

Elle acquiece avec un grand sourire et salut Logan au passage, avant de refermer la porte.

— Prêt pour l'aventure ?

Adam prend les choses en main, même si je le vois galérer comme jamais, il est déterminé et ça me fait vraiment rire. En rentrant, on laissera le fauteuil dans le local vélo. Comme il ferme, à priori, personne de l’immeuble ne risque de l’emprunter.

M’installer dedans me rappelle de mauvais souvenir, mais je n’en dis rien. Il y a des choses dont je n’ai pas envie de parler pour le moment. L’important c’est qu’on soit dehors, tous les deux, et que je puisse récuperer le plus vite possible.

— Prêt, ouais.

J’attends qu’il vienne à côté de moi pour qu’on avance. Il me poussera quand je serais fatigué, pour l’instant, c’est une bonne excuse pour travailler mes bras et mon dos.

— C’est moi où t’es moins sauvage ?

Je demande en faisant référence à sa brève conversation avec la voisine qu’il a dérangé de son plein gré.

Il prends les choses en main quant à son fauteuil et je trouve ça bien, alors je le laisse faire volontiers. J'espère simplement qu'il saura me demander de l'aide s'il finit par en avoir besoin. Mais j'ai bon espoir que ça marche ainsi entre nous, maintenant.

— Je suis moins sauvage.

Je rigole en me demandant si je dois taire la raison, puis je hausse les épaules. Je vais pas faire un trait sur un an de ma vie pour ne pas froisser Logan.

— J'ai vécu un an avec un homme qui accoste des gens dans la rue et leur parle au bout de cinq minutes comme s'ils étaient potes depuis toujours. Il a invité le quartier entier chez 'ous limite. J'ai pas eu le choix que de me sociabiliser. Et je trouve ça chouette de temps en temps, en fait !

Quand il m'explique la raison, peu importe si ça vient d'un autre, c'est très positif pour Adam alors je ne râle pas. Au contraire.

— C'est bien, chéri. C'est important, surtout avec le métier que tu veux faire. Mais soit sans crainte, ce n'est pas moi qui inviterait tout le quartier à la maison.

Je suis sociable, je n'ai aucun mal à aller vers les gens, par contre, je ne suis pas non plus dans l'excès et j'aime quand même mieux la tranquillité d'un foyer que de se perdre dans une nuée de gens qu'on connait à peine simplement pour avoir l'air occupé ou intéressant et avoir quelque chose à se dire le soir.

— Tant mieux ! Je me suis fait aux gens, mais y'a des limite ! Je ne sais pas si j'aurais pu me faire au fait de rentrer chez moi et d'y trouver régulièrement des inconnus assis à ma table. Ok, j'aime mon prochain, mais quand même.

J'ai eu le temps de penser pas mal à Max après avoir vu Edouard en ville la dernière fois et même si je m'en veux terriblement de ce que j'ai pu lui faire, jai eu la confirmation que j'avais pris la bonne décision. Évidemment que je suis fou amoureux de Logan, ça a été le coup de foudre dès le premier regard et jamais je n'aurais pu l'oublier. Mais au delà de ça... Je crois que la vision de la vie avec Logan semble bien mieux me correspondre que celle que j'avais avec Max.

— J'ai envie de devenir la personne que je souhaite vraiment être. De penser un peu plus à moi avant de penser aux autres pour être moins pris pour un con, mais aussi de faire mes propres choix sans avoir peur de ce que les gens en diront. Ça me permets d'etre avec toi aujourd'hui, alors je me dis que c'est forcément positif !

Je lui souris et j'acquiesce parce que, en effet, il ne peut pas prendre meilleure décision que celle-là. Je crois que je ne me serais pas relevé, s'il n'était pas revenu. Je sais que je vais encore avoir des périodes difficiles à venir, que j'aurais envie de tout lâcher parce que je n'avancerai pas au rythme que je veux, mais je n'aurais plus de raison de tout arrêter. Pas que je sache, en tout cas. Quand j'ai réalisé qu'on était neuf mois plus tard et qu'il était fiancé... Je n'ai même pas de mot pour décrire ce que j'ai ressenti. C'était comme si, une fois de plus, je passais à côté de la vie que j'aurais dû mener, alors que cette fois-ci, ce n'était pas de mon fait.

— L'important c'est que tu sois heureux. Et, égoïstement, c'est encore mieux si je fais partie de l'équation.

— T'as toujours fais partie de l'équation.

Je souris tendrement. L'équation est réelle aujourd'hui, il n'y a plus d'inconnu. Il n'y a plus seulement des souvenirs et des espoirs brisés.

— Je pense que tu me connais assez maintenant pour savoir que m'embarquer dans une histoire avec un homme marié, c'est pas vraiment mon genre. Même avant de tomber sincèrement amoureux de toi, j'arrivais pas à imaginer ne plus te voir. Alors imagine quand j'ai reçu ce SMS et que j'ai vu qu'il venait de toi...

Je me revois, le soir même de la crémaillère de l'église, le soir même où Max m'a parlé du dossier pour la demande de GPA. A quelques semaines prêts, qui sait ce qu'il se serait passé.

— J'ai tout gardé pour moi. Personne n'était au courant que j'avais reçu ces messages et que je t'avais revu. Tout le monde me trouvait bizarre, Max en premier, mais j'arrivais pas à faire comme si rien ne s'était passé. Je crois que je savais pertinemment ce que je voulais, mais que l'idée de faire autant de mal Max était trop dure pour que je veuille y penser vraiment. Puis t'es arrivé à ce putain de groupe de paroles et Gabriel a compris. Même un an après, tu avais toujours la même place dans l'équation.

Son discours me rassure, même si j’étais déjà très rassuré de par sa présence et le fait qu’il quitte tout pour moi sans réfléchir. Enfin, pas trop longtemps. Il a eu le courage que je n’ai pas eu et j’apprends beaucoup de lui sans qu’il le sache vraiment.

— Je crois qu’avant toi, je n’étais jamais tombé amoureux à ce point-là. Jamais. Avant toi, jamais je n’avais autant eu envie de fonder quelque chose et de me battre pour quelqu’un. Je n’aurais pas laisser tomber. Je ne t’aurais pas laissé tourner la page, te marier ou avoir des enfants avec ce gars-là.

Je m’arrête ne plein milieu de la rue. C’est un faux plat, je n’en peux plus.

— Prends le relais, homme.

Je dis en riant, essouflé.

— J’ai hâte de me remettre au sport là.

Quand il s'arrête pour que je prenne le relai, j'en profite pour glisser mes bras autour de son cou et déposer un baiser sur sa tempe.

— Je suis heureux de t'avoir enfin retrouvé, mais je crois que j'aurais beaucoup aimé voir comment tu t'y serais prit pour m'empêcher de me marier ou d'avoir des enfants avec lui si j'avais été plus long à la détente.

Je rigole comme un con, alors que je me sens sur un petit nuage. C'est nouveau pour moi. Non seulement de voir Logan démonstratif comme ça, mais aussi de prendre conscience qu'en réalité c'était moi qu'il avait choisi et que ça paye enfin aujourd'hui.

— En attendant que tu retrouves ta carrure de champion, laisse-moi faire. J'en profite, ça risque d'être le seul moment de toute ma vie où j'ai plus de masse musculaire que toi !

J'attrape son fauteuil et on se remets en route vers le canal.

— T’inquiète pas, va. Je suppose que t’aurais l’occasion de voir toute l’étendue de mon talent quand j’aurais des crises de « si tu parles encore à ce mec-là, je le démonte ». Je sais être convainquant quand je veux capter l’attention de quelqu’un.

Je dis en riant.

— Profite, va. Puis c’est agréable que ce soit toi qui t’occupes de moi et pas un inconnu qui a presque pitié.

Parce qu'en plus un Logan jaloux ça existe ? J'avais eu une petite vision de ça envers Gabriel lors de ma soirée improvisée, mais je ne pensais pas que ça allait plus loin.

— C'est vrai que mon attention tu ne l'as pas souvent, alors vaudra mieux pour toi que tu saches me convaincre !

Je lève les yeux au ciel alors qu'il ne peut pas me voir et tendrement, ma main vient caresser les cheveux dans sa nuque.

— Maintenant je suis là, et y'a plus d'inconnu qui tienne ! Crois-moi ! Et d'ailleurs, tout le monde n'avait pas pitié tu sais. Je sais pas ce que vous avez foutu mon frère et toi, mais il a envie de faire une formation d'aide à la personne. Genre il s'est découvert une vocation en t'aidant je crois, il s'est déjà renseigné et tout.

Je souris sans pour autant répondre ; son frère à l’air d'être un chouette gamin, malgré son fort caractère. Mais je n’ai pas particulièrement envie de débattre sur qui me prenait en pitié ou non.

— Je suis sûr qu’il va faire carrière là-dedans. Les gens qui auront la chance d’être ses patients auront du mal à le lâcher.