Summer Time - Adam & Logan

Oh la honte... Je me sens tellement bête que je voudrais m'enfoncer sous terre.

— Je peux te dire quelque chose avec l'assurance que tu te moqueras pas de moi ?

Je demande sérieusement, tout en nous amenant tous les deux dans le canapé. Une fois écroulé dessus, je me blottis dans ses bras, mon dos contre son torse.

— Pourquoi tu veux que je me moque ?

Je demande en caressant ses cheveux avec tendresse.

— Quand on s'est rencontré, la seule expérience que j'avais, que ce soit sentimentale ou sexuelle, c'était avec Max. On avait 15 ans quand on s'est mis ensemble et c'était nos premières fois. Autant te dire qu'à nous deux, on s'est pas transmis bien des connaissances et que le jeu de séduction était pas super intense.

Je rigole doucement, repensant à tout ca. Jamais j'oublierais tout ce que j'ai pu vivre avec Max et même si je comprends qu'il ne veuille plus entendre parler de moi, il garde une place particulière dans mes souvenirs.

— Donc t'imagines bien que j'ai eu besoin des conseils de personnes expérimentées. Mon frère, en l'occurrence. Et mon dieu, si tu savais à quel point mon frère sait énormément de choses sur nous, tu me balancerais par terre.

Je me blottis un peu plus contre lui pour faire passer la pillule, même si le pire ce sera quand il apprendra pour cette fameuse soirée ou Gabou s'est fais passer pour un mec qui me draguait.

— Il m'a très clairement dit qu'un plan cul, fallait pas que ce soit chiant et que ça assure un minimum sinon t'allais me jeter. Alors bah... Il est possible qu'a défaut d'être mediocre, j'ai essayé d'être moyen. Et quand j'ai appris pour Moïra, ça a été encore pire. Je me suis mis une pression de dingue et je me disais que si j'étais nul, tu me jugerais en plus tu me jeter. Alors... Je crois que j'y pensais beaucoup trop pour me lâcher vraiment. Aujourd'hui, j'ai plus peur que tu partes à cause de ça. Et ça veux pas dire que je veux pas te faire plaisir à toi aussi ! Juste... Je sais que je ne suis plus seulement ton plan cul, donc forcément je me suis libéré de ça.

Je l’écoute attentivement et, plusieurs fois, j’ai eu envie de l’interrompre. Mais je crois que c’est important pour lui alors je l’écoute avec attention.

— Ton frère avait raison, je suppose. Mais contrairement à ce que tu penses, t’étais loin d’être nul. Et je crois que c’est ce que j’aimais aussi chez toi. Ta timidité, cette espèce de pudeur que tu avais. T’as toujours mis des sentiments dans tout ce que tu faisais et je crois que c’est ce qui me plaisait aussi.

Je dépose un baiser sur sa tempe.

— Je dis pas que c’est mieux maintenant, hein. Je dis que c’est différent. Tu t’écoutes plus, c’est bien ptit cœur. Je crois qu’au fond t’as toujours été plus qu’un plan cul.

— Je crois que je suis incapable de ne pas mettre de sentiments dans ce genre de choses. C'est trop important à mes yeux.

J'accueille son baiser sur ma tempe comme une invitation à poursuivre, mais lorsque j'entends ce qu'il me dit, mon estomac se tord doucement. Logan a été un véritable coup de foudre pour moi et si des sentiments transparaissent de mes gestes, c'est qu'ils ont très vite été réels.

— Tu sais... J'ai toujours cru que j'aurais qu'une seule et unique personne dans ma vie. Que ce serait la bonne, qu'on se marierait, qu'on aurait des enfants et que je ne connaîtrais qu'elle. Ça c'est pas passé comme ça et tant mieux. J'aurais pu passer ma vie avec Max s'il n'était pas parti à Paris y'a des années, alors que c'est pas lui ma personne. Je l'ai compris quand je t'ai rencontré. Je me suis attaché à toi tellement vite et tellement fort que j'étais incapable d'expliquer moi-même ce qu'il se passait. Je croyais que le premier amour durait toujours, mais je savais pas que le coup de foudre était mille fois plus fort que ça...

Je me retourne pour lui faire face, les yeux qui doivent briller d'un amour incommensurable.

— Et en plus je suis hyper niais, comme tu peux le voir.

Je souris.

— Plus que niais, oui. Mais c’est un truc que j’aime bien chez toi. Mais si tu veux tout savoir, j’étais pas du genre à croire en l’amour alors quand j’ai réalisé que, si, on pouvait le trouver, j’me suis senti vraiment con avec ma famille de façade. Mais ce qui compte c’est qu’on est enfin tous les deux.

J'hoche la tête en venant embrasser ses lèvres.

— Au moins, on sait comment c'est ailleurs et comment c'est quand on n'est pas tous les deux. Je crois que ça va nous souder encore plus.

J’acquiesce. L’espace d’un instant, je me perds dans mes pensées.

— Faudrait que j’essaie de reconduire.

Je dis sérieusement. Je crois qu’on a évité le sujet depuis des mois, mais aujourd’hui j’ai réalisé que c’était compliqué.

Je me recentre tout de suite, attentif.

— Si tu te sens prêt, tu pourrais en effet. Ma voiture est là pour toi. Et si ça peut te permettre d'être plus à l'aise ou de te rassurer, je t'accompagnerai avec plaisir. Enfin, tu vois ce que je veux dire.

Je souris tendrement.

Je hoche la tête.

— Je crois que je préférerais essayer seul au début. J’étais pas bien dans la voiture de l’agent immo, j’avais des sueurs froides de peur qu’il rate une priorité.

C'était donc ça, le problème dans la voiture. Je dépose un baiser sur ses lèvres, juste aimant, pour lui montrer qu'il n'est pas seul.

— Je pensais pas que ça te stressais autant... Ça te fais pas pareil avec moi pourtant, non ?

Je demande, incertain.

— Alors quand tu te sens prêt, tu prends les clés. Elles sont à toi, y'a aucun souci.

— Non.. j’en sais rien. Y a des endroits que j’aime pas passer, c’est sûr, mais je me pose pas la question avec toi. Là c’était un inconnu.

Je soupire.

— Ça me gonfle. Si j’avais été en tort, je me serais mis à respecter le code de la route. Là...

— Là tu te mettra à le respecter aussi !

Je réponds tout de suite en fronçant les sourcils. On va où là ?

— Premièrement parce que c'est plus sûr pour toi et que c'est pour ta sécurité. Et deuxièmement parce que t'as pas envie d'être responsable et de causer du tord à des gens qui, comme toi, n'ont rien demandé !

Je le regarde avec un air un peu surpris et je me redresse pour qu’on ne soit plus en contact.

— Là... je le respectais et c’est quelqu’un qui m’a percuté. Donc j’ai peur partout. J’ai pas besoin de tes leçons de moral. J’suis pas un abruti qui roule à 120 au lieu de 50 et qui grille les priorités en espérant que ça passe. Bien sûr que je respecte le code de la route ! C’est pas ce que je sous-entendais. J’te dis que j’ai peur de conduire parce que même en faisant gaffe j’ai failli crever et tu me gonfles avec tes mises en garde, t’es pas bien ou quoi ? T’étais encore à la maternelle quand j’ai passé mon permis, alors crois pas que tu m’apprends un truc là.

— Je suis désolé.

Ma voix est faible et je ne sais même pas quoi répondre d'autre. Logan vient de se dégager de mes bras comme si je le brulais et sa remarque sur mon âge est tellement innatendue que je suis sur le cul.

— Je croyais que tu disais que comme t'avais pas été en tort, tu t'en foutais et que t'allais pas te mettre à suivre le code de la route aujourd'hui pour autant. J'suis peut être un gamin, mais ça m'empêche pas de tenir à toi et de vouloir que tu sois en sécurité...

Je me redresse a mon tour pour embrasser brièvement sa joue, en espérant qu'il ne se recule pas, puis je me lève pour aller préparer à manger. Ça va m'occuper et me permettre de réfléchir à mes conneries. Je me sens tellement bête.

— Je voulais pas passer pour un con qui s'en fout que t'ai peur, c'est pas du tout le cas et j'espère que tu le sais.

Je ne supporte pas d’être materné sur ce genre de choses et je m’en rends compte maintenant. Alors je le laisse se lever, je me calme dans mon coin parce que, oui, je sais qu’il ne veut que mon bien, mais qu’il aurait pu réaliser avant de le dire que c’était idiot de penser que je ne respecterais pas le code de la route après cette putain d’année de merde.

Quand je vois qu’il tourne sur son portable, près de la plaque électrique, sans savoir où se foutre, j’attrape également mon portable pour lui envoyer un message.

SMS de Logan à Adam
Un câlin, peut-être ?

Je me sens bête d'avoir réagi sans prendre la peine d'analyser ce qu'il disait, surtout pour finir par le blesser.

Mal à l'aise, je me retrouve finalement à faire chauffer de l'eau pour nous faire des pâtes. Je farfouille sur mon téléphone en même temps sans trop savoir quoi faire, j'envoie un message à maman et Gabou pour leur demander comment se passe leurs vacances, puis je finis sur des applis à la con pour m'éviter de tourner en rond.

Quand mon téléphone vibre dans ma main et que je lis le message de Logan, je souris doucement. Sans attendre une seconde de plus, je lâche mon portable et je vais le rejoindre sur le canapé qu'il n'a pas quitté. Mes bras l'entoure et je cache mon visage dans le creux de son cou.

— Pardon mon cœur. Je tournerais la langue sept fois dans ma bouche avant de parler la prochaine fois !

Je l’entoure de mes bras pour lui faire un câlin.

— J’aurais pas dû te rappeler notre différence d’âge comme ça, c’était pas malin.

Je souris doucement contre sa peau.

— En fait je sais qu'on a quinze ans d'écart et je sais que sur certains points ça peut être compliqué, mais j'avoue que dit de cette façon c'est pas la chose la plus sympa à entendre.

J'embrasse son cou.

— Mais c'est moi le premier à avoir manqué de tact, donc bon. On n'est pas malins et voilà.

Je glisse une main dans son dos, sous son t-shirt.

— T’es un peu mon bébé, au fond.

Je dépose un baiser sur son front.

— Sur quel point ça pourrait être compliqué, ces 15 ans ? Puis d’ailleurs seulement 14 étant donné que je suis mort pendant presque un an.

J’ajoute en riant.

Je hoche la tête, affirmatif. Bien sûr que je suis son bébé malgré tout.

— Je sais pas moi, sur pas mal de choses j'imagine... Je suis encore étudiant, alors les contraintes de la vie active je connais pas forcément. T'as vécu 15 ans de plus que moi, alors forcément que des choses nouvelles pour moi te sembleront rébarbatives, peut-être même que ce sont des choses qui te feront royalement chier. Puis j'ai conscience qu'avec mes vingts deux ans là, je me vois bien avoir dix enfants, mais t'en auras certainement marre bien avant que ça arrive.

Je rigole, parce que dans les faits je ne veux pas dix enfants, mais j'espère qu'il voit ce que je veux dire.

— Et on s'en fout dans les faits, tant qu'on est heureux. Mais je suppose que parfois, on s'embrouillera sur des choses qui font que notre écart d'âge jouera beaucoup.

Je me relève juste assez pour pouvoir embrasser ses lèvres.

— Arrête c'est pas drôle ! Moi je te croyais enfuis en Ecosse avec l'autre cinglée, j'ai vécu ça comme un drame, alors que c'était bien pire.

Je comprends ce qu’il veut dire et ça me fait sourire.

— C’est pas parce que t’es avec moi que tu dois grandir plus vite, d’accord ? C’est vrai que j’approche de mes quarante ans alors que t’es encore loin de la trentaine et, dis comme ça, c’est effrayant, mais je crois que c’est notre différence d’âge qui fait qu’on est aussi complémentaire. Peut-être que j’ai plus de vécu, mais tu me fais voir la vie avec les yeux de ta génération et j’ai beaucoup de choses à apprendre de toi.

Je caresse l’arrête de son nez du bout du doigt.

— Des enfants on n’en aura pas dix parce qu’on n’aura pas les moyens, ni le temps, ni... ni plein de choses. Peut-être qu’on n’en aura qu’une. Ou deux. Mais tu verras que si tu veux garder une vie active et une vie de couple, et ne pas être qu’un papa, c’est vite très compliqué. Tu seras celui qui ramènes le salaire à la maison, mon bébé. Parfois il vaut mieux avoir une petite famille qui ne manque de rien et pour qui on a dû temps, plutôt qu’une grande famille où les plus grands élèvent les plus petits parce que les parents ont du mal à joindre les deux bouts et à payer des fringues à tout le monde.

J’ai l’impression qu’il a peur qu’on n’ait pas d’enfant, finalement. Et je ne veux surtout pas qu’il pense que ce sont des paroles en l’air. Je l’aime trop pour lui mentir à ce sujet.

— Peut-être que notre différence d’âge causera de petites disputes parfois, mais nous avons les mêmes valeurs et les mêmes ambitions pour notre vie à deux. Je crois que c’est ce qui compte.

Je le regarde avec tendresse.

— Je t’aime, t’as pas idée à quel point.

Je comprends ce qu'il veux me dire et ça me fait sourire tendrement. Tout ce dont il parle là, tout ce qu'il laisse entendre, ce ne sont pas des fioritures ou des bouts de vie impossible à mettre en place. Logan et moi, nous avons la chose la plus importante pour créer notre foyer et notre famille : l'amour.

— Je veux que nos enfants soient heureux. Ou notre enfant si ça doit se faire ainsi. Mais je voudrais qu'on soit une famille heureuse, et nous deux également. Ça me ferait trop de peine d'être le reflet de ces couples qui s'éloignent à cause de leurs propres enfants et de ce qu'ils ont créés eux même.

Je glisse mon nez dans sa main, alors qu'il le caresse.

— J'ai jamais connu ça, alors j'écoute volontiers tout ce que tu peux m'en apprendre. Même si j'imagine qu'avec le temps, on saura trouver notre équilibre et que ça nous semblera évident. C'est tout ce que j'espère. Qu'on soit deux entités différentes, avec des envies parfois divergentes, mais unies en toutes circonstances.

Je sens que cette journée est l'apothéose des émotions positives lorsque je me rends compte que j'ai versé ma petite larme.

— Je crois que je commence à me faire une idée.

Je réponds avec un baiser qui veux en dire long.

Tout l’amour que je ressens pour lui me frappe un peu plus chaque jour. C’esr nouveau pour moi d’aimer à ce point et je sais dès maintenant que je ne serais heureux qu’avec lui à mes côtés.

Je le garde contre moi un long moment, lui faisant plein de papouilles. C’est l’eau qui bout trop qui nous ramène à la réalité. Je dépose un baiser sur son front.

— J’y vais. Va te doucher, je fais à manger.

Je ne débats pas bien longtemps lorsqu'il se propose pour prendre la suite du repas. Je prends rapidement une douche et ça permets de revenir doucement à la réalité des choses, tout en faisant un point sur ma journée.

Jamais je n'aurais cru ce matin en me levant qu'on aurait visité des appartements, fait une offre pour une maison et que j'aurai confié de telles choses à Logan. C'est comme si notre vie était un calendrier de l'Avent : chaque jour une nouvelle surprise nous attends.

Je dois philosopher plus longtemps que prévu parceque lorsque je ressors de la salle de bain, juste avec mon boxer et un t shirt xxl trouvé parmi tous les autres, Logan est déjà en train de nous servir.

— Merci beaucoup Mr Wheeler.

Je glisse à son oreille en venant l'embrasser sur la joue et en passant un bras autour de sa taille.