Surprise... — Austin & Gabriel

Je me sens agacé, parce que c'est douloureux pour moi et qu'il ne comprend pas.

— Oui.

Oui, je veux sortir, je me détache de lui et sans le réaliser alors qu'on a pied, je pars en nageant vers l'échelle. Quand j'en prends conscience, je m'arrête immédiatement, je me redresse. Je sens mon coeur battre plus vite, comme si je retrouvais quelque chose que j'avais perdu, comme si c'était un petit plus facile de respirer. Je me retourne lentement vers lui, sans savoir quoi dire.

Il s’en va en nageant et la manière dont il s’est détaché de moi me brise le cœur. On ne se comprend jamais. Mais il a nagé et quand il s’en rend compte, il se tourne vers moi. Je ne sais même pas quoi lui dire.

— Ça va..? Tu as mal ?

— Je,

Je regarde autour de moi, je sens que j'ai les yeux qui brillent mais je ne vais pas pleurer.

— Je sais encore nagé... je sais encore nagé.

J’acquiesce avec un pâle sourire.

— Oui, tu sais encore nager. Et t’as toute la piscine pour toi si tu veux...

Je reviens vers lui en marchant, en gardant mon bras contre moi.

— Merci de m'avoir emmené ici.

Je lui adresse un petit sourire triste. J’ai l’impression que ce que j’ai fait n’est pas suffisant.

— De rien..

Je crois que j’imagine toujours le meilleur, tout le temps. À tel point que je nous imaginais rire, nager, faire les cons et pourquoi pas faire l’amour ici. Mais Austin n’est pas comme moi, je crois.

— On pourra revenir quand tu veux.

Je me rapproche de l’échelle pour qu’on puisse sortir.

Ça me fait de la peine car j'ai conscience que je n'ai pas la réaction qu'il espérait. Quand j'ai compris qu'on était ici, je n'aurais jamais cru que je serais capable de rentrer dans l'eau et pourtant...

— Est-ce qu'on peut rester encore un peu s'il te plait ?..

— Ne te sens pas obligé. J’aurais dû te prévenir et pas t’imposer ça.

Je me rends compte que j’ai l’impression d’avoir réponse à tout mais que c’est jamais le cas avec Austin. J’aimerais que ce soit plus simple d’être amoureux, j’aimerais qu’on passe plus de meilleur moment à ne se soucier de rien et à juste profiter de notre jeunesse. Et je n’ai pas envie qu’il se sente obligé de quoi que ce soit. Il n’est pas spontané comme moi, il n’est pas foufou comme moi non plus. Je crois que je n’ai plus envie de m’amuser de toute façon, je me sens idiot.

— On peut aller manger une glace si tu préfères ?

— Même si c'est dur de l'admettre... tu as bien fait de m'emmener ici. Si tu m'avais prévenu je n'aurais jamais accepté et je ne serais pas dans l'eau en ce moment. C'est dur c'est vrai car ça me rappelle ce que j'ai perdu mais grâce à toi, j'ai l'impression d'avoir fait un grand pas ce soir.

— Vraiment ?

J’hésite un peu avant de me rapprocher de lui.

— J’espère que tu vas réaliser que tu peux faire plein de choses encore.

— Vraiment.

Je dis en tendant mon bras pour l'attirer vers moi et embrasser ses lèvres.

— Je veux bien qu'on aille manger une glace.

Je souris contre ses lèvres et je le prends dans mes bras pour lui faire un câlin.

— D’accord. Alors on y va.

Il me prend dans ses bras puis on quitte la piscine, on récupère nos vêtements avant de rejoindre les vestiaires. Je ne peux m'empêcher de le regarder, entièrement nu, il est vraiment magnifique. Je me demande comment j'ai fait pour dormir dans le même lit que lui pendant des années, sans être attiré par lui. Je prends sa main et l'attire dans les douches.

— On ne peut pas se rhabiller sans enlever le chlore.

Il m’attire dans la douche sans que je ne m’y attende et je fronce les sourcils.

— Le chlore ?

Je lève les yeux au ciel avant de l’attirer contre moi pour embrasser ses lèvres.

— T’as pas trouvé mieux comme excuse ?

Je souris contre ses lèvres.

— C'est essentiel pour la peau, comment crois-tu que j'ai fait pour que la mienne reste douce ?

Je le prends dans mes bras et mes mains caressent son corps.

Je souris contre ses lèvres et j’allume l’eau alors qu’on rentre dans la douche.

— J’aurais jamais imaginé que c’était ça ton secret.

— La douche c'est juste une partie du secret.

On se laisse emporter par nos caresses, on fait l'amour sous la douche tendrement. Encore une fois je réalise à quel point je m'apaise dans ses bras. Quand on a terminé et qu'on s'essuie je l'embrasse aussi tendrement que je peux pour le remercier.

— Tu es prêt pour la deuxième partie ?

— La deuxième partie ?

J’ai encore la tête dans les étoiles de ce moment qu’on vient de partager alors j’ai un peu de mal à voir où il veut en venir.

— Ça va te plaire, assied toi ici.

Je dis en lui indiquant le banc pendant que j'ouvre mon casier, je réalise que même ce simple geste m'avait manqué. J'attrape le tube de crème hydratante et m'assoie derrière lui, j'embrasse son épaule avant de commencer à lui mettre de la crème.

— Ça va te plaire.

Je m’assois sans faire d’histoire et quand il commence à me mettre de la crème, j’affiche un large sourire.

— Tu mets de la crème tout le temps ?

— Hm, hm.

Je hoche la tête.

— Après chaque douche, sur le long therme le chlore peut finir par agresser la peau, c'est important de l'hydrater. Et c'est agréable.

Je passe à ses bras.

— C’est vrai que c’est agréable.

Surtout parce que c’est lui qui le fait ; autrement, y a peu de chance pour que je fasse ce genre de trucs de moi-même.

Quand j'ai terminé, je sens que j'ai mal dans mon épaule, je rabats mon bras contre mon torse et lui tend la crème avec un petit sourire.

— À mon tour ?

Je lui souris et je le laisse s’asseoir pour pouvoir lui mettre de la crème en retour. Je crois que j’apprécie qu’il m’ait toujours laissé prendre soin de lui, malgré sa blessure, parce que j’aime vraiment ça. J’ai l’impression d’être utile.

J’en profite pour masser délicatement son épaule et je l’aide à se rhabiller pour qu’il n’ait pas à trop bouger. C’est déjà beaucoup pour aujourd’hui.

— Voilà, t’es prêt !

Il me met de la crème et en profite pour me masser l'épaule, ce n'est pas agréable mais c'est important. Je sais qu'il faut que je prenne rendez-vous chez un kiné mais je n'y arrive pas. J'espère encore que le docteur Wheeler va réapparaitre. Il m'aide à me rhabiller et j'embrasse ses lèvres pour le remercier. C'est lui qui conduit jusqu'au glacier, depuis l'agression de mon père on évite le Starbucks, ils m'ont dit que je pourrais récupérer ma place si je le souhaite, mais je n'arrive pas à retourner là-bas. Finalement on prend des glaces à emporter et on s'installe dans le parc.

— Merci pour cette soirée.