Tout acte a des conséquences — Logan & Gabriel

Samedi matin, petite grasse matinée au top. On est réveillés par les enfants qui commencent à avoir faim et quand on se décide à se bouger pour nourrir nos progénitures, les parents indignes que nous sommes réalisent qu’il n’y a plus de lait. Même plus de céréales.

Après avoir calmé notre fou rire nerveux, on a largué les enfants chez papi et mamie qui, eux, avaient ce qu’il fallait et on a filé faire les courses. Il n’y avait pas de place proche alors Adam m’a largué devant le supermarché, parce que j’ai un peu mal aux hanches, et il est parti chercher une place.

J’attends depuis quelques minutes à peine quand je tombe sur Gabriel. Comme je fais comme si je ne l’avais pas vu, il s’approche et se poste devant moi.

— T’es sérieux ? Tu m’ignores ?
— T’es pas quelqu’un à qui j’ai envie de parler.

Je suis froid. Au fond, je crois que je m’en fiche qu’il soit égoïste, mais je ne supporte plus qu’il foute la merde puis rentre chez lui comme si de rien n’était.

— T’es un forceur, c’est bon ! Tu fais quoi là ? Tu t’es perdu ?
— Bah j’vais faire mes courses, à ton avis ?
— Tes courses ? Adam t’as toujours pas repris ?

Il demande en pouffant de rire.

— Si. Mais j’y suis pas retourné.

Il se calme instantanément.

— Quoi ? Pourquoi ?
— Parce qu’il m’a jeté comme une merde pour prendre ta défense alors que t’étais pas défendable. J’étais chez moi, t’as foutu la merde er il m’a viré.
— Mais attends, c’est rien. C’est pas grave.
— Il a fait ça devant les enfants. Il ne m’a pas demandé d’aller faire un tour, il m’a demandé de prendre des affaires pour partir parce qu’il ne voulait pas rester dans la même pièce que moi.
— Mais vous vous disputez souvent !
— Jamais comme ça.
— Et quoi alors ? Tu vas pas rentrer ? Tu vas le quitter ?
— J’y songe.

Il blêmit complètement. Je ne sais pas s’il se rend vraiment compte de ce qu’il pourrait provoquer, mais j’espère que ça le sonne un peu.

— Putain mais non ! Le quitte pas ! Sérieux c’est ma faute, t’es débile ou quoi ? En plus t’as été méchant toi ausi !
— T’as autre chose à dire ? Parce que j’ai autre chose à foutre, moi.
— Putain Logan !

Y'a des samedis matins ou on ne devrait même pas se lever. Après l'épisode des céréales, voilà que je finis par trouver une place à l'autre bout du parking et si je m'ecoutais, j'irais chercher Logan en lui demandant de fuir avec moi.

Mais la vie en a décidé autrement, surtout avec des enfants, alors j'attrape des sacs et de la monnaie pour si on se décide à prendre un caddie.

Quand j'arrive presque devant le supermarché, je vois que Logan n'est pas tout seul et je reconnais vite mon frère. J'ai peur, parce que je sais que Logan lui en veux encore énormément de ce qu'il s'est passé et Gabriel est si délicat qu'ils pourraient s'engueuler ici-même.

— Qu'est-ce que tu fais ici si tôt ? T'es tombé du lit ?

Je demande à Gabriel en venant tout de suite passer un bras autour de la taille de mon mari, au cas où je dois le retenir de tuer mon petit frère.

Gabriel nous regarde tour à tour, sans comprendre ce qu’il se passe.

— Il passait par-là. Je lui expliquais gentiment que chacun de nos actes pourraient avoir des conséquences imprévues.

Gabriel comprend et il n’est pas moins rassuré. Je dépose un baiser sur les lèvres d’Adam.

— Je vous attends à l’intérieur.

Je me défais de mon mari pour entrer. Je n’ai pas envie de faire du social, aujourd’hui.

Je regarde Logan partir sans comprendre, avant de reporter mon attention sur mon frère.

— Tu m'expliques ou je dois lui courir après pour comprendre quelque chose ?

GABRIEL

Je reste sans voix quelques secondes avant de secouer la tête.

— Nan, c’est rien. C’est entre nous. Juste.. j’me suis pas forcément bien comporté alors...

Je soupire.

— Je serai là pour Noël. Edouard est passé chez moi et on a parlé... fin bref, je viens. Donc faut pas vous stresser.

— D'accord. Je suppose que j'en saurais pas plus.

Je hausse les épaules sans chercher. Je demanderais à Logan.

— Toi comme moi. Il y a des choses qui ne sont pas passées, et comme j'ai pris ta défense même quand t'as appris aux enfants à insulter leur oncle, c'est un peu tendu. Il a abordé le sujet plusieurs fois, mais je devie parce que je sais que j'ai eu tort de rien te dire alors...

Je grimace, avant de sourire de toutes mes dents.

— Vraiment ? T'es décidé ? Oh putain je t'aime Gabriel. Vraiment très fort. Ça va être génial tu vas voir ! Mais... Attends, Édouard est passé chez toi ? Pourquoi ? Ça a été ?

Logan aime assez mon frère pour passer l’éponge mais j’ai deconné. Surtout avec les enfants. Je m’en rends compte.

— Ouais, très bien.

Je vois qu’il attend la suite.

— Non mais j’te dirai rien. Ça concerne Romie et moi, c’est tout. C’est juste qu’il a été au courant par hasard. Voilà.

Je soupire en levant les yeux au ciel.

— C'est entre Logan et toi, c'est entre Romie, Édouard et toi. Que de potins dans ma vie ce matin !

Je réponds avec sarcasme, mais en souriant malgré tout. Au moins, ça va mieux entre eux et c'est le principal.

— Je file, on a laissé les enfants à papa et maman parce qu'on a été dépassé par les évènements. Les placards sont vides, faut bien qu'on les remplissent ! On s'appelle Gabou !

Je vois Gabriel saluer son frère par la baie vitrée et j’attends qu’Adam me rejoigne pour qu’on fasse rapidement les courses. J’attrape sa main pour lier nos doigts.

— Je lui ai fait croire que je t’avais quitté à cause de ses conneries. Si t’avais vu sa tête, t’aurais eu un fou rire.

— Tu déconnes ? Il t'as cru ?

J'essaie de garder mon sérieux, mais c'est plus fort que moi et j'explose de rire.

— Il a du se sentir tellement mal et m'imaginer pleurer tous les larmes de mon corps ! Le pauvre !

Je ris en resserant ma main dans la sienne.

— Ouais bah ça l’a bien calmé.

Je réponds simplement. J’en ai marre de son attitude de gamin pourri gâté, surtout quand on sait qu’il peut-être bien plus que ça quand il le veut.

Je dépose un baiser sur son front.

— Bon... on leur prend des nuggets et des frites à midi ? Faut qu’on se fasse pardonner d’être aussi indignes...

— Tu m'étonnes.

Je réponds avant d'acquiescer à sa proposition.

—Ils méritent au moins ça, les pauvre ! J'arrive pas à croire qu'on ai oublié de d'acheter leur alimentation de base.

Je ris de nouveau, avant d'avoir un éclair de lucidité.

— Au fait ! Tu veux une bonne nouvelle ?

Je demande à Logan en venant l'embrasser. C'est spontané et naturel, de venir l'embrasser ici, comme avant.

—Mon frère vient pour Noël ! Chez Romie ! On va être réunis tous ensemble !

J’aime l’avoir contre moi. Avec moi. Ça fait une éternité qu’on n’a pas fait les courses ensemble et j’ai de nouveau l’impression qu’on est un jeune couple.

— Ah ouais ? Ça le prend comme ça... ?

— Édouard est passé le voir chez lui !

J'annonce comme si c'était la nouvelle du siècle. Et on n'en est pas loin.

— Soit disant que c'est entre eux et Romie, alors il n'a pas voulu m'en dire plus. Mais il l'a convaincu de venir en tous les cas.

Ça m'épate même d'Édouard, qu'il y soit encore allé, mettant son égo surdimensionné de côté.

— C'est dingue a quel point on peut changer quand on trouve la bonne personne.

Je fais remarquer, en pensant non seulement à Édouard, mais aussi à mon frère. Et peut-être aussi à nous deux.

— Je pense qu’on reste les mêmes mais qu’on apprend le compromis.

Je dis avec un petit sourire.

— Romie va être toute contente. Sacré Noël qui nous attend !

— Parfois ça va plus loin que ça, et je trouve ça vraiment beau. Et touchant.

Je souligne en souriant tendrement. Moi je passais mes dimanches à l'église avant, et pour Logan j'ai revu mon mode de vie. Lui il a toujours plus ou moins été voir ailleurs et avec moi, il s'est posé pour de vrai. Édouard laisse voir son cœur tendre. Mon frère a repris sa vie en main. Et toutes ces petites choses qui existent juste parce qu'on aime l'autre plus fort que notre propre vie.

— Je suppose qu'il lui a déjà dit et qu'elle est déjà ravie et en train de sauter partout ! Tu crois qu'elle aura besoin d'aide ? Je vais lui demander ! La pauvre, recevoir autant de personnes d'un coup ça fait beaucoup !

J’embrasse ses lèvres à plusieurs reprises. Il est tellement adorable avec ma sœur, parfois je m’en veux d’être aussi dur avec Gabriel. Mais, malgré mon agacement actuel, je l’aime, Gabi. Il est juste chiant.

— Sincèrement, je pense qu’elle va se faire aider par des professionnels. Si tu voyais le sapin qu’elle a fait installer dans l’église... tu vas en avoir plein les yeux. Les enfants, je n’imagine pas. Mais si tu lui demandes, je sais qu’elle sera ravie de faire les biscuits pour le père Noël ou organiser le dortoir pour les enfants. À mon avis, y aura un brunch le lendemain. Appelle-là, elle a prévu plein de choses. Edouard lui refuse absolument rien du tout.

Je m'exclame en imaginant tout ce qu'elle doit pouvoir faire vu l'argent qu'il a. Elle doit être en train de réaliser des rêves d'enfants.

— J'ai tellement hâte d'y être ! Je vais lui envoyer un SMS cet après-midi oui ! Y'a assez de place dans l'église pour faire tout un dortoir t'as raison ! Ils vont finir crever les gamins ! Et Lexie et Charlie auront deux enfants d'ici là !

Je souris, tout heureux.

— T'as pas envie qu'on prenne un truc pour nous ? Y'a quelque chose qui te ferait plaisir ? A chaque fois on fait attention, on peut bien aussi s'emballer un peu !

Moi aussi, j’ai hâte d’y être. Tous les cousins ensembles, toute la famille sans se dire qu’il manque une personne... Je suis vraiment heureux.

— J’ai hâte de voir sa bouille.

Même si ça veut dire qu’ils vont bientôt repartir.

— Franchement... nuggest frites, ça te fait pas envie ?

Je demande avec un sourire.

— On s’achète des petits gâteaux ? Des petits donuts ? Les enfants vont être contents !

—Moi aussi ! Lexie veux toujours pas me dire le prénom qu'ils ont choisis, mais je suis déjà complètement gaga !

Elle avait tellement peur et sa première grossesse avait été si dure que je suis aux anges de la voir si radieuse aujourd'hui.

— Oh des donuts à la crème ! J'en mangeais tout le temps quand j'étais gosse, mais ça fait une éternité ! On doit forcément faire découvrir ça à nos enfants ! S'il te plaît !

Je lui dis en faisant les yeux doux, comme si c'était un truc de fou.

Moi, je sais déjà qu’elle va s’appeler Hunter, mais je ne dis rien parce que Charlie risque la mort si Lexie l’apprend.

— J’ai hâte de savoir aussi.

Je rigole quand il me supplie presque.

— On prend ce que tu veux, vas-y !

— Meilleur mari du monde !

Je souris en l'embrassant, avant de directement prendre la direction des rayons qu'on veux en gardant ma main dans la sienne. On n'a plus qu'à tout prendre et aller récupérer nos enfants pour un samedi parfait !