And it doesn't seem to matter. And it doesn't seem right. - Adam & Gabriel.

Cet après midi je me suis encore disputé avec Logan. En ce moment c'est usuel et ça me fait peur, parce que ce n'est pas ça que je veux pour ma vie. Pire, j'ai peur que les disputes ne mènent à rien et de me réveiller dans six mois dans le lit d'un homme toujours marié. J'ai quitté l'appartement hors de moi et ça me terrifie. Surtout parce que je sais que Logan - une fois de plus - ne reviendra pas vers moi et que ce sera à moi d'aller le trouver malgré la colère.

Je pensais que ma journée ne pourrait pas être pire, et comme si ça allait m'aider à y voir plus clair, j'ai fais un détour par la vieille église pour rentrer. Est ce que j'avais juste envie d'avoir sous les yeux un rêve brisé ou est ce qu'au fond de moi je voulais réellement voir Maximilien ? J'en sais rien. Mais je m'attendais pas à y trouver non seulement Max, mais aussi Gabriel.

La jalousie je connais un peu, meme si je ne me définis pas comme quelqu'un comme tel habituellement. Mais là... J'ai été incapable d'être rationnel. Voir Gabriel ici, tout en sachant pertinemment quel lien il a pu avoir avec Max par le passé, ça m'a rendu fou. Plus encore étant donné les circonstances. J'ai bien failli m'arrêter sur le bord de la route pour lui demander s'il se foutait de ma gueule, mais j'ai eu peur de fondre en larmes devant eux et de perdre toute contenance devant Max. Alors j'ai passé mon chemin et depuis trois heures, je contiens mes répliques acerbes à qui vient me parler.

On est en train de préparer le repas avec ma mère quand Gabriel arrive. Ni une ni deux, il se pointe dans la cuisine et vient picorer un bout de ce que je cuisine.

— T'es gentil, mais on le mange après et t'as les mains dégueulasses.

Ma mère rigole, parce qu'en surface c'est juste une remarque qui n'a rien de faux, et moi ça m'agace encore plus.

— Tu manges avec nous d'ailleurs ? Tu voulais pas rester manger chez ton meilleur ami ?

@"Gabriel Saint-Clair''

J’ai passé l’après-midi à aider Max à réparer son grillage et à le consolider pour vraiment transformer ça en propriété privée. Il n’avait personne et il ne m’a même pas demandé. J’suis passé le voir, il faisait ça, je l’ai aidé et c’était cool.

Quand je rentre, c’est quasiment l’heure du repas et si j'étais sûr de croiser mon frère en cuisine, je ne pensais pas que c’était mon ancien frère. Le pauvre con qui ne pouvait pas me piffrer et qui me cassait les couilles pour rien.

Alors je me lave bien les mains pour pouvoir aller piocher pour de vrai dans son plat de merde.

— C’est mieux là ? C’est bon ? Et ferme bien ta gueule parce que celui qui mange jamais là en ce moment, c’est toi.
— Gabriel !

Ma mère se fâche et ça aussi, ça faisait longtemps. Mais je l’ignore, je m’en fous. Mon frère me pique avec sa méchanceté gratuite là, j’vais même pas me laisser faire.

— T'es sérieux là ? C'est qui qui bouffe un soir sur deux en bas pour profiter de son mec ? C'est pas moi ! Le mien il est occupé avec sa connasse !

Je me fous totalement que ma mère soit là et c'est ça qui me fait prendre conscience de mon état. Heureusement pour moi, j'entends Darcy l'appeler et ma mère n'attends pas deux secondes pour y aller. Je crois qu'elle n'a pas envie d'assister à ça.

— Putain mais t'as un de ces culots j'ai jamais vu ça ! J'ai envie de te balancer mon plat dans la gueule !

— Parce que c’est ma faute si t’es l’amant ? Putain mais va te faire foutre ! T’as choisi d’être à cette place et si t’es mal baisé bah c’est clairement pas de ma faute. Mais va falloir te calmer parce que t’es pète-couilles là !

Puis alors quand il me parle de me balancer son plat dans la gueule, je le prends son putain de plat, et je lui jette dessus.

— Voilà, va. Le truc avec toi c’est que tu fais que parler et te plaindre. Alors que tu vois, moi j’agis. Donc mon culot il t’emmerde bien profond.

— Au moins moi je baise, c'est pas le cas de tout le monde actuellement !

Et alors quand je me prends le plat dessus, j'ai l'impression de revenir des années en arrière. C'est comme s'il venait de me jeter au visage ces derniers mois et ça me fout encore plus en colère. Je jette le couteau que j'avais dans la main à travers la pièce,le cœur battant.

— Ca pour agir vite ! Il est à peine revenu que c'est reparti ! Je peux aussi me tirer à l'autre bout du monde et te laisser profiter de lui tranquille si tu veux ! Après tout, s'il a pas réussi à me foutre dans son église il sera peut être content d'avoir un autre Saint-Clair !

Quand il me dit que lui au moins il baise, je le bouscule tout de suite parce que ça me fout hors de moi. Et quand je comprends qu’à la base il parlait de Max, ça me fait encore plus halluciner.

— Ouais bah putain c’est clair qu’il n’est pas tombé amoureux du bon Saint-Clair parce que tu réalises clairement pas ce qu’il fait pour toi ! T’es tellement à côté de tes pompes que tu me fais de la peine ! Nan mais franchement, s’il quitte sa femme, tu vas faire quoi ? Hein ? T’occuper de sa fille et aller tranquillement à la fac pendant qu’il travaille ? Vous allez acheter un chien et mettre de l’argent de côté pour vos quelques projets minables qui n’ont pris forme que dans ta tête, c’est ça ? C’est ça la vie que tu veux ? Bah putain, j’comprends que tu sois tendu parce que tu vas vivre comme si t’avais 40 ans et passer à côté de la meilleure partie de ta vie.

Je le bouscule encore tellement il me sort par les yeux.

— Alors j’m’en fous que tu respectes pas les gens que t’aimes, qui t’aimes ou peu importe, mais tu manques de respect à Austin encore une fois en parlant mal de lui, j’te jure que j’te cogne.

— Bah t'attends quoi alors ? Vas y ! Fais le ! C'est pas comme si t'avais passé dix huit ans de ta vie à vouloir le faire ! Ca va te défouler au moins !

Je le pousse contre le mur en criant, tout en sachant pertinemment que ça va le mettre hors de lui !

— Et va te faire foutre Gabriel ! Personne t'as obligé à me soutenir et si depuis le début tu fais semblant d'avoir de la compassion tu peux arrêter tout de suite ! Rassures-toi, le grand frère dont t'as toujours rêvé est de retour et il va pouvoir reprendre sa place ! C'est pas ça que t'attendais hein ? Le retour du héros ! Au moins lui il va pas manquer de respect à Austin ! Comment il pourrait d'ailleurs, comme ça fait cinq ans qu'il est au courant que tu veux te le faire ! Il sait pour tout j'image, le prof et tout le reste ! Moi je suis juste bon à avoir les anecdotes que lui à vécu en direct !

— Ah ouais ? Et tu sais pourquoi il est au courant lui ? Hein ? Parce qu’il a su voir que j’allais pas bien pendant que t’en avais rien à foutre et que tu préférais te dire que c’était une crise d’ado ! Pauvre connard va, c’était le grand frère que j’ai toujours voulu sauf que tu préférais te soucier des autres parce que moi, en revanche, j’ai jamais été celui que tu voulais. C’était toi mon héros et t’es jamais arrivé parce que quand t’es heureux, faut pas qu’on vienne tacher ton bonheur avec nos petits problèmes, par contre quand t’es pas bien, faut que tu coules tout le monde avec toi !

Il me bouscule encore une fois et cette fois-ci je lui décolle un coup de poing dans la mâchoire.

— Moi j’ai jamais fait semblant avec personne ! J’ai juste été obligé de me trouver de l’aide ailleurs que chez moi puisque même quand on crève d’envie de se foutre en l’air y a personne qui le voit !

Je hurle tellement que je tremble de partout. C’est pas la première fois qu’on se dispute comme ça, mais cette fois-ci c’est pire. Je le sais parce que ça me fait chialer.

Je recule brusquement quand il me balance son poing dans la figure. C'est comme s'il me donnait la force de poursuivre malgré tout.

— T'es incapable de voir autour de toi ! Tu crois vraiment que j'ai pas essayé ? T'es vraiment persuadé que c'est moi qui suis un connard parce que j'étais pas là ? Mais sors toi les doigts du cul deux minutes ! T'étais impossible à atteindre Gabriel ! Y'avait que toi qui comptais et si j'allais pas dans ton sens, tu m'envoyais chier ! Si j'étais si égoïste que ça, tu m'expliques pourquoi Austin avait aucun mal à se confier à moi, quand toi tu savais juste me dire d'aller me faire foutre ? Arrête d'inventer des faits pour alléger ta culpabilité ! J'ai jamais été un putain de héros à tes yeux, c'est tout juste si j'avais une place dans ton cœur à un moment de ta vie ! Putain mais même quand tu me regardais tu me hurlais que tu pouvais pas me sentir ! Va le trouver Max ! Va le trouver et demande lui combien de fois j'ai finis en pleurs dans ses bras parce que j'avais peur pour toi !

Je tremble de colère, alors que je fais tout pour éviter de pleurer.

— C'est pas venu une seule seconde à ton esprit que je pouvais t'aimer en fait ! C'est tellement plus facile de jouer la victime a laquelle personne s'intéresse que t'as finis par te convaincre que c'était le cas! Et même si je le déteste pour ça, Max à apparemment eu la chance d'avoir assez d'estime à tes yeux pour que tu le crois lui, et pas moi ! J'essayais juste de te mettre les yeux dans la merde pour que tu vois tes propres conneries !

Je me mets à rire nerveusement et j’essuie rapidement mes larmes.

— T’es vraiment aveugle, mon pauvre garçon. Putain mais tu crois que je suis allé voir Max pour lui raconter ma vie ? Hein ? Mais c’est justement parce que tu chialais sans rien faire qu’il est venu me trouver ! Il a creusé là où toi tu t’es dis « oh non, il m’envoie chier, il peut pas me sentir » mais t’es vraiment trop con. C’est parce que j’arrivais pas à communiquer avec toi que je parlais avec lui ! Viens pas me dire que je suis impossible à atteindre quand c’est juste toi qui ne savais pas comment t’y prendre. Moi, de la culpabilité, je n’en ai aucune.

Il me désole et quand il me dit que je me considère comme une victime, je lui fais un putain de doigt d’honneur.

— Jamais je ne me suis considéré comme une victime à laquelle personne s’intéresse. Ça, c’est toi. C’est toi qui chiale parce que soi-disant maman t’aime pas, c’est toi qui chiale parce que pauvre petit pédé t’es soi-disant rejeté. C’est toi qui chiale parce que tu t´entends pas avec ta soeur, ton frère, parce que ton mec se casse, parce que ton nouveau mec quitte pas sa femme. C’est toi, qui a épousé le rôle de victime. Moi, je sais que je suis aimé. Je sais que suis soutenu. Mon problème il est pas là et c’est ça que tu comprends pas. J’suis pas une victime, t’es juste nul pour me venir en aide. Y a qu’à voir ta réaction quand j’ai enfin décidé de me confier à toi. Tu chiales car soi-disant Marie t’as fait un mini-caca nerveux alors que ce que t’as fait c’était batard et tu viens me dire ensuite que je suis dégueulasse parce que j’ai des envie incestueuse ?

Je vois qu’il est un peu confus et ça m’agace.

— C’est bon Adam, Marie t’a jamais fait la gueule parce que t’étais gay. Elle t’a fait la gueule parce que t’as lâché une bombe à Noël et que t’as mis tout le monde mal à l’aise. Toujours besoin de faire ta diva au milieu des gens genre acceptez-moi mais tu réalises pas à quel point c’est odieux ce que t’as fait. Alors dis plus jamais que je fais la victime quand c’est toi le plus dramaturge de nous deux.

— Creuser pour quoi ? Me prendre ton poing dans la gueule comme aujourd'hui ? Non merci. J'avais déjà assez de preuves que tu pouvais pas me sentir à cette époque là et je pense qu'avec un bleu en plus on se serait plus jamais adressé la parole tu vois !

J'ai l'impression d'halluciner et en même temps, ça fait un bien fou d'entendre et de dire ce qui est enfoui depuis tellement de temps.

— Donc en fait, dans cette famille, vous me prenez tous pour une diva égocentrique depuis tout ce temps ?

Je rigole nerveusement quand je me rends compte du nombre de fois où ils ont dû en parler entre eux en me jetant la pierre.

— Ta mère et ta sœur parfaite elles t'ont dit qu'elles m'avaient vu plusieurs fois avec Maximilien avant ce fameux Noël, quand elles venaient me chercher à la fin des cours ? T'es au courant que la fois où j'ai essayé de leur en parler elles ont toutes les deux changé de sujet et fais comme si elles m'avaient pas vu mains dans la mains avec lui ? J'ai pas fais ça pour faire chier le monde ! J'ai fais ça parce que j'avais peur que tout le monde se tamponne de ce que j'avais à dire ! Maman et Marie me l'avait déjà prouvés, papa il suit maman donc ça aurait pas été bien mieux et toi, t'étais pas plus là pour moi que je l'étais pour toi ! Tu me regardais déjà comme un inconnu alors j'osais pas imaginé en débarquant avec ça en plus ! Au moins à Noël, personne pouvait faire comme s'il avait pas entendu ! Alors t'es mignon, mais ma vie non plus c'est pas un conte de fee, ok ?

En colère, je donne un coup de pied dans la chaise qui tombe au sol dans un bruit sourd. On va ameuter tout le quartier à ce rythme là.

— Je sais que je suis pas irréprochable ! Je sais que j'ai été con en parlant d'inceste et je m'en veux encore ! Sauf que je savais pas que ça faisait des années que tu ressentais ça et que tu considérais pas Austin comme moi je le considère ! Merde ! C'est une raison pour courir chez lui à peine de retour ? C'est une raison pour faire ça derrière mon dos, après tout ce que je te raconte ? Putain t'es devenue la seule personne à qui j'ai envie de me confier et lui il revient et il a de nouveau droit à tout ! Merde !

— Arrête steuplaît. Puis arrête de dire que tu chialais parce que tu savais que j’allais pas bien. Tu chialais parce que j'étais chiant et que t’en pouvais plus. Y a personne qui savait que j’allais pas bien alors arrête de me péter les couilles. Ouais j’ai parlé d’Austin à Max mais parce que j’avais dû sentir que le mec qui veut que tout le monde l’écoute ne m’écouterait pas. Il sait pas pour le prof, y a que toi, il était déjà parti. Et il sait pas pour tout le reste. Il sait pas parce que je voulais pas qu’il te répète les choses qu’il jugerait trop grave. Max je l’ai connu quand j’avais 12 ans et il prenait le temps de jouer avec moi ou de faire des trucs qui te saoulait. J’étais toujours collé à votre cul parce que je voulais avoir des copains. À part Austin, j’ai personne. Ce sont pas des amis, juste des gens que je fréquente comme ça. Toi t’avais 15 ans et t’avais envie d’être tout seul avec Max et aujourd’hui je sais que c'est normal mais moi, à 12 ans, je comprenais pas.

Je soupire parce que je nous vois nous disputer et c’est n’importe quoi.

— T’es ridicule avec ta crise de jalousie déplacée. Moi je voulais simplement l’aider parce qu’il se retrouve tout seul pour rénover tout ça. On n’a parlé que de la rénovation, de la Colombie et forcément qu’il m’a posé des questions sur Austin parce que t’as été lui baver un vieux résumé minable de ce qu’il s’est passé. Alors j’suis désolé si moi j’ai été poli avec lui. Mais t’as l’air bien con avec tes gamineries là. Putain.

Je lève les yeux au ciel et c’est là que je vois maman dans l’embrasure de la porte, complètement sous le choc.

— Contrairement à toi, j’ai jamais considéré quelqu’un d’autre comme mon frère. J’ai juste été là où j’avais de l’attention. C’était quand Max est parti que j’aurais eu besoin de toi. Mais t’étais pas là. Il a jamais pris ta place.

Je suis calmé, je pense. Mais je ne mettrais pas fin à la conversation parce qu’au moins, je sais ce qu’il me reproche.

— Je suis ridicule ? Excuse moi, mais t'as beau dire tout ce que tu veux il en reste pas moins que ta relation avec Max est plus remplie que la nôtre ! Forcément que je suis jaloux ! Forcément ! Parce que tu l'adores et que t'as pas hésité une seconde à aller le voir. Ça fait même pas une semaine qu'il est là et t'es déjà parti chez lui. T'as mis combien de temps avant de venir me parler à moi ? Des mois ? Des années ?

Je soupire en entendant le paquet grincer et en voyant ma mère a l'extérieur. Je ne sais pas depuis combien de temps elle est là et je crois que j'ai pas envie de savoir tout ce qu'elle a pu entendre.

— Max a toujours tout eu pour lui ! Il est intelligent, il est beau, il a de la thune, il est romantique, il est attentionné et... Putain c'est le mec parfait, et même mon petit frère c'est lui qui l'a ! Je suis désolé que ça aille si mal avec le sien, mais j'ai pas envie que ça recommence ! J'ai pas envie de te voir là bas tous les jours et de te regarder reforger avec lui tout ce qu'on a mis dix huit ans à construire tous les deux !

— En fait, j’ai mis moins de 5 minutes à venir te parler chaque fois que j’en ai eu besoin ou envie. Tu t’es jamais dit que j'étais pas comme toi et que j’avais pas toujours envie de raconter ce qu’il se passe dans ma vie ? T’es même pas foutu de voir à quel point j'étais content de tous ces derniers mois d’avoir enfin ma place, j’étais là chaque fois que t’en avais besoin parce que j’imagine pas de perdre tout ça et que j’avais envie d’être là pour toi. Je t’ai appelé pour que tu viennes me chercher de Colombie parce que j’avais un milliard de choses à te dire, à toi.

Puis il s’enfonce, en plus. Il continue avec son n’importe quoi et je comprends pas comment il peut avoir des pensées aussi tordue.

— Arrête de parler si c’est pour dire de la merde. Genre Max m’a aussi mais ah ah ah. C’est quoi ça ? T’as quel âge ? T’es pas encore assez mature pour comprendre que personne va jamais prendre ta place parce que j’ai qu’un frère ? Ou alors toi t’es capable de me remplacer et tu penses que je ferais la même chose ? Cette conversation ne va nulle part là. T’écoute pas, t’es dans ton délire de persécution alors j’pense qu’on va arrêter là. Juste... j’ai été voir Max parce que j’ai voulu l’aider, parce que je suppose qu’il doit se sentir seul et abattu et que ça a dû lui faire plaisir. J’ai pas été là-bas pour retrouver je sais pas quelle relation tu t’es mis en tête. J’y suis allé pour soutenir quelqu’un qui l’aurait fait pour moi. Ça n’a rien à voir avec toi. Et lui, contrairement à ce que tu crois, à part son église, il n’a plus grand chose. Surtout que tout ce qu’il a toujours eu, c’est avec toi qu’il le partageait. Je suis désolé que tu sois malheureux avec Logan, mais moi j’ai rien à voir dans cette histoire et Max non plus.

Je soupire et je me tourne vers maman quand il a fini de me répondre. Naturellement, j’ai tapé avec mon attelle et je suis en train de voir des étoiles et j’imagine que je n’ai pas raté Adam. Je m’en veux tout de suite en le réalisant.

— Bon bah.. c’est quoi ma punition ? Faut que j’aille m’évanouir quelque part là.
— Va dans ta chambre, je dois parler avec ton frère.

Elle ne me punit pas. Je reste choqué et je crois que c’est pire qu’une punition.

— Maman ?
— Tu as frappé ton frère Gabriel. Alors maintenant, tu montes dans ta chambre immédiatement.

Je soupire et je jette un dernier regard à Adam.

— Pardon.

Je disparais rapidement de la cuisine et, lorsque j’arrive dans ma chambre, la douleur dans ma main peut enfin prendre le dessus et je la laisse faire parce que je l´ai bien mérité.

Je n'ai pas envie de parler avec ma mère. J'ai pas envie qu'elle me dise tout ce qu'elle a entendu, alors que je suis dans cet état. L'ignorer est plus facile que de l'affronter.

Sans un regard pour elle, je vais chercher des glaçons dans le congélateur pour apaiser la douleur du coup de Gabriel. Je suis sûr que je vais avoir un bleu pendant un moment. Même avec une attelle, il a réussi à me faire super mal et c'est seulement en y pensant que je me rends compte où ça nous a mené... On en a eu des disputes, des tas, mais jamais qui allaient jusqu'aux mains. Pas aussi sérieusement. J'ai pété un plomb par jalousie et j'ai l'impression d'en bouillir encore.

— Adam ?
— J'ai pas envie de parler maman.
— Si je dois te donner un ordre, je le ferai. Mais je préférerais que tu le fasses de bon cœur et que ça se passe sans nouveaux cris.

Je ne sais pas désobéir. Gabriel a toujours dis que c'est simplement que je manquais de couilles. C'est peut être vrai, parce que je finis par lever les yeux vers elle, même si le cœur n'y est pas.

Lorsque Madeleine le voit prendre des glaçons, elle les récupère doucement et les enferme dans un torchons.

— Assieds-toi, mon chéri.

Elle attend qu'il soit assis pour mettre le torchon sur sa mâchoire. Elle est complètement déboussolée par ce qu'il vient de se passer et, surtout, sous le choc.

— Je tiens à m'excuser si je t'ai donné l'impression de ne pas être de ton côté, si tu t'es senti délaissé car jamais je n'ai voulu te causer de la peine. J'ai, en effet, été surprise de te voir avec Maximilien. Ce n'était pas facile à admettre parce que je me suis remise en question avant de comprendre que ni toi ni moi n'avions raté quelque chose. Tu es juste tel que Dieu a voulu que tu sois et je suis extrêmement fière d'être ta maman. Jamais je n'aurais voulu d'autres enfants que vous trois.

Elle s'approche de lui pour lui faire un câlin, elle est très émue.

— J'espère que tu sauras me pardonner de ne pas avoir été la meilleure des mamans qui soit. J'essaie de me rattraper tous les jours. Et j'aimerais que tu me dises si quelque chose te déplait ou te peine, qu'on puisse en parler.

Entendre ces mots me fait un bien fou. Je crois qu'après ce qu'il vient de se passer avec Gabriel, avec la dureté des mots qu'on a employé l'un envers l'autre, ça apaise tout de suite ma haine d'entendre quelques mots d'amour.

— Je t'ai pardonné il y a longtemps tu sais. C'est juste que parfois je suis en colère et j'ai tout qui revient. Alors je vous en veux à tous, pas qu'à toi... C'est plus facile de vous en vouloir.

Je sens les lames me monter aux yeux quand je relève le regard vers elle, alors qu'elle fait en sorte de calmer la douleur de ma mâchoire

— C'est Gabriel qui a su me faire ouvrir les yeux maman... Sur le fait que vous m'aimiez malgré ça. J'avais pas réussi à l'entendre avant qu'il me le dise.

— S'il te l'a fait comprendre, alors c'est ce qui compte.

Elle dépose un baiser sur son front.

— Je t'aime mon ange, comme tu es, avec tes qualités et tes défauts. Que tu sois de bonne humeur ou pas. Je ne sais pas ce qu'il se passe dans ta vie en ce moment, mais je suis inquiète car je te connais et je comprends que quelque chose ne va pas. Je ne te demande pas de tout me raconter, mais si jamais tu as envie d'en discuter, je t'écouterai.

Je rebaisse rapidement les yeux, parce que je comprends qu'elle a dû entendre bien plus que ce que je n'aurais voulu.

— T'as su tout de suite que tu voulais te marier avec papa ? Tu t'es jamais retrouvé à te demander avec lequel de deux hommes ton avenir serait le plus prometteur...?

Je me serre un peu plus contre elle, pour un câlin. Je tiens ça de ma maman, l'amour des câlins.

Elle le garde contre elle et caresse ses cheveux avec tendresse.

— Tu sais, j'ai rencontré ton père quand j'avais douze ans, on se côtoyait à l'église. Nous sommes tombés amoureux à quinze ans alors et je n'ai connu que lui. Je n'ai pas eu à hésiter. Qu'est-ce qu'il t'arrive, mon ange ?

Je suis complètement gaga de leur histoire d'amour. C'est ça dont je rêvais. Connaître une seule personne et rester avec elle toute ma vie.

— J'ai rencontré quelqu'un il y a quelques mois. Je suis fou amoureux de lui maman... Mais c'est un peu compliqué avec lui, je soupire. Et puis il y a Max qui vient de revenir à White Falls et je sais pas pourquoi ça me bouleverse autant. Je suis complètement perdu...

Elle lui sourit avant de le lâcher quelques secondes, juste le temps de lui préparer un thé.

— Tu dois te laisser guider par ton cœur. C’est très difficile car l’esprit souhaite toujours nous raisonner. Mais il faut savoir s’écouter, écouter ses envie, même si elles changent et évoluent. Si tu sens que tu veux passer du temps avec Max alors n’hésite pas. Si tu n’en as pas envie, ne t’en sens pas coupable. Il faut vivre dans l’instant sans penser aux conséquences quand il s’agit d’amour. Il ne faut pas réfléchir, mais ressentir. Tu finiras par savoir ce que tu veux vraiment, mais il faut que tu apprennes à t’écouter.

Elle lui serre un thé.

— Voilà mon ange. Est-ce que tu as mal ?

— Merci...

J'attrape le thé avec plaisir et le porte à mes lèvres presque aussitôt. J'adore quand il est encore brûlant.

— Tu crois que je peux aller voir Max quand même et passer du temps avec lui ? Ce serait pas déplacé envers... Logan, il s'appelle Logan.

Même si je me doute qu'elle l'a déjà entendu, je préfère le lui dire moi même.

— Si ça fait mal, mais ne dispute pas Gabriel s'il te plaît. On était en colère et il l'a pas fait exprès, j'en suis sûr ! Lui dit pas non plus que j'ai mal, il va s'en vouloir sinon... Je vais aller m'excuser après avoir bu mon thé, c'est moi qui ai provoqué cette dispute. Je crois qu'on en avait besoin pour avancer en tant que frères, on a pu se décharger un oeu.

— Si tu estimes que tu en as besoin pour faire le meilleur choix pour toi, alors n’hésite pas.

Elle caresse tendrement ses cheveux.

— Ça m’a fait beaucoup de peine de voir mes deux fils se déchirer comme ça. J’espère que c’était la dernière fois...

Je ne sais pas si on peut parler de choix, mais il m'a vraiment beaucoup manqué et le voir me fait énormément de bien, alors...

— Je crois que je vais y aller...

Ce n'est pas beaucoup plus limpide, mais au moins la décision est prise. Je pose ma tasse sur la table avant de venir prendre ma mère dans mes bras. Je n'ai pas pensé à elle une seconde et je n'ose pas imaginer sa peine de maman d'avoir assisté à cela.

— J'espère aussi. Je ne veux plus me disputer avec lui comme avant. J'ai beaucoup trop besoin de lui, maintenant qu'on s'est retrouvé...