Une grande nouvelle peut en cacher une autre ! — Wheeler & Milton

Romie s’en va, un peu perplexe et comme tout le monde pleure et se chamaille, ils ont droit à un supplément sieste ; une demi-heure ce n’était vraiment pas assez.

— Mon bébé ?

Je le rejoins dehors.

— J’ai couché les enfants. Ça va... ?

Quand Logan arrive, je reviens doucement à la réalité. J'ai l'impression d'avoir pris un coup de massue.

— J'ai toujours su qu'il faisait des conneries, qu'il était disons : Libéré sexuellement, à une certaine époque. Mais ça ? Comment j'ai pu me rendre compte de rien ? C'était un gamin...

— C’est facile à cacher pour un garçon qui se bagarre... mais tu sais, ma sœur n’a pas toujours les idées claies alors....

Je m’approche pour le serrer dans mes bras.

— Vous n’étiez pas proche à ce moment-là.

Je me laisse tomber dans ses bras dans résister.

— Ouais... J'étais trop occupé avec ma vie amoureuse lycéenne pour me rendre compte qu'un type faisait ce genre de choses à mon petit frère.

Ça n'excuse pas tout, le fait qu'on n'était pas proche, au contraire.

— Je fais quoi ? Je peux pas débarquer chez lui alors qu'Austin est là ni faire comme si je ne savais pas. Mais comment je peux amener les choses sans qu'il se braque ou que ça ravive de mauvais souvenirs... ?

— Tu l’invites à bruncher demain dans la matinée et tu ne tourne pas autour du pot, tu sais que ça l’énerve. Ok ? Tu lui parle de Romie et tu lui raconte ce qu’elle a dit. A propos des voitures... puis de son copain de l’époque.

Je me ressers contre Logan.

— Je crois que j'ai peur de ce qu'il pourrait me répondre. Mais ouais, tourner autour du pot ça lui fera péter un plomb...

Je soupire, la boule au ventre. C'est loin derrière lui, à l'évidence, mais j'arrive pas à imaginer qu'il ai pu aussi vivre ça, et aussi jeune. Max m'en aurait forcément parlé s'il s'était confié à lui, alors à part Romie à l'époque, qui savait ça ?

— J'aurais pu nd jamais savoir...

— Oui, mais tu devais le savoir puisque tu es au courant maintenant...

Je caresse tendrement ses cheveux.

— J'étais en colère contre toi tout a l'heure, mais je crois que je ne le suis plus vraiment.

Je soupire.

— Je me rends compte que parfois, y'a des choses dont on parle pas, c'est comme ça. Tu m'as jamais dit pour ta sœur, Gabriel m'a jamais dit pour ce connard... Je suppose que parfois, c'est plus facile de se taire.

— Je t’ai jamais dit qu’elle était en prison pour des raisons assez évidente, mon bébé. T’aurais voulu la rencontrer et ça aurait été compliqué. Je comptais t’en parler avant qu’elle sorte mais elle m’a fait une surprise alors...

Je soupire.

— Je ne voulais pas te blesser ou te mettre en colère mais avant c’était trop tôt et trop personnel et après c’était trop tard alors j’attendais le bon moment et il n’est pas arrivé.

— Avant je comprends. J'étais personne pour que tu te confies à ce point, mais t'aurais pu me le dire quand je t'ai demandé si tu voulais que tes parents et ta sœur soient invités au mariage.

Je me blottis contre lui. Je n'accuse pas, je laisse entendre que ça aurait pu être une idée. Mais réellement, je ne me sens plus en colère.

— J'ai surtout eu peur. Pendant un instant, je me suis demandé qui j'avais épousé et s'il y avait d'autre chose aussi importante que tu avais pu me cacher. Puis je crois que je suis jaloux, alors...

Je rigole comme un con.

— Moi j'ai le droit d'en rire, toi t'as pas le droit de te moquer !

— Jaloux ? Jaloux de quoi ?

Alors ça, ce serait bien une première que j’assisterai à une situation où Adam est jaloux. Je ne rebondis pas sur le mariage parce qu’il a parlé de mes parents, incluant certainement ma sœur sans savoir et... je reconnais moi-même que je n’ai pas pensé à l’inviter parce qu’inconsciemment, je savais qu’elle ne pourrait pas venir. Elle n’a appris que quelques semaines plus tard et en y songeant, je m’en veux un peu.

Je suis ravi d'être dans ses bras, de manière à ce qu'il ne voit pas mon visage, parce que je me sens rougir.

— T'es tout mielleux, et tu lui fais des câlins et des bisous sur le front... C'est moi normalement qui ai droit à ça. C'est tout.

J'avoue en bouinant.

Je lève les yeux au ciel en souriant.

— T’es couillon.

C’est plus affectueux qu’autre chose.

— C’est ma petite sœur, j’étais vraiment proche d’elle, avant. Puis c’est un gros bébé. C’est ma poupée. Elle adore les câlins, tu verras, toi aussi tu vas y avoir droit, tu vas être content. Elle est adorable, elle a juste besoin d’un cadre. Mais tu restes mon bébé.

— Mais moi aussi j'aime trop les câlins !

J'affirme en me blotissant encore plus contre lui.

— Alors je serai ravi de lui en faire, mais je vais quand même préférer les tiens, d'accord ?

Je lève les yeux vers lui, avant de l'embrasser.

— Je sais pas combien de temps elle compte rester, mais profites d'elle chaque jour. Ça a du être dur pour vous d'être séparés aussi brutalement. Elle...

La question me brûle les lèvres.

— Elle a fait quoi, exactement ?

— Et t’en auras toujours. Même si j’en conclus que tu vas me coller encore plus la nuit ?

Je dis en riant avant de reprendre mon sérieux.

— Sa mère n’était pas quelqu’un de bien. Elle s’est toujours servi d’elle pour passer sa drogue, pour avoir de l’argent facilement. Je l’ai appris lors du procès donc elle est tombée pour prostitution et stupéfiants. À 15 ans.

Je soupire, c’est affreux d’y repenser.

— C’était un bébé. Sa mère ne s’est même pas pointée.

— Vaux mieux, avec ta sœur sous notre toit, t'es reparti pour quelques semaines d'abstinence !

Je rigole encore plus fort que lui, il va me maudire.

Mais en entendant l'histoire de Romie, la même boule que celle qui m'a envahit quand j'ai su pour Gabriel prends place.

— C'était un bébé elle aussi... Comment on peut faire ça à son enfant ? Et même pas se présenter ? Qu'elle s'étouffe avec du sable !

Je soupire tristement.

— Elle reste ici hein ? Elle va trouver un emploi, peut-être même un bûcheron amoureux et elle va avoir une vraie famille. Il faut pas qu'elle retourne avec cette idiote !

— Nan mais tu rigoles ?

Je soupire malgré moi. La dernière fois on ne faisait que s’embrouilller. Ça va être insupportable. Je se connais ses semaines de trois mois, là.

— Bah tu me colleras de rien du tout, alors.

J’ai passé l’âge de devoir aller me branler sous la douche.

— Sa mère ne viendra pas la rechercher, si c’est ce qui t’inquiète. Et je ne crois pas qu’elle aura envie d’y retourner alors.. ouais. Elle va rester ici autant que tu la supporteras.

— Non je rigole pas. C'est pas parce que j'ai appris à être plus discret que je suis moins coincé.

Je réponds, soulé face à sa réaction. Sa sœur à l'air de n'avoir aucun filtre, alors bonjour si je me retrouve face à elle et qu'elle ouvre la bouche sur le sujet.

— Tant mieux. C'est pas ça la vie qu'on doit mener, se faire utiliser par ses proches. Tant qu'elle te laisse un peu à moi, ça me va !

— Ouais.

C’est tout ce que je réponds avant de me détacher de lui. Parfois, prévenir, c’est pire. La première fois c’était rigolo, mais là j’ai l’impression d’être marié à un gamin de 12 ans qui dit encore zizi en cachette de ses parents et qui fait du sexe une honte et un secret. Aujourd’hui, ça me gonfle de devoir subir les humeurs d’Adam et de toujours répondre à ses caprices. Alors j’espère bien que le jour où il en aura envie sera un jour où je l’enverrai chier parce que des « non » il ne s’en ait jamai pris.

Je termine de ranger les quelques trucs qui doivent rejoindre la cuisine en silence.

Je reste dehors comme un con pendant quelques minutes, avant de le rejoindre dans la cuisine. J'aurais jamais cru qu'il pourrait être ici, notre sujet de discorde pour la soirée.

— Tu fais vraiment la gueule à cause de ça là ?

— Je fais pas la gueule, c’est bon.

Je réponds sans masquer mon agacement.

— Tu crois que tu peux gérer les enfants ce soir ? J’aimerais emmener ma sœur au restaurant.

— C'est assez ironique parce qu'avant d'aller vivre chez mes parents fallait surtout pas que je change qui je suis et je pouvais prendre tout mon temps pour dédramatiser, et là je suis juste un connard pudique.

Je réponds, agacé.

— Et oui, allez-y. Je devrais pouvoir gérer nos enfants quelques heures sans tuer l'un d'eux.

— Tu me gonfles quand tu fais le gamin comme ça.

Je dis dans un soupir.

— Genre ouais, change pas. C’est bon. Mais t’étonne pas si j’ai du mal à être attiré par un homme qui confond la pudeur et les agissements d’un gamin de 12 ans. J’te demande pas d’être moins pudique et de me sucer au milieu du salon. Je m’en fous que tu sois pudique, ça m’arrange. Mais tu crois que ma sœur est une voyeuse et qu’elle va se pointer au milieu de la nuit pour essayer de nous surprendre ? Tu penses quoi, en fait ? Que les gens en ont quelques choses à foutre ? Alors ouais, elle risquait certainement de parler de cul et de te poser des questions mais je vais lui dire qu’elle ne le fasse pas avec toi, c’est tout.

Je soupire en laissant la vaisselle dans l’évier pour m’essuyer les mains au torchon.

— C’est quoi le problème avec le sexe ? C’est sale ? T’as honte ? Parce que si c’est ça, on arrête tout de suite. C’est bon. Mais arrête de t’en servir comme d´une punition à la con. T’es pas content que ma sœur vienne là ? Tu le dis. Je me démerde avec Charlie. Ça te fait chier que j’aille au restaurant avec elle aussi ? Parce que quand je vais à la boxe, t’as pas peur de tuer l’un de NOS enfants. Putain.

— Je viens de te dire que j'espérais qu'elle allait trouver la stabilité d'une vraie famille chez nous et c'était pas pour jouer. Je sais que tu le comprends pas toujours, mais la famille c'est ce qui primera toujours à mes yeux, bien avant notre vie sexuelle. La mienne, la tienne, la notre ! Et toi tu penses que c'est une punition et que je te fais du chantage au sexe pour qu'elle aille vivre ailleurs ?

Je suis tellement blessé de tout ce qu'il vient de me dire que pour la première fois de notre vie de couple, c'est moi qui ne trouve pas à lui hurler dessus. On n'a pas la même conception du sexe, ni la même liberté, mais y'a des choses qui font mal à entendre.

— Je vais sortir Poisson tant que t'es encore là. Je serai là à l'heure pour vous libérer Romie et toi. A tout à l'heure.

— C’est ça, ouais. Va le sortir. Mais me fait pas passer pour le mec qui met le sexe en avant dans notre couple alors que toi t’es uniquement centré sur notre famille parce que c’est toi qui en parles putain ! Ça nous arrive de passer des semaines sans faire l’amour et il me semble qu’on y survit sans mal alors pourquoi t’as besoin de préciser que maintenant qu’elle est là c’est terminé ? À quoi ça t’as servi si ce n’est à me focaliser dessus ?

Je lève les yeux au ciel et je retourne dans la cuisine.

— Bonne balade, va.