Stay calm — Edouard & Romie

Aujourd’hui, Edouard travaille et il m’a promis de rentrer tôt. Il a d’ailleurs réserver le restaurant pour 20 h 30. Maintenant que son oeil va mieux, on peut profiter de sortir un peu à nouveau. D’ailleurs, j’ai une bonne nouvelle à lui annoncer. Sauf que le temps passe et qu’il est vraiment en retard et que le serveur n’arrête pas de se sentir obliger de me tenir compagnie. Ça fait trois cocktails qu’il m’offre et au bout d’une demi-heure, il vient carrément s’asseoir à la place d’Edouard.

— Je trouve ça triste qu’une si jolie fille soit laisser pour compte.
— Je ne suis pas laissé pour compte, y a du trafic.
— Oui... mais tu sais, ça arrive souvent ici.
— Ah bon ?
— Si tu savais les drames qui se jouent dans les restaurants !
— Mais t’es là pour sauver la situation apparemment. Tu viens avec tes cocktails pour nous bourrer la gueule et t’essaie de nous faire croire que t’es la seule solution ? Dommage que je tienne bien l’alcool pas vrai ?

Mais le pire c’est qu’il ne se démonte pas, il m’écrit son numéro sur ma serviette. Nan maiq franchement !

— Si jamais tu change d’avis...

C'est toujours quand on promets que quelque chose ne se passe pas comme prévu. Je suis parti du travail avec un tout petit peu de retard, certes, mais je n'ai rien pu à l'arrêt du métro pendant vingt bonne minutes et au fait que ça m'ai fait arriver en retard pour mon train. Même en me dépêchant, je savais que j'allais avoir du retard et quand je me gare enfin devant le restaurant, il est plus de 21h. Romie va me tuer. Et je n'ai même pas eu le temps de passer me changer, en plus, alors je suis toujours dans mon costard trois pièces. Les gens d'ici vont encore me prendre pour le bobo que je ne suis pas. J'ai plus d classe que ça, quand même.

Je passe la porte à la va vite, mais je n'ai pas besoin de m'annoncer parce que je vois tout de suite où est Romie. Où est Romie, et ce type. Ce connard assis à ma place, comme si c'était la chose la plus saine d'esprit à faire. Je vous rouge directement et je ne réponds même pas au serveur qui se présente devant moi.

Je traverse le restaurant d'un pas déterminé et quand je vois qu'il ose putain, qu'il ose lui glisser son numéro, je crois péter un plomb littéralement. Il ne veux pas non plus qu'on fasse un plan à trois après ? Enculé.

— T'auras perdu ton travail, ta dignité et ta maison avant qu'elle change d'avis.

Je souris éhontément, avec un regard qui lui fait cent fuck, avant de sourire à Romie et d'embrasser ses lèvres. Ça c'est ma propriété, tout entièrement. Et j'espère bien qu'il le comprends.

Quand je vois Edouard arriver, mon cœur se gonfle d’amour et je n’écoute même plus l’autre imbécile. Je suis sur le point de me lever quand il arrive, mais Edouard pète son câble et le serveur se fige, comme pris sur le fait.

— Eddie, ça va, mon cœur.

Je n’aime pas trop les éclats de voix. Ça m’effraie. Même si je reconnais que ça me fait quelque chose de le voir agir comme ça. Parce qu’il est jaloux.

— Tu veux qu’on aille ailleurs ? Qu’on demande son supérieur ?
— Nan mais ça va, désolé. Je pensais que c’était un rendez-vous Tinder qui ne viendrait pas. Pas besoin d’en faire un drame.

Je secoue la tête pour répondre a Romie, en l'embrassant encore. Qu'il voit bien que je suis pas un mec de Tinder pendant tout le temps où il va être mon larbin ce soir.

— Ah mais je fais pas de drame. J'informe juste que si tu la regarde encore une fois dans les yeux avec insistance, il faudra pas que tu te demandes d'où viennent les mauvaises nouvelles que tu pourras apprendre dans les prochains jours.

— Je peux récupérer ma place, c'est bon ?

— Est-ce que je peux vous offrir l’apéritif ?

Il propose alors qu’Edouard s’assoit en face de moi. J’attrape sa main pour lier nos doigts.

— Moi j’ai déjà eu trois cocktails, je vais finir celui-là et je prendrai le vin que mon copain choisira pour le repas. Et une carafe d’eau.

Je regarde Edouard pour le laisser choisir.

— Trois cocktails ?

Je tourne la tête vers le serveur, avec un regard mauvais.

— T'as besoin de ça pour plaire aux filles ou c'est juste que tu compenses un manque quelque part par ça ?

Je demande sans hausser le ton et en baissant les yeux sur la carte des vins.

— On va prendre cette bouteille ci, la meilleure cuvée que vous avez bien-sûr. Puis on se retrouve bientôt pour notre commande !

— On peut avoir des tapas aussi ? C’est compris dans l’apérif, non ? Merci.

Il s’éloigne le regard noir et moi j’affiche enfin une tête fachée.

— Non mais trois quart d’heure de retard, Eddie ! Puis t’avais même plus de batterie, nan mais j’attendais là comme une pot de fleur avec ce mec bizarre là !

— Oui bah j'ai fais ce que j'ai pu !

Je réponds du tac o tac. Elle a l'air fâchée et je la comprends. J'aurais pas eu sa patience moi, je le sais.

— Mais le métro a planté à cause d'un problème à la con et ça m'a fait rater le train de 19:50. J'ai du attendre celui de 20:30, alors forcément le temps de faire le voyage et de venir jusqu'ici après... Puis je me suis rendu compte qu'à la gare que j'avais plus de batterie.

Je soupire.

— Mais je vais me faire pardonner ! Demain je prends mon après-midi ! Comme ça on a un long week-end qui commence dès demain 15h ! T'en dis quoi ?

Je fais mon plus beau sourire en espérant la charmer.

— Quant à l'autre con là, il sait pas où il a mis les pieds. Il te voulait quoi ? Il t'as fais chier longtemps ?

Je fais la moue quand il se confond en excuse.

— Je ralais par principe... c’est pas si grave. Désolée, mon cœur. C’est juste que c’était hyper long. Il a été chiant au point que j’ai pas osé aller faire pipi de peur qu’il prenne ça comme un appel. Franchement !

Je souris.

— Du coup, je vais y aller, j’en peux plus. Je suis venue à pied. Et oui, ça me fait plaisir pour demain après-midi.

— Oh je vais le buter.

Je lève les yeux au ciel, alors qu'elle se lève prête à courir aux toilettes. Elle est magnifique et ça me plaît que ce soit moi qui soit là avec elle.

— Je commande pour nous deux s'il ose revenir ? Ou t'as pas encore choisi ?

— Oui, pour nous deux. Juste pas de la viande parce que j’en ai mangé à midi. Du poisson ou... un truc dans le genre.

Je me lève et j’embrasse ses lèvres à plusieurs reprises avant d’aller aux toilettes avec mon sac à main. Je me refais même une beauté et je remonte le peu de nichon que j’ai dans ma robe moulante. J’ai même mis des talons pour lui faire plaisir et lui il rate son train. Mais il est tellement beau que je lui pardonne. Je pense tellement à lui que j’en oublie presque d’aller pisser. Quelle nulle.

Quand je reviens, le serveur est à table en train de prendre la commande. Il a l’air vraiment agacé d’être là et ça me fait sourire.

Je fais chier le serveur depuis l'instant où il est arrivé à notre table. Je ne ferais pas d'esclandre parce que j'ai envie qu'on puisse y revenir, mais rien ni personne ne peut m'empêcher d'emmerder un type qui a cru pouvoir draguer ma Romie.

— Mon chat, c'est bon ?

Je demande à Romie, alors qu'elle reprends place en face de moi. J'attrape sa main aussitôt et je souris. Elle s'est occupé d'autre chose que pisser, je peux le voir tout de suite.

— Notre ami vient de me détailler absolument tous les plats du menu, ça a l'air vraiment pas mal. Je me disais que nous prendre deuw belles assiettes de poissons ça pourrait être bien. Qu'on déguste un peu de tout.

Elle acquiesce en souriant.

— On va faire ça aller. Avec la carafe d'eau pour ma petite-amie s'il te plaît.

C'est méprisant de ma part de continuer de le tutoyer, mais c'est beaucoup trop bon pour que j'arrête.

Je lève les yeux au ciel. Nan mais on dirait mon frère quoi.

— Je veux bien une assiette de frites aussi. Et des poissons avec pas trop d’arrête, merci beaucoup.

C’est le meilleur restaurant de la ville et ils n’auront pas envie de perdre le portefeuille d’Edouard. Le serveur fait un aller retour pour nous apporter la carafe et il disparait en cuisine.

— J’suis belle ?

Je demande en souriant.

—C'etait fait exprès les poissons sans arrêtes ? Ou t'es juste chiante ?

Je demande en resserant ma main sur la sienne.

— Belle ? Non. T'es beaucoup plus que ça. Ce connard a du te trouver belle. Moi, je te trouve somptueuse et raffinée, tout en restant ma Romie.

— Bah... non mais j’aime pas trop quand y a plein d’arrête. Ça se demande pas au restaurant...?

J’affiche un large sourire.

— T’as vu mes chaussures ? J’me suis surpassée dans la rue. C’est Lexie qui mes les a prêté ! Ça a été ta journée ? Je t’ai même pas demandé, pardon. Pas trop long ? Tu m’as manqué.

— Ça dépends dans quel restaurant tu vas. C'est pas ce qui court les rues, je te l'accorde. Mais après tout, quand on paye on peut s'attendre à certains services.

Je souris. Elle le fait avec tellement de naïveté et de gentillesse qu'on ne doit même pas lui en vouloir en cuisine, pas comme quand c'est demandé avec dédain. Comme j'ai du le faire maintes fois.

— Lexie a l'air vraiment très charmante. Tu pourras la remercier pour moi !

Je fais un clin d'oeil exagéré.

— C'est de plus en plus long. Depuis qu'on a parlé de pompier et des entraînements, je vais là-bas à reculons en permanence. C'est pas ma place, c'est pas mon rêve. Alors ouais, je suis riche à en crever, sûrement autant que mon père maintenant comme me l'a fait remarquer Max, mais ça me suffit plus. Je vivrais tout aussi bien en plaçant des actions et en me contenant d'être acteur de tout ça de très loin. Bref... Ça va toi ? Tu devais aller ton frère, non ? Il n'est pas trop triste que finalement, tu passes quasiment tout ton temps à la maison ?

— Non, ça va. Car je vais le voir dès que tu travailles. Donc souvent.

Je dis avec un petit sourire amusé.

— Mais bref, c’est pas l’important, l’important c’est qu’il accepte de t’entraîner !! Bon j’ai un peu fait du forcing mais il a dit oui et je t’assure qu’il va être hyper pro et tu vas voir ! Je lui dis qu’on passe le voir demain ? Parce que clairement j’pense pas qu’il viendra à l’église donc faudra aller soit chez lui soit à la salle mais... il veut bien ! Il m’a dit qu’il allait appelé la caserne pour savoir exactement ce qu’ils attendaient et qu’il s’adapterait !

— Vraiment ?

Je demande plein d'intérêt. Je sais que ce sera dur, autant de s'y remettre que d'avoir Logan comme coach, mais j'en veux et je donnerai tout ce que j'ai.

— Ok, on y va demain. Chez lui s'il veux. Je serai gentil, promis. Et tu pourras voir un peu les enfants comme ça. Où tu reste avec moi, voir ce qu'il me préconise ?

— Bah je te quitte pas.

Je réponds naturellement.

— Moi aussi, je vais faire du sport avec vous !

Je souris tendrement. On va être une belle brochette.

— Ça me plaît l'idée de pouvoir partager ça avec toi. C'est la première fois de ma vie que je ne vais pas faire de sport tout seul.

Je souris fièrement.

— Moi j’ai jamais fait de sport ! Enfin à part courir dans le centre de détention mais c’était différent. Alors je suis super contente aussi ! Il faut que j’aille m’acheter des vêtements de sports parce que j’en n’ai pas. J’ai même pas de basket de sport. Je vais demander à Lexie !

— Bah non, mais on y va demain !

Je réponds tout excité.

— Tu demandes à ton frère ce qu'il nous faut exactement et avant d'aller le voir, on passe s'acheter des tenues complètes pour tous les deux !

— C’est vrai ? On prend des trucs assortis alors ! Il m’a dit qu’il fallait juste une tenue de sport et de bonnes baskets. Il a tout le reste, sinon.

Moi aussi, je suis contente de faire ça avec lui. Ça veut dire qu’on va se voir encore plus souvent. Puis il a besoin de motivation pour lui rappeler qu’il peut y arriver.

— Des trucs assortis ?

Je demande, pas sûr de comprendre.

— Et bah on y va demain matin et demain après-midi, il aura monsieur et madame Motivation qui vont frapper à sa porte. On va être ses meilleurs élèves !

Je cligne exagérément de l'oeil, alors que je vois le serveur approcher.

— J'ai cru qu'on mangerait jamais !

Je retorque en reprenant aussitôt un air bien moins aimable.

— Bah oui ! Des vêtements de la même couleur et tout ça ! Les baskets aussi. Au cas où ça se voit pas qu’on est ensemble, tu vois.

Je dis en riant. Je sais qu’il va dire oui. Quand le serveur revient, je ne le regarde même pas mais j’attrape la main d’Edouard. J’espère qu’il va rester correcte quand même. Sauf si l’autre con matte encore mes nichons.

— Merci.

Je dis quand il pose l’assiette sur ma table. Le poisson a l’air trop bon et surtout les frites.