Stay calm — Edouard & Romie

Je les écoute sans répondre, la tête complètement dans les nuages. J'entends qu'on ira à la salle, ça c'est chouette, que Romie veux venir, pourquoi pas, et puis j'entends Logan parler des mecs de là-bas. Et c'est comme si je retrouvais toute ma vigueur.

— A moins d'un mètre ?

Je rigole jaune.

— Si y'en a qui ont déjà été exclus, c'est soit t'y vas pas soit t'as interdiction de sortir de mon champs de vision. Limite tu te mets sur mes épaules et ça fait du poids en plus. Et puis quoi encore...

Je grogne en les imaginant tous comme des chiens daleux.

— J'ai repris mon souffle, c'est déjà pas mal j'imagine.

Je souris avant de me relever et de suivre ce qu'il fait.

— Je suis comment au niveau du test ? Sur quoi je dois le plus bosser ? Hormis reprendre le jogging !

Pff. J’ai trop envie de bouder dans mon coin mais Logan m’attrape par le bras pour montrer à Edouard les étirements et me forcer à faire les miens au passage.

— Au niveau du test, t’as pas le niveau, ce qui est normal sinon t’aurais pas besoin de moi. Et... je pense que si on doit tout travailler, c’est essentiellement les bras ton point faible. Donc... tu peux être sûr qu’à chaque séance t’y aura le droit !

Il dit en riant.

— Genial !

Je rigole, mais je savais que mes bras ce n'était plus ça. Elle est loin la période où je m'entraînais. Et c'est pas prendre le volant qui le muscle.

— Mais c'est pas encore trop pourri ou j'ai vraiment du chemin à faire ? Toi qui a du bosser comme un fou, t'en penses quoi ? Sans essayer de me ménager, c'est pas le but.

Je demande, avant de penser que ça pourrait le déranger que je parle de ça, comme si on était intime.

— Franchement... y a du boulot pour certaines choses, très peu pour d’autre. Si tu t’y mets sérieusement, en six mois c’est carrément faisable. Mais faut que la nourriture suive et c’est tout aussi important que le sport.
— Ce midi j’ai fait des nuggets avec de vrais blancs de poulet.
— Putain et il est encore vivant ?
— Hey ! Je m’entraîne !

Il rigole et je me tourne vers Edouard.

— Pas vrai je cuisine bien !?

— A merveille mon petit chat. J'étais sceptique aussi sur le coup, mais c'était vraiment bon ! Faudra que tu leur fasses à eux aussi, qu'ils goutent.

Je souris en venant entourer sa taille de mes bras.

— J'ai un régime spécifique à suivre ?


Je demande en redeposant mon regard sur Logan.

— Ou je dois juste faire attention ? Même si c'est costaud je m'en fous, je suis prêt à le suivre. Et avec Romie qui le fera avec moi, ce sera encore plus facile.

Logan nous regarde en souriant et je fais un bisou à Edouard. Je suis vraiment contente de cette journée.

— Pas particulièrement un régime mais un rééquilibrage alimentaire, inclure plus certain groupe d’aliment, en réduire d’autre. J’ai noté tout ça sur une feuille.
— T’as bien travaillé !
— C’est mon métier, j’aime bien faire les choses correctement. Et d’ailleurs à la moindre gêne, faudra que tu me le dises.
— Parce qu’il est kiné.

Je précise fièrement.

— Je sais mon chat.

Je réponds en embrassant sa joue. Entre elle et ce que j'avais pu apprendre sur lui de Max, comment le rater. Mais c'est vrai qu'il a vraiment trouvé sa voix, entre ça et le sport. Il associe deux métiers qui de complète et c'est beau.

— Si j'ai le moindre soucis, j'hésiterais pas. A priori on va se voir régulièrement de toute façon ! Et tu pourras suivre ce que je fais.

Je souris à Logan avec gratitude, avant de penser à Adam. Si j'ai pas forcément envie de le côtoyer, je suppose qu'il n'a sûrement pas envie de me voir chez lui régulièrement non plus. Et merde, il le dira si ça lui pose problème au pire.

— D'ailleurs, je voulais savoir sur quel tarif on part, programme nutritif compris et tout ça. Tu préfères que je règle chaque séance ou mensuellement ? Dis-moi ce qui t'arrange.

— Mensuel ça t’irait ? Comme ça j’ai le temps de te faire un devis ? Faut que tu me dises quand tu es disponible, aussi. Qu’on établisse un programme.

— Oui, c'est parfait.

Je me retiens d'ajouter que je m'en tape bien du devis, parce que j'ai suffisamment de thunes pour m'en payer 500 des coachings, mais bon. J'ai compris grâce à Romie que ça pouvait me rendre détestable, alors devant son frère j'essaie de rester soft.

— Je peux poser des après-midi assez facilement, alors ça dépends de toi. Puis y'a de fortes chances pour que je délègue un peu et que je bosse essentiellement de chez moi d'ici quelques semaines, ce sera encore plus facile j'imagine !

— Pour de vrai ??

Je demande en me tournant vers lui.

— Alors ça tu me l’avais pas dit ! Nan mais c’est tellement génial ! Je suis TROP contente là !

Je le couvre de baisers avant de lui faire un câlin.

— Je vais préparer tout ça. Je vais voir comment faire coïncider ton coaching avec mon emploi du temps. Ça ira ?

— Je voulais te faire la surprise !

Je souris en la soulevant du sol pour la serrer contre moi.

— On pourra en profiter pour aller faire un coucou à Paris.

Je lui glisse en l'embrassant encore une fois.

— Je te suis, case ça quand tu peux entre ton boulot et ta famille !

— À Paris ?! Mais whoaaaaa !!

Je ne pensais pas qu’il voudrait me présenter aussi tôt et c’est tellement important pour moi que j’en ai mal au ventre. J’ai tellement hâte.

— Au fait, j’en profite d’être là pour récuperer des vêtements !

Je dis en souriant avant de l’embrasser une dernière fois et de disparaître de la pièce. Peut-être que ça leur fera du bien de parler tous les deux. Logan a promis de pas le frapper.

— Je riais pas quand j'en parlais.

Je réponds simplement, avant de la voir partir chercher des fringues. J'hésite à pleurer, parce que c'est plus facile de parler avec Logan quand Romie est là. Je sais que j'ai merdé et pas qu'avec sa sœur, alors bon.

— Merci encore d'avoir accepté. J'imagine que c'est pour Romie que tu le fais, mais c'est gentil de ta part. J'ai conscience qu'on a aucune raison de s'entendre à la base, mais qu'on veux tous les deux lui montrer qu'on peut le faire pour elle.

— C’est pour elle que je le fais, oui. Mais je vois aussi comment tu te comportes et comment elle est heureuse et ça compte aussi. Donc... merci de prendre soin d’elle comme ça.

— C'était stupide de ma part de faire ce que j'ai fais, maintenant je le sais. Je l'ai faite souffrir, mais je ne veux plus que ça arrive.

Je dis sincèrement.

— Alors y'a pas de quoi, c'est ça qu'elle mérite. Pas du con qu'elle a entraperçu. Elle a vécue assez de choses négatives dans sa vie, je pense qu'il est temps qu'elle vive autre chose. Ça lui fait déjà beaucoup de bien de t'avoir retrouver et de connaître tes enfants, alors si je peux compléter tout ça, je prends avec plaisir.

— Je t’ai quand même à l’oeil.

Je lui dis assez sérieusement, même si j’esquisse un sourire.

— Allez, tu veux boire un truc ?

— Je veux bien une bière, si t'as.

Puis je me sens con en repensant à l'alcool.

— Ou un jus de fruit, il préconise quoi le coach ?

J'essaie de me rattraper.

Je ris doucement.

— Je préconise l’eau mais... bon, on peut dire qu’une bière ça ira aujourd’hui.

Depuis que Gabriel vient souvent, on en a régulièrement dans le frigo. On va dans la cuisine et je lui sors une bière du frigo avant de me servir un verre de thé glacé.

— L’eau détox c’est pas mal aussi. Avec du citron, du concombre.

— Citron et concombre, c'est noté. On a acheté des gourdes tout a l'heure, alors je vais pouvoir essayer ça ! Merci pour la bière.

Je souris malgré tout en la buvant comme si elle était le graal.

— Je peux te poser une question à propos de Romie ? Je sais que vous n'avez pas toujours été en contact, mais t'es son frère alors je vois pas à qui d'autre je pourrais demander ça.

— Hm.. ouais ? Vas-y.

Meme si je ne garantie pas de pouvoir lui répondre.

— Quand on s'est rencontré, elle m'a dit qu'elle aimerait beaucoup voyager maintenant qu'elle était débarrassé de l'emprise de sa mère.

Je grimace, heureux que ce soit derrière elle.

— On va surement partir à Paris, pour qu'elle découvre un peu l'endroit où j'ai vécu pendant longtemps, mais j'aimerais commencer à envisager un voyage un peu plus... Intime, pour son anniversaire. Tu saurais si y'a un endroit qu'elle veux vraiment visiter, même depuis qu'elle est gamine ?

Je suis soulagé par sa demande parce que l’espace d’un instant, j’ai cru que ça pourrait être grave.

— Eh bien déjà, faut que tu saches que pour la faire sortir d’Angleterre c’est un peu compliqué. Il faut faire une demande auprès du tribunal. Je suppose qu’il faudra téléphoner d’un commissariat tous les jours. Avec une carte d’identité en Europe ça ira. Je ne sais pas si elle peut avoir un passeport, je dois me renseigner.

Je crois que ça m’aurait gêné de parler de ça avec lui, avant. Mais je les ai vu tout l’après-midi et je m’en veux vis à vis d’Adam mais je sens que je peux lui faire confiance.

— Cela dit, je crois qu’elle préfère les pays froid. Elle n’est pas difficile du tout, tu sais ? Une soirée dans un hôtel à Londres ça lui irait. Elle n’est pas difficile à impressionner, je pense que tu le sais. Mais elle a toujours adoré les châteaux. Je crois que si tu l’emmenais passer une nuit dans un château en Ecosse, elle adorerait. Ou les trucs un peu insolite genre une bulle dans la nature ou dormir dans un tipi.

Je rigole mais je sais que je ne me trompe pas.

J'apprends quelque chose et même si j'essaie de ne pas le montrer, ça me fout un coup.

— Elle sera toujours sous surveillance judiciaire ? Ou c'est temporaire et elle finira par être vraiment libre un jour ?

Ça me fait de la peine pour ma Romie. Elle a vécue des choses horribles et c'est comme si aujourd'hui, on lui rappelait encore sans cesse malgré tout.

— Mais je ferais attention quoiqu'il en soit. On commencera par l'Europe et on verra plus tard si le reste est possible. Il y a déjà plein de choses à faire pas loin d'ici.

Je souris, en repensant aux étoiles dans ses yeux quand on a été visiter le château.

— Je veux pas l'impressionner, elle m'a aidé à comprendre que ça comptait pas forcément. Je voudrais juste lui faire plaisir et l'aider à réalier un peu ses rêves. Un château hanté elle aimerait bien ? Ça mélange les châteaux et l'insolite pour le coup. Mais j'ai pas envie qu'elle me claque dans les bras.

Je rigole. C'est une guerrière ma Romie, je la verrais bien là dedans moi.

— Non c’est pour une année. Si elle reste loin des problèmes son casier judiciaire sera effacé et elle aura à nouveau les mêmes droits que tout le monde. C’est une mise à l’épreuve. Chaque semaine elle va voir un psy qui fait office d’agent de probation. Elle doit prévenir si elle va manquer, le justifier...

Il a pensé quelques secondes qu’elle n’aurait jamais le droit de sortir et, malgré tout, son comportement n’a pas changé. Peut-être que Romie a raison et que c’est quelqu’un de bien pour elle.

— Elle n’en parle pas. Même avec moi. Je suis au courant parce qu’on m’a téléphoné étant donné que je suis sa résidence principale et que j’ai des enfants.

On m’a prévenu de qui elle était et on m’a demandé de téléphoner à la moindre rechute, au moindre vol. Tout.

— Je pense qu’elle sera ravie ! Tu sais elle est entrée en centre de détention à 15 ans alors elle aime toujours les princesses et les histoires féeriques. Elle a pas eu d’enfance alors... elle se rattrape. Elle n’avait jamais vu un Disney. Je crois que lorsque tu voudras vraiment l’impressionner, faudra l’emmener en Russie visiter les palais.

Mais pour l’instant faut un passeport et un visa.

— On n'en parle pas beaucoup non plus. Étrangement, la première personne à qui elle a parlé de tout ça c'est même pas à moi, mais à mon frère. Je crois qu'elle préfère laisser ça derrière elle et se dire que si elle arrive à le gérer seule, elle saura se gérer à l'avenir.

Je souris, fier d'elle et de ce qu'elle est. Plein de gens auraient lâché prise, mais Romie est encore debout et je crois qu'elle ne compte pas de laisser abattre. Elle voit même sa psy sans m'en avoir rien dit, comme une adulte le ferait.

— J'ai toujours voulu aller en Russie. Ce sera l'occasion de le faire quand elle pourra quitter l'Europe. Comme un cadeau de felicitations !

Ça semble loin, mais je sais au fond de moi que je serai toujours là. Je ne vois plus ma vie sans elle. Je suppose que c'est ça, le coup de foudre.

— Je lui montrerais au moins Ratatouille avant d'aller à Paris, alors !