Well I knew what i didn't want to know. - Adam & Logan #9

Aujourd'hui on va travailler chez mademoiselle Johnson. Elle s'est porté volontaire pour être tuteur de notre projet de fin d'étude et elle trouvait ça plus facile qu'on aille potasser là dessus chez elle plutôt qu'à la fac. Ça fait des jours qu'on essaie de caser ce rendez-vous tous ensemble, mais combler les exigences de presque dix personne à la fois c'est compliqué.

On s'est réunis sur ce projet parce qu'on est tous intéressé par le secteur de l'édition et on doit monter une maison de À à Z. De la ville où on veux à l'implanter, à sa ligne éditoriale, en passant par la façon dont payer le loyer ou les factures. Je me donne à 200% parce que je sais que c'est ça que je voudrais faire un jour, alors je prends note de tous les conseils qu'on peut me donner.

Mademoiselle Johnson est notre prof de communication et même si je trouvais son cours complètement à chier quand je suis arrivé en début d'année, je suis obligé d'avouer que sans elle, y'a plein de choses auxquelles je n'aurais jamais pensé. Elle donne beaucoup pour nous et finalement, je l'aime plutôt bien comme prof.

— Adam, entre ! Tu es le dernier.
— Je suis désolé, j'ai trouvé facilement, mais j'ai un peu tourné dans le quartier pour me garer.

Mademoiselle Johnson est souriante, comme à son habitude, et je la laisse me diriger vers le salon où ils sont déjà tous.


Logan Wheeler

Ce soir, Moïra reçoit ses étudiants à la maison. Elle fait ça au moins une fois par semestre et, apparemment, c'est une coutume de la fac. Je trouve ça bien pour les étudiants, mais pour Olivia et moi, c'est un peu pénible. Enfin, surtout pour moi car une fois que ma fille dort, je suis consigné dans une chambre sans télévision.

Ils sont là depuis presque deux heures, Olivia dort depuis une heure et pourtant, j'entends des éclats de rire dans le couloir et une petite voix fluette appeler ”maman”. Oups.

Je me dépêche de rejoindre le salon parce que c'est là qu'elle est forcément : pour sa défense, il y a du monde et c'est quand même plus intéressant que dormir.

— Livi !

J'arrive dans le salon et Moïra me fait une petite grimace. Je lui souris et m'approche pour récupérer ma fille.

— Désolée ma belle, les soirées étudiantes, t'auras jamais droit d'y aller.

J'entends tout le monde rire et c'est quand je me retourne, Olivia dans mes bras, pour regagner sa chambre, que je le vois. Adam est là, dans mon salon.

— Putain.
— Logan ? Ça va ?
— Hein ?

Le choc est rude et j'ai un peu de mal à comprendre ce qu'il fout dans ce cours-là, pourquoi il est chez moi. Pourquoi j'ai accepté que des étudiants viennent ici, même.

— Bonne soirée.

Je coupe court, avant de disparaitre dans le couloir.

On réfléchis à la façon dont on peut financer notre maison sans que la banque nous rejette lorsque l'arrivée de la fille de mademoiselle Johnson nous coupe. Je le suppose du moins, parce que je ne fais que l'entendre. Ça me fait sourire, mais je repars vite dans le boulot pour ne pas me laisser déconcentré bêtement.

C'est d'entendre la voix du papa qui me déconcentre. Je crois que je l'ai entendu trop de fois ces derniers mois pour ne pas la reconnaître instantanément. Putain, qu'est ce que Logan fout chez ma prof de com ? L'interrogation ne dure pas bien longtemps. Entre la réaction de Logan, et celle de ma prof, ma naïveté n'arrive plus à prendre le dessus.

Mon cœur rate un battement, même deux, et alors que Logan quitte la pièce sans demander son reste, je continue de regarder simultanément ma prof et l'endroit où il se tenait. Je n'arrive pas tout à fait à réaliser ce qui est en train de se passer et en même temps, je n'ai pas la moindre envie de rester sous ce toit.

C'était tellement facile de m'en foutre de la femme de Logan tant que je n'avais pas de visage à mettre sur son prénom. Mais maintenant... Ce n'est même pas qu'un visage, c'est une personne que j'estime.

À la va vite, je sors mon portable et envoie un message à Gabriel pour lui demander de m'appeler pour me sortir d'une soirée à la con. Et ce n'est que lorsque je l'envoie que je réalise qu'il ne pourra pas m'appeler, en réalité. Je rigole jaune, et assez fort pour que tout le monde l'entende.

— Adam, tu vas bien ?

Non, non ça va pas ! Je veux me casser d'ici aussi vite que possible, mais je ne peux pas le faire sous peine de passer pour un malade. Putain ! À qui ça arrive ça, à part moi ?

— Pardon, une nouvelle importante. Je devais la lire.

Je couche Olivia et j’essaie de ne pas péter un plomb mais ça me semble compliqué. Et si moi je suis dans cet état, je n’imagine même pas Adam. Il se retrouve là, face à ma femme qui est sa prof. Je ne sais pas du tout ce que je dois faire alors j’agis comme j’aurais aimé qu’on le fasse pour moi. Je lui téléphone, pour lui donner une chance de pouvoir dire qu’il doit partir précipitamment, en espérant qu’il comprenne mon geste.

Quand mon portable sonne, je me précipite dessus en me disant que j'ai peut être fais défaut à Dieu plus souvent qu'au besoin s'il m'envoie Gabou aussi vite. Sauf que ce n'est pas lui et qu'au fond, c'est pas grave, l'issu est la même. Mon cœur bat simplement encore un peu plus fort.

— Je suis vraiment désolé, c'est important.

Mademoiselle Johnson, ou Moïra, ou madame Wheeler ou putain de je ne sais quoi m'indique le hall d'un mouvement de tête et me souris, alors que je décroche par automatisme. Quel con.

— Oui maman ? [...] Quoi Gabriel ? [...] En Colombie ? Il y a eu un souci ? [...] Pleure pas, ca va aller, j'arrive tout de suite. [...] Non maman, je pourrais m'arranger t'en fais pas. J'arrive!

Je mens tellement mal que je ne sais même pas si ça va passer, mais tout le monde s'est arrêté de parler et me scrute lorsque je raccroche. Au moins, je n'ai pas besoin de faire semblant lorsque les larmes me montent aux yeux.

— Mon petit frère à un problème. Il est en Colombie et... Je dois partir, c'est vraiment important.
— Il n'y a pas de souci Adam. Tu as déjà apporté des idées qui vous nous faire avancer, on peut terminer sans toi. J'espère que ça va aller pour ton frère.

Moi aussi, parce que je viens de simuler son malheur et c'est grave. Mais j'ai autre chose à faire qu'à penser à ça, je me contente d'attraper mes affaires et mon sac et de saluer tout le monde rapidement de la main.

Adam répond presque tout de suite et la détresse dans sa voix me tord l’estomac. Je n’ai même pas le temps d’en placer une qu’il raccroche déjà. Mais j’ai cru comprendre qu’il allait partir et, dans cet état, je ne suis pas du tout étonné de voir Moïra débarquer dans la chambre.

— J’ai un de mes étudiants qui vient d’avoir une mauvaise nouvelle et j’ai peur qu’il prenne le volant, il semble vraiment secoué. Tu pourrais le ramener, s’il te plaît ? Il s’appelle Adam. Adam Saint-Clair.

J’hésite un peu parce que j’ai peur qu’il ne veuille pas me voir du tout, mais elle insiste alors j’accepte.

— Merci, t’es un amour.

Elle laisse sur mes lèvres un goût amer, quelque chose que je n’apprécie pas du tout. Comme si c’était déplacé alors que, merde, c’est elle, ma femme !

Je me presse pour sortir ; Adam n’est pas très loin, il regarde sur le sol avec la lampe torche de son portable. Il a certainement fait tomber ses clés.

— Hey.. je vais te ramener, ok ?

Pour la seconde fois de la soirée, sa voix me fais me crisper. J'aurais jamais cru que ça puisse être pour quelque chose de négatif, et pourtant.

Quand je me retourne vers lui, je retiens mes larmes parce que j'ai pas envie d'être la petite chose qui vient de croiser son amant chez sa propre femme et qu'à envie de tout envoyer chier.

Et en même temps... Si ce n'est pas ma faute, ce n'est pas celle de Logan non plus. Personne pouvait prévoir ça, je crois bien.

— Je sais pas si...

Je suppose que ça veux dire prendre sa voiture et revenir chercher la mienne demain, et je ne sais pas si j'ai envie de revenir devant cette maison.

— D'accord... Je me débrouillerais avec un des gars pour ma voiture demain.

Je secoue la tête.

— Je vais conduire la tienne.

Je repère ses clés sur le trottoir et je les ramasse.

— Je suis désolé, je n’avais aucune idée.. enfin, je ne pensais pas que ça aurait pu arriver. Je savais pas que t’étais l’un de ses élèves.

Je dis tout de même. Heureusement qu’il est garé loin parce que quand on tourne au coin de la rue, je n’hésite pas une seconde pour l’attirer à moi et le serrer dans mes bras.

— Je suis désolé, Adam.

Désolé parce que ce malaise, c’est moi qui le provoque. Même si c’est involontaire, je suis marié et pas avec lui.

Je ne veux pas qu'il me touche parce que je sais que s'il le fait ça va être encore plus dur d'être fort. Mais dès qu'on passe sa rue et qu'il m'attire à lui, je ne résiste même pas. Au delà de ma force, mon subconscient sait qu'il a besoin de Logan à cet instant.

— C'est pas ta faute...

Je murmure, parce que j'ai l'impression que si je parle plus haut, tout va exploser autour de moi.

— T'aurais au moins pu choisir la plus conne, pas celle avec qui je m'entends le mieux. Ça aurait été un début...

Maintenant, je comprends mieux pourquoi il ne l'a quitte pas. Elle sourit toujours, elle est toujours gentille et y'a pas à débattre, elle est douée dans ce qu'elle fait.

— Je savais que j'aurais pas dû choisir cette matière de merde.

Je cache mon visage dans son épaule, parce que je sens que les larmes refont surface. Ça fait mal d'être mis aussi brutalement face à la réalité.

Je le laisse s'énerver tout seul, ça doit lui faire du bien, mais je ne peux pas m'empêcher de penser que, si, c'est de ma faute. Et ça m'effraie un peu parce que cette situation pourrait tout à fait provoquer la fin de notre relation ; c'est facile d'être l'amant de quelqu'un dont on ne connaît pas la femme. Mais quand on réalise qu'on la connaît, qu'on la fréquente et qu'on l'apprécie, c'est tout de suite plus compliqué.

— Je vais te raccompagner.

On se remet en route et lorsqu'on arrive à sa voiture, il s'installe immédiatement côté passager.

— Je crois que j'aurais dû le voir venir.

Ma femme qui se casse chez ses parents, lui qui a des cours annulés ; y a pas énormément de cours dans cette université, c'était carrément sous mon nez.

Je soupire, le regard perdu sur le paysage extérieur. Comme si je ne le connaissais pas déjà par cœur.

— Moi je crois surtout que t'aurais pu m'en toucher deux mots.Même si ça avait pas été mademoiselle Johnson... T'es déjà venu me chercher à la fac, c'est un secret pour personne que j'étudie la bas! Et tu t'es pas dis une seconde que, sans qu'elle soit ma tutrice, je pouvais quand même la connaître ?

Mon ton n'est pas incriminant, parce que ce n'est pas ce que je cherche à faire. J'essaie simplement de comprendre comment j'ai pu en arriver là. Comment ma vie à pu en arriver là.

— Je sais que c'est pas de ta faute, que tu t'es pas dis ''Tiens on va se taper Saint-Clair parce que c'est l'élève de ma femme et que ça peut être sympa'', mais c'est tellement compliqué à mettre en ordre dans ma tête.

Qu'est ce que je fais, maintenant ? Maintenant que je vais croiser sa femme chaque jour à la fac. Maintenant que je sais où il habite. Maintenant que la facilité vient de voler en éclats.

— J'ai l'impression d'être en plein cauchemar...

Quand il me dit que j’aurais pu lui en toucher deux mots, c’est plus fort que moi, je me braque d’un coup, sans même le voir venir.

— Alors par contre si tu cherches un coupable, tu vas le chercher ailleurs. Tu m’as dit de ne pas te parler de ma femme, ok ? Donc je faisais quoi ? Une bio sur elle juste après t’avoir sauté, c’est ça ? Putain mais..

Je soupire bruyamment.

— J’sais à peine ce qu’elle enseigne parce que je m’y intéresse pas. Et j’aurais fait quoi ? Attention, ma femme enseigne à la fac, peut-être que c’est ta prof ? C’est ça ? Et t’aurais fait quoi alors ? Ça t’aurait fait changer d’avis ? À t’entendre on dirait que j’ai voulu cette situation et merde quoi. C’est dans ce genre de moment que j’vois que t’es encore un gamin.

Je suis tellement blessé par ses mots que c'est comme si je me prenais un coup de massue en pleine poitrine. J'ai envie de pleurer toute les larmes de mon corps, de me mettre sous ma couette et de ne jamais en ressortir.

— Très bien.

Je n'ai pas envie de répondre quoique ce soit. À quoi ça servirait ? Lui montrer que ça me blesse ? À l'évidence il le sait déjà. Lui montrer que je ne suis bien qu'un gamin de vingt ans ? Il en a pas eu besoin pour me sauter, comme il le dit si bien.

— Non mais dans les faits, t'as raison. C'est moi qui suis con d'être autant touché par ce qu'il vient de se passer. C'est pas si grave, je vais m'en relever et toi encore plus vite que moi.

C'est pas comme si on était ensemble, après tout.

— Ça n’a rien à voir avec le fait d’être touché, Adam. Tu dis que tu ne m’incrimines pas, mais ce n’est pas vrai. À t’entendre j’ai voulu cette situation, mais c’est loin d’être le cas. Franchement, il serait où mon intérêt ? Te blesser volontairement ?

Je lève les yeux au ciel.

— J’ai passé l’âge de faire semblant. Alors peut-être que pour toi on n’est pas ensemble, mais pour moi, c’est légèrement différent. Ça a changé du jour où je t’ai filé les clés de ce foutu appartement et où j’ai eu hâte d’être à dimanche chaque jour de la semaine, tu comprends ?

Je me gare devant chez lui et je coupe immédiatement le contact. Il s’est mis à pleuvoir, exactement comme si nos émotions dégueulaient sur le temps.

— Je n’ai jamais feint quoi que ce soit et tu me donnes le mauvais rôle comme si tu le découvrais. Mais tu savais déjà que j’étais marié. Tu le savais et ça t’a pas empêché de me retrouver tous les dimanches. Alors ouais, aujourd’hui, tu sais qui est ma femme. Et c’est pas supposé changer quoi que ce soit ? C’est supposé changer ce que tu ressens ? Parce que si c’est le cas alors on n’était pas sur la même longueur d’ondes.

— C'est pas une question de moi Logan ! C'est une question de réalité des faits ! Évidemment que je savais dans quoi je me lançais quand tu m'as tout dit pour ta femme et que ce qu'il vient de se passer ne va pas changer ce que je ressens pour toi ! C'est trop tard pour ça !

Je me rends compte que je me mets à nu sans doute trop facilement, mais je crois que ce soir, on oublie les filtres.

— Sauf que demain matin, c'est moi qui va l'avoir debout devant moi dans un amphi et qui ne va pas savoir quoi faire ! C'était facile de faire comme si elle existait pas chaque fois que je venais te rejoindre, mais maintenant que je connais son visage et que pire, je sais que c'est quelqu'un de bien, je fais quoi ? Je te rends tes clés et je garde mon intégrité pour moi ? Je peux pas, et j'en ai pas envie ! J'ai surtout pas envie !

Je soupire. Si Gabriel était là, je sais déjà ce qu'il me dirait de faire.

— Mais essaie de te mettre à ma place deux minutes ! Je suis sûr que le simple fait que tu sois assis à côté de moi, c'est sûrement même pas ton choix. Ça aurait eu aucune cohérence que tu quittes ta maison de ton propre chef pour réconforter un inconnu ! Même ça je suis sûr c'est à elle que je le dois. Alors merde ! Viens pas me dire qu'on est pas sur la même longueur d'onde simplement parce que j'ai peur de toute cette merde qui nous tombe dessus !

Je fronce les sourcils parce que sa réponse n’a aucun sens.

— Putain mais de quoi tu parles ? Hm ? Si t’as pas envie que ça s’arrête alors c’est quoi ce cinéma sur « c’est moi qui vais l’avoir debout sous les yeux » ? Mais tu crois qu’elle est sous les yeux de qui quand elle rentre du boulot ou qu’elle me parle d’un deuxième enfant ? Hein ? Quand t’as décidé qu’on n’arrêtait pas de se voir, t’as foutu un coup de hache dans son bonheur aussi gros que le mien et t’as tiré un trait sur la culpabilité. T’as pas le droit de te sentir coupable de lui faire ça simplement parce que tu mets un nom sur un visage, ça ne fonctionne pas comme ça.

Je soupire fortement parce que cette situation m’agace, que j’ai fait un énorme pas vers lui qu’il n’a même pas été foutu de voir et que je n’insisterai pas plus. Je lui ai dit ce que je ressentais et il me casse les couilles avec un discours sans aucun sens.

— Moi, je me mets sans cesse à ta place, Adam. Je me suis mis à ta place quand tu m’as parlé de ce connard à l’accueil de l’hôtel, je me suis mis à ta place quand tu as a eu envie d’autre chose qu’une baise qui ne signifiait rien. Je me suis mis à ta place quand tu m’as téléphoné en pleine nuit pour venir te chercher. Je me suis aussi mis à ta place chaque fois qu’on passait trop de temps sans se voir. Putain mais je viens tout juste de me mettre à ta place en te téléphonant pour que tu aies un échappatoire et puisse quitter ma maison ! Je n’arrête pas de penser à toi, pour toi, d’être arrangeant et d’essayer de te combler. Parce que je t’estime et qu’on n’a arrêté de simplement baiser depuis un moment. J’suis impliqué à tous les niveaux et tu oses me dire que je ne me mets pas à ta place ? Bordel de merde mais tu te fous de ma gueule ? Et toi, alors ? Tu t’es mis à la mienne ? Tu t’es dit ce que ça me coûterait un divorce où je suis celui qui faute ? Tu t’es demandé l’image que les gens qui me voient avec toi ont de moi ? Tu t’es demandé ce que ça faisait que d’être un menteur et d’avoir peur de voir sa fille déménager en Écosse ?

Je soupire.

— Tu sais, de nous deux, j’crois que tu es celui qui ne se met pas à la place de l’autre.

Sur ce, je retire les clés du contact et les lui rends. Je sors de la voiture, le cœur vraiment lourd. Il pleut beaucoup, mais courir va me faire du bien.

Je ne prends pas le temps de réfléchir plus que ça avant de sortir de la voiture. Il pleut des cordes, je vais sans doute chopper une pneumonie, mais je m'en fous. Je ne veux pas que Logan parte comme ça, pas en croyant que je m'en fous et que tout ça c'est du vent.

— Attends, putain !

Je crie à moitié dans la rue, parce qu'il faut bien qu'il m'entende, mais soit il ne le fait pas, soit il n'a pas envie de s'arrêter. Mais bon, c'est moi qui suis en tort et c'est à moi de lui montrer que je sais aussi agir comme quelqu'un de mature et qui sait ce qu'il veux. J'accélère grandement le pas pour le rattraper et une fois devant lui, je me prends la claque que je méritais depuis longtemps. Logan a donné tellement plus que moi dans cette histoire, sans même que je ne le vois ou le remercie et ça me rends triste. C'était pas ça que je voulais.

— T'as raison... A aucun moment j'ai essayé de me mettre à ta place. Pas dans le sens de l'homme marié qui a un amant en tout cas. Peut-être que c'est parce que je suis encore un gamin au fond, et que j'en sais rien de comment ça marche tout ça. J'ai aucune responsabilités et j'ai jamais pris en compte le fait que les tiennes étaient aussi présentes dans ta vie et dans la relation qu'on a. Et je suis désolé parce que maintenant que j'en prends conscience, je me dis que j'ai du être inssuportable plus d'une fois.

Je renifle à cause de la pluie et l'empêche d'avancer encore, parce que je n'ai pas terminé. Pas encore.

— Je sais que ça excuse rien, mais j'avais pas prévu de ressentir tout ça pour toi quand on a pris la décision de continuer à se voir... J'avais pas prévu que je finirais par avoir peur que tu puisses partir et que je puisse me retrouver sans toi ! J'ai pas envie de te perdre Logan... J'ai pas envie que tout s'arrête et que tu sois juste le souvenir d'un type qui m'a sauté quelques mois. Et j'ai compris que c'était pas non plus ce que toi tu voulais...

Adam me rattrape, il pleut comme vache qui pisse et j'aurais aimé qu'il comprenne que je n'avais pas envie de lui parler quand je ne me suis pas retourné la première fois qu'il a hurlé mon prénom. Je l'écoute sans rien dire, mais je sais au fond de moi que je ne suis pas disposé à l'entendre. Parce que je tiens à lui, mais que je n'accepte pas cette attitude de gamin pour gâté et égocentrique qu'il vient d'avoir. Comme s'il était le seul à souffrir de cette situation. Pourtant, je n'arrive pas à lui en vouloir non plus parce que j'ai conscience que j'en suis dingue. Seulement, là, tout de suite, je n'arrive pas à l'entendre. Alors je m'avance vers lui et je dépose un baiser sur son front.

— Rentre chez toi, Adam. Tu vas être malade.

La discussion est terminée, au moins pour aujourd'hui – et le temps que je me calme. Je le contourne et je reprends ma route. Cette fois-ci, je me mets à courir. Plus vite je serai rentré, plus vite je pourrai me coucher.

Je soupire en le regardant partir en courant. Ça ne servirait à rien que je me lance derrière lui, si ce n'est me prendre sa main dans la gueule. On a un problème de compréhension qui semble de plus en plus évident et je crois que c'est effrayant, en plus de tout le reste.

Ce qu'il vient de se passer aurait pu nous souder et nous unir encore plus et au final, ça se termine sur une dispute. Logan est en colère, moi j'ai envie de chialer et si ça se passe comme à chaque fois, je ne suis pas au bout de mes peines pour réussir à lui arracher de nouveau deux mots. Je me prépare par avance aux prochains SMS sans réponses face auxquels je vais rester.

Au lieu de rester sous la pluie comme un con, je finis par rentrer et en entendant ma mère me demander de faire attention si mes chaussures sont mouillés, j'ai envie de jeter par terre toutes mes fringues trempés. À la place, je pars m'enfermer dans ma chambre en claquant la porte, comme si c'était de sa faute alors que je suis le seul à qui je dois en vouloir.