Family Portrait - Adam &Max & Madeleine&Paul.

Pendant le séjour d'Édouard à White Falls, j'en ai profité pour parler à mes parents de Maximilien et moi. Papa n'a pas été très parlant, mais son regard a dit plein de choses qui m'ont fait chaud au cœur. Et maman... Et bien c'est maman. J'ai eu le droit à la dose de câlin habituel et elle m'a assuré, elle aussi, que si ça s'était terminé avec l'autre garçon c'était certainement que le seigneur voulait que Maximilien et moi puissions nous retrouver.

Finalement, ils viennent déjeuner aujourd'hui et je ne sais pas s'il existe un mot pour définir mon état de stress. Est ce qu'ils vont bien agir avec Max ? Est ce qu'il va y avoir un malaise entre ou non ? Est ce que la table qu'on a installé dehors pour manger sur la terrasse va les attendrir ? Est ce que le repas qu'on a préparé va leur plaire ? Est ce qu'ils vont me donner leur bénédiction quand je vais leur annonce que cet endroit va devenir ma maison à moi aussi ? J'ai envie de mourir, seigneur.

— Imagine que j'ai trop fais cuire la viande ? Maman va me dire que je peux pas emménager ailleurs si elle ne m'a pas appris ça.

La vérité, c'est que je suis sûre qu'elle sera enchantée. Mais je ne peux pas m'empêcher d'angoissé, c'est plus fort que moi. Je viens me blottir contre Max qui sort tout juste de la douche et je quémande un bisou.


@Maximilien Weaver

Je sors à peine de la douche que je suis frappé par toute l'angoisse d'Adam. Je l'entoure de mes bras et j'embrasse tendrement ses lèvres.

— Ça va aller, mon coeur. Ce sont tes parents, pas des chefs gastronomiques, ok ? C'est cool, tu les connais depuis longtemps, y a pas de surprise...

Son baiser me détends juste assez pour que mon cœur retrouve un rythme cardiaque normal.

— Mais justement. C'est encore pire ! Si c'est nul ils prendront pas de pincettes pour me le dire !

Ses cheveux dégoulinent sur moi, mais je m'en fous. Au moins jusqu'à ce que je me rende compte que ça laisse des traces sur mes fringues.

— Mais non, pas ça !, je geins en me séparant de lui. Dépêche toi de t'habiller Max, ils vont arriver et je refuse d'être tout seul ! Ça a beau être mes parents, j'ai l'impression de retourner passer mon permis.

Et dieu sait comme j'étais paniqué.

— Je me dépêche.

Je dis en regagnant la chambre. Sur notre lit, ce ne sont plus les vêtements que j’avais choisi moi-même.

— T’as changé mon t-shirt ? Une chemise ? Mon cœur, tu deviens dramatique.

Moi aussi, j’ai une petite boule au ventre. Mais c’est parce que j’ai hâte. Je me sèche et je me prépare. J’ai à peine le temps de me coiffer que son portable sonne – nous n’avons pas encore de sonnette.

— Je suis prêt !

Je lui hurle pour qu’il ne s’évanouisse pas dans l’entrée.

Je lis mes doigts à ceux de Maximilien dès qu'il arrive à mes cotés et je lui vole un baiser, dans lequel je m'excuse du mieux que je peux du stress que je dois lui transmettre.

On file dehors pour rejoindre mes parents comme je leur ai dit au téléphone et je me calme en les voyant. Ils sont détendus, souriants et je me rends compte que mon amoureux a raison : je suis un tantinet dramatique.

— Bon sang, tu as tellement changé Max ! Comment tu vas mon garçon ?

Ma mère vient tout de suite me prendre dans ses bras, alors que je vois mon père serrer chaleureusement la main de Max. Tout va bien se passer.

Ses parents arrivent et je me sens immédiatement à l'aise. Si moi j'ai changé, ce n'est pas leur cas et je suis vraiment heureux de les retrouver.

— Plutôt bien ! C'est agréable d'être encore en vacances.

Madeleine serre Adam dans ses bras, le recoiffe, le couvre de baisers comme si elle ne l'avait pas vu depuis quatre-vingt-deux jours. Je souris. Contre toute attente, c'est mon tour ensuite.

— Qu'est-ce que tu es grand ! Nous sommes tellement content de te revoir dans les parages ? Comment vont tes parents ? Nous sommes désolés que Gabriel n'ait pas pu venir. Il a été retenu.

Je ne peux pas m'empêcher de rire face à la blague qu'elle fait. D'après Adam, elle essaie d'en rire pour ne pas en pleurer. Alors je vais la soutenir.

— Venez poser vos affaires dans l'entrée. Je suis sûr qu'Adam a hâte de vous montrer l'église. Il ne tient plus en place.

Je retiens un rire quand maman parle de Gabriel et dans son dos, je fais signe à Max qu'en effet, elle essaie vraiment de prendre les choses en en riant. C'est rassurant pour tout le monde, je crois.

— T'en fais pas maman, on sait qu'il viendrait avec plaisir s'il le pouvait, je souris. Et puis, il n'est pas en si mauvaise compagnie.

Mon père acquiesce et je peux voir un sourire se dessiner sur le visage de ma mère. Maximilien et moi sommes réunis, Gabriel et Austin se sont trouvés : je crois qu'ils sont heureux pour nous tous et que malgré tout ce que j'ai pu croire, notre bonheur fait le leur.

Je récupère leurs affaires pour les déposer au bord du mobile-home et même si mon père tente un regard à l'intérieur, je l'en éloigne.

— Je n'ai pas le droit de voir l'endroit où mon fils aîné passe tout son temps depuis quelques semaines ?
— Après Papa ! On aura le temps ! Viens d'abord voir cette beauté !

Je crois que tous les gens de la ville rêveraient de mettre un pied à l’intérieur de cette église et, le fait qu’elle soit privée maintenant intrigue encore plus les gens. Alors je suis content de pouvoir la faire visiter à Madeleine et Paul. Enfin.. c’est Adam qui prend en charge la visite. Il parle des pièces, de l’agencement, des chambres, de la bibliothèque... Je crois d’ailleurs que c’est lorsqu’il évoque la bibliothèque que ses parents se doute de quelque chose.

— Mais c’est un projet que vous faite tous les deux ?

C’est à moi que Madeleine jette un regard inquisiteur.

— Tout à fait, oui. Cette église représente beaucoup pour nous, pour notre histoire, alors... nous allons la rénover et y vivre tous les deux.

J’affiche un large sourire à Madeleine.

— Ce déjeuner est très important pour nous. Chacun de notre point de vue. Je suppose qu’Adam souhaite vous montrer qu’il est capable de gérer un foyer, mais moi, c’était l’occasion de vous demander la main de votre fils.
— Oh Seigneur !

Madeleine porte la main à sa bouche, les yeux brillants. J’avais peur qu’elle soit sous le choc et refuse tout de suite, mais ce n’est pas le cas.

— Ces dernières semaines ont été la confirmation que notre histoire ne fait que commencer et, bien évidemment, ma démarche est sérieuse et réfléchie. Personne n’abandonne ses études et Adam ne sera pas obligé de travailler avant d’être diplômé. J’aimerais simplement qu’il puisse être auprès de moi, chaque jour, pour qu’il ne manque rien de la construction de notre foyer et qu’il s’y sente à sa place autant que moi. Je sais à quel point c’est important pour lui d’être investi dans sa vie de famille et j’aimerais que, puisque nous en avons les moyens, notre envie de devenir une famille ne soit pas freinée par nos études respectives. C’est donc pour ça que je fais ma demande aujourd’hui, et dans cet endroit qui compte pour nous.

Peut-être que j’aurais aimé que mes parents soient là, aussi, mais j’ai senti que c’était le moment alors je n’ai pas voulu le laisser passer. Je fouille dans ma poche pour en sortir un écrin. Jusqu’alors je m’adressais surtout à Paul et Madeleine, mais maintenant je me tourne vers Adam et je crois ne jamais l’avoir vu comme ça. Mon cœur cogne dans tous les sens parce que, si ses parents semblent approuver, il peut toujours me dire non.

— Adam, est-ce tu aimerais passer le reste de ta vie à mes côtés ?

Je demande après lui avoir présenté l’écrin ouvert, dans lequel se trouve une chevalière gravé de ses initiales ainsi que de l’écusson de la famille de mon père.

Lorsque Max annonce de brut en blanc que oui, nous allons vivre ici tous les deux, mon stress ne fait qu'empirer. Qu'est-ce que mes parents vont dire ? Qu'est-ce qu'ils vont en penser ? Et s'ils trouvent ça stupide, comment je pourrais leur annoncer que je compte même m'installer officiellement dans ce mobile-home dans les prochains jours ?

Mon père à mes côtés, je tente de dériver leur attention sur autre chose, alors que Max reprends tout de suite la parole et là, j'ai l'impression qu'un trou vient de s'ouvrir sous mes pieds et que je n'ai qu'à bouger d'un centième de millimètre pour tomber dedans. Ai-je vraiment bien entendu ? A voir la réaction de ma mère, oui.

Mon coeur rate un battement, sans doute plusieurs même, et tandis que Maximilien énumère à mes parents les raisons pour laquelle c'est aujourd'hui qu'il se lance, je ne peux détourner mes yeux de lui. Jamais je ne l'ai trouvé aussi beau et je crois bien qu'à cet instant, je l'aime plus que je ne l'ai jamais fait. C'est ça qu'on ressent quand on comprends que quelqu'un nous aime pour de vrai et qu'il accepte tout de nous ? C'est ça que ça fait, d'accepter qu'une personne voit en vous celle qu'il lui faut et d'accepter ses mots ? Je crois que je comprends ce qu'il a voulu me dire, chaque fois qu'il me complimentait et que je le refusais.

Alors quand je le vois fouiller dans sa poche et en sortir un écrin pour de vrai, les larmes me monte aux yeux instantanément. Les gens ont raisons, le monde pourrait s'écrouler autour de nous que je ne le verrais pas. Et il lui suffit de ces quelques mots à mon attention pour que je ne sois plus capable de rien.

Après quelques secondes, je sens la main de mon père dans mon dos me pousser doucement vers Max. Ca, c'est sa façon à lui de me donner leur bénédiction à maman et lui. Et peut-être aussi celle de me faire comprendre que là, je ne donne aucune réponse et que ça peut devenir tendu pour Max.

Alors je n'ai plus peur de rien, de personne, ni même de moi. Mes lèvres viennent cogner les siennes en étant persuadées qu'elle est là, leur place, et mes bras entourent son cou. On a de quoi être heureux pour toujours.

— Evidemment ! je souris contre ses lèvres. Le reste de notre vie ! Avec nos enfants ! Dans notre église ! J'aimerais et je vais prier pour chaque jour.

Adam est complètement sous le choc, il me regarde avec les yeux brillants de larmes et il ne dit rien. Je suis sur le point de reposer ma question, le souffle coupé, mais il réagit vivement en écrasant ses lèvres contre les miennes.

— J’ai commencé à flipper.

Je dis en riant avant de le couvrir de baisers.

— Je suis triste que Gabriel et Marie ne soient pas là mais je suis sûr que tu sauras leur raconter tout ça dans le moindre détail.

J’attrape sa main lentement, un peu tremblant sous le coup de l’émotion et je lui passe la bague. Elle est parfaitement à sa taille. Maximilien l’a fait chier toute une soirée, soi-disant qu’il voulait lui faire une demande en lui faisant croire que c’était moi. En réalité.. il a bien joué son rôle de frère.

Je n'arrive pas à croire ce qui est en train de m'arriver et lorsqu'il me passe la bague autour du doigt, je ne sais pas comment je fais pour ne pas m'evanouir.

— Comment tu as...

C'est alors que'Edouard et sa chiantise un de ces soirs me reviennent en tête et je lâche un rire joyeux. Comme quoi, parfois, il n'est pas que chiant.

— C'est pas aujourd'hui que c'est le plus important qu'ils soient là... Ils entendront tout mille fois et ça suffira à ce qu'ils soient heureux pour nous.

Je l'embrasse encore et encore, des larmes dévalant encore sur mes joues.

— Pour l'instant, c'est juste toi et moi...
— Et nous un peu aussi, pouffe mon père à nos côtés.

Alors je me détache légèrement de Max pour les prendre dans mes bras et d'un geste, j'invite mon futur homme pour toujours à nous rejoindre. On forme un tout maintenant.

Il m’invite a un câlin à quatre et je les rejoins, un peu sur la réserve. Madeleine me libère et je me détache d’eux en souriant.

— T’es beau, mon cœur.

Madeleine pleure silencieusement.

— Eh bien je suis contente d’être venue !

Elle dit avec un grand sourire avant de nous féliciter, sans lâcher son fils.

— Je pense qu’on peut prendre l’apéro ! Adam a tout préparé.
— Il y a une cuisine ?
— Une cuisine équipée, oui. Venez, on va vous faire visiter.

Toujours dans les bras de ma maman, je laisse Maximilien et nous guider, alors que mon père n'a plus qu'une hâte, c'est voir l'endroit dans lequel je ne l'ai pas laissé entrer en arrivant.

— Vous allez vivre les plus belles années de votre vie les garçons, croyez-nous.
— Je n'en doute pas papa.

Je les crois, il n'y a pas de doute là dessus. J'ai l'impression que je suis à l'aube d'un rêve dans lequel nous allons plonger à pieds joints ensemble, Max et moi.

— Vous allez voir, tout ici est différent de ce qu'on pourrait croire. Pour votre gouverne, vous m'avez élevé à votre façon. Je pensais qu'un mobile-home était un cabanon moi !

Nous rigolons et finalement, la réaction de mes parents est la même que la mienne en entrant à l'intérieur.

— Alors ? Ça vous semblerait fou que je veuille venir vivre ici, disons... Prochainement ?

— Prochainement comme depuis plusieurs semaines, déjà ?

Madeleine jette un regard taquin à son fils.

— On sera ravi de t’aider à déménager. Même si c’est soudain et que tu as intérêt à venir nous voir très régulièrement.
— Il sera souvent chez vous !

Je dis en riant. Je sais qu’il aura lui-même du mal a lâcher sa maison.

— Et je vous l’amènerai à l’église tous les dimanches.

— Tu vas pas seulement m'y emmener, je rigole en m'approchant de lui pour me glisser dans ses bras. Je veux voir la tête de certains connards de voir que notre vie est géniale et j'ai...
— Adam !

Mes parents m'appelle au même moment et je lève les yeux au ciel. J'insulterais les paroissiens loin d'eux, j'ai compris.

— Je viendrais manger tous les dimanches, vous savez. Je ne raterais ça pour rien au monde !

Ils savent que je dis vrai, surtout ma mère, nous sommes beaucoup trop similaires elle et moi pour qu'on en doute.

— J'aimerais simplement emmener quelqu'un avec moi, maintenant. Comme avant...

J'ai envie d'embrasser Max, mais maintenant que l'euphorie première est passée, je suis gêné à l'idée de le faire devant mes parents.

— Et puis... Si je veux voir mon petit frère pendant les quatre prochains mois, j'ai pas énormément le choix !

Je lui souris tendrement. On est un couple et il n'y a aucune raison pour qu'on fasse les choses séparément – sauf quelques exceptions, évidemment.

— Je t'accompagnerai à l'église et chaque fois que je serai invité chez tes parents.
— Tous les dimanches, insiste Madeleine.
— Tous les dimanches.

Je dépose un chaste baiser sur sa joue avant de murmurer à son oreille.

— Tes parents vont mourir de soif.

J'ai bien envie de faire une blague douteuse, mais je m'abstiens. Mes parents sont géniaux et me propose même leur aide pour mon déménagement, alors il est hors de question que je leur en fasse voir aujourd'hui.

— Allez vous installer dehors au soleil ! On vous apporte de quoi boire et manger ! Maman j'ai essayé de refaire les bouchées que tu as faites la dernière fois, j'ai besoin de ton avis !

Je vois dans ses yeux qu'elle est ravie que je lui demande son avis à elle et mon père l'attrape par la taille pour l'emmener dehors avec elle. Ils sont toujours aussi amoureux et ça me fait fondre, surtout aujourd'hui.

Des qu'ils quittent le mobile-home, j'en profite pour me tourner vers Max et lui donner un baiser des plus passionné.

— Je crois qu'aujourd'hui, même toi t'as aucune idée d'a quel point je t'aime...

À contre cœur je le relâche, prêt à tout apporter dehors pour mes parents et nous.

Je ne sais pas si on peut se faire une idée d’à quel point quelqu’un nous aime car on est obligé de le croire sur parole. Mais je sais que, s’il m’aime aussi fort que je l’aime, alors j’ai énormément de chance.

Je le laisse me transformer en serveur le temps de quelques secondes avant de m’installer avec ses parents à l’extérieur.

— C’est bien que vous ayez une terrasse, pour profiter du soleil.
— On déjeune régulièrement ici.

Madeleine prend un petit four pour le goûter. Paul en a déjà manger plusieurs, moi aussi, mais c’est maintenant qu’Adam retient son souffle.

— Il manque un peu de sel dans ceux-là ! C’est quoi ? Du thon, c’est ça ? C’est excellent mon cœur. Tu as essayé ceux avec les lardons ?

Je jette un oeil à Paul et il me fait signe de ne pas faire attention.

Que la seule remarque de ma mère soit sur le sel me rassure. C'est une faute, mais ça n'est pas mauvais pour autant. Je crois que si elle n'avait pas aimé, ça aurait été la pointe de stress de trop de ma journée.

— Max cède à tous mes caprices et on va avoir un potager !

Je tourne la tête vers lui et lui envoie un baiser dans les airs.

— Quand mes légumes pousseront ici, je vais tellement cuisiner que j'ai intérêt à me sociabiliser parce que j'aurais de quoi nourrir tout le quartier.
— Commences déjà par nourrir ton frère et on verra après ! T'as beau ne pas être là beaucoup dernièrement, on fait autant de courses tellement être enfermé le fait manger !
— Je lui ferais des tupperwares ! Je le ferais manger des trucs qu'il aime pas, sans le savoir.

Je rigole à la remarque de mon père, parce que ça ne m'étonne pas de Gabriel. Et je le comprends, le pauvre. Ça doit être dur pour lui, ne serait ce que de ne pas pouvoir être ici aujourd'hui.

Je rigole quand il parle de se sociabiliser.

— T’inquiète pas pour ça, j’ai déjà rencontré le peu de voisins qu’on a.
— Ça ne m’étonnes pas de toi !

Madeleine rit de bon cœur et je la suis volontiers. En fait, j’ai l’impression de ne pas être parti. J’ai l’impression que ses parents sont même rassuré de ce qu’il se passe et je me questionne vraiment sur l’ex d’Adam.

— Gabriel nous a dit que tu avais intérêt à avoir fait une part pour lui qu’il goûte ce soir. C’est très difficile pour lui. Mais c’est une punition, on ne frappe pas les gens comme il l’a fait, s’il l’avait tué...

Elle soupire.

— Mais c’est difficile de le voir comme ça. Il est malheureux comme les pierres, même s’il fait beaucoup d’efforts devant nous. Je le vois quand il pense que je ne regarde pas.

— J'irais même lui apporter moi même sa part, parce que je suis le meilleur des grands frères.

Je souris, mais en vérité je suis aussi attristé que maman. Gabriel sortait tout le temps, pour n'importe quoi, et maintenant il est cantonné à ça.

— Je sais que c'est mal, mais je lui en veux pas le moins du monde d'avoir agi comme ça... Il a évacué sa colère et sa tristesse d'une mauvaise façon, mais ce connard a eu ce qu'il méritait.

Mon père pince les lèvres et ne dit rien, mais je vois dans ses yeux qu'il n'en pense pas moins. Ce n'était pas la chose à faire, mais maintenant que c'est fait, je n'ai aucune peine pour le père d'Austin.

— Il va même pas pouvoir voir l'endroit où je vais vivre avant des semaines...
— Il serait venu avec plaisir Adam, réponds mon père.
— Je sais oui ! Mais ça n'en reste pas moins... Bizarre.

— Eh bien... pourquoi tu ne l’appellerais pas dans la semaine en appel vidéo pour lui faire visiter toi-même, hein ?

Je propose avec un petit sourire. Pour l’instant c’est dur sans l’être, parce que c’est nouveau. Mais dans deux mois, ce sera dure parce qu’il deviendra dingue.

— D’ailleurs, tu ne devrais l’appeler qu’en visio pour qu’il ait l’impression de voir plein de chose.
— Ah oui ! Comment ça fonctionne ?? Je l’appellerai le dimanche de l’église !

Ma mère est emballée et je crois que Max vient de monter encore un peu plus dans son estime, s'il est possible. Ma main vient se glisser dans la sienne et je lie nos doigts avec tendresse.

— T'es génial.

C'est bas, mais je sais qu'il l'entends avant de se lancer dans des explications simples sur comment appeler en vidéo. Je suis heureux, sur ma terrasse ensoleillé, entouré de mes parents et de l'homme qui vient de me demander de passer ma vie avec lui.

— Vous êtes à la maison ce soir ? je demande soudainement. Je veux dire... Ça vous dérange si je demande à Marie de passer ?
— Pourquoi à la maison ?

Mon père me demande ça comme si c'était déjà chez moi ici et ça me fait sourire. Mais ma mère lève les yeux au ciel à son intervention. Elle a compris pourquoi, elle.

— Parce que je n'ai pas envie d'attendre pour leur annoncer à Gabou et elle ce qu'il vient d'arriver et qu'il est hors de question que Gabriel apprenne ça en appel vidéo.

— Mais je n’ai rien prévu pour dîner ! Préviens ta sœur tout de suite pour qu’elle s’organise avec les filles.

J’esquisse un sourire ; Adam ressemble tellement à sa mère que c’en est déroutant. Au moins, je n’ai pas de surprise, je sais ce qui m’attend pour le reste de ma vie.

— Envoie un message à ta sœur, j’apporte l’entrée.

Il a déjà tout préparé alors vaut mieux commencer à manger avant qu’un incident diplomatique ne se produise. Je me lève, non sans déposer un baiser sur son front, et je disparais dans la cuisine.

— Je crois qu’il me reste un rôti au congélateur.

— Maman ! Calme toi !

Ça me fout toujours un coup de voir que ses réactions sont exactement les mêmes que les miennes, alors que parfois ça m'insupporte chez elle. Aujourd'hui, ça me fait sourire. Pauvre Max, il ne sait pas dans quoi il se fourre.

— Je te dis pas que je veux organiser un repas de famille dans cinq heures ! Je veux juste utiliser la maison comme point de rendez-vous. T'es pas obligé de tous nous avoir à manger après, t'as pas que ça à faire...
— Tu connais ta mère Adam. Tu crois vraiment qu'elle va vous laisser partir le ventre vide s'il est dix neuf heures passées ?

Je ne peux m'empêcher de rigoler et de lever les yeux au ciel. On ne va pas avoir le choix, je crois. Je sais que ça va lui faire tout drôle que je parte à mon tour. Ça a été dur après le départ de Marie, et voilà que je fais pareil, beaucoup plus soudainement. Je repense à ce que m'a dit Gabriel quand je lui ai annoncé et avec son bracelet en plus, j'imagine pas comment il va vivre l'officialisation de mon déménagement...

— Max peut venir, lui aussi ?

Je demande alors qu'il arrive justement avec l'entrée.