Family Portrait - Adam &Max & Madeleine&Paul.

Je lève les yeux au ciel.

— Gabriel tout seul est chiant. Moi je suis l'être le plus ennuyant du monde. Si j'etais pas gay et que je n'avais pas fais mon coming out, ma mère aurait absolument zéro anecdotes à raconter sur moi.

Je rigole, mais j'ai conscience que c'est vrai. Je ne faisais pas de conneries gamin, mais je ne faisais rien de fou non plus. J'étudiais, je lisais, j'allais à l'église, et puis je recommençais. Et c'est toujours un peu pareil, en fait.

— Je crois que l'idée me plaît.

Je resserre mes doigts entre les siens, tout en acquiescant.

— Ça nous permettrait d'avoir un bébé, aussi. Adopter c'est beau, mais il y a combien de chances d'avoir un nouveau né, et à nos âges ? 2% ? Alors qu'en passant par une mère porteuse... Ce serait pas que notre enfant, mais notre bébé.

— Ça c’est parce que t’as jamais écouté les histoires que ta mère avait à raconter sur toi ! Des anecdotes y en a plein et ce n’est pas parce que ce ne sont pas des conneries que t’es moins intéressant.

Quand il parle du bébé, je réalise que je suis d’accord avec lui. Moi aussi, je veux pouponner. Moi aussi je veux élever nos enfants de A à Z sans qu’il air d’autres parents quelques part dans le monde.

— Finalement... on a réfléchi plutôt vite. On se renseignera en prenant rendez-vous dans une clinique, d’accord ?

Je hoche la tête et réalise doucement tout ce qui est en train de se passer.

— Je me suis réveillé ce matin en étant mort de stress à l'idée de dire à mes parents que je quittais la maison, et me voilà fiancé en train de parler concrètement d'enfants.

Je ne sais pas comment je m'y prends, mais je finis assis sur les genoux de Max, mes bras autour de son cou et mes lèvres n'arrivant plus à quitter les siennes.

— On garde ça pour nous pour le moment ? Je veux dire... C'est notre petit cocon, comme un secret tout doux, non ? J'ai pas envie que des gens se permettent de dire qu'on est trop jeune ou qu'on réfléchis à ça trop vite et... Et puis c'est à nous tout ça.

Je pose mes mains aux creux de ses reins. Je crois que je comprends ce qu'il veut dire parce que c'est ce que je ressens aussi. Que les gens nous fassent des réflexions, ça ne me fait pas peur, et je m'en contre fous. Mais j'ai envie qu'on bâtisse notre jardin secret à nous, sans devoir tenir informé la Terre entière à chaque nouvelle.

— On garde ça pour nous.

Je l'attire à moi pour embrasser ses lèvres.

— Bon et qu'est-ce que tu dirais qu'on aille dans un magasin de jardinage avant de passer chez le japonais, hein ? Comme ça, tu pourras commencer ton jardin. Et je suggère qu'on achète un arbuste et qu'on le plante tous les deux pour symboliser nos fiançailles et le début de notre chemin tous les deux. Non ?

— Seriez vous en train de devenir encore plus niais que moi monsieur Weaver ?

Je rigole, mais il voit pertinemment que ce n'est pas pour me moquer. Je trouve le geste beau à dire vrai, très fort et symbolique. Un peu comme tout ce qu'on est en train de vivre.

— Pour le début de notre long chemin.

Je me blotti contre lui un instant, qui dure un peu plus longtemps que prévu, puis je fini par me relever en l'embrassant.

— Je mets un t shirt parce qu'il fait au moins mille degré et on y va ? je demande impatient. J'ai déjà en tête les légumes que je voudrais planter et ceux que je peux planter à cette époque là !

Je pouffe de rire et je le regarde courir dans tous les sens. Je crois que je n'ai jamais été aussi sûr de moi de toute ma vie. C'est comme si tout était écrit, comme si nous n'avions qu'à suivre les rails. Plusieurs fois, quand je suis revenu ici, je m'en suis mordu les doigts en réalisant que je m'étais trompé et, aujourd'hui, je remercie intérieurement ces foutu de grévistes français qui m'ont empêché de prendre un billet de retour le jour où je me suis décidé à me raisonner.

Aujourd'hui, tout est rentré dans l'ordre, des projets, on en a des milliers et c'est bien plus rassurant que je n'aurais pu l'imaginer.

Moi aussi, je me change pour être plus à l'aise avant qu'on ne sorte tous les deux. C'est même lui qui ferme à clé et, aujourd'hui, ça a bien plus d'importance que tous les autres jours.