Balthawouaf

Quand il descend je suis déjà installé sur le lit, avec tous mes cours, je lui ai laissé de la place pour lui. Je lui explique tout ce qu'on a à faire, en soit pas grand chose car c'est le début de l'année, et ce que j'aimerais faire pour m'avancer car je connais le programme.

— Je t'ai pris tous les livres qu'on aura à lire cette année, Mr Martin a accepté de me donner la liste à l'avance. Je me suis dit que ça pourrait t'occuper quand tu t'ennuies.

— Ah ouais mais quand tu dis que tu veux prendre de l’avance tu rigoles pas...

Je regarde tout ce qu’il a préparé pour moi.

— J’ai pas le temps dans la journée, je rattrape un programme complet de l’année dernière. Moi je crois que je vais me contenter de ce qui est à faire parce que je vais impliser, sinon.

Je hausse les épaules.

— Je n'ai pas le choix, si je perds ma bourse en natation, je dois avoir de bonnes notes si je veux quand même rentrer à l'université.

Je m’approche pour le serrer contre moi.

— T’auras une bourse. Que ce soit en natation ou dans les notes, le comportement... tout. T’es un élève brillant en tout. Je sais que tu vas en avoir une. T’as toujours bien travaillé.

Il me prend dans ses bras, je regarde les livres ouverts devant moi.

— Je n'ai jamais réfléchi à ce que je pourrais faire d'autre.

Depuis toujours je donne tout ce que j'ai pour devenir nageur professionnel, je ne sais rien faire d'autre. Et l'idée de perdre le but que j'avais donné à ma vie, m'effraie.

— On va trouver. Regarde-moi... jamais t’aurais pensé que je voudrais devenir pédiatre. Tu pourrais être coach ! T’es doué avec les enfants. Mais tu vas être nageur. Ça va aller, ok ?

J'essaie de lui sourire et je hoche la tête.

— Je vais être nageur.

Je répète, lui sait rebondir, même s'il ne le voit pas comme ça, il sait s'adapter à toutes les situations et prendre des décisions. Il l'a prouvé en partant faire de l'humanitaire, il n'a pas peur.

J’acquiesce.

— Oui. Et je vais te masser l’épaule tous les jours. Est-ce que je peux faire autre chose pour aider ton épaule ?

Je baisse les yeux surpris en repensant à la réaction qu'il a eu quand je lui ai dit.

— Vraiment ?

— Bah.. oui. J’ai envie que tu te remettes vite pour pouvoir renager.

J’embrasse ses lèvres.

— Tu veux que je regarde sur internet ? Pour un massage ?

Ça me touche qu'il accepte de me soutenir malgré le fait qu'il ne soit pas d'accord avec moi.

- Je veux bien alors.

Surtout que je n'ai toujours pas trouvé de kiné, du moins pas un qui me convienne et pourtant j'ai déjà eu deux séances avec deux personnes différentes.

— Ok.

Il ne m’en faut pas plus pour être déconcentré et sortir mon portable. Il est bien plus important que des devoirs. Lui, en revanche, il se met à bosser alors je me blottis contre lui pendant que je regarde les vidéos sans le son.

Il regarde des vidéos blotti contre moi, pendant que j'étudie. Ça me touche qu'il s'y intéresse de cette façon-là. Il a l'air vraiment concentré. Au bout d'un moment je reprends la parole.

— Tu as trouvé quelque chose ?

— Hm ?

Je relève la tête.

— Euh.. oui. Il faut que j’essaie maintenant. Tu veux bien ? Ou alors je te laisse terminer ?

Je referme mes cahiers, avec un sourire.

— On peut essayer.

Je range tout ce qu'il y a sur le lit et retire mon t-shirt.

— Je m'allonge sur le ventre ?

— Oui. Les bras le long du corps. Je vais essayer un truc, surtout tu me dis.

J’attends qu’il s’installe avant de le manipuler doucement. Comme sur la vidéo que j’ai vu.

— Ça va comme ça ?

Je m'allonge et je le laisse faire, j'essaie de me détendre. C'est plus douloureux que quand il me met de la crème, mais ça reste supportable pour l'instant. Je hoche un peu la tête dans l'oreiller.

— Je te dirai si j'ai mal.

— D’accord.

Je fais doucement, j’essaie de faire en sorte qu’il se détende et au bout de quelques minutes, je laisse son épaule souffler et j’en profite pour masser son dos.

Ce n'est que quand il me masse le dos que je commence à me détendre.

— Ça fait du bien.

Je murmure. Je me décrispe lentement je le sens. Je sais aussi que plus je nagerai, et plus ce sera douloureux. Encore trois semaines, je compte les jours dans ma tête.

Je souris et comme ça lui plait, je continue encore un moment avant d’avoir vraiment envie de lui faire un câlin et de me coucher contre lui.

— T’as encore des devoirs ?

Il me masse un moment, et plus je me détends, plus je sens la fatigue me tomber dessus. Il se couche contre moi, et je l'emprisonne avec l'une de mes jambes. Je secoue la tête, fini les devoirs pour ce soir. J'embrasse ses lèvres.

— Merci, ça m'a fait du bien.

— C’est quand tu veux.

Je caresse son visage du bout du doigt.

— Tu devrais dormir. T’es fatigué.

Je blotti mon visage dans son cou, et je m'endors rapidement.

3H du matin. Darcy se met à crier dans son lit.

Je me réveille en sursaut, en moins d'une seconde je suis déjà dans sa chambre, elle est assise dans son lit et elle pleure fort. Je la prends dans mes bras, la soulève et la berce.

— Chut... ça va aller...

Je tourne sur moi-même et je vois Gabriel à la porte, je le regarde désolé. Même si elle va mieux, ses terreurs nocturnes sont toujours là, pas toutes les nuits mais encore présentes.

Sans m’en rendre compte, je m’endors aussi. On est réveillé par Darcy qui hurle alors Austin court directement dans sa chambre et je me lève aussi en panique, la tête un peu dans le gaz. Mon chien. Ma mère va me tuer.

Je m’approche pour embrasser les lèvres d’Austin avant de faire un bisou à Darcy.

— Prends-là avec toi, je remonte. Balthazar est tout seul, j’espère qu’il n’a pas fait chier mes parents.

Je hoche la tête, et je le regarde quitter la chambre toujours en berçant Darcy. Je n'arrive à la calmer qu'à 7h du matin, elle est épuisée. Vers 7h30 quand je sais que Madeleine est levée et en train de préparer le petit déjeuner, je la rejoins, j'ai une tête à faire peur, mais à chaque fois que ça arrive c'est insupportable pour moi. Je ne supporte pas de voir ma petite soeur comme ça. Je lui dis bonjour.

— Darcy ne peut pas aller à l'école aujourd'hui, elle a encore fait des cauchemars cette nuit.