New home — Max & Luke

— Sauf que je suis pas Adam, Max.

Je réponds en souriant. Je ne veux pas le brusquer, mais une fois encore, je ne lui mentirais pas.

— Arrête de faire des parallèles entre lui et moi. Au début je comprenais, de temps en temps ok, parce que c'est la personne avec qui tu as vécu le plus de choses sentimentalement parlant et que c'est normal, mais ça fait des mois qu'on est ensemble... Et j'espère sincèrement que t'as pas besoin de comparer notre histoire et la vôtre pour te rendre compte que t'es heureux avec moi.

Il me blesse. Je sais bien que c’est involontaire parce que je le connais, mais je ne pensais pas qu’il en avait assez. J’avais l’impression de lui faire un compliment, de le rassurer. J’ai acheté deux maisons dans ma vie et je trouvais normal de comparer parce que... je sais pas. J’ai besoin de faire le point régulièrement dans ma vie. C’est comme ça que j’avance. C’est un conseil de mon psy. J’ai besoin de regarder en arrière pour me rassurer et me dire que c’est mieux aujourd’hui. Je ne sais pas comment faire autrement pour contourner la dépression. J’ai des bases et je compare pour constater que j’avance. Que tout va bien. Étape, par étape. L’année dernière, à cette époque de l’année, Edouard travaillait presque tous les jours à la maison. Il y a deux ans, je perdais ma fille. Il y a trois ans, je perdais Adam. Aujourd’hui, je suis heureux. Je pensais que c’était bien de partager ça avec Luke et je réalise que je lui faisais du mal. Je m’en veux beaucoup. Je mets un certain temps à répondre.

— Non. Tu as raison. Je suis heureux avec toi et cette maison c’est la concrétisation de tous ces mois passé avec toi.

Je lui adresse un sourire sincère.

— Tu veux voir le jardin ?

Je crois que j’aimerais vraiment parler à Edouard, maintenant. Ou au moins ce soir. Ou très vite. Pour savoir ce que je dois faire. Comme s’il m’entendait, je reçois un MMS de lui et c’est Romie qui dort. Je la montre à Luke.

— Elle a dormi toute la journée, la pauvre.

Il mets un certain temps à répondre et c'est assez déconcertant. Je ne sais pas ce qu'il pense, je ne sais pas s'il se dit que c'était mieux avec Adam, ou s'il préfère avec moi. J'en sais rien, rien du tout. Mais quand il se décide à m'en dire plus, j'ai envie d'y croire et de me dire qu'ensemble, on peut aller de l'avant.

— J'espère bien.

Je sais bien qu'Adam à été une grande part de sa vie, mais un jour je crois que j'aimerais qu'il s'efface de la notre. Au moins dans les instants qui ne devraient concerner que Max et moi.

— Je t'en pris, je te suis.

J'embrasse sa joue tendrement, avant de voir ce qu'il me tends.

— C'est tellement une battante. J'en ai vu passer malheureusement, et Romie à une capacité à prendre les choses avec une positivité rare. Rencontrer Édouard, retrouver son frère et avoir une vraie famille, c'est la plus belle chose qui pouvait lui arriver.

— Je suis fier de mon frère. Avant, il aurait pas été capable de prendre soin de quelqu’un d’autre ou d’aimer quelqu’un d’autre et aujourd’hui...

Je compare aussi et je réalise que je le fais vraiment souvent.

— En tout cas, ils sont heureux tous les deux. Tous les trois, même. Loki c’est un peu leur bébé.

Une fois en bas, on passe par derrière pour arriver sur une véranda.

— Je pense qu’on pourra transformer ce cabanon en garage ou... en ce que tu veux. J’ai pas vraiment pensé à l’extérieur pour l’instant.

— De quelqu'un d'autre que lui ?

Je demande, surpris. Je ne connais pas le Edouard d'avant, et même s'il a merdé certaines fois, il n'en reste pas moins tellement attentionné auprès de Romie que j'ai toujours trouvé ça beau. Et que je ne le connais que comme ça : amoureux.

— Je crois qu'après ce qu'il a fait aujourd'hui, c'est encore plus leur bébé. Sans lui, Romie aurait pu subir bien pire, et on n'aurait pu ne pas retrouver cet enfoiré.

— En garage ça peut être bien ! Après, quitte à être en pleine nature, on pourrait aussi construire une serre non ? Je suis pas la meilleure main verte au monde, mais j'ai quelque petites notions.

Je rigole en venant enlacer sa taille.

— On verra de toute façon. Mis tant que ça te plaît, ça me plaira.

— Ouais. Ou que moi, je suppose. C’est presque pareil, je crois.

Ce lien est confu pour tout le monde et surtout pour nous. Je sais simplement que j’ai raison.

— Il est bien avec elle. C’est le plus important.

Je regarde un moment le reste de cabanon et j’essaie d’imaginer une serre.

— Je suppose qu’avec l’aide d’un jardinier au début, ça pourrait être une excellente idée. J’adorerait ça ! Romie aussi, je suppose.

Je vais me blottir contre lui, j’en ai besoin. J’ai peur de l’avoir blessé.

— Je t’aime. Je suis vraiment heureux que cette maison te plaise également.

Leur relation à Édouard et lui est vraiment particulière, mais elle ne me dérange pas, au contraire. J'ai un frère moi aussi, et si c'est encore différent, je sais que l'amour fraternel est important.

— Alors faudra y songer ! On pourra planter en fonction de ce qu'on aime, nous et eux.

Je crois qu'on aura toujours un cocon tous les quatre, ou qu'on vive.

— Elle me plaît encore plus parce qu'elle va devenir la notre et que j'ai vraiment hâte de vivre ça avec celui que j'aime.

Je le laisse se caller dans mes bras et j'embrasse ses lèvres à plusieurs reprises.

Planter ce qu’on aime tous les quatres me tente bien. Me rassure même. Après ces quelques baisers, je reste blottis contre son corps pendant quelques secondes ; il me dit toujours de lui dire ce qui me tracasse et je crois que c’est un moment comme celui-là dont il parle.

— Comment je fais ?

Je demande à mi-voix.

— Comment je fais pour savoir si je vais mieux... enfin si je vais bien, si je ne peux pas faire le point ?

Peut-être qu’il sait et qu’il a une solution. Je me sens triste actuellement et confus. Ça n’était pas arrivé depuis longtemps.

— Mon psy me dit d’avancer étape par étape. De ne pas me projeter trop loin pour ne pas avoir peur et de toujours comparer à avant pour remarquer que ça va mieux et si tu veux que j’arrête... comment je fais ?

Il est complètement perdu et ça me tord l'estomac. C'est stupide de ma part, mais parfois j'oublie que ma franchise peut causer tout un tas de dégâts par rapport à ce qu'il s'est fixé pour aller mieux.

— Et si, parfois, tu vivais juste l'instant présent ? Sans te projeter, et sans revenir en arrière ?

J'embrasse sa tempe avec tendresse.

— Et si tu ne pensais qu'à mes baisers au moment où je te les donne. Qu'à mes bras autour de ta taille quand je te serre contre moi. Qu'au sourire de ton frère quand tu le vois avec Romie. Qu'à la façon dont il est là pour toi, parce qu'on vit ensemble actuellement. Tu es heureux Max, on peut tous le voir dans tes yeux...

Je lui souris doucement, en caressant sa nuque.

— Je ne suis pas psy, et si tu as besoin de comparer à avant pour aller mieux, alors je t'aiderais à te rendre compte à quel point ta vie d'aujourd'hui est belle. Chaque minute s'il le faut.

Même si ça veux dire entendre parler d'Adam encore longtemps. Parce que ça ne veux pas dire qu'il l'aime encore.

— Je ne savais pas que ton psy te conseillait de faire ça et...

Je soupire, parce que j'ai pas pour habitude d'être un garçon jaloux, mais tout est tellement grossi avec Max.

— ... peut-être que je suis juste un peu jaloux d'Adam, parfois. Parce qu'il est ton premier amour et que ça s'oublie pas. Alors quand je t'ai entendu en parler, j'ai cru que c'était un souvenir. J'ai pas saisi que c'était un moyen de comparer l'avant et le présent. Maintenant que je sais, ce sera beaucoup plus évident pour moi mon cœur.

J’affiche un pâle sourire.

— Si jamais je vis uniquement dans l’instant présent ça veut dire que je vais pas bien.

Je souris doucement. Je me sens bien contre lui et tout ce qu’il me dit m’aide à comprendre sa réaction et je le serre plus fort contre moi.

— C’est mon premier amour mais c’est fini. J’en suis plus amoureux du tout. J’ai des souvenirs, c’est évident, comme toi tu en as. Avec des exs.

Je me détache de lui pour pouvoir le regarder.

— Je suis passé à autre chose. J’ai des projets avec toi et je m’en fiche d’Adam. C’est juste qu’il a été important et qu’il ne l’est plus. Je me suis battu pendant un mois pour avoir cette maison. J’ai... je sais pas. Je sais pas comment te montrer plus que ce que je fais tous les jours que t’as aucune raison de le craindre parce que j’ai déjà compris que je ne l’avais jamais aimé autrement que comme un ado. Et j’en suis plus un. C’est toi l’amour de ma vie. C’est juste que ça me rassure de constater que c’est mieux aujourd’hui.

C'est bon à entendre. En avoir conscience est une chose, l'entendre de sa propre bouche en est une autre.

— J'ai pas besoin que tu m'en montres plus. C'est déjà parfait comme ça, je ne serai pas là avec toi sinon.

Je me rapproche de nouveau de lui et lui donne un baiser bien plus fort que les précédents. J'ai envie qu'il sache à travers celui-ci la vérité la plus évidente : que je suis fou de lui.

— Tu es aussi l'amour de ma vie Maximilien. Et on va avoir toute une vie pour que tu vois qu'on va être heureux !

J’acquiesce avant de lui faire un dernier câlin.

— On y va ? Il ne va pas tarder à faire nuit et il n’a aucun éclairage. Je ne saurais même pas retourner à la voiture:

Je dis en riant.

— Puis j’ai hâte d’envoyer un message au notaire.

— J'ai hâte qu'il dise oui officiellement ! Histoire d'être sûr.

J'aime bien quand tout est carré et tant que ce ne sera pas officiel, je vais me dire qu'on peut encore la voir nous passer sous le nez.

— On fera une belle allée avec des lampes à l'énergie solaire tout du long. Histoire que tu te perdes pas quand tu rentreras retrouver l'amour de ta vie.

Je souris en attrapant sa main pour ressortir.

— À priori, c’est toi qui risques de rentrer de nuit.

Je ris doucement avant de monter en voiture. Naturellement, c’est lui qui s’est mis au volant alors je lui donne les clés.

— Ça veut dire que tu vas rendre ton appartement à Londres ? Ça ira avec le travail ?

Je sais qu’on n’est jamais qu’à une demi-heure de Londres mais parfois il rentre ou part en pleine nuit.

— Ca depends, tu veux que je garde une garçonnière à Londres ?

Je le taquine, mais je prends le temps d'embrasser des lèvres avant de démarrer.

—Bien sur que je vais rendre mon appartement mon cœur. J'ai envie d'avoir qu'un chez moi, avec toi.

Je lui souris.

— Et ça ira le boulot, t'en fais pas. Ton frère a fait l'aller retour WhiteFalls/Londres pendant longtemps et il a survécu. Des tas de gens du coin le font. C'est quoi trente minutes si je me dis que j'y vais directement en voiture ? Sachant que la moitié de mon boulot je le passe au téléphone, ce sera des trajets rapides crois-moi.

— NON ! Enfin, non. C’est pas ça. Le travail quoi.

Je réponds à son baiser et je pose même une main sur sa cuisse pendant qu’il conduit. Maintenant, j’ai plus du tout envie qu’il ait un appartement à Londres et j’aimerais qu’il ramène toutes ses affaires rapidement.

— D’accord. Alors on sera vraiment bien ici. On va avoir un chez nous. J’ai tellement hâte aaaaaah j’ai envie d’avoir un câlin !!

Heureusement qu’on n’habite vraiment pas loin. En deux minutes on se gare à l’église et je cours dramatiquement jusqu’à lui pour me coller dans ses bras.

—J’suis tellement soulagé que t’aime. J’aurais pas survécu à une autre négociation.

Il se jette littéralement dans mes bras et c'est comme si je me rendais compte une nouvelle fois comme je l'aime.

— T'aurais négocier avec moi ?

Je demande en riant.

— Ton frère est peut-être doué, mais moi je suis flic je m'y connais aussi en négociation. T'aurais pas fais le poids !

Je rigole.

— Nan, si t’avais pas aimé j’aurais cherché un autre truc en silence.

On rentre dans l’église toujours collés l’un à l’autre et on voit rapidement Romie et Edouard en cuisine.

— On est là !
— On fait des crêpes pour ce soir ! Recette française de mamie Chantal !, annonce Romie, en français.
— Tu parles français aussi bien toi ? Ça sort d’où ?

Elle rigole en haussant les épaules.

— Je sais quelques phrase, c’est pas parfait, elle répond en anglais cette fois-ci.
— J’vous laisse Luke deux minutes ? J’ai un coup de fil à passer, je reviens !!

J’embrasse Luke à plusieurs reprises avant de disparaître dans notre chambre.