Help me leave behind some reasons to be missed.

— C'est de te voir assis dans ce fauteuil alors qu'on a un grand lit qui me met mal à l'aise.

Je le regarde.

— Tu n'as pas envie de dormir avec moi, c'est pour ça que tu as fermé ta porte à clef ?

Je soupire et je fais le tour du lit pour venir m’allonger ; je reste au-dessus des draps comme il le fait si bien.

— Non. Ça n’a rien à voir avec toi. C’est juste que je voulais être vraiment tout seul. T’allais pas revenir, je l’ai bien compris. Je voulais simplement être seul. J’en avais besoin pour réfléchir.

Je soupire un peu. Je sais que sa priorité, c’est sa sœur.

— Tu devrais essayer de dormir.

Il s'allonge et moi je ferme les yeux. Je crois que vomir m'a fair du bien.

- J'ai pas envie que tu partes.

C'est égoïste de le dire, mais j'arrive pas à contrôler ni mes pensées ni mes mots.

Je froncd les sourcils parce que je ne comprends pas.

— Mais je suis là. Je vais pas partir, t’inquiète pas. Je rest jusqu’à ce que tu te sentes mieux.

Je secoue la tête parce qu'il comprend pas.

— À l'autre bout du monde.

— Oh.

Ça me surprend, je le reconnais.

— Bah.. ce sera pas si long. Puis tu as les examens... ça changera pas beaucoup de ces derniers temps. Fin... pourquoi tu veux pas que je parte ?

— Je me suis engagé...

D’un coup, je me sens vraiment coupable de partir.

— Bien sûr...

Je suis complètement déstabilisé et lui, il va s’endormir.

Sans ouvrir les yeux, je cherche sa main entre nous et quand je la trouve, je la serre. Ça me rassure. Je suis en train de m'endormir.

Il prend ma main dans la sienne et ça me fait bizarre parce que ce n’est pas naturel. J’ai réalisé ces derniers temps qu’on n’était pas aussi proche que je l’imaginais et ça me brise. Finalement, on se connaît bien, on est de bons potes, mais si j’ai un jour imaginé qu’on était fusionnels, je sais aujourd’hui que c’est faux. Il n’a pas assez confiance en moi pour ça. Je ne suis jamais allé chez lui alors qu’après toutes ces années, j’aurais dû être là. Peu importe son ressenti. Mais il ne me fait pas assez confiance pour ça. Il m’a caché qu’il allait parfois à l’hôtel. Il me cache tellement de chose finalement que je sais que je suis loin d’être aussi important pour lui que je le pensais. On n’est même pas proches physiquement parce que ce simple geste qu’il a de me prendre la main me gêne car il n’est pas naturel. On est très câlin dans notre famille – même si je fais semblant de ne pas aimer ça – mais Austin n’a jamais laissé de place pour ce genre d’affection. D’ailleurs, le fait qu’il dorme chaque fois au-dessus des draps comme si je risquais de le toucher en dit long. J’ai presque envie de chialer en réalisant que je suis le seul de nous deux à être impliqué à ce point dans notre relation. Me dire qu’il ne veut pas que je parte n’est pas suffisant. Plus aujourd’hui, en tout cas. Moi je veux qu’il m’aime, qu’on s’enfuit plusieurs semaines. Je veux être le seul qui compte. Je veux être sa priorité, la personne avec qui il partage absolument tout. Mais je sais que je n’aurais jamais cette place parce que c’est celle de sa soeur. Et ça me ronge parce que moi je donnerai tout pour lui.

Quand il s’endort, j’attends encore de longues minutes avant de lâcher doucement sa main. Puis je lui tourne le dos et je m’éloigne pour ne pas le gêner. C’est dur d’aimer quelqu’un, surtout quand on ne s’aime pas de la même manière.

Je peine à ouvrir les yeux, je me redresse doucement. J'ai du mal à retrouver mes esprits. J'ai mal au crâne, j'ai l'impression qu'un camion m'a roulé dessus. Je regarde autour de moi, Gabriel dort encore, on est dans une chambre d'hôtel. Tout me revient et je pousse un grognement tellement j'ai honte. Gabi commence à bouger et moi j'ai envie de disparaitre.

Je n’ai pas beaucoup dormi alors quand je sens Austin bouger à côté de moi, j’ouvre rapidement les yeux. Je me lève presque tout de suite.

— Salut.. ça va ?

Je secoue la tête.

— Je crois que c'est un de ces moments dans la vie, que tu aurais jamais aimé vivre.

Je souris.

— Je t’avais prévenu hier.. mais t’as quand même voulu rester pour danser.

— Oui, oui. C'était... nouveau.

Je le laisse retomber dans les oreillers pour me cacher en grognant.

— Enterre moi vivant s'il te plaît.

Je souris un peu. Moi, j'ai bien aimé que, pour une fois, il ne soit pas dans la retenue et dans le contrôle. J'aurais juste aimé que ce ne soit pas parce qu'il avait bu.

— J't'assure que tu vas y survivre !

Là tout de suite, j'ai vraiment envie de disparaitre. J'ai toujours fait attention de ne jamais boire, de ne jamais prendre de drogues. De toujours rester clean, correcte et en une soirée j'ai l'impression de tout avoir foutu en l'air et c'est dur à accepter.

— Tu pars quand ?

Il change rapidement de sujet et ça me met mal à l’aise. Hier, il m’a demandé implicitement de rester et je ne sais pas s’il s’en souvient.

— D’ici trois semaines.. j’ai pas encore reçu toutes les informations.

Je me redresse doucement, car j'ai vraiment mal au crâne. Trois semaines, c'est dur à entendre.

— Tu ne sais pas encore où tu pars ?

Je hausse les épaules. Même si je le sais car c’est moi qui ai choisi, je n’ai pas envie de leur dire pour le moment. C’est vrai que j’aurais aimé me confier à lui et en discuter, mais j’ai l’impression qu’on n’est plus assez proches. Je suis complètement paumé car je sais que j’en suis raide dingue, mais il y a trop de barrières entre nous.

— Tu te sens mieux ? T’as plus envie de vomir ?