Please, don’t leave me alone — Austin

Il est minuit lorsque je téléphone à Austin. Comme il ne répond pas, je lui laisse un message.

— C’est moi.. j’aurais voulu que tu viennes me chercher parce que j’ai... non, laisse tomber, c’était débile. Je vais me débrouiller. Pardon.

Je raccroche, toujours dans les toilettes de cette boîte stupide dans laquelle je n’aurais même pas dû venir.

Mon portable qui vibre sur la table de nuit, me réveille. Je tends le bras pour l'attraper, Gabriel est blotti contre moi. Je vois que j'ai un appel en absence de Jenny et un message sur mon répondeur. Je l'écoute en fronçant les sourcils, il y a des bruits sourds derrière elle, elle n'a pas l'air bien.

— Je la rappelle immédiatement.

Quand elle décroche, j'entends à sa voix que ça ne va pas. Je décale doucement Gabriel et je me redresse.

— Jenny ? Qu'est ce qu'il se passe ?

Il me rappelle et j’entends à sa voix qu’il dormait. Je m’en veux immédiatement.

— Je te réveille, désolée.. c’est pas grave. C’est rien. J’ai juste accepté d’aller à une soirée et je me sens complètement stupide parce que j’aurais pas dû... je suis même pas capable de boire un verre, je suis ridicule ! J’ose pas sortir des toilettes pour ne pas risquer de tomber sur les gens qui m’ont proposé de venir...

Je soupire soulagé, elle va bien.

— Envoie moi l'adresse par message, je viens te chercher.

— Je suis au Circus...

— Reste dans les toilettes, je suis là dans 15 minutes.

Je raccroche, Gabriel s'agite un peu et ouvre les yeux. J'embrasse son front.

— Rendors toi.

Je lui laisse un mot, pour qu'il sache où je suis et je pars. Une quinzaine de minutes plus tard je suis dans le club. Je me faufile à travers les gens jusqu'aux toilettes.

— Jen ?

Ça dure une éternité mais quand il arrive enfin, je sors rapidement des toilettes pour me jeter dans ses bras.

— Merci d’être venu. Je suis désolée, je me sens vraiment idiote.

Elle se jette dans mes bras et ça m'inquiète. Je me recule un peu pour la regarder.

— Tu es sûre que tout va bien ?

— Ça va... c’est juste que j’ai vraiment honte. J’essaie de me faire des amies mais je suis là, avec mon verre de jus d’orange comme une conne. J’arrive même pas à me fondre dans la masse.

Je lui souris.

— On va essayer d'arranger ça. Tu es venue avec des amis c'est ça ?

J’acquiesce en silence.

— Je ne sais même pas où ils sont, je crois qu’ils ont pris une table.

Je ne sais pas trop d'en quoi je m'engage, car je suis très loin d'être à l'aise avec tout ça. Mais je prends sur moi pour elle, car seule elle n'y arrivera pas. On sort des toilettes, elle cherche des yeux ses amis, ils sont bien à une table, mais je vois qu'elle n'est pas très à l'aise.

— Tu préfères qu'on s'assoit un peu au bar ?

— Si tu veux bien ? Mais si tu veux rentrer, ça me va aussi. C’est pas grave. Je dirais que j’étais malade.

Je secoue la tête.

— S'ils te voient avec quelqu'un ils te poseront surement des questions et ça peut lancer la conversation.

Je ne me trompe pas, car quelques minutes à peine s'être installés, un garçon et un fille de son groupe viennent nous voir. Le garçon me regarde, pendant que la fille parle.

— Jenny, on te cherchait, tu étais passée où ?

— Ah salut, bah... j’étais juste là. Avec Austin.

Je dis en souriant avant de leur présenter.

— Et Austin voici Tom et Mackenzie.
— Et vous alliez boire sans nous ??
— Euh non mais...

Il hèle le serveur pour commander plusieurs shots.

J'essaie d'intervenir.

— On ne boit pas d'alcool.
— Oh allez, juste un petit verre.

Il me fait un clin d'oeil. Je regarde Jenny, et je sais que même si ce n'est pas la meilleure façon de l'aider à s'intégrer, je me dis qu'un seul verre ne peut pas faire de mal.

Quand je vois qu’Austin ne revient pas, je réalise que c’est parce qu’il n’est plus dans l’appartement. L’espace d’un instant, je me dis qu’il a enfin compris qu’il ne m’aimait plus, puis je trouve son petit mot. Il me dit qu’il est sorti, qu’il revient et que je ne dois pas m’inquiéter. Mais ça m’inquiète forcement alors je prends mon téléphone et j’appelle immédiatement.

On a accepté juste un shot, et après j'ai demandé des cocktails sans alcool. J'avais envie de rentrer, mais Jenny discutait enfin avec des gens. J'ai la tête qui tourne, je ne comprends pas pourquoi, j'ai chaud et je ne me sens pas très bien. Le gars me colle, il me parle, je ne comprends rien à ce qu'il me dit. Mon portable vibre dans ma poche, je l'attrape je vois le nom de Gabriel s'afficher, mais je ne sais pas ce que je lui dis.

J’entends rien, c’est le bordel autour de lui. Il baragouine un truc à propos d’un gars et de l’alcool. Quand j’entends ce mot, mon sang se glace.

— T’es où ? Envoie ta localisation. Tu m’entends ? Austin !

Je hoche la tête comme s'il pouvait me voir. Je vois flou mais j'arrive à activer la localisation, je ne sais pas comment. Je cherche Jenny du regard, mais je ne la vois pas, et il y a ce gars qui me propose d'aller prendre l'air. Je hoche la tête parce que j'ai trop chaud.

Il est dans une boîte de nuit et il a bu. Bordel mais qu’est-ce que c’est que ça ? Puis quand je relis son mot, je réalise qu’il est parti chercher Jenny. Mais quelle pétasse de le faire boire. En moins d’une minute j’enfile mon jogging et je m’en vais.

En tout et pour tout, je mets un quart d’heure à vélo et quand j’arrive, Austin est devant la boîte, avec un mec qui le colle comme jamais. Je vois qu’il essaie de s’en défaire, sans grand succès.

— Putain mais connard !

Je le bouscule violemment avant de récupérer Austin dans mes bras.

— On va rentrer, viens.

Je fouille ses poches pour retrouver les clés.

— T’es garé où ?

Il m'entraine à l'extérieur. L'air frais me fait du bien, mais ça ne dure pas longtemps, il me donne encore quelque chose à boire. J'ai la tête qui tourne, les lumières des lampadaires sont trop vives, ça m'aveugle. Il me colle, il pose ses lèvres sur les miennes mais je le repousse. je n'ai pas le temps de comprendre que je me retrouve dans les bras de Gabriel. J'entends le mec l'insulter et je vois sa silhouette disparaitre.

— Jenny.

Je marmonne.

— Elle est encore dedans. J'ai bu qu'un seul verre d'alcool.

Et même si je ne suis pas habitué à boire, je sais que ce n'est pas normal.

— Je m’en fous de cette conne ! Elle te fait boire là, alors qu’elle sait très bien que c’est pas toi ! Fais chier. Regarde ton état !

J’attrape son menton pour regarder ses yeux.

— Mais t’as pris quoi ? Pas juste une verre, mon cœur, c’est pas possible.

Je secoue la tête. Je suis complètement avachi sur lui. Je lutte mais j'ai de plus en plus de mal.

— C'était lui.

Tout est flou et je m'endors de plus en plus.

— Retrouve là s'il te plait...

— Lui quoi ? Qui lui ?

Puis quand j’aperçois le mec. J’assois Austin par terre et je me dirige vers lui. Ce con se casse en courant mais je le rattrape et je le plaque contre un mur. Après quelques coups dans sa mâchoire, il m’avoue que c’est du GHB et je lui mets un coup de boule tellement fort que son nez craque.

— Sale fils de pute, va.

Je pars après lui avoir faire une baleyette et je retourne à l’intérieur. En une seconde je repère l’autre conne et je la traîne dehors.

— Toi, la prochaine fois, j’te laisse ici. Pauvre conne ! Tu sais très bien qu’il veut pas boire et il s’est fait drogué là ! J’ai envie d’te tarter, j’te jure.

Elle se met à chialer et j’ai encore plus envie de la frapper.

— T’habite où ?

Je demande en me penchant pour porter Austin. Là c’est mort, il n’arrive même plus à marcher.

— Londres.
— Et tu viens en boîte dans un trou perdu et tu appelles ton ex en pleine nuit ? Mais t’es vraiment une calculatrice ! Putain, j’y crois pas ! Prends mon vélo, là.

J’ai repéré la voiture en courant après l’autre connard. Jenny me suis et je la laisse mettre le vélo à l’arrière pendant que j’installe Austin.

— Ça va, mon ange ? J’ai ramené Jenny. Elle va dormir à la maison ce soir, ok ? Tout va bien, tu peux dormir. Je prends soin de toi.