I was the man who never lied until today - Adam, Gabriel & Logan #7

Ça fait plusieurs semaines que je rejoins Adam tous les dimanches et, si la première fois j’ai pris le temps de coucher Olivia avant de partir, j’ai rapidement décidé que, pour une fois dans la semaine, je pouvais bien sauter cette étape.

Alors, comme d’habitude, je pars vers 17 heures de chez moi, à pied, et je prends le bus pour rejoindre l’appartement de mes parents. La plupart du temps je fais courir trois quart d’heure, je rentre me doucher et Adam arrive sur les coups de 18 heures.

Mais, aujourd’hui, les heures défilent et je n’ai aucun signe de vie de sa part. Même pas un message pour me signifier un éventuel empêchement. Rien. Je tourne en rond parce que, même si nous n’avons pas défini d’heure, on se retrouvait toujours à 18 heures et je ne comprends pas pourquoi il ne me préviens pas d’un éventuel changement.

Je lutte pour ne pas lui envoyer de message et c’est quand je réalise que je suis incapable de faire autre chose que d’attendre son arrivée que je me décide à lui passer un coup de fil.

Il est 21 h 15.

Quand il décroche, un tel brouhaha entoure sa voix que je peine à comprendre s’il s’adresse à moi ou aux personnes qui l’entourent.

— Adam ? Tu m’entends ? Mais t’es où là ?

Qu’est-ce qu’il se passe, il me dit. Je lâche un rire nerveux parce que j’ai l’impression qu’il se fout de ma gueule.

— Ce qu’il se passe ? Bah j’en sais rien, ça fait plusieurs heures que je t’attends !

Je soupire parce que son explication lâche dans mon estomac une horrible sensation ; Adam vient de piquer mon orgueil et ça ne m'agace pas, ça me gêne simplement. Ça me gêne parce que je ne peux pas admettre que c'est de la peine ou une sorte de peur que je n'explique pas. Il n'a pas vu le temps passer et il m'a oublié.

— Et tu comptes venir ? T'as bu ? Je viens te chercher, si tu veux ! C'est qui ces potes ?

C'est plus fort que moi, je suis sur le point de mettre mes chaussures ; je n'ai pas envie qu'il passe du temps avec d'autres personnes alors qu'il devrait être avec moi — et je n'aime pas ça du tout. Je n'aime pas ça parce que ça ressemble à de la jalousie et quand je sors avec quelqu'un que j'apprécie vraiment, je suis possessif. Mais ce n'est qu'Adam et je l'aurais vu venir si je m'étais attaché à lui, non ? Il faut croire que non et ça me fait vraiment chier. Putain. Je n'ai qu'à lui dire d'aller se faire foutre pour ce soir, mais je n'y arrive pas. Je n'y arrive pas parce que c'est avec moi qu'il doit être.

— T'es où ?

Je redemande alors que j'ai déjà enfilé ma veste. S'il prend un verre, il n'est pas en boîte.

— T'es au Red Lion ? Je n'en ai pas pour longtemps.

Quand je vois mon frère débarquer dans ma chambre, portable à la main, en train de faire comme s'il sortait dans le jardin d'une soirée à laquelle il n'est pas, je comprends d'où venait ce bruit hyper agaçant qui a démarré d'un coup. Je l'écoute et quand je le vois perdre son sourire, j'essaie de ne pas rire en me mordant l'intérieur des joues.

— Bien sûr que non, tu le rappelles pas. Il t'a dit quoi ?

Cette fois-ci, j'éclate de rire, c'est plus fort que moi.

— Mais c'est rien. Il est bloqué dans cet appartement, non ? Il ne va pas rentrer ? Bon bah... tu termines ta soirée imaginaire et tu vas là-bas comme prévu. T'as qu'à boire un coup tiens, si t'arrive pas éméché, il te croira jamais.

Je suis pris d'un fou rire tel que j'en ai mal au ventre.

— Putain mais tu pouvais pas aller dans une vraie soirée aussi ?

Je secoue la tête quand il me dit que le ton de son mec puait la haine.

— C'était pas de la haine, c'était de la jalousie. Tu devrais aller à la soirée, boire un peu pour te détendre parce qu'on ne peut pas dire que t'es relax et lui téléphoner à nouveau. S'il décroche, t'as gagné. Et s'il veut venir te chercher, laisse-le faire. Qu'il te voit faire l'imbécile avec d'autres mecs. Puis laisse-le montrer à tout le monde que t'es à lui, laisse-le ressentir des trucs qu'un mec marié devrait pas ressentir et qu'il pourra même pas te reprocher.

Je lui adresse un sourire amusé.

— J't'assure qu'en rentrant, t'aura la meilleure baise de toute ta vie parce que y a rien de mieux qu'un mec qui a envie de te montrer qu'il n'y a pas mieux ailleurs. Arrête de stresser. Mais sors un peu,
ok ? Tu veux que je t'accompagne ?

Il se décide et ça me fait sourire ; il va l’avoir son kiné, je le sais. Quand les sentiments seront là, il saura s’y prendre et il n’aura plus besoin de moi. Il est resté 3 ans avec Max. Il saura. Et tant mieux car c’est la partie que je ne maîtrise pas du tout.

— Parce que tu crois vraiment que je vais me retrouver tout seul ? Ça a intérêt à fonctionner car moi, si je sors, c’est pas avec toi que je rentre..

Je dis en me marrant.

Je me presse pour m’habiller et quand mon frère revient dans ma chambre, je me marre quand il s’inquiète de savoir si maman va me laisser sortir.

— Je vais passer par derrière.

Ce que je fais. On se retrouve dans sa voiture et en dix minutes, on est à sa fête. Je suis déjà venu là plusieurs fois, je connais des gens. D’ailleurs, les gens sont plus surpris de voir mon frère plutôt que moi.

Je ne sais pas combien de temps on passe à boire et tenter de le rendre sociable aux yeux du monde, mais on rigole bien et je trouve ça dommage qu’on n’ait pas eu l’occasion de sortir tous les deux plus souvent.

Quand je vois qu’il est pompette, mais toujours maître de lui-même – s’il était bourré, ça ne servirait à rien – je récupère le verre qu’il a dans ses mains.

— Appelle.

Là, à mon avis, il va avoir un peu plus confiance en lui que tout à l’heure.

Quand j’ai raccroché, je suis allé me doucher une seconde fois, comme si ça pouvait m’aider à y voir plus clair, mais je n’ai fait que ruminer. Je me suis commandé à manger – une pizza – et j’ai regardé la télévision, en essayant de ne pas regarder mon téléphone toutes les cinq minutes.

Je regarde un documentaire sur les douanes australiennes quand mon portable sonne. C’est lui. Il est presque une heure du matin. J’hésite à décrocher, mais c’est plus fort que moi : il a peut-être un problème. C’est toujours le même bordel autour de lui.

— Tout va bien ?

GABI
Son mec décroche et ça me soulage – même si tous les mecs fonctionnent un peu pareil et que j'étais sur de ne pas me tromper. Je l’écoute répondre en souriant et quand il sort un « tu m’attendais ? » je lui fais signe de fermer sa gueule.

— Mais dis-lui que t’as trop bu pour conduire, débile ! Pas ça !

Je chuchote pour que Logan n’entende pas.

. . .

LOGAN
Son ton n’est pas le même que tout à l’heure, il a dû boire un peu plus. Et je n’aime pas ça parce que ça ne lui va pas.

— C’est toi qui m’appelle alors soit t’as un truc à me dire, soit tu vas te faire foutre. Arrête de me prendre pour un con, Adam.