Is it too late now to say sorry ? - Gabriel & Adam

J'ai passé une nuit affreuse. Pire encore que celle où je suis tombé en panne d'essence en pleine nuit après avoir porté Gabriel à l'aéroport. Cette nuit, j'avais mal : au corps et à l'âme. C'est la première fois que je me prends un coup de poing et a aucun moment je ne m'étais dis que ça pouvait faire si mal. Je suis un peu douillet, certes, mais quand même... Le pire, c'est que ce qui fait le plus mal, c'est que ce soit moi qui ai poussé mon petit frère à me frapper.

C'est comme si de ma crise de jalousie il était ressorti une colère que je n'ai pas su maîtriser. J'ai été quelqu'un que je ne reconnais pas moi même et même si ça m'a fait beaucoup de bien sûr le coup, c'est douloureux à présent.

Debout devant la chambre de Gabriel, j'ai fais exactement ce que maman m'a dit. Je lui ai laissé la nuit pour se calmer et maintenant que je suis levé et que je l'ai entendu faire lui aussi, je prends mon courage à deux mains.

— Gabriel ? C'est moi...

Je frappe à sa porte en douceur, comme si j'avais peur de le brusquer rien qu'avec ça.

@Gabriel Saint-Clair

Je n'ai pas dormi de la nuit, je n'arrive pas à me faire à ce foutu décalage horaire et je suis fatigué. Physiquement, émotionnellement. J'ai mal au ventre, à la main, au coeur. Je ne sais plus comment réagir mais la peine et la colère qui m'habitent ne m'ont pas laissé tranquille un seul instant.

J'ai dû m'assoupir à un moment parce que la voix de maman dans le couloir me fait ouvrir les yeux. Je me lève, je vais m'habiller et je me recouche. Je prends mon courage à deux mains pour défaire mon attelle et regarder ce qu'il se passe là-dedans. C'est violet, carrément dégueulasse et j'ai un haut-le-coeur. Je me presse pour prendre les médicaments sur ma table de chevet. Presque au même moment, Adam frappe à ma porte.

— Merde. Attends.

Je n'ai pas trop envie de le voir, mais bon. Je remets rapidement mon attelle.

— Quoi ?

Je demande – sous-entendu "tu peux entrer, qu'est-ce que tu veux ?", évidemment.

J'attends comme il me le demande et réponds à sa question en pinçant des lèvres.

— Je voudrais m'excuser, parler un peu aussi, mais je t'avoue que je préférerais le faire ailleurs que derrière ta porte.

Je serai bien rentré, mais je n'ai pas envie de l'énerver de nouveau.

— Beh rentre.

Je dis dans un soupir. J’ai pas tellement envie de l’entendre et aussi de lui faire face. Car quand je le vois arriver avec un bleu sur la mâchoire... je me sens immédiatement mal.

Je me sens con et j'ose pas trop croiser son regard. Il est encore dans son lit et je viens m'assoeir contre ce dernier, dos à lui.

— T'as bien dormi ?

Je sais qu'il va m'embrouiller de demander ça, mais j'ai le droit de me préparer, non ?

Même sans le voir je peux déceler le sarcasme en lui et je lève les yeux au ciel. Je ne l'ai pas volé.

— Je suis désolé Gabriel. Je sais pas ce qu'il m'a pris. J'étais en colère et j'ai pété un plomb en te voyant la bas. Je suis vraiment désolé...

— Charmant.

Je jette la tête en arrière pour la poser sur son lit et nos regards se croisent. Seulement là, je me décale un peu pour lui faire face. Ou du moins un peu plus.

— Je suis désolé pour hier, mais pas que. Je suis désolé pour ce que je t'ai dis à propos d'Austin ce jour là, et aussi pour l'inaction dont j'ai fais preuve toutes ces années. Je me rendais pas compte de ce que toi tu pouvais penser. Peut être que t'as raison et que c'était plus facile pour moi de me dire que tu étais juste en pleine crise d'ado..

— Ouais, c'est bon. J'ai pas envie de revenir dessus. J'accepte tes excuses et j'pense que ça suffira.

Je réponds dans un soupir.

— Juste... pas la peine de me faire un caca nerveux comme ça. J'parle pas à grand monde et là, j'ai plus envie de parler à personne. Et j'ai dit à Max que je n'irai plus l'aider. J'espère que ça te convient.

— C'était pas ça que je disais...

Je soupire.

— J'ai pas d'explications Gabriel. Je sais pas quoi te dire. Mais t'as pas à arrêter de le voir. C'est pas juste pour toi et ce serait pas juste pour lui non plus...

— Ouais puis la prochaine fois que t’es sur les nerfs tu vas encore m’en mettre plein la gueule parce que, soi disant, je me confie plus à lui qu’à toi ?

Je soupire.

— Si ta relation bancale avec Logan te met dans ce genre d’état, j’pense qu’il faut réfléchir sérieusement pour savoir si c’est véritablement une bonne chose ou pas. C’est flippant.

Et ça m’inquiète énormément.

Je soupire lorsqu'il mets Logan sur le tapis. Ce nétait pas à cause de lui ce qu'il s'est passé hier soir.

— C'est pas Logan le souci. J'ai beau m'être disputé avec lui avant de te voir chez Max, je sais que j'aurais réagi pareil si tout avait bien été.

Et ça par contre, c'est flippant.

— Je crois que c'est au contraire le retour de Max... C'est dur d'accepter qu'il est vraiment de retour et de t'avoir vu avec lui, ça m'a fait péter un plomb. Je sais pas pourquoi ! Je me suis senti genre... Trahi. Ça a été hyper fort sur le coup et je sais pas comment te l'expliquer.

Je lève les yeux au ciel, il ne me prends pas au sérieux.

— J'ai pas eu peur que tu me le piques comme tu dis, c'est le contraire qui m'a effrayé Gabriel.

Même comme ça, j'ai l'impression qu'il ne va pas le comprendre.

— Ça semble excessif je te l'accorde, mais c'était exactement la même sensation. J'étais en colère et ça a du rendre les choses pires, mais je m'attendais tellement pas à te voir toi devant chez lui que j'ai été incapable de me contenir.

Je lève les yeux au ciel.

— C'est ridicule. On ne pique pas un frère. C'est juste un frère qui peut se lasser d'un autre. Comme toi, à un moment. Mets-toi ça dans la tête. Moi, j'ai qu'un frère que j'aime et j'en veux pas d'autre.

Je soupire.

— Fin bref, j'pense qu'on peut passer à autre chose. Tu peux plus t'encadrer Max, je pense que tout le monde a compris.

— Je veux pas d'un autre frère non plus ! C'est pas... J'étais pas lassé de toi Gabriel, j'en voulais juste au monde entier et j'ai pas su voir que t'étais pas contre moi toi non plus. Ou p'tet bien que j'avais pas envie de le voir !

J'ai du mal à accepter ce que je suis et ce que je fais. Je suppose que c'est comme ça que tout a commencé non seulement avec Gabriel, mais aussi avec le reste de ma famille. C'était plus facile pour moi de me dire qu'ils étaient contre moi et de me complaire dans mon malheur.

— Ouais c'est ça. Je peux tellement plus le voir que c'est devant chez lui que j'ai atterri après une énième dispute avec Logan..., je soupire.

— J'crois qu'il va falloir que tu fasses le vide dans ta tête parce que ça va mal finir.

J'ai l'impression qu'il est plus paumé que moi qui suis, à la base, le chef des paumés.

— La limite de la personne rationnelle que je suis c'était de jamais sortir avec quelqu'un en couple. Je crois qu'avec sa femme et sa fille, j'ai franchi la limite depuis trop longtemps...

Je soupire, parce que je me sens mal. Je ne venais pas le voir pour parler de mes problèmes et nous voilà en plein dedans. Je ne veux pas qu'il pense que je ne viens le faire que pour ça... Et en même temps, il est le seul avec lequel j'ai envie de partager tout cela.

— Qu'est ce que je pourrais m'inventer de plus fou comme limite ? Y'a rien de pire qui puisse arriver que ça, je soupire. Sauf peut-être le retour de Max, mais ça c'est encore différent...

Je grimace à l'évocation d'un autre enfant. Heureusement que je sais qu'ils ne couchent plus ensemble, je crois que ça aurait pu le hanter longtemps.

— Et si c'était une nouvelle dispute, la limite ? On n'arrête pas en ce moment... Je passe mon temps à lui demander où il en est avec Moïra, il passe son temps à me dire que ça se fait pas tout seul et a chaque fois, ça finit en drame chaque fois. J'en peux plus...