Castle on the Hill - Romie & Édouard.

SMS à RomIE.
J'arrive dans 5 minutes chez toi et je passe 5 minutes top chrono devant la porte. Après je pars et tu auras raté ta chance. J'espère que tu ne dors pas encore !

@"Romie Wheeler''

Quand mon portable vibre, je suis encore dans mon lit. Cinq minutes. J’AI CINQ MINUTES. Je me lève comme une fusée, j’attrape la première robe que je trouve, je coiffe comme je peux, je prends du temps pour mettre du mascara et un joli rouge à lèvres et je descends enfiler mes baskets. Personne de levé pour valider ma tenue, non mais franchement ! Cela dit, je suis vraiment prête alors quand je vois une voiture se garer - celle qui a manqué de me renverser - j’enfile une veste, je prends mon sac et je sors.

Bien obligé d'avouer que je suis étonné de voir Romie déjà sortir de la maison, j'ouvre la portière sans trop me montrer. Si les propriétaires des lieux pouvaient ne pas me reconnaître, ça m'arrangerait.

Plus elle avance et plus mes yeux s'écarquille. J'ai vraiment tout à gagner à ce jeu, parce que même dans son genre à elle, elle est à tomber. Sa robe moule toutes ses formes et putain, y'a largement de quoi en combler mes yeux.

— Très jolie ! Aussi bien la femme que la tenue.

Je souris alors qu'elle monte en voiture.

— Le réveil n'a pas été trop dur ?

— Merci.

Je dis en m’installant confortablement après avoir déposé un baiser sur sa joue.

— T’es pas mal non plus.

Je suis complètement surexcitée mais je me contiens quand même.

— J’étais réveillée depuis un moment alors ça va. Où est-ce qu’on va ?

J'ai pas douté de mon charme, mais c'est toujours plaisant de l'entendre.

— Impatiente de me retrouver à ce que je vois ?

Je la taquine en démarrant.

— Tu veux le savoir tout de suite ? Ou t'as la patience d'attendre qu'on roule pendant une grosse heure ?

— Pendant une heure ?? Wahou ! J’ai jamais été plus loin que Londres !

Je boucle ma ceinture pour que ce bruit strident s’arrête après avoir retiré ma veste pour la balancer sur le siège arrière.

— Je crois que je préfère avoir la surprise ! Et c’est ça que j’attendais avec impatience. Même si c’est vrai que savoir qu’on allait se revoir m’enchantait grandement. T’es pas aussi désagréable que ce que t’essaie de faire croire alors...

— Ton plaisir fait le mien.

Et le pire, c'est que c'est vrai. Elle est tellement fraîche et heureuse à la simple idée de sortir de Londres que ça la rends adorable.

— Tu connais la théorie selon laquelle il y a toujours un jumeau maléfique et un jurmeau angélique ? Et bien mon jumeau c'est celui angélique, alors je te laisser comprendre lequel des deux rôles j'endosse.

Je baisse les épaules en sortant de la ville. Max a eu la chance d'être le jumeau frêle, moi celui sur qui tout reposait. Ça a beaucoup joué sur nos façons de voir la vie.

— Je sais être gentil parfois. J'aime juste pas qu'on me fasse chier. Ou qu'on se foute de ma gueule. Ou qu'on fasse du mal aux gens que j'aime. Bon, y'a plein de trucs que j'aime pas, mais je suis pas seulement un connard.

Je rigole, en lui tendant mon téléphone.

— Tiens, va sur Spotify et sois notre DJ. C'est directement relié à la voiture !

— Tu n’as rien de maléfique.

Je sais que j’ai raison. C'est simplement un genre qu’il se donne parce qu’il ne peut pas être aussi attentionné et maléfique, comme il le dit.

— C’est quoi Spotify ? Ah c’est écrit là. C’est pour la musique ? Hey mais t’as un frère jumeau ? Genre c’est le même que toi ou vous êtes différent ? C’est dingue ! T’es né avant ou après ? Attends mais t’as une playlist appelé « sexe » ? Genre c’est des musique que tu mets quand tu couches avec une fille ?

J’essaie de ne pas éclater de rire.

— Mais je n'ai rien d'angélique non plus.

Si elle savait. Mais bon... Ça galère déjà à utiliser Spotify. Je suis tombé sur la fille la plus bizarre de tout le coin.

— On est identique Maximilien et moi ! Des copies conformes. Même nos parents galeraient quand on était gosses. Heureusement qu'on se fringue pas pareil, sinon ce serait toujours la même chose. Mais je suis le plus vieux, ça va de soit !

Je rigole comme un con, parce que j'ai toujours essayé d'en jouer avec Max. Parfois ça marche encore.

— Je vais pas te faire de dessins, ca mets un peu dans l'ambiance ! T'aimes pas ça ? T'as dis que t'étais pas une vierge effarouchée, t'as déjà du coucher avec de la musique non ?

Je demande, piqué à vif. Mauvaise idée de lui filer ça. Manque plus qu'elle tombe sur la playlist ''plaisir coupable'' et elle me jette directement.

— Moi, je suis sûre que j’arriverais à vous différencier.

Je réponds avec assurance. Je rigole quand il me parle de sa playlist.

— Hm... je crois pas que j’ai déjà couché sur de la musique. Alors du coup, je sais pas si j’aime ça. On garde ça pour plus tard donc.

Je change de playlist et je lance le dernier album qu’il a écouté.

— Du coup, ton fond d’écran c’est ton frère et Zombie, c’est ça ? J’ai cru que t’étais extrêmement narcissique.

Je dis en riant.

— Ah tu crois ça ? T'as du cran !

Je siffle à son attention.

— Ça veux dire qu'il y aura un plus tard ? De plus en plus intéressant dis-moi !

Je rigole alors qu'elle envoie un album au hasard. Le nouveau de Maroon 5, que j'ai du écouter hier soir.

— Je m'aime, mais j'aime mon frère encore plus. Je sais pas s'il a conscience de sa chance ! J'ai tout lâché en France et je suis revenu vivre ici pour lui. C'est un truc de jumeau. Quand j'étais encore à Paris et lui ici, on s'appelait tous les jours. C'est pas vraiment explicable je crois. Tu t'entends bien aussi avec ton frère du coup ? J'imagine que tu vivrais pas chez lui sinon !

— C’est génial votre relation. Je trouve ça important, la famille. Du coup, c’est beau votre relation. Moi aussi, je m’entends bien avec mon frère. Mais je l’ai connu tard.. j’avais 13 ans. En fait, c’est mon demi-frère. Son père a été infidèle et je suis née. Tadam.

Je dis avec un air blasé.

Je rigole malgré moi, avant de me reprendre. D'après ce qu'a pu me dire Max d'Adam et de ce Logan, leur histoire à eux aussi à un peu commencé par l'infidélité de ce mec. Ça doit être dans les gènes. Et je rigolerais qu'il trompe Adam à son tour un jour, qu'il n'ai plus que ses yeux pour pleurer d'avoir quitté un mec aussi bien que Max pour ça.

— Pardon, vieux réflexe sur la tromperie. J'aime pas trop l'idée.

Dit le gars qui n'a jamais été posé donc qui n'en sait foutrement rien.

— Les conneries de votre père vous ont au moins permis de vous retrouver, c'est une belle chose quelque part. Surtout avec votre relation d'aujourd'hui !

Je reconnais au moins ça, c'est gentil de la part de son frère de l'accueillir chez lui et delà considérer comme une sœur de toujours.

— Ouais, moi aussi j’ai du mal à comprendre comment on peut tromper quelqu’un qu’on prétend aimer. Mais bon... mon frère est génial. Je l’adore et c’est vrai que c’est pas tout le monde qui accepterait d’héberger quelqu’un alors j’ai de la chance. Même si je crois que son mari est pas trop, trop à l’aise avec ma présence. Hey au fait...

Je dis en fouillant dans mon sac à main.

— Tu t’es pas inquiété d’avoir égaré l’une de tes cartes bancaires hier ? T’en as tellement que t’as pas fait attention, hein ?

Je sors la carte que je lui ai subtilisé avant de quitter le Starbucks.

— Et là... t’étais réveillé. Alors imagine endormi dans un train... ? Je crois que je te dépouille entièrement.

Je dis en riant.

Je m'apprête à demander en quoi Adam pourrait être gêné vis a vis d'elle, mais elle me prends de cours en sortant ma carte de son sac.

— Mais t'as eu ça où ? Comment ? T'as fouillé dans ma poche alors que je te payais un cookie ?

Je demande sur un air dramatique, alors que je suis complètement sur le cul. Elle cache bien son jeu et ça me donne sincèrement envie d'en apprendre plus sur elle.

— Mais comment t'as pu faire ça sans que je m'en rende compte ?

Je lui adresse un sourire fière. J’ai promis à mon frère que je ne volerai plus mais ce n’était pas du tout un vol. Je n’ai pas pris d’argent et je lui rends sa carte sans la revendre. Pas de recèle non plus.

— Je ne vais pas te dire comment j’ai fait ça sinon... tu t’en rendrais compte la prochaine fois. Juste.. fais attention quand tu dors dans le train. Je t’assure que c’est vraiment facile de prendre un billet de vingt livres dans le portefeuille d’un mec qui ne sait plus combien il a dedans.

Je lui souris et je tends la main pour qu’il me passe son portefeuille le temps que je range sa carte à sa place.

— J’ai rien volé. C’est promis. Mais voilà.. je connais pas ce livre SM là ou je sais pas c’est quoi ton truc de musique, mais j’ai des talents particuliers.

Je dis en riant.

— J’ai un peu grandi en marge de la société alors j’ai encore plein de choses à apprendre de ton univers. Hey ! Hier j’ai appris du français ! « Bonjour, je m’appelle Romie, je suis 18 ans...? Et j’adore le chocolat ! » TADAAAM.

— Je m'en rendrais compte ? T'es en train de m'annoncer sans aucune honte que tu vas recommencer ou je rêve ?

Je demande en éclatant de rire.

— Mais merci de me prévenir, je ferai attention maintenant. J'aurais jamais cru ça possible et en fait, c'est peut-être déjà arrivé des tas de fois.

Je cherche mon portefeuille dans la boîte à gants conducteur et je lui donne sans aucun crainte. Si elle avait voulu me voler de l'argent, elle aurait pu ne jamais me rendre cette carte.

— Et t'as d'autres talents insoupçonnables comme ça ? Je suis intrigué !

Je demande en imaginant tout ce qu'elle peut encore cacher.

— ''J'ai 18 ans'', attention ! C'est l'inverse d'ici. Mais tu t'en sors déjà très bien ! Il n'est pas mauvais ton français ! Félicitations !!! Je pourrais presque t'emmener à Paris pour le rendez-vous numéro trois !

Je souris à son attention.

— J’en ai plein, oui. Mais je suppose que tu devras me fréquenter souvent pour les connaître.

Je dis avec un air malicieux.

— Ah oui ! C’est vrai ! J’ai 18 ans !

Ils sont bizarres ces français. Ils ont 18 ans comme s’ils achetaient leur âge au marché !

— Euh... je sais que j’aime être surprise mais là, ce serait vraiment trop. J’ai pas les moyens et j’ai pas l’intention de vider ton compte en banque. J’aime bien les choses simples et pas chères. T’es pas un pigeon qu’on déplume. Enfin, je suppose. Alors pas de Paris. Mais promets qu’on sort jamais de l’Angleterre, hein ?

J’ai pas le droit, de toute façon. Pour le moment.

— Que de mystères !

Je souris en coin.

— Il en faudrait beaucoup plus qu'un aller-retour à Paris pour vider mon compte en banque, crois-moi !

Tout est tellement bizarre avec elle. C'est bien la première personne que je fréquente qui me laisse entendre qu'elle ne veux pas profiter du confort de mon argent. Qui refuserait une telle chose ? Mais soit.

— Rassures-toi, on ne quitte pas l'Angleterre ! Ni aujourd'hui, ni la prochaine fois. J'attends que tu sois folle de moi, pour faire des choses folles.

Le charme finira bien par opérer.

— D’accord, ouais. Mais même quand je serais folle de toi, ce sera de toi. Ton corps, ta personne. Ton visage. Là, j’aime bien tes lèvres. Et tu as de très belle main.

Je dis en les regardant encore.

— Ce que tu as m’intéresse bien moins que ce que tu es. Alors j’espère que t’es quelqu’un d’exceptionnel, Mocassin.

Elle est tellement franche que ça me déconcerte. Mais ça me plaît autant que ça flatte mon égo, c'est dire. Ça semble tellement plus sincère que quand ce sont les bobos que je saute qui le dise.

— Je suis quelqu'un d'exceptionnel. Je suis sûr qu'au fond de toi t'es déjà en train de te le dire.

Je souris, en prenant le dernier embranchement de notre périple.

— Assez parlé de mes mains de rêves, pour l'instant j'ai plus ou moins promis qu'elles ne te toucheraient pas.

Je rigole en les décrochant du volant.

— On arrive bientôt et j'espère que ça va te plaire !

— Elles peuvent me toucher de manière chaste.

Je dis en retenant un éclat de rire.

— J’ai hâte !! Je ne sais pas où on est mais j’aime bien la musique. J’espère que j’ai choisi la bonne tenue.

— Chaste ? Je connais pas ce mot.

J'eclate de rire, sarcastique.

— Si déjà la musique te plaît, c'est un bon début. Même si ce qui va suivre devrait te faire voyager un peu plus !

On mets une petite dizaine de minutes à atteindre le parking de l'endroit souhaité. Je me sers de mon argent pour plein de choses, mais par pour détériorer notre patrimoine historique. Pas de voiture là-bas, j'ai bien compris.

— On a encore une petite dizaine de minutes de marche et on y sera. C'est juste au bout de l'île, derrière les arbres ! Excitée ?

— Moi non plus. Alors on va essayer de l’apprendre ensemble.

J’ai tellement hâte que j’en ai les yeux qui pétillent. On va marcher pour aller au bout de l’ile. Ça va être génial !

— Mais c’est génial ! On traverse le bois là ? Heureusement que j’ai mis mes baskets !

Dès qu’on est garés, je sors. Il n’y a encore personne à cette heure-là. Et c’est génial. Il fait à peine jour. Mais il fait froid quand même.

— Allez !! Dépêche !

Je dis en allant attraper sa main pour qu’on avance. J’ai trop hâte de voir.

— Deux minutes !

J'ai à peine le temps de fermer la voiture qu'elle m'attrape la main pour me tirer derrière elle. Une fois à sa hauteur, je ne la lâche pas pour autant. Je lie juste nos doigts un peu plus confortablement.

On arrive rapidement aux abords du château et quand on atteint l'eau, c'est là que la beauté explose. Ce n'est pas vraiment une île, juste des douves qui donne l'impression que le château flotte au milieu de l'eau, mais elle n'est pas obligée de le savoir tout de suite. La magie peut opérer encore un peu.

— Les châteaux d'Écosse c'est loin, mais on en a des très beaux tout près de chez nous.

(Ils sont au château de Bodiam !!! http://chasseursdastuces.com/wp-content/uploads/2017/11/23.jpg )