New home — Max & Luke

Je souris quand je comprends qu’il n’a rien de mieux à faire. Avec ce qu’il s’est passé aujourd’hui, je me demandais si on n’allait pas tout repousser à plus tard.

— Faut qu’on prenne la voiture.

Je lui annonce avant de lui voler un baiser.

— T’es sûr que t’as pas besoin de retourner au commissariat ? Ça peut attendre...

— La voiture ?

Je demande alors que je pensais qu'on allait monter dans la chambre, tout au plus. J'ai encore plus hâte de savoir de quoi il peut s'agir !

— Sûr mon cœur. Tu me connais, je ne serais pas rentré si je n'avais pas terminé. J'ai eu ce type, il est derrière une cellule, rien de plus ne pourra être fait ce soir. Alors je suis tout à toi.

Je souris en l'embrassant à mon tour et en le suivant dans la cour.

—Qui conduit ?

Ça me rassure. Je crois aussi que c’est quelque chose de nouveau pour moi : je passe avant. Grâce à lui, à sa façon de m’aimer, je réalise que je suis important au sein de notre couple et si je suis généralement sur la réserve quand je propose des choses, j’arrive bien plus à penser à ce que j’aimerais, moi, qu’avant.

— Je conduis. C’est vraiment pas loin mais j’avoue que j’ai pas du tout envie de marcher.

Puis avec la voiture, je pourrais lui montrer le parking. J’attrape sa main pour qu’on puisse sortir. Je suis complètement stressé et en même temps surexcité. Ça fait des mois que je me bats alors j’espère vraiment que ça va lui plaire.

— Très bonne initiative.

Je n'ai pas plus envie de marcher que lui. La journée a déjà été bien trop longue et éreintante.

On monte en voiture et des qu'on quitte la propriété, je sens que son excitation est au moins aussi importante que la mienne.

— Comment vont ton frère et Romie ? Au delà de ce que j'ai vu je veux dire... Romie à l'air plutôt bien, je me trompe ?

— Je crois que Romie n’a pas la même vision des choses que nous. Pour elle c’est génial qu’elle se soit enfuit, que vous l’ayez rattrapé, qu’elle n’ait rien. Je crois que mon frère est mille fois plus choqué qu’elle. Mais la voir avoir le moral ça va l’aider. Elle a mal où elle est blessée mais... enfin ça va.

Je souris parce que c’est rassurant de se dire qu’on ne devra pas passer par les étapes compliquées que n’importe quelle victime pourrait vivre... Romie va bien. Elle est bien plus forte qu’on le croit.

Je mets mon clignotant en lisière de forêt et j’emprunte un sentier de voie privée. Après une bonne minute de ligne droite, j’ouvre l’immense portail à l’aide d’un boîtier et j’avance jusqu’à la maison avant de me garer. Mon cœur bat la chamade.

— Tu vois, c’était vraiment pas loin...

Spoiler:

Max m'emmène jusqu'à la forêt et je ne comprends pas trop où il veux en venir quand il s'engage à l'intérieur de celle ci . Mais quand il ouvre un portail et qu'il se gare dans la cour d'une maison, tout un tas de question se bouscule.

— Vraiment pas loin du tout.

Je demande avant de sortir de la voiture pour admirer la bâtisse qui se trouve devant nous.

— J'ai peur de pas comprendre mon cœur. Ou peur de trop m'emballer et de retomber, plutôt.

J'avoue en faisant le tour de la voiture pour le rejoindre. Je n'arrive pas à quitter l'endroit des yeux.

— T'envisages cet endroit pour nous deux ?

Je demande sans attendre, le souffle toujours coupé.

Je hoche la tête avec un petit sourire.

— Je connaissais cet endroit parce qu’on était déjà venu avec Edouard quand on était plus jeunes. Elle est complètement abandonnée depuis des années mais... je trouvais que ça ressemblait beaucoup à l’endroit en plein nature que tu aurais aimé avoir alors... Ça fait presque un mois que je me bats pour négocier et j’ai réussi. Mais j’ai rien signé, ni acheté ! Je ferai rien sans toi.

Je lui souris.

— Mais si ça te plaît, faut vite signer. Avant qu’ils changent d’avis. C’est une maison familiale et ce sont les arrières petits enfants des propriétaires. Ils voulaient la retaper mais ils n’ont pas les moyens donc elle dépérit de génération en génération. On peut aller voir à l’intérieur si tu veux ? Ils m’ont prêté les clés.

— C'est quoi signer vite ? J'ai rien de prêt en banque, j'ai aucun apport réel pour le moment. Ça doit couter son prix en plus une merveille comme ça.

Je souris quand même, parce que ça fait un mois qu'il est dessus et qu'il a entièrement cerné ce que j'aimais comme genre. Là, perdu au milieu des bois, on pourrait faire tellement de choses de cet endroit.

— OK, montre moi l'intérieur. Je peux pas attendre !

— Ça coute pas si cher parce que les travaux sont monstrueux, qu’on est loin de Londres...

On marche jusqu’au perron avant d’arriver face à la porte.

— J’espère que ça va te plaire. Et que ça ne va pas trop te faire peur vu le boulot monstre qui nous attend mais....

J’ouvre la porte avec la clé.

— Tadaam.

Je lui souris.

— Pour la signature, on peut toujours demander, j’avance l’argent le temps que ta banque rattrape le projet ? Ce serait l’occasion d’ouvrir un compte commun... non ?

— Ouvrir un compte commun ? C'est encore plus concret qu'acheter une maison ça !

Je souris en l'attrapant par la taille. Je refuse qu'il achète cet endroit seul, je veux qu'il soit à nous deux, pour de vrai. Mais en effet, il a les moyens qu'on puisse l'avoir avant que ma banque ne gère le reste et ça pourrait nous aider. Beaucoup nous aider.

— On en a pour des mois de travaux. Peut-être même des années pour que tout soit vraiment comme on le voudrait.

Je fais remarquer en déambulant dans le grand hall, toujours accroché à Max. J'imagine déjà certaines choses, et je suppose que Max et son bon goût on déjà des idées qui fourmillent de partout.

— T'as trouvé l'endroit absolument parfait. Tu t'y sens comment, toi ?

J’embrasse ses lèvres pour toute réponse. Bien sûr que c’est important et j’ai vraiment envie qu’on passe le cap. Chose que je n’avais jamais fait avec Adam.

— On en a pour quelques mois avant de pouvoir y vivre et une grosse année pour la terminer. Et tout le reste de notre vie pour la réinventer chaque fois que ça nous plaira.

On se retrouve au milieu de l’énorme hall et je l’entraîne dans ce qui était certainement un salle à manger.

— Il n’y a pas énormément de pièces, ce sont juste de très beau volume. Il y a un sous-sol mais toutes les fenêtres ont été emmurées à cause des gens qui venaient et il y a deux étages. J’ai déjà pensé à plein de choses, tu t’en doutes. Pour toi, pour moi, pour nous. Notre famille. J’avais juste peur que ça ne te plaise pas. Je sais que tu préfères le moderne mais... c’est totalement faisable à l’intérieur.

— J'aime beaucoup t'entendre parler du reste de notre vie.

Je lui souris, charmeur, mais comblé. Il est ce que je cherchais sans même le savoir et je ne remercierais jamais assez Romie d'avoir fait du forcing pendant toute une soirée pour me le présenter.

— J'aime vraiment beaucoup Max. Je trouve que ça nous ressemble complètement, parce qu'on va pouvoir y mélanger un bout de toi et un bout de moi. Si on avait acheté un truc déjà tout prêt, on n'aurait pas eu ça, mais en refaisant tout à notre guise... Ce sera nous, ouais.

Nos regards se croisent quand je reprends ses mots et mon cœur palpite. Je l'aime si fort et là, on se lance dans quelque chose de complètement dingue.

— J'appelle ma banque dès demain, en espérant pouvoir rapidement débloqués des fonds. Et nous on se lance, non ? Ça va être l'aventure d'une vie.

Parce que même s'il a déjà retapé l'église pour Adam, je sais que c'est encore différent aujourd'hui. Déjà parce qu'il ne m'impose rien et ensuite, parce qu'on sera vraiment tous les deux concernés de A à Z. Adam est enfin derrière lui.

Je hoche la tête avec un large sourire.

— Tu devrais y aller avec Edouard. C’est un excellent conseiller financier. Il a permis à Gabriel de racheter ses dettes et de placer de l’argent. Les banquiers n’aiment pas trop l’avoir en face parce qu’il connaît toutes les failles.

Je souris de toute mes dents.

— J’envoie un message au notaire ce soir pour convenir d’un rendez-vous au plus tôt. On signe et après on s’arrange entre nous. J’ai pas envie qu’elle nous passe sous le nez.

Je rigole en imaginant la tête des banquiers quand ils ont un mec comme ça en face d'eux. La rage à son paroxysme.

— Je vais lui demander alors. Je vais voir avec lui ses disponibilités avant d'appeler pour prendre rendez-vous. Quitte à l'avoir dans ma famille, autant qu'il m'aide.

Et cette famille je m'y sens tellement bien.

— Bah tout de suite ! T'as pas son mail !? Ou son numéro, tu peux pas l'appeler là ? Imagine quelqu'un l'appelle d'ici à ce qu'on soit rentré !

C'est la première fois que je vais acheter quelque chose à moi, j'ai toujours loué sinon, et si ça devrait me faire peur, moi ça m'excite complètement.

— On va être tellement bien ici en amoureux.

Je ris doucement.

— On est les seuls sur le coup, t’en fais pas. La maison n’était pas à vendre. Dès qu’on rentre, je les contacte.

J’embrasse ses lèvres à plusieurs reprises.

— Oh que oui. Tu veux voir les étages ?

— OK, d'accord.

Je me détends en répondant à son baiser.

— Évidemment ! Les étages, et même le sous sol ! On pourra sûrement rouvrir les fenêtres pour en faire quelque chose, non ? Qu'on perde pas d'espace.

Je grimace.

— Le sous-sol, pour l’instant, vaut mieux pas qu’on y aille. Y a pas d’électricité, c’est dans le noir... je ne sais pas ce que vaut l’escalier. Ce serait dommage de mourir aussi vite.

Je ris un peu avant de faire le tour pour voir la cuisine.

— Y a un escalier qui va à l’étage par là. C’est un escalier de service mais c’est le seul qui ne craint pas l’effondrement car il est en béton.

J'explose de rire quand je me rends compte de l'état réel de la maison.

— En fait on va acheter un truc insalubre, mais on trouve ça génial. On n'est pas humains.

Jamais j'aurais fait ça avant, seul ou non, mais avec Max ça me semble évident.

— Avec ton talent, la ville entière sera jalouse de notre maison. Le pays entier même. Charlie pourra prendre des photos pour un magasine de déco ! Tu seras encore plus reconnu pour ton talent.

Je souris.

— Et si on était raisonnable et qu’on gardait pour nous notre foyer, hein ?

Je dis avant de rire moi aussi.

— On sait où dormir le temps de pouvoir habiter vraiment ici et les gros œuvres, c’est pas nous qui nous en chargerons. Fondation, escalier, double vitrage... on va laisser ça aux pro pour pas que la maison nous tombe sur ma gueule.

Quand on est à l’étage, je le laisse tout découvrir par lui-même. Il a l’air tellement content.

— C'était une idée comme ça !

Je lève les yeux au ciel dramatiquement avant de rigoler.

— Ouais quitte à emménager avec toi officiellement, j'aimerais bien que ça dure longtemps.

On dirait un gamin quand je visite l'étage. C'est beau, ça a du charme et à chaque fois que je regarde par une fenêtre, je suis émerveillé par la vue.

— Tu seras obligé de faire l'amour avec moi dans chacune de ces grandes pièces. Y'aura plus de pudeur quand on aura une maison avec pour seuls voisins des écureuils !

Je le taquine, parce qu'il sait pertinemment que jamais je ne le forcerais à rien. Tant qu'il est à moi, tout me vas.

Je lève les yeux au ciel ; je crois qu’il sait pertinemment que je ne ferais pas l’amour dans chacune des pièces de cette maison parce que m’imaginer recevoir ma famille et leur servir à manger sur une table où on aurait fait l’amour ne m’enchante pas vraiment, mais je souris malgré tout parce qu’il m’a ouvert a beaucoup de choses.

— Je tiens à ma pudeur.

Je dis malgré tout.

— Ça fait partie de mon charme.

On monte encore d’un étage et ici, il n’y a que deux pièces. Vraiment grandes, mais seulement deux. Séparées pas un petit couloir.

— Ici, on n’y accède qu’avec l’escalier de service parce que c’était la partie des domestiques. Enfin, c’est ce que je pense. C’est mansardé, peu lumineux. Mal agencé. C’est forcément ici que j’ai envie de faire notre chambre.

Je dis avec un petit sourire.

— On abat ce mur là pour ouvrir, on transforme ça en salle de bain et on casse entièrement cette façade pour y mettre une énorme verrière. Vue sur la forêt chaque matin. Chaque soir. Et on garde cet emplacement dans le coin pour plus tard. Ça traverse la maison de haut en bas et on pourra y installer un petit ascenseur. Tu sais ? Comme celui chez mes grands-parents à Paris. Juste assez pour deux. Pour nos vieux jours. Qu’est-ce que t’en penses ?

— Et c'est aussi pour ça que je t'aime.

Je murmure à son oreille en l'embrassant, pour être sûr qu'il ne l'oublie pas. Quand il me fait monter à l'étage et qu'il m'explique tout ce qu'il imagine déjà, je suis sans voix.

— J'en pense que j'ai presque hâte d'être à nos vieux jours. D'avoir vécu le reste de ma vie avec toi et de voir cette maison prendre vie.

J'arrive le serrer contre moi et le baiser que je lui donne veux dire tellement de choses. Je suis heureux, comme je ne l'ai jamais été, et j'ai envie de le hurler au monde.

— J'arrive pas à réaliser qu'on va avoir une maison à nous deux. Pour de vrai. Même si on reste à l'église encore un peu, ici ce sera notre endroit...

Je souris sincèrement. Enfin un endroit qui n’est pas rattaché à mon ex. Quelque chose qui nous ressemblera et qui n’appartiendra qu’à nous. Un endroit où on ne sera plus obligés de les recevoir parce que c’est la famille d’Edouard et pas la mienne.

— Moi aussi, j’y crois pas. Et j’ai tellement hâte en même temps. J’avoue j’ai hâte que mon frère voit ça. Et ça me rassure qu’on soit à deux minutes en voiture. Même si je pense qu’il interdira à Romie de venir à pied maintenant.

Je grimace un peu.

— J’crois qu’il veut pas trop que Romie passe son permis. Ça lui permet de garder le contrôle, un peu.

— Tant qu'il peut garder le contrôle de toutes les façons il le fera. Ce qu'il s'est passé cet après-midi n'est qu'un moyen de plus.

Je souris en embrassant sa joue.

— J'adore ton frère, vraiment, mais on ne peut pas vraiment dire que Romie soit une femme indépendante. Après si ça leur plaît, tant mieux. Mais heureusement que t'es pas comme ça toi aussi, on n'en serait pas là sinon.

Et encore un baiser.

— Ils pourront venir aussi souvent qu'ils le veulent mon cœur. Et on pourrait même faire une chambre d'ami, mais un peu plus ciblé pour eux.

Apres avoir vécu avec Édouard tout ce temps, je crois que ce sera ça le plus grosse étape du déménagement. Quitter son jumeau.

— C’est leur fonctionnement, mais c’est évident que c’est pas comme ça que je voudrais vivre. J’aime bien qu’on ait chacun nos occupations malgré tout.

Je trouve ça bien plus sain. Je lui fais un câlin quand il propose une chambre. J’aurais jamais osé parce que j’ai conscience que ce truc de jumeaux ne plaît pas à tout le monde - y a qu’à voir qu’avec Adam ça aurait été impossible - mais ça me soulage vraiment qu’il prenne les devants.

— Y a largement de quoi faire au premier. T’es un amour en tout cas. Adam n’aurait jamais voulu. En ce moment j’arrête pas de faire le parallèle et je réalise que je pensais être heureux mais c’est pas le cas. Je le sais parce que je suis heureux aujourd’hui.