Soirée entre amis.

Ça faisait longtemps qu'on avait pas tous été réunis entre amis, mais Romie a tenu à faire un repas sans vraiment de raison et on se retrouve à huit autour de la table. On a beaucoup rit et maintenant qu'on est tous devant le dessert français qu'à fait Romie selon une recette de Chantal, on est tout de suite plus silencieux.

— C'est vraiment très bon Romie !
— Ouais bah heureusement que Madeleine était là. Je suis arrivé chez elle à sept heure ce matin pour récupérer tout ce dont on avait besoin pour cuisiner !

Édouard prends un peu trop ces aises chez ma mère dernièrement et même si on s'entends beaucoup mieux, je n'ai pas non plus envie qu'il croit que tout est rose dans le monde des teletubies.

— C'était pas rangé aussi bien que d'habitude d'ailleurs, je me suis permis de lui faire remarquer.

Je vois bien qu'il plaisante, mais sur le dos de ma mère c'est hors de question. Pas lui.

— Tu te permets beaucoup de choses à propos de ma mère je trouve. C'est pas ta pote Édouard. Franchis pas certaines limites non plus.


@maximilien weaver

— Tu veux dire comme t’en as franchi certaines avec les miens ?

C’est plus fort que moi et cette phrase qui sort de ma bouche surprend tout le monde, moi le premier. J’ai presque envie de m’excuser et de disparaître, mais Gabriel prends immédiatement la parole.

— La vache, j’ai toujours pensé que t’étais incapable de faire la moindre réflexion à mon frère !
— Et pourquoi ?, je demande dans un soupir.
— Parce que tu l’as jamais fait avant ce soir, tiens !
— Ça s’appelle de l’éducation, Gabriel. Je sais que c’est pas vraiment votre truc mais j’en ai et ce n’est pas parce que je suis poli que j’ai trouvé normal de me faire jeter comme un malpropre les papiers d’adoption presque signés ou que je trouve normal qu’il plaisante avec mes parents au mariage de mon frère comme s’il n’avait rien à se reprocher. Il—

Logan se lève d’un coup, entraînant Adam avec lui par le coude.

— Arrête-toi tout de suite, ça va très mal finir, il me dit avant de chuchoter sèchement à Adam d’aller chercher son manteau.
— J’ai le droit de—
— Tais-toi, Max. Je suis très sérieux. J’ai pas envie de me disputer avec Luke alors tu t’arrêtes. Quand on a de l’éducation, on vide pas son sac en public et surtout pas devant son mec actuel comme si on n’était pas passé à autre chose. En ma présence y a personne qui s’en prend à mon mari.

Gabriel rigole alors que l’ambiance est à couper au couteau.

— Personne sauf toi, c’est ça ?
— Gabriel va pas sur ce terrain-là, tu vas pleurer.
— Ah ouais bah je serais curieux de voir comment tu vas t’y prendre.

Adam revient avec mon manteau et je me penche vers Romie pour lui faire un bisou.

— Désolé Mimie, je t’appelle demain. C’était très bon.
— Donc en fait c’est pas qu’avec Adam que tu fuis ? C’est avec tout le monde ?
— Ouais. Ça m’évite d’avoir envie de vous éclater la gueule. Putain Gabriel, tu cherches quoi ? Recommence pas, tu sais comment ça va finir.
— Ouais, toi hors de chez toi. Tu fais le beau à défendre Adam devant tout le monde alors que c’est toi qui lui as fait le plus de mal.
— Par pas sur ce terrain là.
— Sinon quoi ? Hein ? T’as fait chier mon frère avec Max pendant des années alors que tu l’as traité comme une merde d’amant pendant des mois !

J'ai envie de mourir. Et si j'ai cru que la remarque de Max serait la pire chose de la soirée, mon frère qui s'en prends à Logan de cette manière c'est encore pire. Je lui lance un regard noir quand il ose laisser entendre devant tout le monde que Logan a dormi à l'extérieur de la maison, parce que ça ne regarde personne. Mais quand en plus, des années plus tard, il repars sur le fait que j'étais juste le plan cul et qu'il parle de ça devant des gens que j'estime, je me sens vraiment comme une merde. À cause de mon frère putain.

— T'as dit qu'on partait, on part.

Je ne laisse entendre que ça en attrapant la main de Logan, parce que je sais que là, il a envie de retourner la table et de démonter la gueule de Gabriel. Je le laisserai presque faire, mais moi non plus je ne supporte pas que Gabriel s'en prenne à mon mari comme ça et ce sera à moi de régler ça avec lui en dehors de cette tablé.

— C'est assez marrant que tu reproches ça à Logan quand on sait que j'ai passé des mois à être le mec que tu cachais parce que '' Officialiser c'était aps ton truc''.

Le silence gênant se tasse encore plus, parce que Matthew réponds à mon frère avec tellement de sarcasme que j'en suis choqué. Je n'avais jamais vu personne lui tenir tête en dehors de Logan.

— Puis bon, comme apparemment je ne suis pas assez bien pour que tu sois sûr de qui tu vas choisir entre Austin et moi, je pense que t'es pas bien placé pour faire de réflexion sur leur situation à tous les trois.

Édouard pouffe en bout de table et c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Seigneur, mais qu'est-ce que Max a déclenché ce soir.

Quand Matthew ose ouvrir sa gueule, j’hallucine au début. On est assis l’un en face de l’autre et si j’ai juste l’intention de lui demander de se taire, il enchaîne avec Austin et j’attrape mon verre pour lui jeter à la gueule.

— Ferme ta gueule Matthew. T’étais là tout le temps, j’pense pas que t’avais besoin d’un titre officiel pour que tout le monde sache qu’on était ensemble et putain j’te confie des trucs et tu t’en serres contre moi mais pauvre connard de quoi tu te mêles là ?

Quand il me balance son verre j'ai même pas le temps de me décaler. Je sais que je vais avoir un hématome et putain, si le verre s'était cassé j'aurais sûrement morflé encore plus que ça. Et je suis trempé, en prime.

— Tu me confies des trucs ?

Je reponds, amer.

— Me regarder droit dans les yeux dans l'appartement qu'on a acheté tous les deux et me dire que tu m'aimes, mais peut-être pas suffisamment pour ne pas retourner avec lui, t'as cru que ça allait passer ? Moi aussi j'ai envie de t'envoyer mon verre à la gueule ! Tu t'es pris pour qui Gabriel ? T'as cru que j'allais passer combien de mois à me demander si tu vas rester ou te barrer avec celui qui a abandonné toute votre famille ?

Je me sens tellement mis à nu devant tout le monde que ma seule réaction c’est de me lever ave l’intention de passer par dessus la table pour l’étrangler. Là, tout de suite, je le hais. J’ai envie de lui faire mal et qu’il souffre parce qu’il a osé dire ce que je pense devant tout le monde.

Sauf que j’ai pas le temps de faire un pas que je suis trainé en arrière par Logan.

— Mais putain lâche-moi, toi !!
— Tu fous le bordel chez toi si tu veux, mais pas chez ma sœur. Tu dégages.
— Logan ! Doucement !!

Romie ose à peine prendre la parole et ça n’empêche pas Logan de me traîner jusque dehors sur le palier.

— Putain de quoi tu te mêles ?
— Et tu vas faire quoi ? Le frapper ? Tu vas le provoquer jusqu’à ce qu’il le fasse ? Tu rentres pas si t’es pas calmé.
— Mêle toi de ce qui te regarde.
— Certainement pas quand t’es le premier à foutre ton nez dans la merde des autres pour la remuer !

Adam nous rejoint, il a certainement dit au revoir à tout le monde.

Je prends congés de tout le monde, sauf Max que je ne regarde même pas, encore sous le choc et en sortant, je peux voir Logan et Gabriel déjà en train de s'embrouiller. Il va y avoir des morts.

— Tu fais passer Logan pour un con, alors que tu dis ce genre de choses à ton mec ? Mais tu te rends compte de ce que ça veux dire ? Tu te rends compte qu'il continue de vivre avec toi, alors que tu lui as dit que c'était peut-être pas lui le bon ?

Je demande sans attendre une seconde.

— Et merde, tu comptais nous annoncer quand que Austin est revenu ?

Je réalise qu’il ne savait pas pour Austin et ça me coupe presque le souffle. Je n’ai rien à répondre et entre la colère, la honte et la confusion, les larmes me montent aux yeux rapidement.

— Vas-y, rentre chez toi. Laisse-moi tranquille.

Jamais j'ai su laisser Gabriel dans cet état là. Mais aujourd'hui, je suis tellement blessé de tout ce qu'il vient de faire que je ne lutte même pas.

— Ok, je te laisse tranquille.

J'affirme en attrapant de nouveau la main de Logan, encore sous le choc de la nouvelle d'Austin.

— Mais la prochaine fois que tu voudras rentrer chez nous, souviens-toi que toi aussi t'as balancé des trucs qu'on aurait préféré garder pour nous Logan et moi. On a réglé nos comptes depuis le temps où j'étais seulement son amant, et heureusement pour notre couple, je ne lui en tiens pas rigueur chaque jour de notre vie. Alors avant de te mêler de nos vies, occupe toi de la tienne.

Je soupire.

— Parce que moi non plus je dois pas être assez bien pour que tu viennes me parler de ton dilemme entre Austin et Matthew, mais je te donnerais quand même mon avis en te disant que celui qui t'as abandonné une fois peut le refaire toute sa vie. Et qu'il y en a un qui correspond sûrement bien plus à ce que tu as besoin dans la vie. A toi de faire ton choix.

Et j'ai a peine terminer que la porte de l'église s'ouvre sur Matthew, manteau en main lui aussi.

— Mais j’t’ai dit de dégager !

Ma voix vascille et j’ai du mal à ne pas pleurer. Ils me cassent tous les couilles avec Austin et ça me fatigue. J’en ai assez.

— T’as bien choisi celui qui t’a abandonné, toi ! Alors fous-moi la paix avec tes conseils. Va-t’en ! Et j’viendrai plus si je suis pas le bienvenu. Alors c’est bon. Laisse-moi.

— Il m'a pas abandonné Gabriel. C'est moi qui ai choisi la facilité plutôt que de me battre.

Et retourner vers Austin serait sa facilité à lui aussi. J'espère qu'il ne fera pas la même erreur que moi.

— Et arrêtes, c'est pas le soir pour être encore plus stupide. Tu sais très bien que la porte de chez moi t'es toujours ouverte. T'aurais pu la pousser avant d'ailleurs , histoire de pouvoir faire le point autre part qu'ici. Ne fais juste pas aux autres ce que t'aimes pas qu'on te fasse.

Je termine avant de m'éloigner un peu, parce que j'ai pas envie de m'immiscer entre Matthew et lui. Le reste de l'histoire leur appartient. J'ai juste le temps d'entendre Matthew lui demander s'il peut passer ou s'il a un autre verre dans la main. Peut-être qu'on devrait rester pas trop loin.

Je pouffe de rire.

— C’est pas être le bienvenue quand tu me dis la prochaine fois que tu viens souviens-toi de ce que t’as dit.

Quand Matthew sort pour nous rejoindre aussi, je me remets directement sur la défensive.

— Toi tu me fous la paix. Tu dégages, j’veux pas te voir.

— Ah parce que tu crois que c'est toi qui tire les rênes ?

Je demande, sur les nerfs.

— Je m'en bats les reins de ton caprice à deux balles Gabriel. Et je vais pas venir te faire un câlin et te demander pardon parce que tu chiales, je te le dis tout de suite.

— Mais j’t’ai rien demandé. Et je chiale pas alors viens pas me gonfler. T’es vraiment qu’un pauvre connard d’avoir fait ça.

Je descends les marches pour aller m’allumer une cigarette trois mètres plus loin.

— Ouais c'est clair que c'est moi le pauvre connard. C'est toi depuis deux semaines qui te dit tous les soirs que je vais peut-être pas rentrer parce que je suis parti me faire mon ex.

Je réponds du tac-o-tac. Je suis pas comme lui, j'ai pas peur de montrer mes sentiments.

— Faudrait balayer devant chez nous avant de t'en prendre aux autres Gabriel. Au moins ton frère a eu les couilles d'assumer son choix. Il a demandé ni a Logan ni à Max d'attendre.

J'ai même pas envie de me taire.

— À Austin aussi tu lui dis que tu vas peut-être revenir ?

— Ah c’est ce que je me dis ?

Je demande avec un rire sarcastique.

— Va te faire foutre. J’ai plus envie de te parler, t’as compris ? Tu veux pas qu’on soit honnête l’un envers l’autre ? Bah d’accord. Donc comme tu me connais mieux que moi-même, t’as qu’à deviner la réponse à ta question.

— C'est plus une question d'honnêteté là, c'est une question de sentiment ! Parce que je suis tombé amoureux de toi, parce que j'ai compris et accepter bien des choses, j'ai appris à vivre avec le fantôme d'Austin au dessus de nos têtes pendant des mois et aujourd'hui qu'il revient, c'est comme si tout ce que j'avais fais pour toi n'était plus qu'à moitié là !

Je rage au milieu de la nuit.

— Mais tu veux plus me parler ? Très bien.

Je termine en descendant dans l'allée pour me tirer d'ici.

Lui, il est foutu de voir seulement que je risque de partir à tel point qu’il ne voit pas que je suis resté et que c’est tout ce qui compte. Je suis resté parce que c’est lui que j’ai choisi, que j’aime, parce que je ne peux pas pardonner à Austin ce qu’il a fait. Je pensais qu’on pouvait tout se dire, qu’il pouvait tout entendre, qu’on avait une relation privilégiée et que même si on n’était pas d’accord, c’était pas grave parce que tant qu’on restait ensemble ça voulair dire que le reste ne comptait pas. Je crois que je me suis trompé. Que finalement, je ne parviendrais jamais à trouver quelqu’un qui me comprend vraiment et que j’étais bien mieux seul à l’autre bout du monde.

Je me tais et il tourne les talons pour partir. Alors bon vent. Moi je reste à terminer ma clope en me disant que j’en ai assez de ne pas trouver ma place dans ce monde de merde. Même mon frère a fait son choix et me claque la porte au nez.

Et il me retiendrait surtout pas. Faudrait pas trop lui en demander. Monsieur Gabriel n'est pas du genre à s'abaisser à cela, tant pis si les gens ont mal et qu'il les blesse.

Je monte dans la voiture en espérant qu'il me rejoigne encore, mais rien. Pour changer. Je suis juste le mec à qui il a jeté un verre et sur lequel il aurait frappé sans vergogne si Logan ne l'avait pas arrêté le temps. Le pire, c'est que je me serai même pas débattu et que je me serai contenté de le repousser. Pauvre con que je suis.

— Bon tu y es ? Je vais pas passer la nuit t'attendre !

Je crie en reculant pour me retrouver garé juste devant le portail.

Il m’appelle quand même. Il est énervé mais pas trop. Je suis presque pardonné, ça veut dire.

Je balance ma clope par dessus le portail et je rentre rapidement chercher mon portable et ma veste. Ils ne plus que quatre et ils se taisent tout de suite quand je rentre.

— Désolé, Mimie.

Je dis quand même en récupérant mes affaires.

— T’as mis une sacré ambiance Max, tu devrais l’ouvrir plus souvent. Allez, à plus.

Je ressors en courant avant de monter côté passager en voiture.

Il monte en voiture en se pressant. Je ne veux même pas savoir comment il s'est expliqué là-bas.

Le silence est d'ordre et je démarre en trombe. Sans regarder derrière moi et sans prendre cas de Adam et Logan qui rentrent à pied et qu'on croise.

— T’es énervé au max ou ça a déjà été pire ?

— Tu veux la vérité ?

Je demande, blasé.

— Je suis en colère contre moi, de me faire avoir et d'être jaloux d'un gamin.

— Tu veux la vérité ?

Je demande, blasé.

— Je suis en colère contre moi, de me faire avoir et d'être jaloux d'un gamin.

— Bah c’est vrai que c’est un peu bête. Mais j’peux comprendre, je suis irremplaçable.

Je dis avec un petit sourire.

— Me déteste pas, steuplait.