Is it too late to say sorry ? — Kit & Norvina

J'ai à peine dormi de la nuit et j'ai été incapable de bosser correctement aujourd'hui. J'ai réfléchis à ce que je pourrais lui dire et je n'en sais rien. J'ai honte d'avoir agi comme un imbécile et j'ai peur de ne pas pouvoir rattraper les dégâts. Il est 18 heures passé quand je décide de prendre les choses en main.

SMS à Norvina
Hey... J'ai longtemps cherché quel message t'envoyer et je ne sais pas trop par où commencer. Déjà, je tenais à m'excuser de mon comportement. Je n'ai pas d'excuse pour n'avoir pas donné suite à ton message. C'était incorrect. J'ai cru que tu m'avais menti et j'ai beaucoup de mal avec ça. Et je regrette, t'as pas idée à quel point. Ça m'a effrayé parce que j'ai pas envie d'imaginer notre relation comme quelque chose d'éphémère et forcément... c'est un sacré engagement. Mais tu me manques et c'est plus fort que tout le reste. Je pense à toi tout le temps et j'espère que tu sauras me pardonner et peut-être que t'auras envie de discuter de tout ça ce soir ? J'aimerais bien avoir la chance de te prouver qu'on peut être heureux tous les deux. Que ça peut fonctionner. Et si t'en as envie, je t'attendrais au pont des suicidés. Toute la nuit s'il le faut. Kit.

Après ça, j'en tremble presque. Je ne sais pas si elle va répondre, si elle va venir. Je ne sais pas ce qu'il va se passer maintenant, mais je suis trop impliqué pour ne pas tenter de réparer tout ça. Je reconnais facilement que j'ai peur qu'elle ne vienne pas. Mais je ne me démonte pas. Je vais chercher des parts d'apple pie et une citronnade maison au glacier et je me rends jusqu'au pont. Le soir, y a pas grand monde qui vient ici, à part quelques joggeurs et c'est pour ça que j'ai choisi cet endroit. C'est pas très loin de chez elle et elle pourra le trouver facilement.

En sortant de mon bain, quand j'ai vu le SMS de Kit, j'ai cru que j'allais me mettre à pleurer. Pas seulement parce que je n'y croyais plus et que je venais de passer une semaine à me dire que ma vie était nulle, mais parce que son message etait porteur d'espoir. Il a parlé de nous comme d'un couple, comme d'une relation qui pourrait être réelle et je n'attendais rien de tout ça en ouvrant son SMS. Qu'est-ce que je devrais lui pardonner ? D'avoir eu peur de moi ? J'aurais réagi de la même façon je crois.

J'ai pris la peine de me faire un minimum jolie, ou au moins présentable, et quand j'ai eu terminé, la nuit était déjà tombé. J'ai informé mes parents que je n'avais aucune idée de l'heure à laquelle j'allais rentrer et finalement, me voilà sur le chemin vers le pont. C'est tout à côté d'ici, peut-être qu'il l'a choisit exprès. Ou peut-être pas. Qu'est-ce que je m'en fiche. J'ai juste envie de parler avec lui.

— Je me suis dit que tu serais fatigué si je te laissais poireauter ici jusqu'à demain matin.

Je plaisante en arrivant, pour masquer ma peur grandissante.

Je n’attends même pas une heure qu’elle arrive. Elle est là, elle sourit. Elle est toujours aussi belle et c’est fou comme elle m’a manqué.

— Je suis désolé, Norvina. Vraiment.

Je pose les sacs par terre pour m’approcher et lui faire un câlin.

Pendant un instant, je pense au cinema, a toutes ces series. Lheroine d'un film l'aurait forcément repoussé, en lui disant qu'il a été méchant, mais est-ce que moi, Norvina, j'ai envie de fzire ça ? Non. Je me laisse aller contre lui et je passe mes bras autour de sa taille. J'ai besoin d'un vrai câlin.

— Je suis désolée aussi. J'aurais dû te dire ça avant..

Ou ne pas croiser sa route et le laisser tranquille, mais ça, c'est trop tard.

Je la serre contre moi quelques secondes avant de me détacher d’elle et de dépose un baiser sur ses lèvres. Qu’on soit au clair, je ne suis pas là pour qu’on devienne amis.

— T’excuse pas. Mon ex était une menteuse compulsive et je déteste ça. Mais c’est pas un truc qu’on annonce quand on vient de rencontrer quelqu’un, j’en ai conscience. J’aurais dû réagir autrement.

Je lui souris et je récupère les sacs.

— Mais on peut discuter de tout ça, un peu ?

Son baiser me fait du bien et me rassure. Ça veux dire tellement de choses. Qu'il ne m'en veux pas, d'abord, mais aussi qu'on ne va pas s'arrêter là. Il n'est pas venu pour qu'on reste ami, mais pour qu'on devienne un couple.

— Je ne savais pas, je m'y serais prise autrement sinon.
Vraiment. Je voulais pas te blesser, ou te faire de la peine.

On s'assoit dans les bancs sculpté à même le pont.

—Bien sur qu'on peut. Je te mentirais pas, sur rien. C'est promis.

On s’installe et je sors ce que j’ai acheté ; j’ai même une couverture dans mon sac à dos alors je la sors et je l’étale sur nous avant de l’inviter à s’installer contre moi.

— Tiens, je t’ai pris une part.

Je dis en lui tendant le gâteau.

— Et y a de la citronnade, voilà.

Je me tourne vers elle pour lui sourire ; j’arrive pas à croire qu’elle me laisse une chance alors que j’ai été trop con. C’est vraiment une fille géniale.

— Alors dis-moi... comment tu vis, comment tu t’occupes.. comment tu envisages les choses entre nous... je sais pas, j’ai envie de tout savoir.

— C'est gentil, merci.

Il a prit de l'apple pie et je trouve ça adorable. Il faisait attention et a il retenu que je trouvais ça bon. Je lui souris en m'installant contre lui. Ce matin j'avais perdu goût à tout, parce que je pensais que je ne pourrais rien fzire de ma vie et ce soir je suis dans ses bras. C'est autant magique que surréaliste.

— J'en sais rien Kit... Mes rares amis je les ai connu sur internet, parce que j'ai jamais été à l'école ou au lycée. Et avant qu'on arrive ici avec ma famille, mon père refusait que je sorte toute seule le soir. Londres étaient trop grande et dangereuse à son goût.

Et jamais je ne lui ai désobéi. Mon père et moi on est très fusionnels et je sais qu'il ne faisait pas ça pour m'embêter.

— Alors t'imagines bien que j'ai jamais été en couple. Je sais pas vraiment comment ça se passe, dans la vraie vie. J'avais jamais embrassé personne non plus avant la semaine dernière.

Je lui avoue, gênée, mais pas honteuse. S'il est là malgré ma maladie, j'ai envie de croire que c'est pas le genre de choses dont il se moquerait.

Je grimace un peu.

— J’t’ai pas fait bonne impression alors... mais j’vais me rattraper. Bon j’te promets pas d’être parfait, mais j’vais faire au mieux. On va y aller tranquillement.

Je lui souris. Je ne veux pas qu’elle ait une quelconque pression sur quoi que ce soit.

— Déjà parce qu’avec moi tu seras pas enfermée chez toi. On va faire des choses. La nuit ou à l’abris du soleil. J’ai pas envie que tu penses que t’as pas une vraie vie. C’est nul. Tu supportes les fortes lumières quand même ? L’aube ? Dis-moi tout. Comment c’est, chez toi ? Les volets sont fermés ou bien tu as des trucs sur des fenêtres exprès ?

— J'ai un gâteau, tu te rattrapes déjà bien.

Je lui souris. Je n'ai pas envie qu'on s'excuse l'un et l'autre dix fois pour ce qu'on a tous les deux fait. On est là tous les deux ce soir, c'est le plus important.

— C'est pas aussi facile que ça Kit. C'est pour ça que je devais te le dire, pour que t'ai conscience de tout ce que ça implique.

Je soupire, parce que je déteste cette maladie, même si j'ai appris à vivre avec. Je la déteste encore plus, maintenant.

— Mon problème c'est pas la lumière, ce sont les rayons UV. L'aube, c'est déjà trop pour moi. Les nuages gris, aussi. C'est pas parce qu'on ne voit pas le soleil qu'il n'est pas là, mes médecins me l'ont assez répétés. Tant qu'il fait jour, je peux être en danger. Et si je sors, je dois impérativement protéger toutes les parties de mon corps. Même mes yeux. Sinon je risque des lésions aussi au niveau de la cornée. Chez moi, toutes les fenêtres sont recouvertes de filtres anti UV. Et il y a un stock de crème solaire pour des semaines, au cas où j'ai besoin de sortir, justement. Je pourrais sortir la journée, mais c'est extrêmement compliqué, et surtout tellement risqué.

Je rigole, parce que je me rends compte qu'il ne sait sûrement pas dans quoi il se lance. A sa place, je ne serais peut-être même là.

— Je suis désolée de t'avoir entraîner la dedans.

Je l’écoute avec attention.

— Donc si je veux que tu viennes chez moi de temps en temps, je dois faire quoi à ma maison ? J’ai une maison.

J’annonce en souriant.

— Mes parents gagnent super bien leur vie, je ne m’en sors pas trop mal donc... voilà. J’ai une maison. Qu’est-ce que je dois faire ? Quand je demandais les fortes lumières je parlais des lumières de magasins par exemple. Ou chez moi... mais j’ai pas de lumières UV. Donc tout va bien ? On sortira pas le jour. Et t’excuses pas. J’y ai bien réfléchi, si je n’avais pas eu envie de me lancer, je ne l’aurais pas fait.

— Sympa ! J'ai hâte de découvrir ta maison !

Je rigole en buvant une gorgée de citronnade.

— J'ai simplement besoin qu'il y ai un filtre uv sur les fenêtres. Ça laisser passer la lumière quand même, sans problème ! Si t'as pas de lumières UV, et j'espère pour toi parce que c'est dangereux même pour les gens normaux, tout est bon ! Mais tu pourras aussi venir découvrir mon chez moi, un de ces quatre. Tout est déjà prêt, au moins.

Je souris, en imaginant la tête que va faire mon père quand je vais lui parler de Kit. J'arriverais pas à me taire bien longtemps.

— Je suis pas une petite chose fragile, pas la nuit. Je ferais en sorte de m'adapter comme je peux à toi aussi, je crois que j'en ai besoin pour me prouver aussi que je ne suis pas qu'un fléau.

— J’ai hâte de découvrir la tienne aussi.

Je prends le temps de réfléchir à tout ce qu’elle me dit et je me sens soulagé. J’ai l’impression que tout semble plus simple. Je sais que ce ne le sera pas tous les jours, qu’elle ne viendra certainement jamais en Australie. Peut-être même que je me projette trop loin, mais je n’arrive pas à ne pas le faire. Je me sens vraiment bien avec elle.

— Tu n’es pas un fléau. On va s’adapter. Toi comme moi. Je suis content de te retrouver.

— Je suis contente aussi.

J'ai eu tellement peur de ne jamais le revoir, de ne jamais plus avoir de nouvelles de lui. Là, c'est comme un signe du destin. On nous reunis tous les deux pour qu'on puisse créer quelque chose, j'en suis sûre.

— C'est pour ça que j'ai emménagé ici.

Je dis soudainement, en songeant que j'ai aussi menti la dessus. Je veux pas faire ça.

— Mon père n'a pas été muté, j'ai encore menti, je suis désolée. Mais ça allait avec... Ça.

Je soupire, parce qu'il sait très bien ce que je laisse entendre.

— Le médecin qui me suit depuis que je suis petite est venu travailler à White Falls. On a tout quitté à Londres pour le suivre ici. C'est ma mère du coup qui a demandé une mutation. Elle travaille dans un resto de la ville. Et mon papa... Il a trouvé un job qu'il puisse exercer depuis la maison pour rester avec moi. La vérité est rétablie. Je veux que tu connaisses la vraie Norvina. Même avec ses travers.

Je me blottis contre lui.

— D’accord. Tu vas voir, cette ville est géniale. C’est pas bien grand mais on s’y sent bien. On se connaît tous de près ou de loin.

Je souris et j’attrape la citronnade pour la lui donner.

— J’suis allergique au pollen. C’est pas ouf contrairement à toi mais j’me mouche beaucoup et j’ai les yeux qui piquent pendant des semaines.

Je dis en riant un peu.

— J'aime déjà énormément cet endroit. Je n'y ai rencontré que des gens intéressants. Et charmant.

J'ajoute en souriant en attrapant la citronnade avec joie, avant d'éclater de rire face à ses mots.

— Je ferais en sorte de toujours avoir un paquet de mouchoirs avec moi, je gère la situation, compte sur moi !

Je m'appuie contre lui, c'est calme tout autour de nous et je me sens bien pour la première fois cette semaine. Apaisée.

— J'ai vraiment eu peur de jamais plus te revoir. Je me suis vraiment attaché à toi, je sais pas comment c'est possible aussi rapidement. C'est presque effrayant.

Je dépose un baiser sur sa tempe.

— C’est pour ça que je suis là. Parce que j’ai l’impression de te connaître depuis toujours. Parce que tu me manquais, j’avais envie de te voir.

Je lui souris.

— T’es très jolie. J’aime beaucoup ce que tu as mis sur tes yeux.

— Mon maquillage ? C'est vrai t'aimes bien ? C'est un passe temps qui est un peu devenu une passion. Quand je sais pas quoi faire, j'attrapes mes pinceaux et hop.

Je souris, contente d'entendre de tels compliments.

— Un peu comme toi et le dessin, sauf que je ne dessine que sur mon visage ! À aide pas mal pour la confiance en soi en plus !

— Ouais, j’adore. C’est très joli. Ça te va bien.

Je mange mon gâteau en essayant de ne pas en foutre partout.

— La confiance en soi ? Pourquoi ?

— Contrairement aux débiles qui disent ça, je me maquille pas pour plaire aux gens. Je me maquille pour moi, pour me faire plaisir. Et le maquillage ça aide à se sentir mieux dans sa peau, à se trouver un peu plus jolie.

— Tu ne te trouves pas jolie ?

Je m’étonne.

— Pas vraiment non. Je complexe sur pas mal de choses sur mon physique.

Je pensais pas que je finirais un jour par avoir un petit-ami. Alors je pensais encore moins que ce serait avec lui que je parlerais de mes complexes.

— Mais je crois que c'est assez propre au genre humain, de ne pas s'aimer tel qu'il est. Je sais que je ne suis pas la seule.

— Non, c’est sûr. Personnellement, je m’en fous. J’y accorde ps d’attention particulière.

Je lui souris.

— Mais tu es très belle. Ton visage, ton corps. Je suis séduit.

Je reconnais honnêtement.

— Mais tes yeux... pfiou. Ils sont magnifiques. T’as un regard envoûtant. Tu m’as perdu. C’était prévu, avoue ?

— J'ai un peu de mal avec mon corps. On est pas en très bonne entente lui et moi. Au moins, t'es au courant.

Je rigole, alors que je pourrais m'en cacher sous la couette par moment. Tout semble tellement plus facile avec Kit.

— C'est toi qui dit ça ? Avec tes yeux bleus comme l'océan ? Je sais pas lequel de nous deux avait le plus prévu son coup !

Je me relève légèrement, pour plonger dans son regard encore une fois. Je fonds. Et j'aimerais que ça dure encore et encore.

— T'es beau toi aussi. Si je t'ai remarqué au milieu de toute une bande de skateurs, c'est que t'as vraiment quelque chose.

— Oh je pense que c’est surtout parce qu’on est fait pour être ensemble.

Je dis en riant.

— T’étais déjà venue ici avant ? Ou pas du tout ?