It's good to be back again. — Adam & Gabriel

Le vol s'est extrêmement bien déroulé, même si c'était vraiment très, très long. J'ai eu beaucoup de mal à m'occuper et j'étais trop excité de rentrer pour pouvoir dormir. Enfin, j'ai dormi, bien sûr, mais pas autant que je l'aurais souhaité.

Nos valises mettent du temps à arriver et, bien évidemment, mon sac est limite le dernier à arriver sur le tapis, ensuite je me tape la queue pour la douane et Adam s'excite.

SMS à Adam — OUI J'AI ATTERRI, RESPIRE. J'arrive.

J'ai bien mis mon sac à dos, mon poignet me lance un peu, mais bien moins qu'il y a deux jours, alors tout va bien.

Quand je rejoins enfin la foule de gens qui attendent les arrivants, je vois mon frère me faire de grand coucou derrière la barrière ; j'hésite à l'ignorer mais je crois qu'il pourrait pleurer alors je fais le tour et je le laisse me maltraiter en câlins et autres trucs un peu chiant qui ne m'avaient pas trop manqué.


@adam saint-clair

Je bombarde Gabriel de messages à l'instant où je vois sur les panneaux que son avion est arrivé. Ça dure des plombes et finalement, au bout de presque une demie heure, je reçois un message et je respire. Tellement que je déborde de joie et d'amour lorsqu'il arrive enfin.

— J'ai l'impression de retrouver mon enfant !

J'ai les larmes aux yeux d'émotions et je me rends compte plus que jamais à quel point il m'avait manqué...

— Tu pars construire une école et tu reviens bronzé comme si t'avais juste rien branler sur une plage pendant deux mois ! Et t'as les cheveux longs ! Maman va faire une syncope !

Mon dieu, le jour où j'ai un gamin il ne me supportera pas. Je suis exactement comme ma mère, en fait.

— Rah mais t'es chiant. J'ai même pas les cheveux longs, on avait une tondeuse. Tu dois même plus te souvenir de comment j'étais avant.

Je lui souris effrontément.

— Sinon, ça va la vie ? J'espère que tu m'as ramené un truc à manger ? Putain j'ai jamais autant crevé la dalle que là-bas ! J'crois que j'ai perdu au moins douze kilos.

— Putain maintenant que tu le dis, il me semble bien que je vois tes os par transparence. T'es pas loin de l'anorexie là.

Je plaisante, mais je suis obligé d'avouer qu'il a réellement maigri. Lui qui est aussi sec que moi à la base, ça fait bizarre de se rendre compte qu'il peut l'être encore plus.

— Je nous ai pris des sandwichs en partant de chez Logan, respire je soupire en prenant ses affaires. Ca va ton poignet ?

Je me marre, c'est fou ce qu'il est con. Mais il m'avait vraiment manqué, ça fait du bien de le voir.

— Mais donne-le-moi au lieu de me dire que t'en as un !

Je rale avant de jeter un oeil à mon poignet.

— J'avoue, j'ai un peu mal quand même. J'pense que j'ai des os cassés.

— C'est dans la voiture abruti ! T'emballes pas comme ça.

D'un signe de tête, je lui indique de me suivre vers le parking et je grimace alors qu'il me parle d'os cassé.

— Mais y'avais pas moyen de te faire ausculter ? Je me doute que vous avez autre chose à faire que de soigner un poignet, mais t'imagines si tu mets des mois à guérir ?

J'essaie de pas paniquer et de rester serein, mais c'est pas trop mon genre.

— Bah j'ai été ausculté, c'est pour ça que j'ai une attelle. Le médecin m'a dit que j'avais peut-être une fracture de je sais pas quoi et que ça se voit pas à la radio quand y a encore une inflammation donc qu'il fallait attendre une semaine... bon comme je rentrais, j'ai préféré faire ça ici alors... enfin, ça va. J'me suis déjà cassé tellement de trucs, ce sera jamais pire que la fracture ouverte du tibia quand je suis tombé de l'arbre car je voulais voler...

Je dis en riant.

Je rigole comme un con à se souvenir, parce que nos parents se sont rendus compte à cet instant même que Gabriel était une cause perdue.

— T'es vraiment un sauvage, t'en as conscience j'espère ?

Petit déjà il n'en faisait qu'à sa tête et presque vingt ans plus tard, rien n'a changé. Mais avant il voulait voler et maintenant il sauve des vies. C'est beau.

— C'est sur que c'est pas avec la seule fracture que j'ai eu de ma vie à cause de Max et toi que je peux entrer en compétition !

Je lève les yeux au ciel.

— Pourquoi tu veux pas admettre que t’es le seul responsable ? Hein ? C’est ta fierté qui t’as pété un membre. Pas nous.

Je dis en riant encore plus. Quand on arrive à sa voiture, il m’aide à me débarasser de mon énorme sac à dos et je vais directement m’asseoir côté passager.

— Vous saviez que je le ferais et vous avez pas hésité un seul instant, je soupire. Il m'a envoyé un message cette semaine d'ailleurs, j'ai pas compris son délire.

Je lève les yeux au ciel, tout en m'occupant de mettre les affaires de Gabriel dans la voiture. J'attrape le sac de la boulangerie que j'avais pris au passage et lui donne quand je me mets au volant.

— Tiens, pour assurer ta survie. Je voudrais pas que tu meurs de faim avant d'arriver à la maison !

— Ouais, merci.

Je prends le sandwich et je mords directement dedans.

— Hey tu peux m’attacher ma ceinture s’il te plaît ?

En vrai j’aurais pu le faire mais comme il se précipite pour m’aider, je ne crache pas dessus. Il a choisi exactement ce que j’aime pour le sandwich. Pas de tomates.

— J’ai été obligé de manger des lég... attends quoi ? Genre Max t’a envoyé un message ?? Mais ça disait quoi ? T’as répondu ? Nan mais l’amour de ta vie t’envoie un message et genre c’est un truc banal ??

Je grimace quand il parle de Max comme l'amour de ma vie. Je l'ai très longtemps pensé, il n'y a peut être pas encore si peu de temps que cela, mais est ce que c'est encore le cas aujourd'hui ? Je ne crois pas... Trop de choses se sont passées et trop de liens se sont créés.

— Des banalités. Il me demandait comment ça allait, entre autre, mais j'ai pas répondu. Ça aurait voulu dire que j'attendais autre chose de lui et c'est pas le cas. Ça l'est plus...

Je suis vraiment étonné – et encore plus effrayé. Je crois que, son Logan, je l'aime pas.

— Ok, ouais. Sinon, y a un truc qui s'appelle la politesse, tu connais ? Quelqu'un te demande des nouvelles, tu lui réponds... J'pensais que maman t'avait mieux élevé que ça. À t'entendre vous vous êtes quittés en mauvais termes. Genre... j'sais pas, tu devrais être content d'avoir de ses nouvelles, même si vos relations ont changé, t'étais amoureux, non ? Ça compte pas ? Plus j'y pense, moins je comprends les choses. Si t'es marqué par quelqu'un, ça laisse des traces, non ?

Je le regarde, dans l'incompréhension la plus totale.

— Quand t'es amoureux et que ça s'est pas mal terminé, alors tu devrais être content ? Ou alors on s'oublie ? C'est ça ? On aime un jour et après on oublie ? Est-ce que c'est pour ça que les gens se séparent ?

Je ne suis même pas officiellement avec Austin et c'est déjà en train de m'effrayer.

— Pour moi, quand on aime quelqu'un c'est pour toujours. On peut pas le désaimer. J'veux dire... comment on ferait ? J'sais pas moi, si t'es amoureux de sa manière de parler, si son odeur te rend dingue ou son regard te fait fondre ? C'est pas possible que ça s'arrête un jour, si ? Il va toujours parler de la même manière ou avoir le même regard.

Je soupire ; je ferais mieux de manger mon sandwich en silence. J'ai l'impression que, parmi tout ces gens qui ont déjà été amoureux autour de moi, je suis le seul à avoir une vision poétique de l'amour.

— T'as pleuré, t'as supplié maman et papa et de te laisser aller étudier en France pour être avec Max, t'es sorti avec personne depuis... et tu réponds pas à un "ça va ?" tout simplement parce que t'es genre "je m'attendrais à autre chose si je lui répondais". Mais grave, ouais. Bien sûr que tu t'attends à autre chose si tu penses comme ça. Parce que sinon, tu lui dirais "cool, j'ai un super mec, je fais de super études, la vie est géniale, et toi ?". Mais toi, tu lui dis pas ça, tu vois. Tu veux pas lui répondre. Alors ça veut dire quoi ?

Mon frère me jette un regard presque affolé.

— Non, mais pardon. C'est juste que je comprends pas comment on peut arrêter d'aimer quelqu'un au point de pas être poli. J'veux dire... c'est évident que ça signifie quelque chose pour toi si tu le repousses aussi fort, non ? Moi je ne pourrais pas ne plus être amoureux d'Austin. J'le sens. Il m'a explosé et j'ai voulu partir et j'ai eu mal et j'ai presque voulu crever. J'voulais même plus le voir, à un moment donné, parce qu'il m'avait fait trop, trop mal. Mais j'arrive pas à ne plus l'aimer. J'arrive pas. Je comprends pas les gens, j'ai l'impression d'être toujours à côté de la plaque.

— Je ne pourrais pas ne plus être amoureux de Logan.

Ça sort de tellement profondément que ça me terrifie. J'étais amoureux de Maximilien, je ne peux pas le renier et j'ai pas envie de le faire. Mais ce n'était ni aussi fort, ni aussi passionnel, ni aussi... Tout. Je crois que la différence, c'est que j'ai appris à aimer l'un alors que je suis tombé sous le charme de l'autre au premier regard. Dès le premier instant, il y a quelque chose qui m'a transporté chez Logan et être incapable de l'expliquer est effrayant.

— Merde j'ai aucune idée de comment t'expliquer ce que je ressens ! Je... J'ai pas eu de nouvelles de Maximilien depuis qu'il est parti. On s'était mis d'accord je sais, pourtant j'aurais donné tout ce que j'avais pour qu'il m'envoie un seul message à un moment donné. Mais en début de semaine, quand j'ai reçu son message, j'ai rien ressenti. Pas de joie, pas de colère, pas de tristesse. Rien ! Et si je lui ai pas répondu, je crois que c'est parce que je veux pas faire comme si rien n'avait changé entre lui et moi ! Je suis plus le Adam qui attendait que son prince charmant revienne.

Je soupire, alors que j'essaie de trouver un moyen de mettre des mots que ce que je ressens.

— Max a été quelqu'un de très cher à mon cœur, mais je l'ai pas suivi. J'ai écouté papa et maman, j'ai pleuré, j'ai fait des drames digne de Shakespeare, mais je l'ai pas suivi. Alors que putain... Mais si Logan me demande de m'enfuir avec lui demain, je suis désolé de te dire que je plaque tout. Absolument tout ! J'aurais même pas une once d'hésitation. Est-ce que c'est pas ça, être amoureux ?

Je n'arrive pas à faire entendre ce que je veux et finalement, j'en viens à une conclusion qui n'est pas moins terrifiante que le reste.

— J'ai pas oublié Max, mais je crois que je suis tombé sur la personne qui m'a fait prendre conscience que c'était pas lui, l'amour de ma vie...

Je l’écoute et je comprends ce qu’il veut me dire alors je ne peux pas m’empêcher d’être honnête avec lui.

— Tu sais... j’pensais que Logan était une phase. Un moyen de te découvrir toi-même. Mais là... r’es carrement amoureux et ça me fait peur car c’est un mec marié. Il est infidèle et s’il trahit la mère de sa fille alors qu’est-ce qui te garantit qu’il ne le fera pas avec toi ?

Des choses dérangeantes qui peuvent ressortir de ce que je vis avec Logan, cette pensée ne m'était jamais venue en tête. Gabriel vient d'infiltrer un poison dans mes veines et j'ai l'impression qu'il est en train de paralyser tous mes membres.

— J'avais...

J'ai confiance en Logan, je sais qu'il ne me ment pas et qu'il ne joue pas avec moi. Je sais que le pourquoi du comment il s'est marié est particulier et que nous, c'est différent. Mais dans les faits, Gabriel n'a pas tort. Pire : c'est peut-être pas la première fois qu'il la trompe et moi, j'ai aucune idée de comment je saurais passer au dessus de cela...

— J'y avais jamais pensé...

— C’est la première fois qu’il est infidèle ? Tu es sûr que tu le connais vraiment ?

Je grimace.

— Tu sais, t’es mon grand frère. J’ai pas envie de te voir souffrir, ça me fait vraiment peur.

— Évidemment que je le connais ! Mais j'ai aucune idée de s'il... J'ai jamais été lui demander ça. Déjà parce que c'est jamais venu et puis parce... ''Bon on vient de s'envoyer en l'air mais dis moi, t'as déjà fais ça avec d'autres gens depuis que tu es marié'' ?

J'ai pas envie de penser à ça et de faire voler en éclats tout ce que j'espère pour mon avenir. J'ai pas envie qu'il quitte sa femme et que je finisse par avoir peur que finalement, ça devienne moi la personne trompée.

— Il me ferait pas ça Gabou...

J'ai envie d'y croire. J'ai envie de me dire qu'on peut être heureux ensemble et que je suis l'exception à la règle. Je pourrais lui envoyer un message et lui demander, mais il est en vacances, loin de moi, et j'ai pas envie qu'on se dispute à tant de kilomètres de distance.

— Je vais faire attention à moi... Je te le promets.

— Ok, ça me va.

Je dis avec un sourire. Je termine de manger mon sandwich alors qu'on arrive à l'hôpital. On va directement au service des urgences, et, par chance, il n'y a que deux personnes devant nous.

— J'espère que ce sera pas long.

Le ''pas long'' c'est transformé en presque une heure. Le temps de remplir toute la paperasse et de laisser passer les patients devant nous, on a eu le temps de pas mal discuter avec Gabriel et ça nous a fait du bien de nous retrouver.

Finalement, lorsqu'il est enfin de retour et que je le vois la gueule à l'envers, je me demande ce qu'il peut avoir. Merde, c'est vraiment si grave ou c'est moi qui interprète tout de travers simplement parce que je suis de nature inquiète ?

— Alors ? Ils ont dit quoi ?!

Putain les médecins, j'vous jure. On leur dit qu'on a mal et vas-y qu'ils regardent et secouent dans tous les sens. J'ai cru que j'allais m'évanouir à plusieurs reprises. Quand je reviens près de mon frère, je dois être tout pâle – voire même, vert.

— Ça va. En fait j'ai des mini fracture, l'attelle c'est parfait, j'en ai pour trois semaines. Mais ils m'ont secoué le poignet dans tous les sens pour regarder, c'est horrible. J'ai failli vomir. J'ai une ordonnance pour des médicaments et aussi pour aller voir un kiné. Mais là, j'ai juste envie de rentrer.

Ça se voit qu'il a mal et ça me fait mal pour lui. Ça doit pas être facile à gérer, mais si en plus ils lui ont tout retourné y'a de quoi être blasé.

— Je te dépose à la maison et je retourne te chercher tes médicaments après, ok ? Comme ça maman et papa profitent un peu de toi et tu peux te poser un peu plus tôt ! Ça te va ?

— Je valide tout ce que tu veux tant qu'on regagne la voiture. Ça me lance, j'ai vraiment envie de m'asseoir. Je suis vraiment KO.

Je fais la moue et je le suis dans les couloirs. Avant de sortir, y a une machine à conneries et je m'arrête devant avec un petit air miséreux.

— Adam, tu peux m'acheter des KitKat ? J'en ai pas mangé depuis plus de 90 jours. C'est grave.