Start to sweat so hold me tight - Adam & Gabriel

— Bah... même si tu pleures, il aimerait savoir que tu es là. C’est pas question de qui a le plus mal ou autre... il doit rien sentir tellement il est shooté. Mais j’sais pas... Il a passé neuf mois tout seul, j’crois que c’est important que tu lui montres qu’il pouvait te faire confiance.

Finalement, c’est certainement moi le plus romantique des deux. Mais mon frère se redresse et une fois qu’il est sur ses pieds, ça va. Il a un de ces bleus sur l’arcade. Ça va carrément lui descendre dans l’oeil.

— Je vous laisse tous les deux, je vais me chercher à boire.

Je hoche la tête à l'attention de mon frère et quand il quitte la pièce, ma respiration siffle. Il est tout bonnement impensable que Logan puisse croire qu'il est seul à nouveau. Il a toujours été plus tout, que moi. Plus fort, plus téméraire, plus sportif, plus chiant... Quoique. Je suis peut-être plus chiant, d'accord. Mais quoiqu'il en soit, le voir calme et endormi, c'est presque irréel.

— Coucou mon Bébé...

Jamais je ne l'ai appelé comme ça je crois, mais c'est là avec tellement de naturel que ça en est désarmant. Je m'approche de lui et avec tout aussi peu de réflexion, ma main se retrouve dans ses cheveux et mes lèvres sur sa tempe.

— J'arrive un peu tard, je suis désolé. J'ai eu un petit contre temps qui m'a valu des points de suture. Tu vas te foutre de ma gueule si ça reste là plusieurs jours et que tu les vois en te réveillant. Je t'entends déjà me dire que je casse les couilles même quand t'es pas là pour le voir.

Je rigole comme un con et c'est là que tout est le plus dur. Gabriel a dit que c'était pas grave si je pleurais, mais depuis le début de semaine je m'evertue tellement à être fort pour Logan, que j'ai peur de tout balayer avec ces larmes là.

— Je sais pas si on t'as déjà fais un topo, peut-être que mon frère l'a fait. Il l'avoue pas, mais je crois qu'il t'aime bien quand même dans le fond. Tu lui as fait découvrir sa vocation à priori, donc tu pourras te la péter avec ça plus tard.

Finalement, les mots viennent tout seul et les larmes suivent. Tant pis pour la force, l'amour est plus fort que ça. Je lui explique ce qu'ils ont trouvés, leurs erreurs, je rigole de mes paniques à répétition et je ne manque pas de l'embrasser chaque fois que je le peux.

— Tu me manques... Ça peut paraître dingue parce que j'ai passé presque un an loin de toi et que là je t'ai parlé ce matin, mais je m'en fous. J'ai plus envie d'être séparé de toi, Logan. J'ai envie de t'aimer toute ma vie et d'être suffisamment important dans la tienne pour que tu n'ai plus jamais envie d'aller voir ailleurs. J'ai envie du jour où on s'installera ensemble et de celui où on prendra des décisions à deux. J'ai envie que ce soit toi, l'autre papa de mes enfants. Et je sais que j'oserais pas t'en parler à cause d'Olivia, parce que tu ne m'enleveras pas de la tête que c'est ma faute si elle n'est pas là, mais si un jour j'ai le courage de le faire, faudra que t'ai conscience que je dois y penser depuis beaucoup plus longtemps. Je refuse de te perdre une nouvelle fois, je me battrais s'il le faut, mais je te laisserai plus t'en aller. Maintenant que je sais ce que ça fait de ne plus t'avoir à mes côtés, tu peux te brosser pour que je te laisse repartir. Alors y'a bien un jour ou j'aurais le courage de parler d'avenir, j'ai confiance.

Je m'assoie le plus proche possible de lui, de manière à pouvoir déposer la tête sur son torse.

— Dans un film je me serai allongé à côté de toi, mais bon. Si je débranche une machine je vais refaire un malaise, Gabriel va m'envoyer chier et j'oserai même plus te toucher alors on va se contenter de ça. Au moins tu sais que je suis là, je te lâcherai pas, c'est promis.

Je suis partie à la cafétéria. Je me suis retrouvé à parler avec une infirmière qui s’occupe de Logan et quand j’ai réalisé qu’elle flirtait et que je rigolais avec elle sans m’en rendre compte, j’ai paniqué à mort. Genre, j’suis là, à l’hôpital et y a une infirmière qui pense que je la drague alors que je suis juste sympa et sociable.

Je l’ai donc planté sans aucune classe et j’ai téléphoné à Austin pour lui dire que tout allait bien. J’ai même renvoyé un message pour lui dire qu’il me manquait. Vaut mieux que je retourne avec Roméo et Juliette, ce sera moins risqué.

J’entre dans la chambre avec un chocolat chaud pour mon frère et je le pose sur la tablette. Il a chialé, c’est évident, mais je ne dis rien.

— Putain j’ai dragué un infirmière sans faire exprès, j’me suis enfuis. Le dis pas à Austin sinon j’te renie.

J'ai pris l'habitude de la délicatesse de mon frère, depuis dix huit ans. Tellement que je ne sursaute même pas quand il rentre avec perte et fracas.

— Mais t'es sérieux ? Comment tu peux draguer quelqu'un sans t'en rendre compte ?

Je rigole, parce que c'est une situation qui ne m'ai jamais arrivé.

— Mais j’sais pas moi ! Genre je lui ai parlé, on rigole et tout. Je m’intéresse à ce qu’elle dit, sa journée, j’sais pas.. j’crois qu’elle a pris ma politesse pour du charme. Quand elle m’a demandé mon numéro j’ai vu flou.

Je grimace avant de prendre un gâteau.

— Mon Dieu, j’suis un charmeur. Je flirte avec tout le monde sans m’en rendre compte mais comment Austin supporte ça ? Il doit pas le voir. Quand il est là y a que lui qui existe.

Je grimace.

— Faut que j’aille me confesser là.

J'essaie de me retenir de rire, mais c'est plus fort que moi.

— T'es mon idole Gabou j'te jure.

Le pire, c'est que c'est évidemment pour ça qu'Austin ne voit rien. Quand ils sont tous les deux, Gabriel n'a d'yeux que pour lui et le monde pourrait s'embraser autour qu'il ne le remarquerait pas.

— Confesse toi par avance pour la prochaine fois, tu vas gagner du temps !

— Hey va t’faire, ok. Genre c’est pas de ma faute si c’est dans ma nature. Je suis naturellement charmant.

Je dis en riant. J’crois que parfois ça me manque d’être volage. Mais pas longtemps. Suffit que je croise le regard d’Austin pour me rappeler à quel point c’est agréable d’être avec lui.

— Puis dire à une fille qu’elle est belle, ça lui fait toujours du bien au moral. Je répends le bonheur, voilà.

J'acquiesce bien évidemment quand il parle de son charme naturel.

— Non mais attends j'avais pas toutes les infos ! T'es juste poli où tu leur dis qu'elles sont jolies ? Parce que y'a une différence entre les deux là quand même, trou du cul !

— Je dis ce que je pense. Voilà, c’est une belle fille, j’suis pas aveugle non plus ! Ça t’arrive jamais de trouver des gens beaux et de leur dire ?

— Bah... Non ?

Sa tête est sans doute plus drôle que tout le reste.

— Je me vois pas discuter avec quelqu'un et lui glisser au milieu de la phrase qu'il est beau. Tu places ça où ? Après avoir demandé comment ça va ?

— Bah.. ouais. J’sais pas. Merde, tu crois que je dois pas faire ça ?

— Bah j'sais pas ! Si y'a aucune arrières pensées derrière, tu as tous les droits je suppose. C'est toi qui sait si tu veux dire aux gens qu'ils sont beaux ou pas.

Pour le coup, il me pose une colle. Mais à priori, personne ne l'a jamais interdit.

— Moi c'est pas vraiment dans mon caractère d'aller parler aux gens, alors pour leur dire qu'ils sont beaux imagine. Après j'sais pas, peut-être qu'Austin trouverzit ça bizarre, mais en même temps... Bah tu dis juste tout haut ce qu'on fait tous en pensant de telle ou telle personne qu'elle est jolie.

— Y a pas d’arrière pensée. Genre c’est une belle fille mais elle m’attire pas. Puisque j’ai Austin.

Je dis en souriant.

— On va éviter de lui parler de ça. Bref. Ça va ? Remis de tes émotions ? T’es prêt à partir ? Parce que c’est la fin des visites, là.

— Alors on lui dira rien.

Je souris, entendu, avant de grimacer.

— Est-ce que j'ai le choix ?

Ma main se resserre plus fort sur Logan, comme s'il pouvait me retenir et m'empêcher de partir d'ici.

— Je reviens demain, tu le sais, hein ? Je vais aller m'occuper de Pandore, vérifier qu'elle n'a pas détérioré ton appartement et puis si c'est ce qu'elle a fait, bah je vais passer un moment à ranger pour que tu la chasses pas quand tu rentreras. Même si je sais que t'es déjà amoureux d'elle, mais que tu veux pas l'avouer.

Les larmes me montent aux yeux, à la fois d'émotions et de tristesses. J'ai pas envie de le laisser ici, et pourtant. Je lui dis encore quelques mots et dans un élan de courage, je me révèle sans oublier de l'embrasser et de lui murmurer que je l'aime.

— Ça va aller, on peut filer. Je reviendrais demain.

Je dis à mon frère, comme pour ancrer dans l'esprit de tous que c'est bien le cas.

Je laisse mon frère parler à Logan en allant l’attendre dans le couloir. J’ai l’impression que, comme Logan ne peut pas répondre, c’est assez personnel. Je ne veux les déranger. Puis la journée a été longue.

Quand il sort, je le suis dans les couloirs.

— Donc t’as renommé ton chat Pandore ? Ou bien j’ai mal compris ?

— T'as bien compris.

Je grimace, parce que je sens d'avance qu'il va me dire que j'abuse, mais je m'en fous.

— C'était Max qui avait choisi de l'appeler Moon. Et y'avait une signification assez particulière alors... Autant Logan a pas trop apprécié que je débarque avec un chat au nom aussi évocateur, autant moi je me voyais pas continuer de l'appeler Moon comme si rien ne s'était passé.

— Mais... c’est juste un prénom. Fin j’sais pas, tu t’appelles Adam. Si tu devais vivre avec le poids de la signification que les parents ont choisi, bah t’aurais vraiment pris un mauvais chemin là... Tu lui avais demander de changer le prénom de sa fille qu’il a choisi avec sa femme aussi ?

Je lève les yeux au ciel.

— Moi j’vais pas changer son nom. La pauvre, tu vas la perturber.

— Mais tu peux pas comparer ! Sa fille c'est prénom pour toujours, de petite fille, de femme, de tout ce que tu veux. Moi Adam c'est pareil ! Tu pense pas tout de suite à cet Adam là quand tu m'appelles ! Mais làlaisse tomber, je me serai vachement vu l'appeler Moon toute sa vie en me disant qu'elle s'appelle comme ça parce que Max m'aimait jusqu'à la lune. Génial ! C'est hyper stable comme situation !

Je lève les yeux au ciel, parce que je sens qu'il va être chiant.

— Et même pas tu continues de l'appeler Moon Gabou, je te préviens. Sinon je lui demande de te lancer une attaque tu vas rien comprendre !

J'enchaîne en rigolant.

Ouais. Pour elle aussi c’était un prénom pour toute sa vie. Trop peu de considération pour les animaux, celui-là.

— Je fais ce que je veux, moi. Y a personne qui m’impose sa loi. Bon sauf Austin mais c’est pas pareil.

Je me tape un fou rire à sa remarque.

— Hey mais il va bien le caïd des bacs à sable ? Détends toi deux minutes. Elle adore Pandore, je le sais. Tant que je l'aime toujours aussi fort, ça lui va. Et elle a encore plus d'amour avec Logan, comme elle est avec lui toute la journée ! Elle est pas maheureuse ma petite chatte d'amour !

— Ma ptite chatte.

J’éclate de rire.

— Pandore, mais c’est quoi ce prénom de malheur, franchement ?

— Mais laisse la tranquille ! Logan et moi on interprète pas le prénom de la même façon ok ?

Y'en à un qui est niais et l'autre pas. Il en faut toujours un dans un couple.

— Toujours en ligue contre moi vous deux!

Je lève les yeux au ciel.

— C’est toi t’es en ligue contre toi-même tout seul. Ah et au fait, je te laisse prévenir maman ou ? Tu t’arrêtes deux minutes en passant, non ?

Je hoche la tête et je lui fais signe, qu'il voit ou je suis garé.

— Je vais voir si je peux pas diner avec vous, si ça la dérange pas... Sinon je suis pas sûr de manger grand chose.

— Si ça dérange maman que tu fasses une apparition dans sa vie ? Laisse-moi rire. Elle en rêve. Avec Logan on se voit plus.

Je dis en souriant pour le taquiner – même si c’est un fait avéré.