Ill make this feel like home. - Adam & Gabou & Logan

Mon visage perd ses couleurs en un claquement de doigt. Je comprends rapidement qu’il a souhaité gommer tout souvenir de moi et c’est très douloureux. Mais il a le droit, c’est ce qu’il voulait de toute façon. Plus de sourire de façade puisqu’il va repartir. Plus de bouffée de chaleur ou de joie puisque je vois toute la haine qu’il a pour moi sur son visage.

— Ma famille est ravie que je rentre dans le droit chemin. Louis sera une bonne maman.

Je dis pour toute excuse. Même mes parents semblent soulagés que je sois avec une fille. Puis Louise est de bonne famille, tout le monde est content. Ils se fichent bien de savoir si je suis heureux ou non. Adam aussi. Ils se contentent de ce qu’ils voient et ils ont raison.

— Tu as eu raison de changer le prénom de Moon.

Je dis, la gorge complètement serrée, alors que je pense exactement l’inverse. J’espérais qu’il pense à moi chaque fois qu’il l’appelait, mais ce n’est pas le cas. J’ai envie de lui demander de rester, qu’il redonne une âme à cette bâtisse. J’ai envie de le supplier de faire semblant, au moins un peu. J’ai envie de l’attirer contre moi pour lui rappeler à quel point je l’aime et à quel point je ne suis plus que l’ombre de moi-même sans lui. Mais je n’ai pas le droit de faire ça. Il me félicite et c’est comme un coup porté au cœur. C’est avec lui, que je voulais un enfant. Ce bébé-là, j’en voulais pas. J’avais trop bu, j’étais bien le temps d’une soirée parce que j’oubliais enfin que j’avais mal et c’est arrivé.

— Je vais pas te.. je vais pas te retenir plus longtemps. Si ça arrive encore, je la déposerai chez tes parents pour ne pas te forcer à venir. Je comprends que tu souhaites passer à autre chose.

Mais j’aimerais vraiment que tu restes et que tu me dises que tu as fait une erreur, je pense malgré moi.

Sa remarque me blesse profondément. Il ose dire une telle chose devant moi, moi qui suis homo, moi avec qui il a partagé sa vie. Il dit ça comme sa mère pourrait le dire et c'est triste. Mais j'arrive même pas à croire qu'il trouve son bonheur avec une femme, lui qui les apprécie sûrement aussi peu que moi.

— Je venais aussi prendre des nouvelles, mais je m'attendais pas à autant de changements moi non plus...

Je dis finalement malgré moi. Parce que la réalité est là : je me suis embrouillé avec Logan parce que Max compte encore pour moi, même si ce n'est plus de la même façon.

— Mais il semblerait que ce soit moi qui dérange plus qu'autre chose. J'imagine que continuer de fréquenter quelqu'un comme moi, même dans ce genre de circonstances, ça t'éloignerais un peu trop du droit chemin.

Je ne suis même pas amer, juste déçu. Déçu de tout ça. De moi, de nous, de nos chemins qui se séparent une fois encore. On aurait pu rester amis une fois, ce ne fut pas le cas. À l'évidence, cette fois ce n'est pas possible non plus. Au moins, Logan sera ravi.

— Si t'es heureux avec Louise, je te souhaite tout le bonheur du monde. J'espère vraiment que tu ne fais pas ça pour ta famille Max, parce que c'est pas eux qui vivront ta vie...

Je soupire face à sa déception. Je comprends que c’est terminé pour de vrai, maintenant. J’avais toujours un espoir, et là, c’est fini.

— Ne fais pas comme si tu je me connaissais pas, Adam. S’il te plaît. Ne fais pas comme si tu étais la victime de cette séparation alors que c’est toi qui m’a quitté. On peut rester amis, mais comment ? Hein ? J’ai pas souri depuis des mois, sauf quand je t’ai vu ici. J’ai plus envie de rien, j’attends que tu reviennes comme un con alors que tout le monde organise ma vie sans mon concerter. Tu m’as tout pris, Adam, c’est ça que tu veux entendre ? Je suis amoureux de toi et je suis enfermé ici avec une vie nulle, sans toi. Alors je laisse les gens faire, c’est tout. Contrairement à toi, tout ce qu’il me reste, c’est ma famille. Quitte à être malheureux parce que je n’étais pas celui que tu voulais, autant rendre mon entourage heureux. Tant pis si c’est pas ce que je veux. Il me reste mes souvenirs, cette foutue église et mon boulot. Je m’y accroche comme je peux.

J’ai les yeux rouges, j’essaie de ne pas pleurer.

— Alors récupère Pandore, là. Et arrête de faire comme si tu étais blessé parce que j’essaie de survivre sans toi alors que c’est toi qui m’as quitté.

J'ai l'impression de revivre notre rupture et j'ai envie de me mettre à pleurer... Max n'en est pas loin non plus et ça me brise le cœur. Finalement, c'était certainement mieux quand je croyais qu'il était heureux et qu'il avait continué sa vie.

— Je suis désolé Max, je...

J'ai envie de le serrer contre moi, mais je ne peux pas faire ça. Putain et sa copine est enceinte, quelque part à l'étage, et nous on est là. J'ai l'impression de nager dans un flou total.

— Je peux pas t'offrir tout ça, je sais bien. Je sais que tout est ma faute, mais ça m'empêche pas de tenir à toi. Je voulais pas gâcher ta vie... Je voulais pas que tu sois si mal. Je voulais pas tout ça...

Pandore miaule à mes pieds et je la récupère dans mes bras. J'étais à mille lieux de penser que ma venue allait provoquer tout ceci.

— Je sais que tu peux rien m’offrir de ce que je souhaite. Alors arrête de me juger simplement parce que j’essaie de plus penser à toi.

Une larme m’échappe et je l’essuie rapidement. Il est injuste et c’est encore plus difficile de supporter son absence maintenant que j’ai vu à quel point il pouvait me détester en un claquement de doigts.

— Max ! J’ai un problème avec la baignoire ! Je crois que c’est encore bloqué.
— J’arrive !

Je réponds sans quitter des yeux Adam.

— J’étais vraiment content de savoir que tu allais venir chercher Mo—Pandore. Désolé que ça ne ce soit pas passé comme tu aurais voulu.

Moi seul à continuer de pleurer sur lui pendant qu’il refaisait sa vie.

— Je te juge pas Max, je suis juste triste d'être celui qui a stoppé tous tes projets alors que tu mérites tellement d'être heureux. Tu l'ai pas à cause de moi, j'ai compris, mais te rends pas encore plus malheureux que je n'ai pu le faire... C'est tout.

Je me sens mal de lui dire ca. J'ai l'impression de ne pas me faire comprendre, d'être maladroit et de le peiner encore plus qu'il ne l'est déjà.

Et quand j'entends Louise l'appeler à l'étage c'est encore pire. J'ai l'impression d'être dans un film. Elle la haut, moi ici, et Max qui est au bord des larmes entre nous deux...

— J'étais vraiment très content de venir aussi, Max... Je sais pas à quoi je m'attendais, c'était sans doute stupide. De penser que ce serait facile et que ça ne ferait de mal à personne.

— Bonne continuation, Adam.

C’est tout ce que j’arrive à articuler ; l’avoir en face de moi est vraiment trop douloureux. J’ai du mal à me contenir parce que, si pour lui c’est loin et il avance, moi je n’ai pas encore digéré cette rupture.

— À vous aussi.

Qu'est ce que je peux répondre d'autre ? Pandore dans les bras, je quitte l'église non sans y jeter un dernier regard. Une fois installée dans sa cage, je m'attache devant et file en direction de la maison.

Je m'en veux d'être venu. Je m'en veux d'avoir fait volé en éclats la journée de Max et de l'avoir rendu dans cet état. Je m'en veux d'avoir appris de cette façon pour Louise et leur enfant, tout en sachant que ça ne semble même pas lui faire plaisir. Et je m'en veux encore plus d'avoir agi aussi égoïstement vis à vis de Logan, lui qui avait finalement raison de ne pas vouloir de moi ici... Je n'ose pas imaginer dans quel état je serais si j'apprenais demain que Moïra lui faisait une telle déclaration alors qu'elle l'a face à lui.

Sauf que je fais quoi ? J'arrive et je fais comme si de rien n'était après ce qu'il m'a dit tout à l'heure ? J'en sais rien. Je suppose que je verrais une fois dans la maison. Et ce n'est plus si loin, maintenant.

Immédiatement après le départ d’Adam, je suis allé courir. Pas là longtemps, j’ai surtout sprinté pour me vider la tête. Quand je suis rentré, il n’était pas encore là, alors je suis allé me doucher.

Quand je rentre à la maison, Logan nest plus dans le canapé, mais ses baskets sont dans l'entrée et j'entends du bruit dans la salle de bain. Il a du aller courir et prends une douche.

La caisse dans les bras, je la dépose dans l'entrée et vérifie que toutes les fenêtres sont fermées avant d'aller ouvrir sa porte à Pandore. Aussitôt elle va se jeter sur son arbre et je la regarde, majestueuse. Elle est magnifique, ma petite chatonne.

Je réfléchis à ma façon d'aborder Logan, à la façon dont on va pouvoir parler, parce qu'on en a clairement besoin je crois... C'est pas possible d'avoir ce genre de base. On peut pas avoir acheté une maison et je ne peux pas devenir le beau-père de sa fille si on n'a pas confiance l'un en l'autre.

Je vais me poser dans le canapé, réfléchissant à toute vitesse, en attendant qu'il sorte. Et puis finalement, je me relève et vais jusqu'à la porte de la salle de bain. Et je frappe, histoire d'annoncer que je suis là.

J’entends frapper à la porte. Mais il ne dit rien, alors je ne sais pas quoi lui dire. Je sors de la douche et j’enfile un peignoire avant d’ouvrir la porte.

— Ça y est ? Tu l’as ramené ?

Je hoche la tête, comme un enfant peureux, et je réentends Gabriel se foutre de ma gueule parce que ce n'est pas ça que Logan recherche. Alors je prends mon courage a deux mains.

— J'aurais pas du aller là-bas.

Il me regarde, imperturbable.

— Je voyais pas où était le mal, mais une fois chez Max j'ai su que c'était pas une bonne idée.

Et je ne parle pas de Louise et de l'enfant. Je n'ai en tête que ce qui nous concerne, Logan et moi. Et Max, inévitablement.

— T'as bientôt terminé ? Tu crois qu'on pourrait se poser pour en parler un peu ?

— J’ai terminé, oui. Mais je ne vois pas ce qu’il y a à en dire, Adam. J’en avais rien à foutre que t’aille chercher ton chat. J’aurais râlé parce que c’est comme ça, mais c’est tout. Le fait que tu sois content de t’y rendre comme si tu retrouvais un vieux pote qui te manquait, c’est ça qui m’a dérangé. Parce que c’est ton ex et que t’as pas à être ami avec lui. C’est tout. Je vois pas ce qu’on peut y ajouter sans qu’on se prenne encore la tête.

Bien sûr, dans ces moments là, c'est mon chat. C'est plus une petite boule de poil qui avec nous depuis des semaines, mais juste mon chat. Soit.

J'aurais aimé dire à Logan que si ça me semblait si normal, c'est parce que je ne considère plus Max que comme un ami, mais qu'à l'évidence, ce n'est pas son cas à lui et que ça change la donne. Mais il n'a pas envie de l'entendre. Soit, à nouveau.

— Très bien, alors on ne parlera pas de ça. Je ne te donnerai pas mon point de vue et on a qu'à faire comme si ça existait pas si c'est ce que tu veux. Par contre, y'a quand même d'autres points qu'on doit aborder. Parce que c'est peut-être ton cas, mais je me vois mal aborder notre futur sereinement avec ce que t'as dis tout à l'heure.

Je le regarde avec un air blasé.

— Quoi ?

— Putain et arrête de me regarder comme si j'étais con !

Ça sort sans que je le retienne et des que ça a quitté mes lèvres, je reprends mon self control.

— T'as pas confiance en moi ? J'ai fais quelque chose qui le justifie ? Je t'ai donné l'impression depuis qu'on s'est retrouvé que j'étais pas digne de ta confiance ?

— Mais qu’est-ce que tu racontes, putain ? Tu penses que si j’avais pas confiance j’aurais acheté une maison avec toi ? Tu penses que je ramènerai ma fille ? T’es pas bien ou quoi ? Bien sûr que j’ai confiance en toi !

J'ai pas envie de retorquer, parce que sa première maison il l'a clairement pas acheté avec la personne la plus digne de confiance. Mais bon.

— Comment tu peux dire que tu me fais confiance alors que tout à l'heure tu m'as regardé droit dans les yeux en me disant que tu doutais ? Putain mais je te dis que je t'aime, que je suis là et que j'ai tout quitté pour être avec toi et merde, y'a quoi de plus vrai là dedans, et toi la seule chose que tu trouves à me répondre c'est ton vieux sarcasme pour me dire que ce sont de belles paroles lourdes de sens ! C'est quoi ca si c'est pas douter de moi ?

Je demande, complètement perdu.

— Que je doutais ? Putain mais de quoi tu parles ?

Je le coupe avant qu’il ne poursuive ses explications. Quand je comprends ce qu’il veut dire, je lève les yeux au ciel.

— C’est du sarcasme, Adam, tu le dis toi-même alors pourquoi est-ce que tu le prends au premier degré, hein ?

Je soupire.

— Bon sang, mon cœur, t’es fatiguant ! Ce que j’ai dit veut simplement dire que c’est pas ce genre de discours qui va me rassurer parce que c’est un truc bateau tellement évident que t’as pas besoin de le dire. Bien sûr que tu l’as quitté pour venir avec moi ! Tu m’as même torché le cul quand je pouvais pas le faire tellement j’avais mal ! Je sais très bien à quel point tu m’aimes et que pour rien au monde t’irais voir ailleurs, je sais. Mais ton discours était nul Adam parce que tu peux me dire ce que tu veux, ça changera rien au fait que t’as pas à copiner avec ton ex sous mes yeux, comme si c’était normal et comme si ça ne te gênait pas si moi j’allais prendre des nouvelles de mes exs. Ou que je renouais vraiment avec Moïra. C’est pas une question de confiance, c’est une question de respect. Après tu veux pas l’entendre, y a pas de soucis. Va prendre de ses nouvelles et boire le thé chez lui chaque fois te ça te chante, mais t’étonne pas si quand tu rentres tu dors sur le canapé et que tu te caresses la queue tout seul pendant des semaines. Faut pas me prendre pour un con non plus.

Même si mon cœur est soulagé, il continue de battre très vite.

— C'est pas comme ça que je voyais les choses.

Je soupire, parce que je suis tellement naïf que ça en devient agaçant aussi bien pour lui que pour moi. Et que si on parle uniquement de respect, j'ai bien compris que ce que j'avais fait était mal. Peut-être pas pour les bonnes raisons, mais j'ai saisi en quoi c'était stupide d'avoir été là-bas.

— Je pensais juste aller voir un ami, j'y voyais rien de mal parce que je savais pertinemment que je n'y allais avec aucune mauvaises intentions. Ça me semblait pas être quelque chose de mal...

C'est quand Max a commencé à pleurer en disant qu'il était toujours autant amoureux de moi et qu'il attendait que je revienne que ça a été l'électrochoc.

— Ça changera rien au fait que j'y suis allé aujourd'hui et que c'était pas correct, mais ça ne se reproduira pas. Et je suis désolé d'avoir agi comme si j'étais seul, parce que ça marche pas comme ça et qu'on est tous les deux. Pour les bonnes choses, mais aussi ce genre là..

— Ouais. C’est pas grave. Tant que t’essaies pas de t’en faire un ami, ça m’ira très bien.

Je dis avec un sourire. Je m’approche pour déposer un baiser sur son front avant de disparaître dans la chambre pour aller m’habiller. Enfin, j’enfile un vieux t-shirt et un pantalon de jogging.

Je le suis à petits pas, alors qu'il s'habille à l'arrache et je me pose dans l'encadrement de la porte, en jouant avec mes doigts.

— Ça veux dire que ce soir je dors dans le canapé ? Ou que je peux encore me rattraper ?

Je lève les yeux au ciel.

— Ça veut dire que si tu continues de m’agacer, tu vas vraiment finir sur le canapé. On monte le lit ? Vu le temps qui vire à l’orage, on va pas tenter le diable en se promenant.