Here we go again. — Austin & Gabriel

Je hausse les épaules nonchalamment.

— Je fais tout pour en tout cas. Faut que j’ai une bourse, ça aiderait pas mal mes parents.

— J'espère que tu en décrocheras une.

Les études de médecine sont chères mais même s'il devait ne pas avoir de bourse, on trouvera toujours une solution. Je grignote ma salade et je lui repique une frite.

— Moi aussi.

J’hésite un peu..

— Et... tu as pensé à ce que tu souhaites faire ?

Je secoue la tête.

— Non.

Je ne me suis jamais senti aussi perdu de toute ma vie. Je retiens une grimace résigné.

— Je crois que j'ai encore un peu besoin de temps.

— D’accord. Tu as tout ton temps, de toute façon. Et puis... tu sais que j’appuierai ton choix, quoi que tu décides.

Je lui souris pour le remercier, puis on continue de déjeuner. Je crois que le fait d'avoir fait l'amour m'a donné un peu faim, je mange un peu plus que d'habitude, même si j'évite de me peser ou de regarder mon reflet dans le miroir. Quand on a terminé on retourne au lycée, l'après midi passe rapidement, les cours finissent assez tôt et aujourd'hui on n'a pas d'options. On retourne à ma voiture et même de loin, je vois quelque chose ne va pas. Je fronce les sourcils, on s'approche, un des pneus est crevé. Je soupire et je m'accroupi pour regarder.

Le reste de la journée se passe plutôt bien. En fait, je crois qu’avoir fait l’amour nous a fait beaucoup de bien à tous les deux. Je n’ai pas arrêté de le coller et de chercher sa main chaque fois que je le pouvais. Jenny n’est plus revenu nous importuner et elle s’est même installée à l’opposé de nous, seule. Quant à Polly, elle est toujours aussi conne. Mais bon.

Quand on arrive à la voiture et qu’on voit qu’un pneu a été crevé, je grimace.

— Merde, tu crois qu’on a roulé sur un clou ou une connerie du genre ?

Accroupi, je passe mon doigt sur le pneu, je tombe sur une entaille bien nette qui a été faite volontairement.

— Je pense.

Je ne veux pas lui dire qu'il a été crevé par quelqu'un, je sais comment il réagirait et même si sa peine est terminée, je ne veux pas qu'il ait des ennuis. Je me redresse.

— J'ai une roue de secours dans le coffre.

Je dis en l'ouvrant pour l'attraper.

— J’ai aucune idée de comment on change ça alors... j’vais simplement te regarder et te trouver hyper sexy et viril.

Je dis en riant, même si je l’aide au moins à sortir le pneu.

Je lui souris et au moment où il m'aide à sortir le pneu, les gars de l'équipe de natation arrivent.

— Merde, t'as crevé ?
— Oui.
— Attends, laissez on le faire.

Ils récupèrent le pneu. Jake sourit à Gabriel pendant que les autres installent ce qu'il faut. Il n'est pas dans notre classe.

— Alors la reprise, pas trop dur ?

Ses potes arrivent et ils prennent le relais alors je me sens con. Ils font ça pour son épaule, peut-être ? Pendant que moi, je comptais le regarder. J’ai honte.

Quand l’un d’entre eux s’adresse à moi, je relève les yeux vers lui. J’le connais, je crois qu’il s’appelle Josh ? James ? Non, Jimmy ? Jamie ? Merde. Je sais plus.

— Bof.. ça va. Mais j’étais mieux chez moi.

Jake lâche un rire.

— Tu m'étonnes, mais allez c'est la dernière année, l'an prochain on sera à la fac et ça c'est cool.
— Tu comptes toujours partir en fac de droit ?
— Toujours.

Il ne me demande rien en retour, il devine que pour moi ce n'est plus pareil. D'ailleurs en les voyant là, changer mon pneu sans rien demander, je m'en veux de les avoir évité comme je l'ai fait ces derniers temps. Lucas rejoint la conversation.

— Vous venez au bowling vendredi soir ?

Je regarde Gabriel.

Clairement, j’ai pas envie. Mais vu le regard d’Austin, si je n’y vais pas, il n’ira pas non plus et je n’ai pas envie qu’il perde ses amis.

— Bah ouais, ça fait un moment qu’on n’est pas sortis.

Lucas est content.

— Génial ! Ça va être sympa.
— C'est bon, t'as une roue toute neuve.

Ils remettent l'ancienne dans le coffre, et Jake me prend un peu à part, je vois qu'il cherche ses mots.

— Je me demandais, maintenant que tu n'es plus avec Jenny, est ce que tu crois que ça te gênerais si je l'invite à sortir un soir.

Je lui souris.

— Non, au contraire.

Jake est un mec bien, je le sais et j'aimerais juste que Jenny soit heureuse. Je ferme le coffre. Je les remercier puis on quitte le lycée.

— Merci d'avoir accepté pour vendredi soir.

Je hausse les épaules.

— Je l’ai fait pour toi. Tu sors plus avec tes potes et c’est pas bien.. ils ne vont pas t’attendre toute la vie, tu sais ?

— Je comprendrais, si tu n'as pas envie de venir.

Je sais que c'est différent de toutes les fêtes où il a l'habitude d'aller.

— Bah.. j’ai envie d’être avec toi et je suis invité alors... si, je vais venir. Mais si jamais tu veux sortir avec eux, ne te prive pas pour moi.

Je ne crois pas que je me privais, je n'en avais pas envie. J'avais envie de voir personne et parler à personne mais je crois que cette soirée nous fera du bien. Je sais qu'il n'a repris contact avec aucun de ses amis depuis qu'il est libre et même si nos soirées sont complètement différentes, elles lui manquent peut être.

— Je pourrais peut être venir à l'une de tes soirées moi aussi ?

Je me mets à rire — presque nerveusement.

— Euh.. non. Puis j’irais plus vraiment. J’aurais pas tellement envie que t’y aille de toute façon. Et toi non plus, tu voudrais pas que j’y retourne.

Je fronce les sourcils.

— À ce point ?

— Bah... aller se bourrer la gueule, fumer et trouver quelqu’un avec qui baiser..

Je grimace.

— Après.. j’sais pas ? Ça t’intéresse ?

Je demande en me retenant de rire.

Je secoue vivement la tête.

— Non. Mais tu n'allais que dans des soirées comme ça ? Toutes les soirées de fac sont comme ça ?

— Bah... en fait, ça dépend pourquoi t’y vas. Moi, j’y allais pour ça donc.. toutes mes soirées se ressemblaient.

Je n’ose pas trop le regarder. Parfois, j’allais à des soirées bien glauques.

J'essaie de rejeter la petite peur dans ma tête, que toutes ces soirées lui manquent un jour. Pas les soirées, mais ce qu'il y faisait.

— Ça ne te manque pas ?...

— Bah... non, pourquoi ? Je suis bien avec toi. J’ai envie d’être avec personne d’autre...

Je relève la tête pour lui adresser un large sourire.

— Je suis comblé. Vraiment. Tu es suffisant.