It doesn’t get better — Adam et Logan

— Pour qu'on le soit.

Il essaie de me rassurer comme il peut, mais je sais que ce qu'il vient de se passer ne l'a pas laissé de marbre lui non plus.

— Ça va mieux, toi ?

Je demande, ma tête toujours posée contre son torse.

Je fais oui de la tête.

— Bah.. ouais. Demain j’enverrai un mail à mon neurologue pour lui dire que c’est encore arrivé et puis.. voilà. Ça va. C’était simplement bizarre d’être là sans savoir pourquoi j’y étais...

Mais bon, on ne va pas épiloguer éternellement.

— Ça a été ta journée ?

J'acquiesce, parce qu'il n'y a rien d'autre à faire. Ça ne lui donnera sûrement pas grand chose, mais au moins le neuro sera prévenu.

— Ça a été, oui ! Mes projets avancent bien et j'ai validé mes acquis grâce à mon patron de stage qui n'a fait que des éloges à mon propos. Ça me fait du bien, de sentir que mon travail est apprécié.

Je viens embrasser sa joue, alors que mon estomac gargouille.

— Tu veux que je te fasse un bon petit truc à manger ? J'avais acheté du poisson samedi. Papillote au four, ça te dit ?

— C’est génial ça, mon bébé ! Tout le monde va vouloir que tu bosses avec eux !

Je lui fais un bisou pour le féliciter avant de l’aider à se relever.

— C’est parfait ! Il reste des haricots d’hier, en plus. Tu as besoin d’aide ?

— Tout le monde je sais pas, mais si je pouvais trouver un job rapidement pour nous permettre de pouvoir mettre de l'argent de côté, ça m'arrangerait beaucoup.

J'ai hâte qu'on puisse vivre sur autre chose que l'assurance. On ne manque pas d'argent, et on n'est pas malheureux non plus, mais de savoir qu'on mets de côté pour nos futurs projets ça nous fera du bien. Ne serait-ce que pour la petite fille qui rejoindra notre famille.

— Je vais préparer ça et mettre le tout au four ! Repas de chef !

Bon, s’il ne répond pas c’est qu’il n’a pas besoin d’aide, mais j’insiste.

— Mon bébé.. tu viens de rentrer, tu as cours demain, tu ne veux pas aller te doucher pendant que je prépare ça ? Tu me dis ce que je mets dedans ?

Il est fatigué, je le vois. Puis le stress que je lui ai causé est en train de retomber.

Il me dit ça avec un ton presque suppliant. Je le regarde, pas certain d'en connaître la raison, mais je baisse rapidement les armes. Si je les avaient monté à un moment, même.

— Si ça te dérange pas, je veux bien oui !

Je me frotte les yeux et je me rends seulement compte quand il me fait remarquer que j'ai cours demain que oui, je suis claqué.

— J'ai acheté les filets déjà tout prêt. Y'a juste à les mettre dans un papier d'aluminium avec un filet d'huile d'olive et des tomates. Et des épices si ça te fait plaisir !

— Ok, chef.

Je dépose un baiser sur son front.

— File. Et ferme la porte... Poisson prend son prénom un peu trop au sérieux en ce moment, il m’a fait une petite blague ce matin.

Je dis en riant.

Je lève les yeux au ciel en imaginant Poisson se jeter dans la salle de bain. Il est incorrigible, comme ses maîtres.

Je ressors de la salle de bain une grosse quinzaine de minutes plus tard, avec juste une serviette autour de la taille. Logan a déjà mis la table et je peux le voir au bord delà fenêtre, alors que Poisson court dehors comme un foufou.

— Ca sent méga bon ! On va manger sain, mais comme des porcs ! J'adore !

Quand j’entends sa voix, je rappelle le chien et on le rejoint rapidement.

— Ouais, on va bien manger. J’ai fait des pâtes finalement... mais des pâtes saines, hein.

— Franchement, tout me va ! Même si elles avaient pas été saines, j'aurais été ravi.

Je l'embrasse rapidement.

— Je file enfiler des fringues et je te rejoins Chéri !

— Ok !

Je termine d’amener ce qu’il faut sur la table et de nous servir. Quand il revient, je tire sa chaise pour qu’il s’assoit et je dépose un baiser sur son front avant d’aller m’asseoir.

— Bon appétit, mon bébé.

Je me sens tout avec Logan. Aimé, protégé, en sécurité, entier... Depuis qu'il partage de nouveau ma vie, et de cette façon là, tout à un goût beaucoup plus pur. Et tant pis si parfois il oublie qui je suis pendant une heure, tant pis parce qu'on a toute notre vie pour s'aimer.

— Je t'aime..

Ça sort comme ça, autour d'une table pleine, mais il n'y a pas de moments. Hormis les bons.

— Tu crois que ça se fait à toutes les époques de l'année, de se marier ?

Je lui adresse un large sourire.

— Je t’aime aussi.

Je commence à manger et sa question tombe comme un cheveux sur la soupe.

— Parce qu’il y a des époques pour se marier..?

— J'en sais rien justement ! T'as un pas d'avance sur moi à ce sujet !

Je rigole, en levant les épaules.

— Je sais qu'à l'église, c'est surtout en période estivale que ça se fait. Mais à la mairie, genre... Tu crois qu'on pourrait se marier en plein mois de décembre si on le voulait ?

— Les gens se marient en été certainement parce qu’ils veulent avoir beau temps. Enfin je pense. Alors y a pas de raison pour qu’on puisse pas se marier en hiver.

J’attrape sa main par dessus la table pour caresser ses doigts.

— Tu aimerais te marier en décembre ?

— Je crois bien, oui...

Je lui souris, timidement, nouant mes doigts aux siens.

— C'était en décembre, la toute première fois qu'on s'est vu en dehors de la chambre d'hôtel où on allait. Tu t'en rappelles sûrement pas, mais t'avais un congrès de kiné à Londres et tu m'as demandé si je voulais venir t'y rejoindre et y passer le week-end avec toi. C'était la période de Noël, il neigeait par intermittence, j'étais avec toi... J'avais adoré ces deux jours en ta compagnie. Je crois que j'aimerais bien y faire écho.

— Pourquoi je m’en rappelerais pas.. ?

Il n’ose pas me regarder, comme si c’était un souvenir douloureux ou honteux et je n’aime pas ça.

— Adam ?

J’attends qu’il me regarde pour poursuivre.

— Bien sûr que je m’en souviens. J’ai organisé ce week-end. J’ai réservé un hôtel, un restaurant. Nous nous sommes balader à Winter Wonderland et tu n’as pas idée à quel point j’aime te voir porter cette écharpe qu’on t’y as acheté. Ce n’est pas parce que j’étais encore marié que ça ne comptait pas pour moi ou que j’en avais honte.

Je lui adresse un sourire sincère.

— Je me souviens de chaque moment passé avec toi et il n’y en a pas un qui doit être un secret plus qu’un autre. Ce sont des souvenirs qui sont importants à notre histoire, peu importe les circonstances. Le seul que j’aimerais changer ou oublier c’est ce foutu jour où je t’ai enfermé dans un placard.

J’ai beau être sur le point de l’épouser, je ne me le pardonnerai jamais.

Les larmes me montent aux yeux, sans que je ne sache vraiment si c'est d'émotion ou de tristesse.

— Tu te souviens vraiment de tout ça...

Je ne questionne pas, parce qu'il vient de me prouver en quelques mots que c'était bel et bien le cas. Il se rappelle non seulement de m'y avoir emmené, mais aussi de ce qu'on y a fait et qu'on a acheté cette écharpe, qui est la seule écharpe que je possède, encore à ce jour.

— Je suis désolé, c'est juste que... J'ai tellement essayé de me convaincre que tu t'étais moqué de moi sur toute la ligne que parfois, ça me semble encore inconcevable que tu te souviennes de détails qui sembleraient insignifiants à qui ne veux pas y prêter attention.

Je porte sa main à mes lèvres, l'embrassant doucement.

— C'est sûrement la chose la plus humiliante que j'ai eu à subir de toute ma vie, mais je crois que ça aussi, c'était nécessaire.. On était en train de se détruire Logan, on se disputait chaque fois qu'on se voyait, parce que je ne voulais pas comprendre que ce n'était pas si simple de quitter Moïra et que toi, tu n'essayais pas de comprendre en quoi ça pouvait être difficile pour moi que ça te prenne des mois. On allait droit dans un mur. Et c'est con, mais peut-être que sans cet épisode là... Et bien peut-être que ça t'aurais pris six mois de plus avant de la quitter et que c'est moi qui serait parti, à force d'entendre Gabriel me dire de le faire.

— Bien sûr que je m’en souviens. J’y accorde beaucoup d’importance, même.

Quand il m’avoue que c’est certainement la chose la plus humiliante qu’il ait vécu, j’en ai mal au ventre.

— Même si ça devait arriver, je le regretterai toute ma vie.

J’avais tellement peur de perdre ma fille que je n’ai pensé qu’à ça. Et malgré tout, j’ai tout de même failli la perdre. J’avais parfaitement compris à quel point c’était difficile pour lui mais je me sentais tellement pris au piège avec cette peur que je n’y voyais pas d’issue. Je l’ai fait souffrir vraiment beaucoup et j’espère qu’un jour il saura me le pardonner.

— Je l’ai quitté dans la semaine qui a suivi. J’avais l’intention de remettre mes affaires en ordre avant de venir te retrouver et...

Je soupire.

— Décembre c’est très bien, mon bébé. Ce sera mon plus beau cadeau de Noël.

— Je sais mon cœur... Je sais que tu t'appretais à le faire. Je ne doute pas de tes mots un seul instant. Mais rien n'arrive pour rien. Le seigneur voulait sans doute que je me fasse une première expérience de vie ailleurs, pour que je sois capable de me rendre compte que même sans être malheureux, on pouvait ne pas avoir trouvé le bonheur.

Je me lève pour venir derrière lui et passer mes bras autour de son cou.

— Le passé nous a construit et désormais, c'est nous qui forgerons notre avenir. Regarde nous : fiancés, dans notre maison, a quelques mois de nous lancer dans une procédure d'adoption. On a même la chance d'avoir Livie avec nous. Tout va bien, enfin. Nos souffrances étaient peut-être le prix à payer pour pouvoir avoir droit au véritable bonheur.

J'embrasse sa joue et dépose mon front contre sa tempe.

— Et en plus, je vais être ton plus beau cadeau de Noël ! Je vais commencer une nouvelle année en portant ton nom, c'est grandiose.

Il a cette façon de rendre les choses positives et belle à travers la religion et je crois vraiment que j’aime ce côté de lui bien plus que tous les autres. Il est la personne qu’il me fallait pour être heureux et si c’est grâce à Dieu alors tant mieux.

— Alors va pour décembre. C’est nous qui avons Livie pour Noël cette année. Qu’est-ce que tu dirais de l’organiser chez nous ? Sous la direction de ta maman, évidemment, avec chaque membre de ta famille.

Je lui adresse un sourire sincère.

— Et au cas où tu en douterais, j’aimerais que notre fille reçoive la même éducation que tu as reçu. Ça a fait de toi quelqu’un de tellement bon que si notre fille doit faire une prière chaque soir avant de dormir, elle le fera. Je sais que pertinemment que le prêtre de la paroisse acceptera de la baptiser.

Après tout, nous sommes déjà les bienvenus et nous sommes traités exactement de la même manière que les autres fidèles.

— Ce serait absolument génial ! C'est une fête qui a énormément d'importance à nos yeux et je crois que je serai vraiment très honoré si c'était nous qui pouvions accueillir tout le monde. Et le fait qu'Olivia soit présente, c'est encore plus significatif. Ma mère se fera un plaisir de venir nous épauler ! Ça fait longtemps qu'on a pas cuisiné ensemble elle et moi !

Je réponds à son sourire par un autre tout aussi sincère. Alors quand il parle de l'éducation de notre fille, je reste sans voix.

— J'avais un peu peur d'aborder le sujet justement... Pas tant de ta réaction, mais de la mienne si tu m'avais dit d'aller voir ailleurs.

Je rigole nerveusement contre lui.

— J'en suis certain. Le père (j'crois qu'il avait un nom but sorry je me souviens pas mdrrr) me connaît depuis des années et c'est de loin celui qui a été le plus adorable avec moi quant à mon homosexualité. Même avec toi, il n'a jamais eu une parole ou un regard de travers. Même s'il a pu me sortir par les yeux à ma période de rébellion, c'est quelqu'un de bien. Et ce sera la petite fille de Madeleine alors... Qui dans cette paroisse n'écoute pas ce qu'elle a à dire ?

Je le serre fort contre moi.

— À quel moment de ma courte existence, j'ai pu me dire que la vie sans toi allait me convenir, hein ?

Il a l’air vraiment heureux de la perspective de cette vie que je lui propose et je crois que ça me soulage. Je ne veux surtout pas qu’il pense que j’en fais trop ou que je fais ça simplement pour lui plaire car ce n’est pas le cas. J’aime sincèrement sa famille et je suis honnoré d’en faire partie alors si nous pouvons organiser Noël chez nous, ce sera vraiment génial. Mais surtout, cette famille n’est formée que de gens formidables et j’ai envie que notre fille soit élevée à leur image.

— J’en sais rien, t’étais peut-être aveuglé par l’argent...

Je dis en tentant de garder mon sérieux avant d’éclater de rire. Adam est la personne la moins vénale que je connaisse alors ça me semble improbable mais sa tête valait le détour.

— Tu ne te doutais certainement pas que la vie avec moi ressemblerait à ça. J’veux dire... je ne t’avais pas offert autre chose qu’une relation adultère avant alors.. comment t’aurais pu l’imaginer ?

Je lui souris.

— Mais bon, on devrait peut-être arrêter de regarder en arrière, tu crois pas ?

Je lui donne une tapette à l'arrière du crâne quand il ose insinué que je suis vaniteux et qu'il en rigole. Heureusement que je sais qu'il plaisante, je me serai remis en question pendant dix ans sinon.

— Apprends- moi à vivre dans le présent.

Et à mon regard, j'espère qu'il peut voir à quel point je suis sérieux.

— J'ai besoin d'aller de l'avant et de lâcher le passé. Chaque fois que tu vas à l'hôpital, où n'importe où même, tu croises des jolies filles, sûrement même des beaux mecs, et pourtant... Pourtant moi je suis là et la personne dont je suis le plus jaloux au monde c'est encore et toujours Moïra.

Je soupire, parce que je ne comprends pas que je pense encore à elle, alors que c'est avec moi qu'il s'apprête à créer le reste de sa vie.