Life isn't that easy. — Charlie & Lexie

Il me connaît tellement bien que c’en est impressionnant, parfois. Je crois même que j’ai des étoiles dans les yeux quand je le regarde.

— On a au moins de quoi faire du gaspacho !

Je dis avec un petit sourire. Il m’ouvre la portière et je m’installe dans la voiture, complètement vidée de toute énergie.

On ne mets pas bien longtemps à rentrer à la maison. Et je l'avoue, vidé de mon énergie et d'une grosse partie de stress, je conduis bien plus prudemment que tout à l'heure.

Une fois garée, je taquine Lexie sur la taille de ses cernes et je me rends compte que même son visage est creusé. Elle n'a plus aucune force et je remercie le destin qui a mis Logan sur sa route cet après-midi.

— Tu montes sur mon dos pour aller jusque là haut ?

Je demande en riant.

— Comme quand on avait quinze ans.

Je ne discute même pas, je grimpe sur son dos et je pose ma tête sur son épaule.

— T’as pas travaillé aujourd’hui.. c’est pas grave, hein ? Tu vas t’occuper de moi encore un peu ?

Son corps sur le mien ne pèse presque rien et après avoir fermé la voiture, je l'emmène jusqu'à l'intérieur.

— Je vais m'occuper de toi encore beaucoup !

Je souris en me retournant pour embrasser sa joue.

— Mon travail c'est toi, notre petite fille et encore toi ! Le reste, je le ferais entre deux trucs, quand on sera devant un film ou quand tu m'aideras à faire de mon mieux !

Je fais un bisou sur sa joue ; une petite fille. On va avoir une petite fille, c’est génial et savoir Charlie aussi heureux, ça m’aide à faire les choses correctement. Je dois penser à notre bébé et non pas à moi. Moi, je viens après.

— Tu as trouvé un autre endroit ?

— Un magnifique ! J'étais en train de me dire qu'il fallait qu'on y aille quand on m'a téléphoné...

Ca me fait penser que je dois envoyer un message à Logan. Pour l'informer, pour parler et pour le remercier. De tout ce qu'il a permis avec un simple appel.

— Ce serait génial pour faire des photos médiévale ! Et c'est pas très loin d'ici. Le château est à l'abandon dans une énorme clairière de plusieurs hectares. On se croirait dans un film !

— Oh ! J’ai hâte de voir ça !

Je dis avec tout l’enthousiasme qu’il me reste. Si je ferme les yeux, je m’endors.

— Je me sens pas très bien.

— Je vous dépose dans le canapé pendant que je vais en cuisine mademoiselle ?

Je demande en ouvrant la porte de l'appartement.

— Si tu vas au lit, tu ne dormiras pas ce soir. Tu peux tenir encore une petite heure tu crois ?

— Je vais essayer.

Je dis alors qu’il me dépose dans le canapé. Mais il disparaît à peine quelques minutes et je m’endors directement.

Je vais rapidement regarder ce qu'on a dans le frigo et quand je reviens vers Lexie pour voir si ça lui plaît, je la trouve déjà endormie.

— Oh mon bébé...

Je m'approche pour déposer un plaid sur ses épaules et j'embrasse sa tempe avec tendresse. Puis je file dans la cuisine et je fais du mieux que je peux avec ce que j'ai. Je prends mon temps, parce que ça la repose et que malgré tout, ça ne peut pas lui faire de mal.

Presque une demi heure plus tard, tout est mixé, en train de chauffer et sans perdre de temps, je vais rejoindre Alexis sur le canapé.

— Mon petit cœur ?

Je demande en caressant ses cheveux. La journée a été difficile et j'ai vraiment hâte qu'on soit couchés tous les deux. Demain sera le début d'un combat et j'ai déjà hâte d'y être.

J’ouvre difficilement les yeux ; j’aurais bien dormi encore trois jours. Mais ses caresses dans mes cheveux me font sourire.

— J’ai juste fermé les yeux une seconde.

— Oui mon cœur. Et puis une petite sieste de trente minutes a suivie comme par magie !

Je rigole tendrement, sans cesser de caresser ses cheveux.

— Tu te sens un petit peu mieux ?

— Ça va. Mais je suis encore fatiguée.

Finalement, je ne dormirais pas moins tout à l’heure. Demain, je n’aurais pas pu aller travailler, je m’en rends compte.

— On mange rapidement et tu pourras aller te coucher. J'enverrais un SMS à ta responsable pour la prévenir ce soir et demain, j'irais déposer ton arrêt maladie à la clinique. T'inquiètes pas de tout ça !

Je lie mes doigts dans les siens.

— J'ai fais de la soupe à la tomates, avec du basilic et quelques épices. À boire chaud ou froid ! Tu préfères quoi ?

— Merci mon ange.

Je dis dans un sourire avant de me redresser doucement.

— Chaud, s’il te plaît. J’ai froid, un peu. Je me sens vraiment au bout du rouleau, j’ai l’impression que tout se relâche. C’est vraiment difficile.

— Garde le plaid sur toi, j'arrive.

Je fais au plus vite, je nous fais chauffer deux tasses et je grignote de mon côté un bout de pain pendant ce temps. Je retrouve Alexis amorphe sur le canapé et ça m'en sert le ventre. Je veux bien croire que toute la pression l'accable ce soir.

— Tiens mon ange.

Je lui dépose la tasse entre les mains et bien malgré moi, je sais que je vais plus d'une fois vérifier qu'elle boive au moins cette tasse.

— Je suis fier de toi tu sais. D'avoir su avoir le déclic ! Et pardon, de la dureté de certains mots...

Je lui souris et je me blottis contre lui, la tasse entre les mains.

— C’est pas grave.

C’est ça, qui m’a fait réagir. Même si ça me hante un peu, au moins, je réalise que je n’ai plus le droit d’être égoïste maintenant. Je dois continuer de faire un travail sur moi, mais Charlie est là.

J’allume la télévision et je mets presque trois quart d’heure à boire toute ma tasse. Je me sens vraiment nulle parce qu’il a terminé en dix minutes et qu’en plus il doit manger comme moi, le pauvre. Je me doute qu’il mangera mieux quand je dormirai ou que j’aurais le dos tourné, mais c’est quand même difficile. Quand j’ai terminé, j’ai l’estomac lourd et je pose rapidement ma tasse sur la table.

— Faut que j’aille aux toilettes. J’irai au lit après.. tu veux encore rester là ?

Même si y a une télé dans la chambre, je préfère demander. Des fois qu’il veuille manger autre chose.

— Je file faire la vaisselle et je te rejoins dans la chambre. J'ai envie de profiter de toi et de ta présence.

Ces dernières semaines, elle m'evitait parfois. Et si maintenant je comprends pourquoi, je n'en ai que plus envie de la retrouver et de simplement la blottir contre moi pour qu'elle s'endorme.

Elle acquiesce et file dans la salle de bain. Même si l'eau coule de mon côté et que je reprends un bout de pain pour grignoter sans que ça ne pèse sur Lexie, je fais attention au moindre bruit inhabituel.

Je laisse la porte ouverte pour prouver ma bonne foi ; mon estomac est lourd, c’est difficile, mais je vais uniquement aux toilettes. Je n’ai pas allumé la lumière parce que je ne veux pas me croiser dans le miroir. Je tire la chasse et je sors.

— Je crois qu’on devrait encore retirer les miroirs. Et la balance.

Je dis en enfilant un sweat-shirt de Charlie, un jogging et des grosses chaussettes avant d’aller m’allonger.

Je suis soulagé de l'entendre ressortir rapidement et sans que rien de dangereux ne soit survenu. Je termine la vaisselle tout en l'écoutant.

— Je m'occupe de ça demain à la première heure Bébé.

La balance, ça m'arrange grandement. Et le miroir, j'espère juste qu'elle arrivera à s'accepter avant la fin de sa grossesse, qu'elle puisse voir évoluer... Elle sera magnifique. Je n'en doute même pas.

Je vais la retrouver rapidement, j'éteins toutes les lumières et j'allume la télé en fond pour le cas où j'ai beaucoup de mal à m'endormir. Je garde uniquement mon boxer et en voyant le contraste entre nos deux tenues, je me demande encore une fois comment j'ai pu ne rien voir auparavant.

— Viens me faire un énorme câlin d'amoureux.

Je murmure en l'attirant contre.

Je me glisse sous la couverture et je vais directement me blottir contre lui. En fait, je réalise que chez nous, la télé est un bruit de fond. Elle ne s’arrête jamais. Chambre, salon, quand on mange, quand on dort, quand on fait l’amour. C’est un bruit ambiant que j’adore et qui me rassure, même si elle n’est parfois pas assez forte pour qu’on l’entende.

— Bonne nuit, Chéri. Je t’aime.

— Je t'aime aussi mon cœur.

Lexie s'endort en seulement quelques secondes et je souris contre elle. Une fois certain qu'elle est bien partie, je me decalle légèrement pour attraper mon portable. J'ai besoin de ne pas être seul au moins quelques minutes.