Ill be fine. Charlie & Lexie

J’entre dans le milieu de mon sixième mois de grossesse et je regrette presque que ce soit déjà la fin. Je commence simplement à m’habituer à ce corps et depuis que je sens vraiment mon bébé, j’ai eu comme un déclic. Mon corps d’avant, je vais le récupérer, j’en suis certaine, mais en attendant je peux profiter de celui-là.

Charlie travaille beaucoup en ce moment et s’il me dit que c’est pour pouvoir faire une pause plus tard et m’aider avec la naissance de notre fille, je sais que c’est pas entièrement vrai. Pour lui, cette grossesse est un calvaire et il n’y participe pas. Son soutien est énorme et grace à lui je mange, j’ai pris le poids qu’il faut exactement et j’ai un ventre vraiment marqué aujourd’hui sauf que lui, il n’en sait rien. Il ne sait pas que j’ai complètement laché prise et que mon ventre est vraiment énorme maintenant – pour ma carrure, évidemment – parce que je m’habille toujours trop large, on n’a plus fait l’amour depuis une éternité, il ne me voit plus nue et il n’ose pas toucher mon ventre. J’ai réalisé à quel point c’était dur pour lui parce que j’ai lu quelques messages qu’ils s’échangeaient, avec Logan. Des messages où il disait qu’il était heureux que j’aille et que c’était tout ce qui importait alors que c’est pas vrai. Il ne devrait pas avoir que les mauvais côté et aujourd’hui, je me suis sentie prête. Depuis que j’ai le droit de faire du yoga, je sens que mon esprit c’est apaisé pour le meilleur et il n’y a pas meilleure journée que son anniversaire pour lui offrir tous les meilleurs cadeaux du monde.

Ce matin je me suis levée tôt, j’ai préparé tout ce dont j’avais besoin et j’al prétendu aller au yoga. En fait, je sais qu’il a un rendez-vous à 10 heures pour faire des photos dans le parc, dans la neige, avec une femme enceinte. Ça fait plusieurs jours que je me fais passer pour une inconnue qui veut des photos d’elle et je lui ai demandé de trouver le meilleur endroit pour ça. D’après lui, avec la neige, tous les endroits sont les meilleurs mais dans ce parc il y a des endroits qui peuvent rendre les photos féérique ; pour convaincre cette femme qu’il ne connait pas, il a même dit « si j’en avais l’occasion, c’est que j’emmènerait ma femme ». Forcément, j’ai dit oui.

Alors maintenant que je suis prête, que j’ai toutes les tenues qu’il a suggéré et que je suis emmitoufflée dans ma super grosse doudoune, mes triples couches et tout ce qu’il faut pour qu’au moment de passer une robe et être frigorifiée en deux secondes, ces couches me manquent, je l’attends au point de rendez-vous, des papillons dans l’estomac.

Aujourd’hui, c’est sa journée et je me suis assurés que Logan et Adam réservent des créneaux photos pour rien. Histoire d’être sûre qu’il n’aura rien d’autre à faire que d’être avec nous. Il me reste deux mois de grossesse, on va vivre ça à fond.

Travailler me permets d'etre un peu en dehors de la maison. C'est pas que c'est étouffant, c'est simplement que je n'imaginais pas vivre la grossesse de Lexie de cette façon là. Je savais que ce serait compliqué, mais pas au point de ne pas pouvoir toucher son ventre et de ne pas tisser un lien avec ma fille dès maintenant. Au moins, ça nous fera toujours de l'argent en plus de côté pour plus tard. C'est ça, que je dis à Lexie, et ce n'est pas tout à fait faux.

Ce matin, elle est partie au yoga avant même que je ne parte bosser. J'aime bien la savoir là-bas, ça lui fait du bien au moral, je crois, et c'est tout ce que je souhaite.

De mon côté, j'ai un shooting photo qui s'annonce absolument magnifique. Une future maman a pris rendez-vous pour une séance sous la neige et elle m'a plus ou moins laissé le choix de l'endroit, j'ai été franc en lui disant que j'y aurais emmené Lexie sans hésiter.

Alors je suis là, sous le coffre de ma caisse, à tout monter à l'abri du froid et du vent. Et à penser par avance aux séances que j'ai encore dans la journée. Fêter mon anniversaire aujourd'hui ne me permets pas de journée de repos.

Charlie est là, il est en train de monter son matériel et je ne sais pas vraiment comment l’aborder. Il ne m’a pas encore vu et je profite de ces quelques minutes pour sentir mon cœur tambouriner dans ma poitrine. Puis je ne tiens plus en place alors j’arrive près de lui et je me racle la gorge.

— Bonjour.

Je relève la tête en souriant et quand je vois Lexie, je repose tout mon matos dans la voiture. Et la première chose que je fais, c'est paniquer.

— Mon Bébé ! Qu'est ce que tu fais ici ? Ça va pas ? T'as besoin que je t'emmène quelque part ? Ma cliente n'est pas encore arrivée, je peux toujours décommander !

Je souris.

— Ah non, tu annules pas. Qui va me prendre en photo, sinon ?

Je demande en venant me blottir contre lui.

— Bon anniversaire mon amour.

— Comment ca... ?

Je demande alors que Lexie vient se blottir contre moi. Je ne suis pas sûr de tout saisir, pas sûr de comprendre ce qu'elle vient de dire. Je crois que je ne veux pas m'emballer si c'est pour retomber.

— C'est pour toi, le shooting ?

— C’est moi, oui. Surprise... ?

Il est tellement hésitant que j’ai peur qu’il prenne mal que je me sois faite passer pour quelqu’un d’autre.

— Mais c'est même plus une surprise là. Je voudrais prendre un an de plus tous les ans !

Je la serre contre moi avec tendresse.

— C'était avec toi que je parlais ? À qui j'ai dis que je t'emmenerais là si je pouvais ?

Ça me semble dingue et je ne lui en veux pas une seconde de s'être fait passer pour une autre personne. C'est une surprise tellement folle. Mon bébé derrière mon objectif... Jamais je n'y aurais cru.

— Tu me laisses vraiment faire tout ça ? Tout comme j'avais prévu pour elle ?

— Tout comme tu avais prévu, oui. J’ai exactement les vêtements que tu m’as conseillés.

Ce qui signifie qu’il va pouvoir voir mon ventre. Pour de vrai. J’embrasse ses lèvres à plusieurs reprises.

— Désolé de t’avoir fait patienter autant de temps...

— C'est pas grave !

J'encheris aussitôt. Tant que nous ne serons pas dans le vif du sujet, je vais avoir peur qu'elle fasse machine arrière.

— J'aimerais bien traîner et prendre tout mon temps, mais j'ai d'autres clients dans la journée alors... Je vais tout préparer ? Tu vois ce que tu préfères porter en premier ?

Mes lèvres trouvent les siennes tendrement et je la serre contre moi. Je crois que je ne réalise pas encore vraiment ce qui arrive...

Je souris de toutes mes dents.

— Tes autres clients, c’était Adam et ensuite Logan alors.... en fait, on a toute la journée ! Rien que toi et moi, notre petite fille que je trimballe partout aussi, pour ton anniversaire.

Sans plus attendre, je l'embrasse de nouveau, et avec bien plus de passion que précédemment. Elle a organisé tout ça comme une chef et je remercie par la pensée Adam et Logan d'avoir monté cela avec elle. Logan avait compris que c'était dur, il a du en parler à Adam et ont sauté sur l'occasion.

— C'est déjà un anniversaire parfait. Je vais te prendre en photo... Tu te rends compte depuis combien de temps j'en rêve ?

Mes yeux doivent être remplis d'étoiles et instinctivement, ma main descends vers le ventre de Lexie. Mais elle est emmitouflé sous plein de couches et surtout, je ne veux pas la brusquer.

— Je vais faire de vous deux la plus belle séance photo de ma carrière.

Quand je vois sa main descendre vers mon ventre, je me recule. Mais pas comme d’habitude, je ne le rejette pas, bien au contraire.

— Arrête ! Tu vas gâcher la surprise, rooh !

J’ai pas envie qu’il se rende compte à quel point mon ventre est énorme comme ça, j’ai envie qu’il le voit d’abord.

— Dis-moi comment je me mets, où. J’ai ma longue robe bleue, là. J’ai simplement à enlever toutes mes couches.

Il me regarde, intrigué.

— Mais allez !! J’ai plus envie de patienter ! Dis-moi où je me mets !

— D'accord, d'accord ! On s'y mets !

Je me recule vivement, tout en l'embrassant malgré tout. Je fais ça depuis des années et pourtant, tout est très flou. J'installe tout très rapidement et une fois que tout est prêt, j'amène Lexie à l'endroit idéal.

— On va commencer ici, juste en dessous de l'arbre. La luminosité à travers les branches va capter toute la réflexion de la neige ! Et avec cette robe là, ça va rendre absolument magnifique. Tu es magnifique !

Je lui souris, non sans la placer au meilleur endroit.

— Je vois où je capte le mieux la lumière. Quand c'est fait, je te le dis et tu jette ta doudoune loin devant toi. Elle sera hors caméra, y'a pas de souci. D'accord ?

Elle acquiesce et finalement, au bout de quelques dizaines de secondes à rire, je lui dit que tout est ok pour moi. Un sourire amoureux collé aux lèvres.

Après ça, je sais que je serai enrhumé et j’accepterai toutes les tisanes et les câlins qu’il me fera parce que ça vaut le coup. L’expression de son visage quand je balance ma doudoune et mes polaires au loin et qu’il voit mon ventre pour la première fois depuis des semaines n’a pas de prix.

Je reste sans voix. Incapable de prendre le moindre cliché et d'avoir la moindre pensée cohérente. Le ventre de Lexie a doublé de volume, peut-être même plus. Lexie a du ventre. Un ventre de femme enceinte. Un ventre avec un bébé à l'intérieur. Notre bébé... Une part de mon cerveau sait qu'elle doit avoir froid, mais l'autre s'en moque. Tellement que je me mets à pleurer. Ce n'est jamais autant arrivé depuis qu'on sait qu'on sera parents.

— Ça va aller, ça va me passer, je vais essayer de faire vite. Pardon...

Quand je le vois fondre en larmes, je suis émue moi aussi et je le rejoins pour lui faire un câlin. J’attrape sa main avec un sourire ; autant qu’il pleure tout d’un coup, non ?

— T’as de la chance, elle est réveillée.

Je vois bien qu’il a du mal à me suivre, jusqu’à ce que je pose sa main sur mon ventre à l’endroit pile ou Charlie peut sentir notre fille bouger.

— Putain de merde !

Je jure, et pardon à tout ceux qui ont pu entendre, mais elle bouge. Notre fille bouge et je peux le sentir. C'est à la fois incroyable et complètement libérateur. J'ai l'impression que jamais je ne pourrais connaître une sensation aussi forte et magique.

— Tu la sens depuis longtemps ? Elle a l'air déjà si grande...

L'émotion me submerge, mais face à Lexie je me laisse aller sans honte. J'enlève mon manteau pour le passer autour de ses épaules, mais très vite je la laisse reposer ma main à l'endroit où elle le souhaite. Je suis le plus comblé des hommes.

— Ça fait plusieurs semaines, oui. Elle réagit beaucoup au son de ta voix quand tu me parles le soir, quand on est au lit.

Je crois qu’avant, elle n’osait pas trop bouger, comme si elle sentait que je n’étais pas prête à ça.

— Quand t’as appelé ta grand-mère, je t’ai entendu et j’ai réalisé à quel point t’étais patient et adorable... ça a été comme un déclic et ça tombait plutôt bien que ton anniversaire approche. C’était dur de continuer de faire comme d’habitude alors que je crevais d’envie que tu réalises mais.. t’as l’air tellement content, je crois que ça valait le coup. Je me sens mieux maintenant et j’aimerais bien qu’on aille faire un peu de shopping cet après-midi pour que tu m’aides à choisir des vêtements ? De vrai vêtements à ma taille. Mais en attendant... on fait ces photos ?

Je suis soulagé d'entendre que c'est parce qu'elle m'a entendu avec ma grand mère qu'elle a réalisé. J'ai été soft avec elle, pour ne pas l'inquiéter. C'est Logan qui a été le plus présent, comme souvent, et qui m'a permis de me décharger les fois où ça devenait vraiment compliqué. Il a déjà connu ça, lui aussi, et maintenant je comprends : rien n'est plus beau que de sentir son bébé bouger tout doucement.

— Je serai toujours patient avec toi mon Bébé, mais j'avoue sans honte qu'aujourd'hui, je suis comblé...

Mes lèvres trouvent les siennes tendrement et j'ai énormément de mal à la lâcher.

— On fera tout ce qui te plaira. Je te suis où tu le souhaites. En attendant, file là-bas. Je m'occupe des photos. Elles vont être magnifiques.

Je lui rends sa veste et je retourne me mettre en place. Il y a bien des années que je n’ai pas posé pour lui.

— Dis-moi ce que je dois faire, comment je dois me mettre ?

Je fais tout ce que je peux pour la mettre à l'aise. Je lui dit comment tenir ses jambes, ses bras, où regarder, comment porter sa tête. Elle suit tout à la lettre et plus je prends de photos, plus je suis amoureux d'elle. Je ne pensais même pas cela possible.

— T'avais pris autre chose que la robe ?

Je demande après une bonne dizaine de minutes. Si ce n'est pas le cas, pas grave. Déjà ainsi, elle va se rendre compte comme elle est somptueuse.

— Oui, oui, j’ai pris vraiment tout ce que t’avais conseillé !

Je dis en le rejoignant pour ouvrir mon sac et lui montrer tout ça.

— Dis-moi ce que tu préfères. Et ne tiens pas compte du froid, d’accord ? Au pire, je serais enrhumée, ça ira. C’est pour une heure à peine.

J’ai vraiment l’intention de jouer le jeu, je sais qu’il en sera ravie.

Je hoche la tête et embrasse sa tempe avec tendresse. C'est elle la meilleure du monde.

— Mets la robe blanche avec les manches longues ! Ça va... Parfaitement épouser ton ventre.

Je murmure, en espérant ne pas en avoir dit trop. Son ventre est magnifique, mais ça fait tant de semaines que je ne l'avais pas vu que je ne sais pas si dire ça, c'était la meilleure chose à faire.

— File à l'arrière de la voiture si tu veux. J'ai été faire teinter les vitres exprès il y a quelques semaines !

Je m’exécute et je vais directement dans la voiture pour me changer.

— Donc t’as teint les vitres de la voiture pour que des femmes que tu connais pas puissent se changer dedans ? Bravo.

Je dis en riant. Je galère vraiment à me changer, mais ça me donne un coup de chaud et ce n’est pas plus mal.

— Voilà !