Life isn't that easy. — Charlie & Lexie

— Mais toi t'y pouvais quelque chose Lexie !

J'essaie de ne pas être froid, pour ne pas l'accuser sans être sûr de rien. Je dois faire attention avant de m'emporter. Aussi difficile soit la chose.

— C'est pas la première fois que ça t'arrives en plus, j'imagine.

Avec sa première phrase, je me braque instantanément et je me détache de lui.

— Si t’es venu là pour me faire la morale, c’est pas la peine. Tout le monde me prend la tête depuis ce matin donc c’est bon, j’ai compris. Soi-disant que je travaille trop, je suis trop fatiguée, que je mange pas assez, que je prends ps assez de pause. Le message est passé, ça va aller. Et si, c’est la première fois que ça arrive comme ça.

Les autres fois, j’ai simplement eu des étourdissements que personne n’a remarqué.

— Et tu voudrais que je te dise quoi ? ''Continue comme ça mon amour, travaille comme une folle et le jour où il t'arriveras quelque chose de plus grave, on en rigolera.''

Finalement, ça va peut-être être plus compliqué que prévu de rester calme.

— Et c'était comment les autres fois ? Si c'était pas comme ça, c'est forcément qu'il y avait un début quand même, non ?

— T’es chiant, merde ! C’était rien ! Je suis juste fatiguée alors c’est bon, t’as pas besoin d’en faire des caisses là !

Il a bien de la chance qu’Adam soit en cours parce que je serais aller pleurnicher chez lui pour avoir la paix.

— Et bah bouge alors ! Comme ça tu vas pouvoir aller dormir et tu vas arrêter de gueuler comme si c'était ma faute si t'es tellement explosée que t'en as fait un malaise !

Je tiens la porte de la chambre en lui faisant signe de passer. Je n'ai pas envie de faire un scandale ici. Il y a des choses dont il ne faut parler que chez soi.

Je ne sais pas si je dois pleurer ou non à sa manière de me parler. Normalement ça m’agace et je l’insulte en retour, mais là j’en sais rien. Ça me fout les boules et je n’arrive pas à parler.

Je trace directement dans ma salle de pause pour prévenir que je m’en vais. Pas de merci et pas d’au revoir parce que c’est à cause d’eux si mon mec me prend la tête. Après ça, je me dirige vers les escaliers pour descendre.

Quand je la vois tracer vers les escaliers ça m'agace encore plus. Elle tient à peine debout, mais c'est sur que c'est plus sécurisant que de prendre l'ascenseur.

On se retrouve rapidement sur le parking et elle ne me regarde même pas. Elle fonce directement vers le fond, là où je me mets d'habitude parce qu'il y a plus de place.

— Je suis garé juste ici en fait. J'étais inquiet alors j'ai pas cherché à aller plus loin, excuse moi de cet affront.

— Va t’faire Charlie, tu me gonfles.

Je dis en faisant demi-tour avant de monter en voiture et de claquer la porte.

— Et inverse pas les rôles, j’étais contente de te voir, c’est toi qui m’agresse.

Je ne relève même pas l'insulte, ça n'a pas vraiment de valeur dans nos bouches.

— Tu peux me faire un dessin pour que je sache où ? Je me suis contenté de te dire que si tu avais spécifié avant que t'étais enceinte, peut-être qu'ils auraient été en mesure de faire attention et de te donner moins de travail. Est-ce que c'est la faute si tout le monde t'avait déjà fait la morale avant moi ? Je ne crois pas, non !

Je démarre au quart de tour, avant de me reprendre. J'ai dis à Logan que je ferais attention et c'est le cas. Triste, craintif ou en colère.

— Mais j’ai pas envie d’avoir moins de travail, tu comprends ? Moi ça m’intéresse pas d’aller faire les piqûres ou distribuer les cachets en même temps que la bouffe ! Ça n’a aucun intérêt !

— Je te parle pas de distribuer des cachets ! Je te parle de passer en tiers temps ou de voir moins de monde dans la journée pour que ta masse de travail soit moins importante ! Merde !

— Mais pourquoi, putain ! J’suis pas handicapée et j’suis pas encore une grosse vache alors à priori y a aucune raison pour que je diminue ma charge de travail !

Je lui hurle dessus plus que je ne parle ; ça fait une éternité qu’on ne s’est pas disputé comme ça, mais on n’a pas oublié comment faire apparemment.

— Pour quoi d'autre que le surmenage t'aurais pu faire un malaise alors ? Explique moi ! Je suis tout ouïe !

— Je suis fatiguée, c’est tout. Putain mais pourquoi t’en fais tout une histoire là ? C’est quoi ton problème ?

—Et quand on est fatiguée, on ne doit pas moins travailler ? Putain mais soi cohérente !

Je peste en m'arrêtant à un feu rouge.

— Tu manges suffisamment ? Tu fais attention à ça aussi ?

— T’es sérieux là ? Tu vas vraiment me parler de bouffe ?

— Je te donne l'impression de rigoler depuis tout à l'heure ?

Je lui réponds alors qu'un connard me klaxonne parce que je ne démarre pas assez vite. Je lui fais un doigt en sortant ma main par la fenêtre et je reprends la route. C'est sûrement pas la meilleure idée, mais faut bien rentrer.

— Je te pose une question, pourquoi t'y réponds pas simplement ?

— Parce que toi et moi on n’a pas la même notion de suffisamment. Alors oui, j’ai mangé suffisamment. Et maintenant arrête de me gonfler. Concentre toi sur la route là, si c’est pour conduire comme ça, autant que je prenne mon scooter.

— Ah oui ? Quand ça ? À la maison ou à l'hôpital ? Parce que le son de cloche est différent partout à l'évidence !

Je remonte la grande rue qui nous sépare de la maison et j'espère y arriver très vite. Parce que là, je crois qu'on rentre dans le vif du sujet et j'en tremble d'avance.

Quand il me dit ça, je me ferme complètement et je ne parle plus. J’attends qu’il se gare enfin devant chez nous pour pouvoir rentrer. Toutes ces émotions me font voir des étoiles mais avec les gâteaux qu’on m’a forcé à manger, je refuse de prendre l’ascenseur.

Alexis part devant et une fois de plus, quand j'arrive dans le hall, je constate qu'elle n'a pas pris l'ascenseur.

— Putain mais c'est quoi ton problème ?

Je grogne d'en bas, en espérant qu'elle m'ai entendu. Bien sûr, j'arrive à notre étage avant elle et je laisse la porte grande ouverte derrière moi.

Arrivée en haut, je suis tellement crevée que j’en tremble. Ma vision se trouble et je cours aux toilettes pour aller vomir. Peut-être qu’aujourd’hui j’ai un peu forcé, je reconnais. Mais je ne mérite pas d’être malade comme ça, j’en ai vraiment assez.

Je me redresse lentement pour me rincer la bouche. J’ai beaucoup de mal à tenir sur mes jambes alors je vais dans la chambre pour m’allonger.

Quand je l'entends vomir, toute ma panique revient au galop. Ca ne dure pas longtemps, mais assez pour qu'elle ai encore perdu des forces.

J'attrape un verre d'eau dans lequel je mets un peu de son sirop préféré et je viens lui apporter une fois qu'elle est installé sur le lit.

— T'es vraiment la plus chiante des chiantes.

Je soupire en lui mettant le verre dans les mains.

— Bois ça et repose toi. Mais crois pas qu'on n'en reparlera pas après !

Je pose le verre sur la table de chevet, sans le boire, et je lui tourne le dos. Parler de quoi ? De nourriture ? Bah ça va, merci. Je préfère écouter le silence.

Je me glisse rapidement sous la couverture pour stopper mes tremblements. J’ai froid, j’ai mal au ventre, je suis trop fatiguée pour pleurer et si j’avais su que c’était ça être enceinte, j’aurais fait plus attention à ma pilule.

Ce n'est même pas qu'elle me tourne le dos le pire. C'est l'affront qu'elle me fait de poser le verre sur la table de nuit sans n'en avoir rien à foutre.

— Très bien ! Va te faire foutre !

Je me lève sans demander mon reste et je claque la porte de la chambre tellement fort que tous les murs de l'appartement en tremble. Mais je m'en branle comme de l'an 40.