Party ! — Austin & Gabriel #2

Je hausse les épaules. Qu'est-ce que je pourrais dire de plus ? Ils ont compris depuis des années ce qu'il se passait chez moi, et j'ai énormément de mal à en parler, même à Gabriel, surtout à Gabriel. D'un seul coup on entend de l'agitation dans la maison, et tout le monde se met à courir dans le jardin.

- Les flics se ramènent !

On nous gueule au passage.

- Merde.

J'attrape la main de Gabriel.

- Viens.

On coupe à travers toutes les personnes qui courent. S'il se fait chopper, ses parents vont le tuer, et au moment où on se cache derrière un buisson, les flics arrivent dans le jardin. Je pose mon doigt sur mes lèvres, pour lui dire de pas faire de bruit.

Je ńai même pas le temps de réagir à ce qu’il se passe que je suis entraîné par Austin pour elchapper aux flics. S’ils me voient, ils m’embaRquent. Déjà parce que je suis bourré, mais surtout parce que je suis un habitué de la garde à vue et qu’ils ne m’aiment pas. J’ai envie d’éclater de rire quand on se retrouve dans un buisson. Mais Austin écrase son doigt sur mes lèvres et mon cœur s’arrête. J’ai l’impression de décuver en moins d’une seconde et mon cœur s’emballe. Je me défais de lui et je me recule sans rien dire. Dès que les flics sont dans la baraque, je me lève et je me casse en courant. Il m’attrape par le bras en plein milieu de la rue et on se retrouve dans le hall d’entrée de chez Jenny.

- Putain mais alors même pas en rêve que je vais chez elle !

Quand il part en courant, je le rattrape par le bras. La voiture des parents de Jenny n'est pas là, ils ne sont toujours pas rentrés du restaurant alors je l'attire rapidement dans le hall. Les flics de White Falls ne lâche jamais l'affaire, il ne se passe jamais rien ici, leur seul problème ce sont les ados alors ils ne s'en privent pas. Sauf qu'il se détache de moi presque avec colère.

— Tu préfères la cellule de dégrisement ?

— Bah carrément, ouais. J’vais pas tenir la chandelle, merci bien de l’ambiance. Je l’aime pas. J’suis désolé mais j’arrive plus.

Je fronce les sourcils et je l'entraine en dehors de la maison. Nous sommes sur une autre propriété, les flics ne peuvent rien faire.

— Putain, mais c'est quoi ton problème avec Jenny ? Qu'est-ce qu'elle t'a fait ?

Il m’entraîne dehors et je soupire quand il s’emporte.

— Rien. Elle m’a rien fait. Tu devrais peut-être aller la rassurer d’ailleurs. Parce qu’elle a certainement entendu les flics.

Je soupire moi aussi. Il réalise pas à quel point c'est dur pour moi que mon meilleur ami et ma petite amie ne s'entendent pas.

- Je vais te raccompagner chez toi.

Je dis en récupérant mon vélo.

— Te fatigue pas, je saurai rentrer. Putain mais j’aurais mieux faire de rester chez moi.

Ça me serre la gorge de le dire.

— Grimpe.

Je dis en lui désignant le guidon.

Je regarde Austin trente secondes avant de grimper sur le guidon et de me caler contre lui.

— Je devrais pas être dehors..

— Je sais.

Je me mets en route.

— On va passer par la fenêtre, tes parents doivent dormir à cette heure-là. Darcy est chez toi.

— Pourquoi elle est chez moi ? Ça va pas ta mère ? Tu dors chez moi ?

Je reste silencieux plusieurs secondes.

— Elle s'est fait virer il y a deux semaines.

Et à chaque fois que ma mère se fait virer, c'est toujours la même chose, elle boit et elle ramène des hommes.

— J'ai dit à Jenny qui je la rejoindrai plus tard.

— Ah. Ok.

Bah oui, c’est mieux chez Jenny. Il peut la sauter, Jenny. Elle pose pas de question, Jenny.

Je serre les dents mais je reste calme.

— T'as l'alcool casse-couilles ce soir.

— J’me tais, c’est bon.

Je lui donne un petit coup dans l'épaule, en souriant.

— Allez, souris. J'aime pas quand tu fais la tête.

Je soupire.. c’est triste, mais j’ai l’impression qu’on s’éloigne et ça m’effraie. Plus que d’habitude. Peut-être parce que j’ai bu.

— Je fais pas la tête. J’ai juste envie de rentrer et aller me coucher.

Je réponds doucement.

— J’aurais pas dû sortir.

Je le sens pas bien et ça me tord le ventre car c'est la première fois qu'il ne me dit pas ce qu'il se passe, qu'il ne me dit carrément rien. Quand on arrive chez lui, toutes les lumières sont éteintes, ses parents sont couchés. Je reste derrière lui quand il grimpe à la gouttière, de peur qu'il tombe à cause de l'alcool. Quand on arrive dans sa chambre, je retire mon manteau et mes chaussures.

— Je vais voir Darcy.

Je rejoins la chambre d'amis, qui au fil du temps c'est plus transformé en une réelle chambre pour ma petite soeur. Il m'arrive souvent de me demander comment je ferais si je n'avais pas Madeleine et (prénom du père) auprès de moi. Darcy est endormie paisiblement, Nounours, sa peluche en forme de lapin qu'elle ne quitte jamais, blottie contre elle. C'est apaisant pour moi de la savoir ici, en sécurité. Je la recouvre et j'embrasse tendrement son front, sauf que je la réveille.

10 minutes plus tard je reviens dans la chambre de Gabriel avec Darcy qui somnole dans mes bras.

Quand Austin revient, il a DArcy dans les bras alors je me pousse pour qu’il puisse la coucher à coté de moi. Puis ensuite je la prends contre moi et quand elle se blottit dans mes bras, elle se rendort tout de suite.

— Je vais m’occuper d’elle. Tu peux y aller.

Je berce un peu Darcy puis je l'allonge doucement à côté de Gabriel, il la prend dans ses bras et elle se rendort. Je secoue la tête, je ne suis pas ingrat et puis je n'ai aucune envie de partir. J'envoie un message à Jenny pour la prévenir que je ne viendrai pas ce soir, puis je les rejoint dans le lit.

— Je peux ?

Je demande doucement en récupérant ma petite soeur pour la blottir contre moi. Je caresse tendrement ses cheveux.

— Merci.

Si moi je suis au dessus du lit, elle je la recouvre correctement.

— Merci, de prendre soin d'elle.

Car j'ai conscience que ça peut être un poids, mais ils ne me le font jamais ressentir.

Il récupère sa sœur et il reste. Ça me soulage tellement que j’ai l’impression d’être un enfoiré. Mais Jenny va s’en remettre.

— C’est normal. Ma mère s’est occupée de toi, y avait pas de raison qu’elle ne le fasse pas avec Darcy.

Je me redresse. On est à l’étroit dans mon lit, puis ça devient difficile de dormir en sa présence.

— Je vais aller au salon un peu. J’suis pas fatigué.

Il se redresse et se relève, il s'apprête à quitter la chambre.

— Est-ce que tu m'évites ?

Je connais la réponse, du moins c'est l'impression que j'ai depuis une semaine, mais ça lui laisse une chance de ne pas me mentir.

J’affiche un pâle sourire.

— Je crois que c’est mieux comme ça pour l’instant. Puis j’suis pas quelqu’un de fréquentable. T’as pas besoin de ça, toi.