I go Wherever You will go. - Adam & Logan.

Quand on est arrivé chez mes parents après avoir passé plusieurs heures à emballer toutes mes affaires et que j'ai lâché tous mes sacs dans mon ancienne chambre, ça m'a fait un effet vraiment étrange. Je crois que c'est à ce moment précis que j'ai compris que mon histoire avec Max était bel et bien derrière moi... Il n'y aurait plus d'église, d'enfant ou de mariage. Et si en parler avec lui a été très dur, même si l'idée fait mal, une partie de moi se sent libérée. Une partie de moi est déjà ailleurs et je n'ai pas envie de la contenir.

Ma mère et mon père ont été plutôt compréhensifs quant à mon choix, même s'ils ne savent pas grand chose en réalité. Max et moi avons rompus, ça n'est pas temporaire et c'est pour ça que je n'allais pas très bien dernièrement et que j'ai pas mal dormi ici. Je suppose que ça suffit pour le moment et que je n'avais pas besoin d'en dire plus.

J'ai mangé rapidement avec eux et ça m'a fait du bien. Ma famille sera toujours là pour moi et ça fait un bien fou d'en avoir conscience même dans ces moments là. Mais il me manque quelque chose d'autre ce soir... Et il n'est peut-être pas encore trop tard pour aller la chercher.

— Tu crois que ça se fait de repartir maintenant ?

Je demande à Gabriel qui m'aide à ranger la cuisine.

— Je veux dire, si je suis pas là ce soir, c'est pas grave non ? Papa et maman vont pas se poser de questions ou j'sais pas ?

Logan Wheeler

Je lui jette un regard blasé.

— C’est à moi que tu demandes ? Genre je fais ce que je veux depuis que j’ai 9 ans et c’est à moi que tu demandes si l’adulte que tu es peut découcher ?

J’explose de rire.

— Faut couper le cordon Adam Saint-Clair.

Je rigole et grimace à son encontre.

— Désolé de pas être aussi sauvage que toi ! Ou d'avoir beaucoup plus peur de me faire engueuler, choisis.

Je finis de ranger toutes les assiettes dans le lave vaisselle et une fois le tour joué, je me sens obligé de lui demander.

— Ça se fait si je vais le voir maintenant ? Je veux dire... Je suis à peine célibataire, mais j'ai pas envie qu'il soit tout seul. Surtout pas après ce que t'as dis cet après-midi ! Je veux pas que lui aussi il pense ça.

Je préfère encore qu'il me haïsse plutôt qu'il croit que je l'ai abandonné. Je ne sais que trop ce que ça fait, et je refuse.

Je lève les yeux au ciel.

— Vas y. La porte ne doit même pas être fermée il est parti s’allonger directement. Vous avez besoin de vous retrouver, je crois.

Je n'hésite même pas une seconde. Je lâche le chiffon, prends Gabriel dans mes bras et lui fais un bisou en lui disant que je l'aime très fort. Encore une journée que je n'aurais pas été capable de surmonter s'il n'était pas là...

Sans chercher à prendre la moindre veste, j'attrape les clés de ma voiture sur la table de l'entrée et je sors au pas de course.

Montre en main, je dois mettre à peine une dizaine de minutes avant de trouver une place sur le parking de la fac. Merde, je n'ai pas été garé ici depuis des mois et je me remémore tout un tas de souvenir. C'est quand la dernière fois que je suis venu dans cet appartement ? Sans doute lors d'une énième dispute à cause de Moïra et de son divorce qui n'avançait pas.

Rien n'a changé, ni le code de la porte ni le calme qui règne dans l'immeuble. Mon cœur bat la chamade, je suis certain qu'en se concentrant un peu, Logan pourrait l'entendre de là haut.

Quand j'arrive devant sa porte, j'hésite à rentrer sans frapper, comme Gabriel m'a dit que la porte était ouverte. Mais je crois aussi que Logan ne va pas bien, surtout s'il boit vraiment comme l'a dit mon frère, et qu'il n'aimerait pas que je débarque s'il est dans un état pitoyable. Alors je cogne à la porte, pour lui laisser tout le temps du monde avant d'accepter de me laisser entrer, ou non.

— Logan ? C'est moi...

Depuis que le frère d’Adam m’a couché, j’ai été incapable de bouger. Je ne sais pas combien de temps j’ai pleuré ni depuis combien de temps ce n’était pas arrivé mais je suis fatigué et je n’encaisse plus rien. Mais antidouleurs ont calmé quelques peu mes douleurs physiques et je me calmé. Lorsque je commence à piquer du nez, dans un effort surhumain je me traîne aux toilettes et je suis en train de revenir lorsque j’entends frapper à la porte. J’ignore en me laissant tomber sur le lit et quand j’entends sa voix, mon cœur loupe un battement.

— Adam ? Rentre.

Son frère a dû oublier quelque chose tout à l’heure.

— Tout va bien ?

Ma main tremble lorsque j'ouvre la porte et je ne sais pas ce que cela signifie. Je crois que tout un tas d'émotions se mélangent en moi en même temps et c'est impressionnant.

Quand mes yeux se posent sur cet appartement, puis sur Logan affalé sur le lit, je reste interdit quelques secondes. Je suis vraiment ici, lui aussi, et c'est compliqué d'arriver à accepter que ce n'est pas seulement mon imagination. J'ai tellement attendu un moment comme celui-ci...

— Tout va bien, oui.

Je lui souris, timide, mais pas mal à l'aise pour autant. Je m'avance vers lui et sans trop chercher, je m'assoie sur le bord de son lit.

— Je suis désolé pour cet après-midi, j'ai été stupide de te laisser comme ça avec mon frère. C'est moi qui aurais dû être là...

Il est là, il referme la porte derrière lui comme s’il avait l’intention de rester et mon cœur s’emballe. Est-ce que tout est propre ? Rangé ? Oui, je crois. Mon état, en revanche, fait peine à voir. Mais il est là et mon cœur n’arrête pas de tambouriner dans ma poitrine. J’ai même les mains moites.

— C’est rien, je comprends. Tu as d’autres obligations.

J’essaie de scruter son visage mais la pénombre m’en empêche.

— Il a oublié quelque chose ?

— Non, il n'a rien oublié non.

Ça lui semble tellement inconcevable que je puisse être là pour lui que ça me retourne le ventre. Et en même temps... Il y a encore quelques heures j'étais fiancé et je l'ai abandonné, alors vient penser autrement ?

En souriant, je viens attraper sa main dans la mienne, sans même avoir peur qu'il puisse me repousser. Le simple contact de sa peau contre la mienne fait rater un battement à mon cœur.

Je ne sais pas comment m'y prendre, alors je sors ce qui est plus réel que n'importe quoi d'autre.

— Je suis amoureux de toi Logan. Je l'étais il y a un an et je le suis toujours autant aujourd'hui. Je ne veux plus lutter contre ça...

Je reste de marbre de longue seconde parce que je ne percute pas. Sa main est dans la mienne et je suis complètement choqué parce que je ne l’attendais pas. Plus. L’émotion est telle que j’en tremble quand mes doigts se referment sur sa main. Mon cœur tambourine et j’ai du mal à y voir clair.

— J’ai plus rien, Adam.. je suis désolé.

Je souris, parce que je m'attendais pas à cette réponse là et qu'en même temps... Il est juste là à me prévenir de ce qu'il considère comme un risque, comme si ça pouvait y changer quelque chose.

— Très sincèrement je m'en fous. T'as même pas à t'excuser.

Ma voix est douce, alors que je me rapproche de lui sans vraiment m'en rendre compte. Ma main libre vient dans ses cheveux, tendrement.

— Je préfère cent fois tout quitter et être avec toi, que de vivre la vie de château et ne pas être heureux. C'est ce que j'ai fais en quittant Max d'ailleurs...

Mon cœur explose et je tire sur sa main pour l’attirer à moi et retrouver ses lèvres. Il m’a tellement manqué et je ne pensais pas le retrouver un jour, pas comme ça du moins, alors je n’ai plus l’intention de le lâcher.

Jamais faire l'amour n'a été si passionnel. Je ne sais pas lequel de Logan ou moi a engagé les choses, mais plus rien n'a su nous retenir. C'était logé en nous sans doute depuis trop longtemps sans doute et tout a semblé exploser autour de nous.

Allongé là, à ses côtés, J'ai l'impression d'avoir retrouvé une partie de moi qui m'avait été arrachée et de me sentir plus vivant que jamais. Mes lèvres ont du mal à quitter les siennes, tant j'ai eu peur de ne plus jamais les goûter.

— Je t'aime...

C'est la première fois que je lui dis pour de vrai, yeux dans les yeux et ça allume un incendie en moi.

Nos corps encore enlacés, j’ai l’impression de revivre. Il a été tendre et patient, et je n’ai jamais ressenti autant de sensation de toute ma vie. J’ai retrouvé la partie de moi qu’il me manquait. La partie qui me donne envie de me battre un peu plus et un peu mieux. Ces mots résonnent dans mon esprits comme un accomplissement de tout. Je suis heureux. Mon nez frôle le sien avant de retrouver ses lèvres quelques secondes.

— Je t’aime aussi.

Un autre baiser, encore un autre.

— T’as pas idée à quel point du m’a manqué.

Ma main caresse sa joue avec tendresse, il est bien plus creusé qu'avant, mais il est toujours aussi beau. Ses yeux, l'arrête de son nez, son regard.

— On se quitte plus maintenant, pas vrai ?

C'était exactement à cet endroit qu'il m'avait promis de ne pas m'abandonner, après le départ se Gabou en Colombie. Du temps a passé depuis, mais peut-être que le Seigneur avait mis cette épreuve en travers de notre route pour qu'on ne se retrouve que mieux.

Je secoue la tête.

— On ne se quitte plus. Même si on se dispute, ok ?

Je souris avant de grimacer malgré moi.

— Il faut que t’enlève ta jambe de ma hanche.. voilà. Merci. Tu vas me tuer.

Je dis avec un petit sourire.

— Ton visage a changé alors que j’ai l’impression de t’avoir vu la dernière fois il y a quinze jours.

— Même si on se dispute.

J'acquiesce en souriant, parce que lui comme moi on sait qu'on est incapable de ne pas se disputer. Ça fait certainement partie du charme.

Le rouge aux joues, j'enlève ma jambe et la ramène contre moi rapidement. Instinctivement, ma main vient se poser à sa place, comme si mon touché allait pouvoir le guérir.

— Je suis devenu un adulte t'as vu. J'ai un peu de barbe qui pousse !

Je lui fais un petit sourire fier, alors que je fais pitié à côté de sa barbe. Mais bon. Et alors je repense à sa hanche.

— J'ai appris par mon frère que tu devais te faire opérer... C'est si grave que ça ?

Je pouffe de rire.

— Ça ajoute un charme à ta beauté naturelle.

Quand il parle de ma hanche, je caresse son visage avec tendresse.

— C’est pas grave en soi, ça se répare. Mais c’est long. Et douloureux. J’ai eu deux greffes et là, c’est la dernière. Simplement je ne respecte pas vraiment la convalescence alors... c’est encore plus long. J’ai été opéré du genoux, j’ai des broches dans le tibia.. mais ça va. Je t’assure.

Ça va qu'il me dit. Non mais moi je serai en train de pleurer dans les bras de ma mère et lui il me dit que ça va.

— Comment t'as fais ça ? Je veux dire...

Si je compte le nombre de chose qu'il a eu de blessé ou de cassé, il avait encore plus de chances de mourir qu'autre chose.

— C'était toi en voiture ? Où on t'as percuté ?

— Je ne m’en souviens pas mais j’ai été percuté. Côté conducteur. Je suis resté bloqué dans la voiture pendant trois heures. Les feux ne fonctionnaient pas, il y a eu un accident devant moi...

J’embrasse ses lèvres et cherche son contact sans cesse.

— L’infirmière m’a même collectionné les journaux de la ville où on en parle. Il y a eu plus de 6 voitures impliquées.

Mes yeux s'ecarquillent et je le fixe comme s'il venait d'avoir l'accident sous mes yeux.

—Attends tu t'es retrouvé là dedans ? Mais on en a parlé dans toute la ville !

Ça a été le fait divers du coin, l'automne dernier. Alexis m'en a parlé parce que c'est eux qui ont reçus tous les blessés et maman a prié pendant toute une semaine pour les gens impliqués. Peut-être que c'est grâce à elle que Logan est là aujourd'hui.

— Il y a combien de chance que tu retrouves ta mobilité ?

Je demande, inquiet, avant de le blottir contre moi.

— Quoiqu'il arrive je serai là, tu seras plus tout seul. Promis.

J'embrasse ses lèvres avec douceur. Et amour.

L’entendre le dire, ça me rassure. Peu importe le résultat, il restera. Je ne serai plus seul.

— Tout dépend de moi, de mon implication dans ma rééducation. Pour l’instant, je ne suis clairement pas à mon maximum. Mais c’est difficile tout seul, de bouger le moins possible alors..

Je lui adresse un sourire tendre.

— Tu es là. Ça change tout.

Je frotte mon nez contre le sien.

— Tu vas en avoir marre de moi, tu le sais ? Je vais pas te lâcher, autant pour tes rendez-vous à l'hôpital que le reste.

Je trouve une position confortable pour me caler dans ses bras sans avoir à lui faire mal.

— Je serai là tous les jours, toutes les nuits si tu le veux ! Bon j'ai cours parfois, mais tu vois ce que je veux dire.

J’acquiesce avec un sourire. Il n’imagine pas le soulagement que c’est pour moi de savoir que je ne serai plus seul pour affronter tout ça. Je ne m’occupe de rien.

— J’ai très peu de rendez-vous à l’hôpital pour l’instant, ils se déplacent car je n’ai pas d’ascenseur.

Je lui souris.

— Moïra a vendu la maison pendant que j’étais dans le coma.

— Elle est sérieuse celle là ?

Je le regarde, partagé entre le choc et la consternation.

— Elle voulait pas venir t'etouffer à l'hosto non plus ? Putain mais je comprends pas. T'as la haine parce que t'as été cocu, ok, mais vous avez pas juste couché ensemble pendant quelques semaines. Merde !

Je suis en colère, alors que je me rends compte qu'elle n'est pas une aussibonne personne que je le croyais.

— Mais attends, la maison était pas à vos deux noms ? Elle a pu vendre sans toi ? Tu vas avoir la moitié de l'argent rassure moi ?