Surprise... — Austin & Gabriel

— Merci à toi d’avoir jouer le jeu malgré tout, ça aurait pu être vraiment une soirée nulle et catastrophique quand on y pense....

Je dis en riant un peu.

— Je dois t'avouer que j'ai failli faire demi tour, mais grâce à toi je suis rentré dans l'eau.

Je me tais plusieurs secondes. Je ne mange pas réellement ma glace, je la regarde fondre dans son pot.

— Je n'avais pas réalisé que j'avais peur de ne plus savoir nagé.

— Bah... sachant que t’étais à peine à l’aise dans un bain. J’avais peur que ça s’aggrave si on y allait pas rapidement.

— C'est le coach qui t'a donné les clefs c'est ça ?

— Je lui ai demandé si c’était possible de les avoir.

Je lui souris,

— Tu sais, il aimerait beaucoup te revoir nager. Même si c’est pas à un niveau de compétition pour le moment mais... fin y a des tas d’athlètes qui se blessent et qui parviennent à retrouver un excellent niveau. Parce qu’ils n’abandonnent pas et qu’ils y croient.

Je lui fais un petit sourire triste.

— Je sais qu'il aimerait me voir nager à nouveau.

Mais moi ne suis pas prêt à essuyer un nouvel échec, si j'essaie et que je n'y arrive pas, j'ai peur des conséquences. J'ai toujours était très exigent avec moi-même, et je ne pourrais jamais retrouver le niveau que j'avais, je ne serais pas capable de me contenter de moins. J'ai déjà du mal à accepter ce qu'il s'est passé, je ne veux pas m'enfoncer encore plus.

Moi aussi, j’aimerais le revoir nager. Mais il préfère baisser les bras alors je n’insiste pas. Je reporte mon attention sur ma glace pour la terminer.

— Tu veux rentrer après ? Il commence à faire froid.

Je hoche la tête parce que oui il commence à faire froid et qu'on a eu une longue journée. On rentre à la maison et on s'endort en quelques secondes. Dans la nuit je me réveille et je regarde dans son sac où il a rangé la clef puis je le rejoins dans le lit.

*************
TROIS SEMAINE PLUS TARD.
Minuit.

Je me décale doucement de Gabriel, sans faire de bruits je m'habille et je récupère la clef dans son sac. Je reste un long moment assis dans les tribunes à regarder le bassin, presque une heure, je nage mentalement dans ma tête pour me rappeler de chaque geste, chaque mouvement. Je me lève et m'approche de l'échelle.

— Juste une longueur.

Je murmure, juste une longueur, tu peux le faire. Je rentre dans l'eau, je mets mes lunettes et rajuste mon bonnet. Je fais un peu bouger mon épaule. Je commence doucement, mais à chaque fois que je sais que j'arrive à la limite de là où je n'ai plus pied, je m'arrête. Puis petit à petit je vais plus loin.

J’ouvre les yeux dans la nuit car je sens Balthazar à côté de moi.

— Hey... mais qu’est-ce que tu fais là toi ?

Je réalise qu’Austin n’est pas là. Ni dans la salle de bain, ni nulle part. Je prends mon portable, un peu paniqué, pour lui téléphoner. Et j’appelle sans cesse tout en m’habillant.

Quand je réalise que je n'ai plus pied, je m'arrête et pour ne pas paniquer, je fais la planche. Quand je me sens plus apaisé je me remets à nager, je fais une longueur entière et sans le réaliser, je tourne sous l'eau et recommence, comme le vélo, j'ai l'impression que tout revient, que ça ne s'oublie pas.

4h du matin, je rentre à la maison.

Je l’appelle sans cesse. Je ne sais pas où il est. Je prends mon vélo pour chercher dans toute la ville. Je continue de l’appeler sans cesse. Je chiale même un bon coup parce que j’ai peur qu’il lui soit arrivé quelque chose. Y a plus sa voiture et je ne l’ai vu nulle part. Quand je rentre, sa voiture est de nouveau garée devant la maison. Putain !

Je balance mon vélo dans l’allée et je vais directement dans le sous-sol. Il est là, debout au milieu de la chambre.

— Mais t’étais où ??!

Je m’approche de lui pour lui faire un câlin, tellement j’ai eu peur. Je me retiens de pleurer.

J'ai à peine le temps de réaliser que Gabriel n'est pas dans le lit, qu'il déboule et me prend dans ses bras. Je peux ressentir toute son angoisse, je le serre contre moi.

— Pardon, je ne pensais pas que tu allais te réveiller, je ne voulais pas t'inquiéter.

Je me détache de lui pour pouvoir le regarder.

— Mais tu t’es pas dit qu’il fallait me laisser un mot ou m’envoyer un message ! Putain ça fait 4 heures que je pédale comme un con à regarder dans quel fossé tu pourrais être en chialant là !

Quand il me dit ça, je m'en veux vraiment.

— Pardon, j'ai pas réalisé... je ne pensais pas partir aussi longtemps, je suis désolé.

Je me calme quand il s´excuse et je l’attire à nouveau contre moi pour lui faire un câlin.

— Pardon, c’est juste que j’ai eu peur... excuse-moi. Ça va ? Où est-ce que tu étais ? Ça va ? T’as rien ?

Il m'attire de nouveau à lui et je le serre fort, je veux m'en vraiment de l'avoir inquiété, c'était immature de ma part de partir comme ça, sans prévenir. Je pensais à cette clef dans son sac depuis plusieurs jours, et je n'ai pas réalisé le reste.

— J'ai été nagé...

Je libère ma main et attrape la clef dans ma poche avant de lui tendre.

— C’est vrai ??

Je me détache de lui avec un sourire fier sur le visage.

— Aww mon amour ! T’as nagé tout ce temps ? Ça va ? Tu as mal ?

Il se détache de moi, et il a l'air tellement fier que ça me touche. Je hoche la tête.

— J'ai un peu mal.

Car ce serait mentir de dire le contraire, mais je n'ai pas forcé sur mon épaule.

— Merci de ne pas avoir rendu la clef mon coeur.

Ça sort tout seul, sans que je ne m'en rende compte, c'est la première fois que je l'appelle comme ça.

Je le regarde avec tellement d’amour que je sais qu’il le voit. Il n’a jamais de surnom pour moi et ça me plaît beaucoup d’entendre ça.

— En fait.. je l’ai rendu. J’ai juste fait un double.

Je dis avec un petit sourire.

— Tu veux que je te masse ? Tu t’imagines pas à quel point je suis fier.

Je ne suis pas surpris quand il me dit qu'il a fait un double de la clef, c'est tout lui.

— Je veux bien.

Pour le massage.

— Mais c'était pas grand chose tu sais...

Je dis en m'asseyant sur le lit et retirant mon t-shirt, car je ne veux pas qu'il s'imagine des choses trop grandes.

— Si, bien sûr que si. C’est un pas énorme !

Je dis avec un large sourire. Je vais récupérer sa crème pour commencer al le masser.

— Puis laisse moi être fier de mon amoureux, ok ? Ça va ? Tu me dis si t’as mal, surtout !

Il commence à me masser, je m'en veux toujours autant de l'avoir inquiété, je n'imagine pas comment j'aurais réagi s'il avait disparu en pleine nuit.

— Si jamais j'y retourne... tu voudras venir avec moi ?

C'est beaucoup pour moi, car je crois que si j'ai réussi à nager ce soir c'est parce que personne ne pouvait être témoin si je n'y arrivais pas.

— Oui ! Bien sûr. Enfin... si jamais t’es ok avec ça. Sinon... je veux juste un mot ou un message. Ou être prévenu.

Je souris un peu.

— Je sais que si je suis là tu pourrais être déconcentré tellement je suis beau donc... c’est pas grave, tu vois ? J’peux comprendre que tu veuilles te concentrer sur la nage...

Je souris quand il me dit que je pourrais être déconcentré tellement il est beau. Il n'a pas tort, il est vraiment beau, même si je crois qu'il n'en a pas conscience. Je me tourne vers lui pour pouvoir le regarder.

— Tu veux bien être mon projet pour le cours de photographie ?

Quand il me demande ça, mon visage se ferme malgré moi.

— Euh.. pourquoi ?