Paris, we love you — Edouard & Romie

— Max ramène toi ! Vite ! Il se passe un truc de fou !

Je crie en me retournant dans le canapé. Depuis le temps il a dû appeler le resto. Et il a bien dû terminer de potasser sur les plans. Au pire c'est pour notre chambre et là, y'a plus fou encore sur notre chambre à planifier.

— MAAAAX !

Max arrive presque en courant, limite un paniqué.

— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu t’es blessé ?

— T'as prévu de faire des trucs pendant qu'on est à Paris ? Des trucs précis je veux dire ?

Je demande, comme si c'était vital. Romie sautille a côté de moi et en fait, je ne lui laisse pas le temps de répondre.

— Ok, on s'en fout t'annuleras au pire ! Tu veux bien être mon témoin ? Pour notre mariage !

Max sourit et puis d’un coup, son sourire se fige. Il ne dit rien pendant de longues secondes et je suis presque en apné. Je vois bien qu’il attend qu’on lui dise que c’est une blague parce qu’on dit toujours des conneries mais plus il attend, plus il réalise que c’est vrai.

— Putain vous êtes cinglés. Les parents vont péter un câble. J’vais être ton témoin, hein, mais les parents vont péter un cable. Faudra que t’appelles la mairie de Paris.
— MAIS C’EST QUI MON TÉMOIN ??! Moi j’en ai pas !

— Je m'en fous ! Ils ont déjà pété tellement de plombs à cause de moi, ou même de toi, je suis plus à ça prêt. Puis je vais leur dire pour les pompiers aussi, donc de toute façon ils vont sûrement maudire ma vie entiere ! Alors autant qu'on se marie sans penser à eux !

Je réponds, complètement excité, et en attrapant la main de Romie dans la mienne. Je vais épouser la femme de ma vie.

— Logan ?! Non ? On lui demande de venir ! Même à tous les cinq si tu veux ! J'ai largement de quoi leur payer cinq aller retour et vu la vitesse de l'eurostar, ça peut même se faire sur la journée si c'est compliqué pour eux que ça dure plus longtemps ! T'envisageais un autre que ton frère comme témoin ?

Je demande, au cas où.

— Non, mais...

Tous les cinq. Franchement, Adam et Max au même endroit pour un mariage qui n’est pas le leur moi j’ai l’impression que c’est quand même une mauvaise idée.

— Ça va être trop compliqué avec les enfants. Je lui demande.

J’embrasse les levres d’Edouard avant d’aller chercher mon téléphone.

SMS de Romie à Logan.
Coucou... il est tard et je sais que t’as autre chose à penser aujourd’hui avec ce qu’il s’est passé mais... je vais me marier cette semaine !!! :—DDD À PARIS !! T’es content ? Moi oui. J’aimerais bien que tu sois mon témoin. C’est Edouard qui va payer le billet d’eurostar t’inquiète pas. Tu veux bien ? S’il te plaît. Bon c’est vrai que c’est un peu sur un coup de tête mais c’est quand même l’homme de ma vie alors se marier demain ou dans dix ans c’est pareil. Je préfère porter le nom de quelqu’un qui m’aime plutôt que celui qui m’a reconnu sans jamais s’occuper de moi. C’est juste nous quatre. Avec Edouard et son témoin, Max... je sais que c’est compliqué mais tu veux bien ? S’il te plaît ? J’ai personne d’autre que j’ai envie d’inviter plus que toi.

— Voilà. J’espère qu’il va répondre. Ce soir je sais pas, mais bon...

Je vais me blottir dans les bras d’Edouard. J’ai peur qu’il soit pas d’accord où qu’il veuille pas se retrouver avec Max. J’y avais pas pensé avant.

Quand je la vois hésiter et bafouiller pour les enfants, je ne vois pas où est le problème. Puis je vois son regard en coin à Max avant d'attraper son portable et tout semble plus clair. Max et Adam, Max et Logan et Adam, Max et Adam et les enfants d'Adam qui ne sont pas les siens... En trois secondes, tout semble tellement compliqué. Est-ce que ce sera ça à chaque fois ? Devoir se diviser entre ma famille et la sienne, pour être sûr que personne ne souffre ? J'en ai mal au ventre d'avance.

Romie vient se blottir dans mes bras dès qu'elle termine son SMS, alors que moi je lâche à peine Max. Je suppose que lui aussi il a songé à ça, mais il n'a pas fait la moindre réflexion et ça me touche. Pour moi, il le ferait.

— Adam a dit qu'il était resté chez eux pour dormir, je suppose qu'il n'a pas beaucoup plus émergé de la soirée. On attendra demain matin ! Il répondra forcément. Que ce soit positif ou négatif.

Je la berce contre moi, espérant de toute mes forces que Logan dise oui. Pour sa sœur.

— Merci d’être avec nous, Max.
— C’est normal. Tu rends mon frère heureux, c’est tout ce qui compte.

Je crois qu’on pourrait tous se mettre à chialer mais ça sonne à la porte.

— LA BOUFFE !!!

Je cours vers la porte pour l’ouvrir et c’est une vieille pétasse que me jauge de la tête au pied. Elle est toute apprétée, maquillée. Pour livrer de la bouffe, c’est un peu trop.

— Putain de merde Edouard mais tu te l’es tapée celle-là ?!

Il s’approche mais je referme un peu la porte.

— Non tu t’approches pas. Mais je rêve, là !
— Je vais payer !

Max arrive et je le laisse faire. Mais avant, je dis un dernier mot à cette fausse livreuse en carton.

— Celui-là est pédé et l’autre c’est mon fiancé. Alors pas la peine d’essayer de les aguicher comme ça.

Je retourne vers Edouard et j’attrape son menton pour qu’il me regarde.

— Pff. Elle est même pas belle.

— Un trou est un trou.

Je reponds avec un calme olympien.

— Enfin avant ! Je fais plus ça mon chat ! Tu le sais, pas vrai ?

Je me rattrape, au cas où elle puise penser que je me la serai taper de nouveau si elle n'avait pas été là.

— C'est pour ça qu'elle livrait à domicile. Mais elle le fera plus, tu te doutes.

Je rigole en l'embrassant pour me faire pardonner.

— Non, un trou est pas un trou. Nan mais oh, c’est un discours de vieux con dégueulasse. J’aime pas quand tu parles comme ça, c’est vulgaire dans ta bouche et aussi c’est pas respectueux. J’espère bien que tu fais la différence en fonction de l’endroit où elle se trouve quand on fait l’amour.

Je sais qu’il irait pas coucher ailleurs, maintenant. Je l’émascule autrement, et je pense qu’il en a conscience. Si je lui appartiens toute entière, c’est aussi son cas. Encore plus maintenant qu’on va se marier.

Je mets ma main entre nous pour l’empêcher de me faire un bisou. C’est trop vexant, ce qu’il a dit alors je le plante là et je vais chercher les couverts et les verres pour mettre la table.

— Non mais Romie, attends !

Je la suis alors que Max est toujours avec l'autre empotée dehors.

— Je suis désolé, d'accord ? Mais c'est ce que j'ai toujours pensé, avant de te connaître. J'en avais rien à foutre de connaître la fille avec qui je couchais, ça m'est même arrivé de payer des prostituées. Alors bien entendu qu'à cette époque là, un trou était un trou ! J'ai aussi couché avec un mec, juste comme ça, pour essayer, alors imagine ! J'étais un con et alors ? Je te l'ai jamais caché il me semble. Pas vrai ?

Je questionne, tout en sachant déjà la réponse.

— Bah tu dis plus cette phrase au présent comme si c’était toujours le cas. C’est méchant de dire ça. J’aime pas quand t’es comme ça on dirait pas toi.

Je dis, la mine boudeuse.

— Moi aussi, j’ai essayé plein de trucs mais j’compare pas ta bite à un gode ou une courgette, franchement ! J’ai jamais essayé avec une courgette hein, mais c’est pour dire. Tu me regardes droit dans les yeux et tu me dis qu’un trou est un trou nan mais !

— Bah forcément ! Tu me dis qu'elle est moche ! Moi je te réponds qu'un trou est un trou. Qu'est-ce que j'en avais à foutre qu'elle soit belle ou pas, étant donné qu'elle partait dès qu'on avait fini de s'envoyer en l'air !

Je réponds avec l'évidence même.

— Maintenant je pense plus ça. Et sûrement pas avec toi ! Je vais me marier, alors je vais aussi devenir un homme respectable !

Je souris en minaudant à peine.

— Tu pouvais juste dire « oui, c’est vrai qu’elle est moche mais tout le monde est moche comparé à toi ». Pff.

Je prends les couverts et je retourne dans le salon. Max a posé les sacs sur la table.

— Elle voulait plus me donner la nourriture !

— Ah pardon, la prochaine fois que je veux dire quelque chose de négatif à propos de quelqu'un, j'oublierais pas de te complimenter au passage !

Je réponds en la suivant avec une bouteille d'eau et trois verres.

— Mais c'est une cinglée elle aussi. Mais tout le monde semble cinglé à côté de toi mon petit chat !

Je souris à Romie, taquin.

Il se moque de moi. Pour de vrai. Il me fait sentir idiote et je déteste ça, ça me retourne l’estomac. Je lui jette un regard noir avant de me lever et de monter dans la chambre pour m’enfermer. Même pas envie de manger un truc de l’autre conne de toute façon. Je vais me coucher et je me cache bien sous la couette.

Je sors les plats un à eux, je nous serre à tous un verre d'eau, puis je m'assois dans le canapé sans un mot. Max me regarde sans rien dire et au bout de plusieurs minutes de silence, sans qu'on mange et sans que Romie ne redescende, je me lève.

— Si dans cinq minutes on est pas descendu, commence à manger t'inquiète !

Je balance avant de partir à l'étage, la rage sur mon visage. Putain c'est à moi de monter, elle reviendrait surtout pas en bas. Comme si c'était de ma faute.

— Romie, t'es la ?

Je demande en ouvrant la porte de la chambre. Vu la masse sous la couette elle est bien là.

— Tu peux sortir de là dessous s'il te plait ?

Je réponds pas, j’ai pas envie. Et je sors pas non plus.

— Romie s'il te plaît, Max est en bas comme un con, tout seul. Et la bouffe va être froide.

Je lève les yeux au ciel avant de m'avancer vers le lit.

— T'aimes pas le sarcasme, c'est ça ? Je peux arrêter si ça te gêne.

— J’aime pas que tu te moques de moi. Ça me donne envie de pleurer.

Je réponds, toujours sous la couette.

Il ne me faut pas dix minutes pour comprendre où est vraiment le problème et finalement, la rage me quitte bien vite.

— Je me moquais pas de toi mon chat.

Je murmure finalement en venant me loger sous la couette à mon tour.

— C'est le propre du sarcasme Romie. Si on n'arrive pas à le déceler, ça peut vite passer pour de la moquerie, mais je t'assure que c'était pas le cas. Tu peux aller demander à Max sans que j'aille le consulter avant, si tu veux.

Je finis par me glisser contre elle.

— J'ai aucune raison de me moquer de toi...

Quand il vient contre moi, je me retourne pour me mettre dans ses bras et c’est plus fort que moi je me mets à pleurer. J’aime pas du tout qu’on se dispute, c’est horrible. Il était super énervé en arrivant, ça me brise le cœur.

— Pardon d’avoir dit tout ça !

Je dis entre deux sanglots.

— Ne sois plus fâché...

Elle fond en larme dans mes bras et ma seule réponse c'est de la serrer encore plus fort contre moi. Je ne sais pas gérer ce genre de choses, c'est nouveau pour moi, alors j'espère au moins que je ne serai pas aussi lourd que le reste du temps.

— Je suis pas fâché, pleure pas mon chat.

Je caresse son dos avec tendresse.

— Ça arrive parfois de s'accrocher, c'est pas grave. Ça veux pas dire qu'on s'aime moins fort, non ?

Je souris en embrassant son front.

Je hoche la tête en m’accrochant à lui moi aussi. Il me serre fort et je me sens rassurée.

— Alors ça va. Pardon d’avoir pleurer.

Je lui fais plein de bisous avant de sourire.

— T’as toujours faim...?

Je suis forcé de rire tellement elle est adorable. Elle passe des larmes au sourire en un temps record et ça me donne encore plus envie de la protéger de tout.

— Je crève la dalle tu veux dire.

Je souris en embrassant doucement ses lèvres.

— Et je t'assure que c'est hyper bon et que t'en redemanderas encore !

Je la lâche le temps de me lever, histoire qu'elle me suive sans qu'on tombe au sol tous les deux.